De toutes parts, les entreprises de la Silicon Valley affichent leur soutien aux immigrés face au décret anti-immigration récemment signé par Donald Trump. La plupart promettent de soutenir leurs employés, une partie soutenant même des organisations combattant légalement le texte, à l'image de l'ACLU.
Il y a quelques jours, Donald Trump a signé un décret interdisant l'entrée aux États-Unis de ressortissants de sept pays à majorité musulmane. Ceux venant d'Irak, d'Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan et du Yémen sont refusés pendant 90 jours, pendant que les réfugiés syriens sont bloqués indéfiniment. Une annonce qui a déclenché un tollé, notamment du côté de la Silicon Valley, dont une part importante des dirigeants et des employés sont étrangers.
Depuis la signature en effet, une avalanche de réactions de ces patrons est tombée dans les colonnes des journaux et les emails des employés. Pressées sur leur rôle social – notamment depuis la dernière élection américaine – ces entreprises s'affichent pour la première fois ouvertement contre le nouveau président... Après avoir tenté la conciliation lors d'une réunion en novembre.
Des GAFAM mobilisés, mais pas tous publiquement
La plupart des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) se sont rapidement exprimés contre ce décret. L'un des premiers a été Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. « Les États-Unis sont une nation d'immigrants, et nous devrions en être fiers » a écrit Mark Zuckerberg le 27 janvier, dans un message public sur son réseau social. Il y appelle à ne pas étendre les mesures contre les personnes qui ne posent pas de risque pour le pays. Il demande également à maintenir l'accueil des réfugiés.
Pour sa part, le patron d'Apple, Tim Cook, a envoyé une lettre à ses employés. Dans ce message, obtenu par Business Insider, il affirme être en contact avec la Maison blanche pour s'opposer au décret. Les employés concernés par la mesure auraient été contactés par l'entreprise, qui leur promet l'aide dont ils auraient besoin.
Chez Microsoft, c'est Brad Smith, président et responsable des affaires juridiques, qui s'est fendu d'un email adressé à l'ensemble des employés, ensuite publié par Satya Nadella sur LinkedIn. Comme Facebook, Microsoft défend le Deferred Access for Childhood Arrivals (DACA), qui protège les jeunes immigrés. Sa filiale LinkedIn affirme pour sa part accélérer son programme d'accueil de réfugiés déjà présents sur le sol américain.
Chez Google, le cofondateur Sergey Brin a participé à la manifestation organisée à l'aéroport de San Francisco. Dans un mémo envoyé au personnel, Sundar Pichai estime « douloureux » de voir ce décret avoir des effets sur les salariés du groupe. L'entreprise a monté un fonds de crise de deux millions de dollars, que les employés peuvent compléter de deux autres, à destination d'associations comme l'American Civil Liberties Union (ACLU). 187 salariés seraient concernés par le décret. Au Wall Street Journal, l'un d'eux affirme que cette annonce soudaine « bouleverse sa vie ».
Enfin, la direction des ressources humaines d'Amazon promet une aide légale aux salariés affectés, comme les autres GAFAM. Cela même si le silence de Jeff Bezos est remarqué par Business Insider.
Uber subit des protestations, Elon Musk prône l'amendement
L'absence de réaction publique peut mener à la contestation d'entreprises, comme Uber. Une campagne #DeleteUber a émergé ces derniers jours. La raison ? Uber aurait profité d'un mouvement des taxis, à l'aéroport international JFK de New York, pour abaisser ses prix et attirer plus de clients. La pilule n'est pas passée, et l'entreprise a publié deux communiqués pour rétablir la situation.
Le service de VTC, très critiqué sur les questions sociales, a promis de mettre en place un fonds de trois millions de dollars, pour aider les chauffeurs mis en difficulté, notamment via des services de traduction. Une méthode déjà utilisée en France avec le fonds de deux millions d'euros, promis pour les chauffeurs en difficulté, sans plus de détails. En parallèle, l'entreprise financée par Google promet un soutien légal aux chauffeurs concernés et de faire pression sur Washington.
Son concurrent Lyft a tenu une position bien moins ambiguë. Dans un message à ses clients, la société affirme : « Nous nous opposons fermement à ces actions, et ne serons pas silencieux sur les sujets qui menacent nos valeurs ». Plus concrètement, elle promet de donner un million de dollars à l'ACLU dans les quatre prochaines années.
Du côté d'Airbnb, son cofondateur Brian Chesky promet un logement gratuit aux réfugiés et personnes non-autorisées aux États-Unis. Le service fournit un formulaire pour proposer son logement aux personnes bannies du pays. À noter qu'il est disponible en français. En parallèle, Elon Musk, le patron de SpaceX et Tesla, affirme sur Twitter que « le bannissement global des ressortissants de certains pays à majorité musulmane n'est pas la meilleure réponse aux défis du pays ». Conseiller de Trump, il demande publiquement des pistes d'amendement pour aménager le texte.
Des réactions en cascade dans la Silicon Valley
En fait, les personnalités qui ne se sont pas exprimées semblent plutôt rares. Le patron de Salesforce, Mar Benioff, a marqué son soutien à la contestation via son compte Twitter. Reed Hastings, à la tête de Netflix, a déclaré sur Facebook que les actions de Trump « sont si non-Américaines qu'elles nous font tous du mal ». Chad Dickerson d'Etsy a marqué son refus de « l'exclusion selon la nationalité ou la religion. Point ».
Sam Altman, derrière l'incubateur Y Combinator, estimait pour sa part qu'« il est temps que les entreprises de la Silicon Valley s'élèvent contre les actions de l'administration Trump », dans un billet de blog du 28 janvier, semble-t-il largement suivi. Jack Dorsey de Twitter a multiplié les messages en faveur des manifestations et de l'ACLU. « L'impact humanitaire et économique du décret est réel et dérangeant. Nous bénéficions de ce que les réfugiés et immigrants apportent aux États-Unis » écrit-il.
D'autres sociétés ont multiplié les interventions, à l'image des hébergeurs Box, Dropbox ou des solutions de paiement Square et Stripe. De son côté, Mozilla a condamné dans un billet de blog le décret anti-immigration, estimé inutilement large. « La diversité dans toutes ses formes est cruciale à la croissance, l'innovation ainsi qu'à une société innovante et saine » argue la fondation.
La mobilisation s'est matérialisée très concrètement pour l'ACLU, une organisation à but non lucratif qui combat le décret en question. Elle affirme avoir reçu 24,2 millions de dollars de dons sur le week-end, soit plus de cinq fois ce qu'elle reçoit habituellement en une année. La société a notamment bénéficié de nombreux soutiens publics sur Twitter, dont celui de l'investisseur Chris Sacca, qui lui a promis 150 000 dollars, ou de Jack Dorsey.
You guys are the best. You give me hope. Thank you. 🙏🏼
Because of you, I'm matching my own match and giving $150,000 to the @ACLU.#resist pic.twitter.com/ITjz4bSU5P
— Chris Sacca (@sacca) 28 janvier 2017
Et en France ?
Si de telles mesures ne semblent pas encore à l'ordre du jour, le débat n'est pas totalement écarté. Il a brièvement émergé lors du CES de Las Vegas, quand des personnalités politiques ont lancé une opération séduction auprès des entrepreneurs du numérique. Axelle Lemaire fustigeait ainsi la volonté de fermeture de nombreux pays, estimant que la France doit être une nation ouverte.
Pour sa part, François Fillon promettait que le contrôle strict de l'immigration qu'il prône n'entraverait pas les recrutements des groupes numériques, sans plus de détails. Avant-hier, François Hollande poussait un cri d'alarme contre la volonté de repli sur soi, ajoutant que l'accueil des réfugiés est l'un des fondements de notre démocratie.
Commentaires (608)
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Bah ils ont voté, ils se plaignent de quoi les rednecks ?
Assumez mzintenant. Repliez vous sur vous memes, et crevez étouffés dans votre propre fange derriere vos jolis murs.
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le père biologique de steve Jobs s’appelle Abdulfattah Jandali et est né en Syrie, originaire de le ville de Homs.
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Vous (sociétés) êtes implantés dans un pays, vous assumez ses lois (et décrets)
Si vous n’êtes pas content, quittez-le
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l’accueil des réfugiés est l’un des fondements de notre démocratie.
Quel article de la DDHC ? Quel préambule de la constitution ? Toujours à côté de la plaque, si les USA, le Canada, l’Australie se sont construits sur l’immigration, ce n’est pas le cas de la France. C’est même Justin Trudeau qui le rappelait sur Twitter.
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Faut comprendre que y a deux Amériques qui cohabitent en ce moment : les rednecks comme tu les appelle et les jeunes plus cosmopolites.
Tu rajoute à ça le fait que plus de la moitié de la population n’a pas voté, les rednecks sont pas si nombreux qu’on le pense
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Donc dans ta logique, ne devraient rester dans un pays que les gens en accord total avec le gouvernement ?
Geez, that must be fun
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Et ceux qui s’appauvrissaient toujours plus ont dit aux autres d’aller se faire voir.
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j’adore ce petit fantasme que beaucoup ont d’être les descendants directs de nos rois mérovingiens " />
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Je suis Belge, tkt.
L’immigration n’est pas un fondement de la démocratie, elle est un fondement de l’Amérique, de l’Australie, et sans doute d’autres pays , mais pas du concept de démocratie. Les Grecs n’en avaient cure.
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C’est composé de quoi une société ? Des gens qui y travaillent non ?
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Bof.
Trump va baisser leur taux d’imposition sur les bénéfices rapatriés aux US de 40 à 10 voir 7%.
Circulez, y a rien à voir.
A+
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Je t’avoue que si je vivais là bas, je commencerai à me poser la question sérieusement ^^
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Si le décret est inconstitutionnel (et il se pourrait que ce soit le cas), il n’y a rien à assumer, mais plutôt à combattre.
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C’est bien beau de se plaindre et de se donner le beau rôle, mais Trump n’est pas arrivé là par magie ou par simple bêtise des américains.
Les inégalités sociales et le manque d’alternatives politiques l’ont porté au sommet. Au lieu d’accuser, les milliardaires feraient bien de se remettre en question.
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Moi je suis raciste contre les troll: Rentrez chez vous! " />
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À la fin du XVIIIe Siècle, la France révolutionnaire acceptait tout immigrant qui souhaitait se battre contre les Monarchies européennes et pour la fin des privilèges de la Noblesse et du Clergé. D’ailleurs, encore actuellement s’il faut être Citoyen français pour devenir Président de la République, il n’est pas obligatoire d’être né Français (sinon Manuel Valls ne chercherait pas à le devenir).
(et ceux qui polémiquent à propos de la binationalité de nos ministres français sont un peu comme D Trump, à côté des réalités historiques et économiques)
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Ca me fait bien rire de voir ce genre de milliardaires qui baisent la planète entière se préoccuper de l’immigration…
C’est du même ordre que nos acteurs qui vivent dans le 16 ième qui s’ébrouent à chaque fois qu’on parle d’immigration… normal, l’immigration c’est juste à la télé pour eux… Il passeraient 2 semaines dans une belle cité du 93 qu’ils deviendraient plus extrémistes que lepen…
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Logique faut beaucoup de cash pour construire le mur entre les 2 États-Unis.😅
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Ce qui est fou c’est qu’un type propose de construire un mur entre les USA et le Mexique mais la personne n’ouvre sa gueule… Les gens votent pour lui il est élu puis propose une mesure 10 fois moins pire et la tous le monde l’ouvre… Mais ils s’attendaient à quoi, à des licornes qui chient des boules de glace ?
Et puis il y à une grosse méprise face au mot immigrations… Le soucis c’est que il y en à pas mal qui viennent avec un visa mais lorsque il expire ils restent ce qui est illégal et c’est la dessus que trump veut lutter.
En france il pèterait surement un plomb en voyant que c’est open bar + aide sociale…
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Quel est le risque pour les affaires des entreprises dont on parle là, concrètement ?
AMHA : Il n’y en a aucun.
Suffit de prendre l’exemple “DeleteUber”, c’est tellement risible et révélateur en même temps… Les gens qui tweetent ça réinstalleront l’app dès qu’ils en auront vraiment besoin.
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Toujours la même rengaine des “immigrés dans les cités”.
Ces gens sont en France depuis 3 ou 4 générations mais non, y’a toujours des types pour sortir ce genre de débilités.
Pas la peine de critiquer Trump sur l’immigration, on est au moins aussi arriérés en France.
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moi j’ai un bon exemple, il vient d’interdire les iraniens d’entrer sur le sol américain et en même temps l’iran a acheté 80 avions ya pas un mois chez Boeing, perso je serai iranien je les enverrai ce faire mettre et prendrai des airbus.
Imagine ce scénario, dans le domaine informatique, militaire … etc … etc…
Exporter leurs technologies en étant aussi fermé et ingras, à moyen long terme, je suis pas sûr que ça paye.
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Oui enfin ces sociétés feraient mieux de faire ce qu’elles font en temps normal et non se lancer dans la politique citoyenne pour faire du rabattage clientèle… Un peu comme certains journalistes high-tech qui se permettent des jugements sur Trump ou sur Hollande. A un moment donné ça leur retombera forcément dessus…
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Quelqu’un de particulier en tête ? :3
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“d’Amazon promet une aide légale”
Le liens comercial caché dans Amazon et un autre lien dans le reste du texte…
Pfff de pire en pire vos méthode…
Bien content de ne plus payer…
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Non, non…
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La moitié ne vote pas car c’est inutile, les élections se jouent sur quelques états à peine. Trump n’a fait campagne que dans 15 états sur 50 et ça a suffit
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Je suis tout à fait d’accord avec toi pour dire que le système actuel laisse l’impression à tout le monde que sa voix se perd dans le néant.
C’est pour ça que les applications de démocratie participative basés sur la blockchain me semblent une bonne alternative à notre système actuel, trop centralisé et de fait victime de corruption.
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C’est sympa comme réflexion, ça empêche absolument toute critique du pouvoir en place sur la simple base de «élu démocratiquement = maintenant on fait avec»
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Mais Trump n’applique pas la loi, il empêche des gens avec des Greens Cards de rentrer chez eux !
Je comprend bien que tout le monde a pas la même notion d’humanité par contre le coup du “ Il faut arreter de croire que le monde est un village et que tout le monde a le droit d’aller ou il l’entend, comme il l’entend” désolé de te décevoir mais ça a toujours été comme ça.
Toutes les études sur le sujet te diront la même chose : toute tentative de réguler des fluxs migratoires (murs, lois …) ne fait que déplacer ces derniers.
Donc partant de là tu pense pas qu’il faut changer de stratégie ?
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Donc quelqu’un qui est né en France, qui a vécu en France des décennies etc devrait quitter son pays car il n’est pas OK avec un président ou sa façon de gouverner ?
La liberté ça existe hein ;o) Notamment celle de ne pas être d’accord.
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Jeanne ! Sauve nous !
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Steve Jobs c’est pas le meilleur exemple.
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Donc seul les redneck s’abstiennent ?
Le fait que la mondialisation a fait des gagnants et des perdants ça rentre pas du tout en ligne de compte.
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C’est juste pour 3 mois, une période d’essai quoi, pas sûr qu’après toutes ces réactions le décret va être adopté de manière définitive " />
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