Alors que les participants à la consultation relative au projet de loi numérique ont massivement demandé à ce que l’État privilégie l’utilisation de logiciels libres au sein de l’administration, le gouvernement n’a – sans grande surprise – pas exaucé ce souhait partagé par plusieurs milliers d’internautes. Une « reculade » pour certains, le choix d'actionner d’autres leviers selon l’exécutif.
Parmi les dix propositions les plus populaires de cette opération auto-proclamée de « co-construction de la loi », trois avaient le même objet : promouvoir activement l’utilisation des logiciels libres par les pouvoirs publics (ministères, mairies, écoles, autorités administratives indépendantes, etc.). En somme, les administrations seraient ainsi tenues d’utiliser par principe des systèmes d’exploitation Linux et des programmes de type Libre Office, en lieu et place des traditionnels Windows et autres Word et Excel de Microsoft.
- En deuxième position (2 540 votes favorables) « Utiliser les logiciels libres & GNU/Linux dans les écoles et les universités »
- En troisième position (2 321 votes favorables) « Donner la priorité aux logiciels libres et aux formats ouverts dans le service public national et local »
- En neuvième position (1 817 votes favorables) « Utilisation [obligatoire, ndlr] de GNU/Linux dans l'administration »
Aux yeux de l’April, l’association de promotion du logiciel libre (à l’origine de la seconde proposition), « les logiciels libres, de par le fait qu'ils peuvent être vérifiés et améliorés par tous, sont une brique de base pour construire une informatique qui soit au service des utilisateurs, donc des citoyens ». Les autres contributeurs mettaient eux aussi en avant l’importance de se protéger contre d’éventuelles portes dérobées qui pourraient permettre bien des choses, comme l’ont démontré les révélations d’Edward Snowden.
Le gouvernement promet des efforts « accrus » en matière de promotion du libre
Problème : la nouvelle version de l’avant-projet de loi numérique ne contient aucune disposition relative aux logiciels libres. Le gouvernement se justifie en affirmant haut et fort qu’il « souscrit pleinement au développement du logiciel libre et de son utilisation, notamment dans l’administration ». Sauf que l'exécutif « souhaite avant tout le faire par des mesures non législatives, par accompagnement sur le terrain et promotion des initiatives des administrations et des agents ». Les « efforts de promotion du logiciel libre seront accrus », promettent par ailleurs les autorités, laissant espérer « une révision de la circulaire [Ayrault] de 2012 » – toutefois conditionnée à « un bilan sur son impact ». Autrement dit, pas question pour l'instant de toucher à quoi que ce soit sur le plan juridique.
Les espoirs de l’April reposent désormais sur les parlementaires
Au vu de l’adhésion qu’a suscitée sa proposition, la pilule a beaucoup de mal à passer du côté de l’April, d'autant plus que le numéro un de Microsoft a été reçu hier en grandes pompes par l'Élysée, où il a signé un chèque de plus de 80 millions d’euros. « Au niveau politique, se contenter d'actions de promotion, verbiage sans aucune contrainte, relève de l'inaction. Le gouvernement ne peut pas se défausser sur des agents publics, qui sans réel soutien, œuvrent chaque jour en faveur du logiciel libre. » Manuel Valls est au passage accusé de faire « fi de l'expression citoyenne ».
Raillant les « déclarations d’intention imprécises » de l'exécutif, l’organisation préfère s’en remettre aux parlementaires, dont elle espère qu’ils introduiront par voie d’amendement des dispositions répondant à « la nécessité, largement exprimée, d'une informatique loyale au service de l'intérêt général ». Certains se souviendront d’ailleurs que depuis 2013, l’enseignement supérieur utilise « en priorité » des logiciels libres, sur décision des députés et sénateurs (voir notre article).
Ces dispositions, alors inédites, avaient suscité pour mémoire la colère des professionnels du logiciel propriétaire. « Cette rédaction est très problématique pour l'écosystème numérique que nous représentons parce qu'elle introduit une discrimination injustifiée entre les différents acteurs du secteur face à la commande publique, en fonction de leurs modèles d'affaires et du type de licences ou de leurs modes de commercialisation » regrettaient à l’époque Jamel Labed, président de l’AFDEL, Guy Mamou-Mani, président du Syntec Numérique et Michel Cosnard, président directeur général de l’Inria.
Commentaires (288)
#1
Le logiciel libre, ça ne paye pas des gueuletons au restaurant !
Tous pourris et des corrompus par les Lobbies (qui ne payent pas d’impôts), une fois de plus, s’il fallait le prouver (mais ça fait longtemps que ce n’est plus à prouver en réalité).
#2
Personnellement je préférerais que le logiciel libre soit favorisé en reconnaissance de ses qualités et avantages plutôt que par une loi ou un lobby quelconque et au nom d’une idéologie quelconque. C’est juste du même niveau que de céder aux sirènes des commerciaux des gros éditeurs à coup de réductions et contrats en or (surtout pour l’éditeur).
Une décision politique est toujours une mauvaise décision car par définition, non réfléchie. Peu importe en faveur de quelle cause ça va.
M’enfin, je dois être utopiste.
#3
“d’autant plus que le numéro un de Microsoft a été reçu hier en grandes pompes par l’Élysée, où il a signé un chèque de plus de 80 millions d’euros.”
l’April ne signe pas de chèques ?
#4
Si ça peut nous éviter des Ubuntu sous Unity dans les facs d’informatique ça me va.
Le libre ok, mais le bon libre par pitié…
#5
“l’expression citoyenne”???
Qu’en pense ceux qui utilisent tous les jours les logiciels dans les secteurs visés. On leur a demander si ils voulaient favoriser de facto le libre?
Ça m’étonnerais quand même. Il ne faudrait pas parler au nom des autres non plus.
#6
Manuel Vals “love company”, il ne cesse de le dire haut et fort…
Macron pense qu’il est bon que les jeunes rêvent de devenir milliardaires.
D’autre part il leur reste encore plein de cirage et de brosses à reluire pour cirer les pompes de leur ennemi sans visage “la finance”… " />
#7
On ne combat pas un extrême par un autre. Il faut des critères objectifs et pas des critères mis sur une soit disant valeur morale.
Je suis pour une diversification pour avoir une certaine concurrence et et pousser à l’innovation.
#8
Il faut reconnaître qu’au boulot, je serai très frustré de devoir utiliser LibreOffice. Certes c’est tout à fait utilisable (notamment à la maison) mais dans le cadre pro, on est 5 à 7 ans en retard sur MS Office. En revanche utiliser Firefox à la place de IE serait une bénédiction… marche pas avec Chorus :-(
Avant de me faire incendier par les gens de la secte, tous mes PC à la maison sont sous Linux.
#9
La priorité c’est surtout d’utiliser des formats de documents libre et standardisés. Pour les logiciels libre, pas forcément l’imposer, sauf dans les administration qui ont des responsabilité assez critique comme la défense.
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#11
Bien joué de la part du gouvernement. Lancer une opération de co-constructio citoyenne - et remettre le libre sur le devant de la scène à coup sur - juste avant un appel aux dons de Microsoft… Nous avons de fins tacticiens du rapport de force.
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#16
6 678 personnes se sont exprimées pour introduire le libre par la loi (en considérant que personne n’a adhéré à deux propositions).
Sur le 44,6 millions depersonnes inscrites sur les listes électorales.
Le gouvernement entendrait donc ignorer cette lame de fond, ce tsunami citoyen !? La mobilisation de 0,01% des personnes inscrites sur les listes électorales !?
La voilà la preuve que nous subissons la dictature des lobbies.
#17
Il suffit de dire que le budget licence sera realloué en consommable pour les machines a café.
Et zoup, explosion du libre :)
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#20
hurd a écrit :
D’une part je ne sais pas ce qu’est un critère objectif, d’autre part, si le politique ne doit pas utiliser de critère moraux dans ces choix, alors la politique ne sert strictement à rien, on peut dès à présent remplacer l’assemblée nationales par un ordinateur et les algorithme qui vont bien pour trier via ces critères dit “objectifs”.
Comme tu peux être naïve Véronique.
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Quelle honte ce gouvernement et ces gouvernements qui s’enchainent dans ce pays. Aucune vision économique moderne et à long terme. Pitoyable
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libre ≠ gratuit
Ça déjà été dit plein plein de fois…
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Ces pseudos lois qui devraient favoriser le libre m’ont toujours fait marrer. Ca revient à dire qu’on choisit un logiciel ou ensemble de logiciel pour sa licence et non pour ses qualité propres…
C’est un peu comme la vision de certains sur l’égalité homme / femme au travail. Passer par loi reviendrait à dire qu’on choisit une femme pour un poste parce que c’est une femme, et non pour ses compétences par rapport au travail demandé…
Attention je ne dis pas que les logiciels libres sont forcément moins bons que les logiciels propriétaires, loin de là.
Mais le type de licence ne devrait pas intervenir dans ces choix. Le Proprio à toujours sa place en informatique, pas plus mais pas moins que les autres.
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Pas assez de potentiel en rétro-comissions ?
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Mais nan, tu ne comprends pas, Modern UI c’est ce qu’il se fait de mieux en interface graphique " />.
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+1
Pour moi tout ce qui compte c’est que le logiciel soit efficace. Si on commence à choisir une solution ou une autre par idéologie (et qu’on force tout le monde à y passer), ça réduit la concurrence à néant et donc l’envie de progresser.
#45
5 lobbies, c’est 5 entreprises qui à elles seules font travailler bien plus que 7000 citoyens et donc rapportent de l’argent.
C’est peut être ça aussi qui s’est négocié entre le gouvernement et Microsoft, d’un côté on leur achète des licences office et de l’autre ils acceptent d’installer un centre de recherche en France.
Je dis ça c’est qu’une idée, je ne sais pas si ça s’est vraiment joué comme ça.
Je pense qu’il faut arrêter de voir le mot “lobby” et penser immédiatement à quelque chose de diabolique qui vise à asservir les hommes. Un lobbyiste n’est ni plus ni moins qu’un porte parole d’une entreprise auprès du gouvernement, dont le but est de faire pencher la balance. Mais il ne faut pas oublier que derrière une entreprise, il y a aussi des gens qui travaillent et donc qui vivent.
#46
Il faut être de mauvaise fois, ou aveugle, ou manipulé pour ne pas reconnaitre que la consultation publique a été fortement faussée par les lobbys libristes, qui sont même allé jusqu’à diffuser des listes d’instructions (pour/contre/sans avis) pour tous les articles qui les intéressaient…
Certains l’ont même fait via change.org pour essayer de pêcher une audience qui ne fait pas partie du milieu libriste.
A partir de là, considérer les résultats de cette consultation comme un reflet de la pensée citoyenne, ce n’est pas honnête à mon avis.
#47
Courage Ricard , c’est pas gagné.
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Trafic d’influence. C’est l’expression dont je n’arrivais plus à me souvenir. L’affectation exactes des fonds de Microsoft n’a pas besoin d’être soumises à un quelconque contrôle, puisqu’il s’agit de libéralités. Évidemment, François peut conseiller Satya à titre personnel. Mais, ce n’est pas comme si le président avait négocié un rabais de licences au profit des ministères et des collectivités territoriales (et qui continueront donc à nourrir Microsoft avec nos impôts). Ce n’est pas le même budget. Aie, je vois des complots partout.
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ErGo_404 a écrit :
+1
Pour moi tout ce qui compte c’est que le logiciel soit efficace. Si on commence à choisir une solution ou une autre par idéologie (et qu’on force tout le monde à y passer), ça réduit la concurrence à néant et donc l’envie de progresser.
Oui mais la concurrence est faussée et c’est là tout le problème.
Prenons
le cas du format ODF et du OOXML (version Microsoft), Microsoft implémente une partie de
code propriétaire dans OOXML. Résultat LibreOffice ne peux pas lire le
format. LibreOffice n’a pas les moyens de payer des droits à Microsoft pour avoir accès à ces bouts de code.
Pire, imaginons, même si LibreOffice payaient et qu’ils intégraient le code pour le support d’OOXML (version Microsoft), ils rendrait le code Microsoft public et violeraient la licence.
Microsoft abuse de sa position dominante en empêchant la concurrence et en ne respectant pas le standard OOXML.
La solution elle est toute trouvée: contraindre législativement à l’utilisation des logiciels qui respectent scrupuleusement les standards OOXML ou ODT.
Le choix du logiciel Office ou LibreOffice en vrai ça importe peu mais le respect du format c’est vraiment ce qui compte puisque c’est la garantie pour l’utilisateur de maîtriser ses données peut importe le logiciel utilisé.
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le numéro un de Microsoft a été reçu hier en grandes pompes par l’Élysée, où il a signé un chèque de plus de 80 millions d’euros.
encore une preuve que ça n’est pas de la politique c’est de la “polifric”…
a l’heure où l’on “doit faire des économies a tous les niveaux” il y a de quoi grincer des dents …
#62
OOXML a eu droit à plusieurs versions, et si la première avaient encore des trucs proprio pas bien défini, la dernière a bien tout d’une norme ouverte.
Par contre il a fallut un peu de temps a Office pour intégrer le OOXML Strict (la version ouverte) en lecture+écriture et encore plus de temps pour que se soit le choix par défaut.
Pour y voir un peu plus clair :https://blogs.office.com/2012/08/13/new-file-format-options-in-the-new-office/ (le Open XML strict est le format qui respecte la norme ISO)
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Oui, et ?
Ca nous fait à 2 péquins près la population de la Ferté Macé dans l’Orne. Comme je dis. Un raz de marée !
Tu accepterais la légitimité d’un élu ou le résultat d’un référendum où on aurait 0,01% de votes exprimés ? Cette consultation est insignifiante ! Comment on peut être déçu qu’un truc qui mobilise aussi peu soit aussi peu suivi d’effets ?
Quant à inscrire la préférence du libre dans la loi, je n’en vois pas la nécessité.
Il me semble avoir lu ici il y a 2⁄3 jours que l’éducation nationale avait déployé des serveurs debian ou autre. Et ce, en dépit de toute la corruption de Microsoft.
C’est bien que dans les conditions actuelles, on arrive à voir quand une solution basée sur des logiciels libres se détache des autres sur ses mérites propres et par pur pragmatisme.
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> “par le fait qu’ils peuvent être vérifiés et améliorés par tous”
source, mais c’est comme en droit, en compta ou n’importe quel domaine
d’expert: seuls les plus avertis peuvent comprendre une partie, et quasi
personne n’est capable d’en comprendre l’intégralité.
J’ai beau
avoir les connaissances suffisantes en programmation, jamais je n’irai
voir le code source d’un logiciel qui a plus de 10k fichiers sources.
Très bien. Rendons la loi closed-source.
> De plus si le logiciel libre est si accessible, comment cela se fait-il
que les interfaces graphiques soient toujours aussi pourries (ok, elles
ont été grandement améliorées en 10 ans, mais ont toujours plus de 10
ans de retard sur ce qui se fait à coté).
Tu es un troll.
> Le logiciel c’est très bien, et c’est super que ça existe, mais ça n’est
pas la solution à tous les problèmes, loin de là. C’est un peu comme
les associations, c’est très bien qu’elles soient là, mais ça n’est pas
aux associations de faire tourner la société et de s’occuper de tout le
social du pays, sinon c’est de l’exploitation, ou alors on tourne au
communisme.
Tu es un troll en roue libre et qui a l’air très con.
> Si on veut aller dans ce sens, on crée un fond/une contribution/…
(enfin une taxe de plus quoi) pour financer le logiciel libre, en gros
on crée une entreprise d’État qui développe ET installe et maintient les
logiciels libres, en les facturant à très bas prix (le reste étant payé
par la taxe). Ça permettrait d’avoir un savoir-faire et une entreprise
qui tourne. Ça sera au détriment d’entreprises privées, mais au moins il
y aurait une logique de capitalisation des connaissances.
Tu es un troll qui réinvente la roue.
☐
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Si nos élus refusent de comprendre l’urgence qu’il y a de favoriser le logiciel libre, c’est une génération entière qui sera formée au logiciel propriétaire.
Ensuite, tout est verrouillé :
-Les entreprises et administrations sont obligées d’acheter les logiciels propriétaires sur lesquels les gens sont formés.
-Toutes les entreprises de la chaîne de travail sont obligées d’acheter des licences pour répondre aux appels d’offre de travail.
-L’impossibilité de modifier les logiciels induit des limites qui peuvent se révéler bloquantes.
Bref, c’est une dépendance majeure qui grève l’ensemble de la chaîne économique et le PIB d’une nation.
Bien sûr, les développeurs du libres ne vivent pas de rien et les nations devraient logiquement contribuer financièrement à ces logiciels. Mais les besoins de financement du libre sont inférieurs à leurs équivalents propriétaires.
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