Stop ! Pour le futur service public du numérique éducatif, le gouvernement ne veut plus faire du libre une priorité. Après avoir laissé silencieusement passer un amendement en ce sens au Sénat, Jean-Marc Ayrault a visiblement prêté l’oreille à l’industrie du secteur qui craignait ce nouveau cap.
Il y a deux semaines, les sénateurs avaient voté un amendement visant à donner une priorité aux logiciels libres et aux formats ouverts dans le futur service public de l’enseignement numérique et de l’enseignement à distance. La disposition était consacrée un peu plus en Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Ses membres députés n’y ont en effet pas un touché un cheveu lors de leur examen de ce fameux projet de loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République. Il faut dire que le texte initial du gouvernement Ayrault marque dès ses premières lignes un coup de chapeau appuyé, réclamant une « incitation au développement de ressources numériques (…) notamment en faveur de logiciels libres et de contenus aux formats ouverts ».
Cette belle histoire connaît cependant son conseil de discipline. Depuis le vote au Sénat, un front s’est en effet constitué du côté de l’industrie du logiciel. Le Syntec Numérique (syndicat professionnel représentant 1 200 entreprises du numérique) et l'AFINEF (groupe représentant une cinquantaine d’entreprises du secteur de l'e-education) sont très critiques à cette mise en avant du libre. Ils considèrent ces dispositions « inconstitutionnelles ». De même, « écarter la fourniture de certaines solutions, en imposant un type de logiciels, violerait les principes fondamentaux de la commande publique consacrés tant au niveau français qu’européen et jamais démentis. »
La marche arrière du gouvernement Ayrault
Le Conseil d’État avait pourtant validé un appel d’offres public qui poussait en avant une solution libre… Mais peu importe, le message de l’industrie a été entendu 5 sur 5 par le gouvernement Ayrault qui vient de colmater cette brèche un peu trop open source. Il a déposé un amendement afin de remplacer cette phase :
« Ce service public utilise en priorité des logiciels libres et des formats ouverts de documents »
Par cette phrase :
« Dans le cadre de ce service public, la détermination du choix des ressources utilisées tient compte de l’offre de logiciels libres et de documents au format ouvert, si elle existe. »
On passe ainsi d’une priorisation du libre à sa simple prise en compte. Dans son exposé des motifs, Vincent Peillon, ministre de l’Éducation, estime que la mise en avant du libre aurait « entrainé des difficultés juridiques ». Ce qui est très exactement l’argument poussé par l’industrie du secteur. Pour appuyer ce recul, l’exécutif cite la circulaire du Premier ministre du 19 septembre 2012 relative aux orientations pour l’usage des logiciels libres dans l’administration. Une circulaire qui « fixe déjà les cas dans lesquels il est recommandé à celle-ci de favoriser l’usage des logiciels libres ». Sauf qu’une circulaire n’a pas la même force de frappe qu’une loi d’orientation.
L'appropriation par tous
Mais pour Ayrault et Peillon, si « les logiciels libres constituent en effet un modèle de service », ils ne sont pas toujours « les mieux adaptés ». « C’est en raison de ses besoins que l’administration peut en venir à exiger certaines caractéristiques qui conduisent à privilégier, voire à exiger dans certains cas, un logiciel sous licence libre. Le choix de la licence ne se pose donc pas a priori, mais doit procéder d’une réponse à une nécessité ou à des besoins qui auront été clairement identifiés ».
Le sujet sera débattu à l’Assemblée nationale dont les débats reprennent aujourd’hui. Du côté de l’April, c’est aujourd’hui l’incompréhension. « Le logiciel libre est l'incarnation informatique de notre devise républicaine, "Liberté, Égalité, Fraternité" » juge Frédéric Couchet, délégué général de l'April. Celui-ci « permet l'appropriation par tous de la connaissance et des savoirs. Il est donc fondamental qu'il soit intégré en priorité à notre système éducatif. Nous appelons les députés à rejeter l'amendement présenté par Vincent Peillon. » a-t-il ajouté.
Commentaires (191)
Vaut mieux surpayer microsoft que d’essayer du Linux en effet .. surtout pour de l’XP en 2013 sur des écrans 4⁄3 ..
« C’est en raison de ses besoins que l’administration peut en venir à exiger certaines caractéristiques qui conduisent à privilégier, voire à exiger dans certains cas, un logiciel sous licence libre. Le choix de la licence ne se pose donc pas a priori, mais doit procéder d’une réponse à une nécessité ou à des besoins qui auront été clairement identifiés ».
Suffit de savoir faire un cahier des charges …
quel crétin
Nos amis du PS nous feraient presque regretter Sarko, à moins qu’ils ne soient au final les même en terme de déontologie, d’honnêteté et de respect de la parole donnée ?
*sigh*
On peut vérifier les comptes en Suisse d’ayrault voir à combien se monte le chèque de kro$oft ?
Bah, même si je sens que je vais me faire encore troller, moi je trouve çà totalement normal. Faire du libre à tout prix n’a absolument aucun sens, vu que dans les entreprises dont l’informatiques est le cœur de métier (type SSII), faire du libre à tout prix est totalement l’inverse de la réalité.
Les entreprises cherchent des solutions pérennes, avec du support, et des garanties. Certaines solutions libre proposent tout çà (et c’est bien), mais très souvent seule une solution propriétaire le garanti.
IMHO l’éducation devrait avant tout penser à former des jeunes prêts à travailler en entreprise, plutôt que de cristalliser tous les fantasmes et autres utopies éloignés de la réalité après l’école.
EDIT: je cite ledit amendement :
Les logiciels libres constituent en effet un modèle de service et à ce titre l’administration peut décider d’y recourir lorsqu’ils se révèlent les mieux adaptés à l’objectif qu’elle poursuit, ce qui n’est pas toujours le cas. La circulaire rappelle que le choix du logiciel libre doit être le fruit d’une démarche raisonnée, déterminée en fonction des contextes d’usage et de l’évaluation du cadre d’utilisation, du nombre d’acteurs concernés, de la complexité du système et de l’implication nécessaire.
Du bon sens de mon avis.
Ce que je ne comprends pas c’est que s’il y a un appel d’offre, les logiciels libres coûtent zéro euro, ce qui me semble assez imbattable…
Je suis actuellement en préparation capes de physique chimie et je peux vous dire que tous les logiciels de traitement de données et d’EXAO sont fait pour Windows et pas linux donc pourquoi acheter linux pour l’enseignement ? De plus les élèves ont pour la majorité Windows chez eux et pas linux, c’est plus facile pour les élèves si ils retrouvent le même environnement de travail que chez eux !
Pfffff…. Le lobbyisme, les girouettes, tout ça…
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De la corruption pure et dure…
Le changement retournement de veste c’est maintenant…
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Normal le gouvernement s’est grillé pour un petit moment avec le mariage pour tous, il fait une pause sur les réformes qui ont un impact sur son électorat. On va éviter de faire passer les fonctionnaires sur du libres qui demandes des efforts que certains n’ont surement pas envie de faire.
Ce n’est pas la seul marche arrière il y en a pas mal qui sont en route.
Personnellement je travaille dans ce domaine … et une licence éducation microsoft coute 10 fois moins que pour le grand publique. Le support sur du libre (s’il existe : ce qui n’est pas souvent le cas) coute parfois plus de 10 fois plus.
Sachant que le licensing n’est pas forcément le poste le plus couteux dans un système informatique…. le choix de ne pas forcer à tous prix le libre est tout a fait normal… du moins au point de vue système d’exploitation.
Après concernant le software, traitement de texte …. tout est question d’accompagnement et de volonté.
Donc pour résumer:
Il est bien de ne pas forcer le libre pour les Os: le coût de revient à la longue est aussi raisonnable que du libre dans le domaine édu (mais plus facilement maintenable sans accompagnement au changement).
Pour les soft: seul l’accompagnement au changement représente un coût important, la maintenance représentant un moindre coût sur Os Microsoft.
Si celui ci est géré pas le personnel enseignant…. donc pourquoi pas
Le libre coute plus chère que MS…
Il paie une misère pour les licences et pas besoin de formation.
Les tests qu’il y a eu sur le libre ont coutés une fortune, car il fallait des admin spécialisé et le support information a explosé.
Scandaleux, mais tellement prévisible…..
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Et de l’autre côté” on ne fait pas d’appel d’offres sur des secteurs stratégiques.. Youhou !
Lobbyiste est un métier d’avenir à ce qu’on peut voir
le Syntec qui fait ouin-ouin….
Alors que les migrations rapportent par gros paquets, aux entreprises du Syntec…
Tout à fait logique à mon avis
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Il faut bien faire vivre les développeurs également! Et bon quand le libre sera plus simple et plus adapté que le proprio, le proprio n’existera plus, par contre en attendant……..
Question ….
MS met il un pistolet sur la tempe de l’utilisateur?
Ou l’utilisateur est il effrayé de passer sur du libre car pour y trouver de l’accompagnement il faut déjà se sentir à l’aise avec l’informatique?
…
Ce qui grâce au développement de l’informatique dans le système éducatif sera permis à la longue.
Moi je suis optimiste au vue des progrès opéré par le système éducatif…. des progrès lent c’est sur mais de réels progrès qui permettent aux personnels enseignant et aux étudiants d’avoir plus d’aisance dans l’apprentissage de l’informatique.
“Rétropédalage”, “changement de cap” , “cafouillage”voilà ce que l’on lit ou entends continuellement sur ce “gouvernement” , si on virais une bonne fois pour toute cette bande de guignols et que l’on mettait simplement en place les personnes qui dirigent vraiment notre pays on y verrait un peu plus clair …
Pourquoi ça ne m’étonne pas de la part d’un gouvernement très fort en effet d’annonce, mais qui ne passe jamais à l’acte ? Ah si : le mariage gay EST une priorité. Comme ça au moins on ne parle pas de tout le reste…
Finalement,c’est toujours l’intérêt de quelques-uns qui domine sur l’intérêt général. Autant continuer d’aider les suites Microsofts / Adobe à vendre cher leurs licences aux français, que d’aider ceux-ci à utiliser des outils aussi performants pour leurs pratiques quotidiennes.
Il faut arrêter avec cette obstination du libre quand on ne connais pas l’état actuel des choses dans les Bahus !!
80% des softs installé sur libre, ceux qui sont non libre sont: Les Os et Les Ms office, et MS office est toujours doublé d’une suite gratuite.
Firefox est toujours installé en doublons à Iexplorer.
Les autres logiciels non libre sont des softs de science et physiques chimie qui coute un bras, car il n’y as pas de concurrence et ce monopole leurs donne une place bien confortable !!
Après on pourrais idéalisé en installant du libre de partout, du linux de partout !!!
Mais allez y, sauf que saché qu’il n’y as pas de poste d’informaticien a propromement parlé dans les LYCEE. CE SONT DES CONTRAT AED (SURVEILLANT) qui font office de contrat pour les gestionnaire de parc (comme je suis actuellement).
Déjà que trouver un informaticien qui accepte ces conditions de travail, c’est beau, mais aller trouver un informaticien qui soit une bête en linux ca releve du défis !
Excellente décision.
Je pige pas les entreprises qui ont menacé le premier ministre. S’il voulaient les marchés, il suffisait tout simplement de libérer leur code source.
Ca aurait été bien, ça aurait éduqué les conseils d’administration des champions des logiciels privateurs. Elle sert pas à ça l’éducation nationale ?
de source interne, je peux vous dire que l’histoire d’open office et de la gendarmerie a fait beaucoup de mal.
Après avoir laissé silencieusement passer un amendement en ce sens au Sénat, Jean-Marc Ayrault a visiblement prêté l’oreille à l’industrie du secteur qui craignait ce nouveau cap accepté un gros chèque de la part des lobbies.
Toujours les mêmes discussion…
Je trouve ça bien que tout le monde ait le libre choix.
Imposer du libre dans le public, j’appelle ça de la dictature!!
J’hallucine quand je vois le nombre de personnes qui veulent imposer du libre à leur famille. Mais foutez leur la paix!
En quoi votre avis serait meilleur que celui de votre famille? Si ils préfèrent du propriétaire, je ne vois pas le problème.
Vous aimeriez que chaque membre de votre famille vous impose vos choix selon le métier qu’il fait?
Le chauffagiste qui vous impose la marque de la chaudière? Le garagiste la marque de votre voiture? La maçon qui choisit votre appartement ou maison?
C’est hallucinant comme certains aiment d’imposer et montrer leur supériorité.
Les gens achètent ce qu’ils veulent
Monsanto va être content
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Mon précédent n’était pas un centage, mais ça y ressemble très fort (vu après, si si)
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(J’aime les comparaisons atypiques)
Toute cette histoire ressemble de plus en plus à “l’île des morts” de Roger Zelazny et sa théorie du grand arbre.
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pas dur :
Lycée publique : ÉTAT : Libre
Partie pédagogique : RÉGION : Propriétaire !
Serveur peda : linux. (CRI)
Serveur administratif : Linux (CRI)
Pare Feu : Linux (CRI)
Autre serveur pedago : deploiement, pronote……. WIndows (REGION)
chez nous c’est mini 1 informaticien pour 400⁄450 Postes info.
j’en ai un peu plus de 400 en augmentation, j’ai des collègues avec +600 postes.
du libre il y en a en logiciel libre office obligatoire si il y a Office ! plein de petit logiciels gratuit aussi, après pour l’exao essayer voir linux :) !
un débat sans fin le libre/proprio.
Je ne comprends pas les commentaires qui disent que la formulation initiale est anti-concurrentielle.
Est-ce qu’on met le flingue sur la tempe de MS pour qu’il n’utilise pas de licence libre ? Est-ce que MSWord va soudainement devenir merdique si dans un univers parallèle il est sous licence libre ?
Le choix de licence, c’est un CHOIX de la part du développeur. Si ce choix n’est pas en adéquation avec ce que demande le client, alors, le client a tout à fait le droit de refuser l’offre. Et si le développeur ne veut pas perdre l’offre, alors, il change de licence.
Il y en a marre d’entendre parler des ayatollah du libre alors que là, c’est le proprio qui est considéré comme une religion sacrée et que c’est un viol de la liberté d’expression si on n’accepte pas le CHOIX du développeur.
J’ai pas encore lu les commentaires mais je pense qu’il ne faut pas favoriser une solution plutôt que l’autre et qu’il faut laisser les industries se battre à armes égales (oui je rêve éveillé).
Une déception de plus de la part du PS.
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Qui gouverne, qui fait les lois ? Les industriels et les multinationales !
Après on s’étonne que les gens sont écœurés et votent pour les extrêmes : Le Pen, Mélenchon.
Dans la formule « L’UMPS », il y a du vrai, hélas.
Société de consommation pourrie qui n’arrive même plus à fonctionner en ce moment, il serait temps d’en changer.
La prochaine fois je vote Mélenchon (si je vote).
C’est le gouverment sarkozy là?? Je ne comprend plus rien??
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Pourquoi ne suis-je même pas surpris ?
Nos politiques sont vraiment à pleurer…
(gg le sous-titre !)
une suite office : 11/12€ par pack de 250 :) en 2009 !
@ chambolle:
On a une vision totalement différente de la recherche. De mon côté, je suis docteur en physique des particules et je travaille actuellement au cern
(du coup, quand tu dis que CMSSW n’est pas de la recherche, ça me fait doucement rigoler)
En ce qui concerne la création de startup, ce n’est évidemment pas la même chose. Le but est à ce moment là est de développer le secteur privé. Il est dès lors évident qu’on ne peut pas développer le secteur privé en lui imposant d’être public. Moi, je parle de la recherche fondamentale, qui est publique. J’ai bien dit “la recherche fondamentale”, pas la technologie, donc, parler des start-ups ou des brevets est en général un autre sujet.