Lors d'une conférence de presse, Jan Woerner (directeur de l'agence spatiale européenne) annonce que Galileo rencontre des problèmes. En cause, une dizaine d'horloges atomiques qui ne fonctionnent pas correctement, alors qu'il s'agit d'un élément clé.
Cela fait maintenant un mois que le coup d'envoi du système de positionnement par satellites Galileo a été donné par l'ESA, pour les « services initiaux » dans un premier temps. Une mise en place qui a été rendue possible avec le lancement de quatre satellites supplémentaires le 17 novembre, à bord d'une fusée Ariane 5.
Galileo, we have a problem avec les horloges atomiques
Pour rappel, il s'agit d'un concurrent du GPS américain et du GLONASS russe qui doit permettre à l'Europe d'avoir une totale indépendance sur le sujet (voir notre analyse). Problème, le directeur général de l'ESA Jan Woerner vient d'annoncer lors d'une conférence de presse qu'« il y a eu quelques difficultés »... et pas des moindres.
Il affirme que les soucis concernent les horloges atomiques embarquées, « un élément critique pour la navigation par satellites » afin d'assurer une bonne précision. Ce n'est pas la première fois que pareille mésaventure arrive puisque, en novembre dernier déjà, une panne d'horloge avait été signalée.
Des pannes sur les horloges au rubidium et à l'hydrogène
S'agissant d'un élément vital, chaque satellite dispose de quatre horloges atomiques, de deux technologies différentes (une double redondance) : deux au rubidium et deux à l'hydrogène. Problème, « nous avons des soucis avec les horloges au rubidium et les horloges à hydrogène » confesse Jan Woerner, avant d'ajouter que « c'est bien regrettable ».
À titre d'exemple, il explique que « si vous n'avez pas d'horloge précise et si vous ne tenez pas compte de la théorie de la relativité d'Einstein, l'erreur serait de plus de 500 mètres sur 1 h ». Coup dur pour Galileo qui met justement en avant sa grande précision.
Une « réparation » est-elle possible ?
Au total, l'ESA annonce que 10 horloges ont connu des pannes – 3 au rubidium et 7 à l'hydrogène –, c'est donc loin d'être anodin. Concernant la possibilité de les faire de nouveau fonctionner correctement, le directeur général avoue qu'il n'a « pas encore la réponse »...
Désormais, la question est de savoir si les causes profondes vont être identifiées et corrigées ou alors, au contraire, si « on prend le parti d'accepter qu'un grand nombre d'horloges puisse entrainer un grand nombre de pannes, mais que l'on puisse compenser le risque de panne par le nombre d'horloges embarquées ». Là encore, la question n'est visiblement pas tranchée.
Jan Woerner explique que « nous souhaitions avoir des solutions européennes autonomes pour la navigation par satellites. Nous voulions des technologies estampillées Europe également et la décision était une décision éminemment politique ». Quoi qu'il en soit, le travail autour de Galileo continu pour le moment, avec 15 satellites en service :
Galileo a connu plusieurs mésaventures depuis le début du projet. En plus des retards à répétition, un lancement sur une mauvaise orbite pour les satellites 5 et 6 (ils ont pu être réassignés sur une « orbite de travail »), 15 seulement d'opérationnels sur les 16 restants, il y a donc les pannes sur les horloges atomiques. Alors qu'il n'est disponible que depuis un mois, cela fait déjà beaucoup.
Commentaires (150)
#1
Il n’y a donc, pour le moment, aucun satellite ayant toutes ses horloges en panne ?
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Le GPS n’a qu’a bien se tenir, Galiléo arrive et il est super précis!
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Dommage , j’espère qu’ils trouveront une solution
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Et pourtant, ils tournent… pas rond " />
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« C’est bien regrettable »… Optimiste le gars !
Genre le président glisse sur le bouton rouge… « C’est vraiment trop bête ».
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Après ça dépend de la répartition, si toutes sont réparties dans des satellites différents ça va, c’est même le but de la double redondance
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après 10 horloges sur 15 satellites ça fait moins d’une horloge par satellite, les satellites ayant chacun 4 horloges, ça semble encore largement rattrapable.
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Concrètement, pour quelqu’un d’objectif, est-ce que c’est une très mauvaise nouvelle?
Du style cela pourrait rendre Galiléo caduque et obliger son abandon? Ou bien il faudrait redéployer de nouveaux satellites?
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Ca fait 10 horloges HS sur les 52 utilisables (ou 60 si ils comptent les deux satellites sur l’orbite non prévue).
Faut voir comment sont réparties ces pannes. Si c’est 10 horloges sur 10 satellites, ça n’altère pas le fonctionnement de la constellation. Par contre, faudrait pas que trop de pannes du même genre se produisent…
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Pffff… c’est pitoyable !
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Sachant que les Américains ont tout fait pour bloquer ce projet, c’est peut-être une piste à explorer pour expliquer ces problèmes à répétition…
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Je sens que mes potes chinois va encore me chambrer ce soir…
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Quelques mois… Ca dépend pour qui. Certains y sont depuis 5 ans. C’est pas beaucoup évidemment, mais on en sait pas quels sont les satellites concernés. Est-ce que c’est sur les plus anciens? les plus récents? Est-ce que ça concerne 10 satellites ou seulement 3 ou 4?
Sinon oui c’est certain que la prochaine série va subir des contrôles supplémentaires, et prendre sans doute du retard.
#19
Faudrait voir l’historique des autres projets pour comparer.
Sinon c’est quand même balo, mais ils ont le temps : côté marchés publics rien n’est prêt (peut-être Qualcomm a une puce…)
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Où peut-on acheter un outil de localisation par satellite utilisant Galileo ?
Pour l’instant tous ceux que je trouve au supermarché sont au standard américain GPS. " />
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Encore un coup des chinois de la NSA de Moscou.
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Ça fait quand même un taux de panne effarant pour de la technologie spatiale que l’on ne peut pas réparer facilement.
Cela laisse apparaître un défaut soit de conception soit de fabrication.
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Mais c’est pas possible ! Les USA nous sabotent ou quoi ?!
" />
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https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/galileo-pourquoi-faut-il-un-gps-europeen
Tous pour les appareils commercialisés à partir de printemps/été 2017. Il y a une marque espagnol qui en fait déjà un a priori (entendu dans l’émission de la Méthode scientifique hier).
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En effet 20% de panne il vas y avoir de la mise au point en interne.
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peut-être même pas. comme l’indique l’article, ce sont surtout des choix politiques, et donc du très haut placé. les mecs qui ont du faire avec cette techno avaient très certainement les chiffres des risques mais avaient dû faire avec.
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Sans tomber dans le complotiste de rigueur, c’est pas un peu surprenant ces pannes ? Je suis béotien à 100% sur les horloges atomiques, mais il me semble que la technologie est quand même assez éprouvée non, même dans l’espace ?
Surtout que les pannes sont tout de même assez massives, et touchent comme par hasard cet élément qui, de plus, par son importance, n’a pas du être conçu dans le je m’en foutisme total…
Bref, c’est très curieux et intriguant cette histoire… Des connaisseurs du sujet pour donner leur avis ?
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Le snapdragon 835 est 100% compatible, sachant que c’est une puce phare qui doit équiper un éventail très large de terminaux, c’est la meilleure preuve possible de la pénétration de Galileo dans le matériel grand public à court terme.
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European qualität " />
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Ha mais moi non plus. Il va y avoir un bouc émissaire en bas qui va prendre pour le mec d’en haut qui a choisit une techno russe plutôt que chinoise. " />
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Je ne comprends pas comment il peut y avoir des erreurs sur des horloges au Rb87… à part un problème de conception, je ne vois pas…
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Si c’est ça c’est vraiment consternant… M’enfin toujours est-il que dans un satellite Galileo, ça ne doit pas être le plus gros défi technologique à la base.
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et pendant ce temps là chez gps tout le monde doit changer de pantalon parce qu’ils se sont pissé dessus
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Voilà ce que ça fait quand on fait construire ses horloges par des Chinois plutôt que par des Suisses " />
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Dommage, c’était une occasion de promouvoir le talent européen en la matière
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La notion de «retour proportionné» (j’invente le terme) n’existe plus dans les programmes européens:
Un état qui finance X% du programme s’attend à ce que son industrue reçoive X% du marché ?
Certes, c’est compliqué avec les sociétés trans-nationales, mais c’est faisable si on individualise les centres de développement et de production.
Et c’est comme ça que telle ou telle partie d’un projet peut ne pas être confiée à ceux qui auraient été le meilleur choix sur des critères purement techniques.
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Ben c’est justement des horloges suisses!
au-coeur-de-galileo-bat-une-horloge-suisse
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Haa,l’atome de Savoie…
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wow.
les boules tout ça… " />
#69
Que penser de nos bombes atomiques si on est pas fichus de faire des horloges qui donnent l’heure " />" />" />
#70
Quelle fierté d’être Européen " />
#71
d’un autre côté, quand on voit le contexte géopolitique actuel, je préfère un projet 100% européen qui se plante sur certains points (et apprend de ses erreurs), que de continuer à compter sur les autres pour nous vendre des technos essentielles.
reste que dans ce cas ci, l’horloge est un peu le cœur du système…
#72
Faut juste éviter de mettre un dispositif à retardement…
#73
Airbus, Ariane, ça ne te rend pas fier?
Sans compter que je ne suis pas sûr que GLONASS, GPS et Compass n’aient pas eu de problèmes de ce type…
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C’est les ricains qui doivent rigoler
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#78
500m à côté, c’est toujours efficace une bombe atomique " />
#79
Je suis pas sûr que l’intérêt de Galileo soit très orienté grand public. Evidemment il sera intégré dans les puces et on va gagner un peu de précision, mais c’est tout.
C’est pas vraiment le “Open Service” qui est le nerf du système, mais plutôt tous les autres (CS, PRS, SAR voir Wikipedia ou autre) qui vont être commercialisés.
L’incident est notable sans être critique, non seulement car on ne sait pas encore si ça ne peut pas être résolu (“ha bah y’avait une variable mal programmée lol”) mais aussi parce qu’on n’a que la moitié de tous les satellites en place, donc de quoi corriger les défauts avant de lancer l’autre moitié.
#80
#81
c’est pas faux " />
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#83
Oui oui bien sûr mais autant de pannes sur des technologies différentes quand même, c’est une belle bourde.
#84
c’est un politique qui a pu dire: “on ne prend pas le matériel de tel pays, on reste sur du matos européen”
et si le matos européen en question a des taux de pannes sans commune mesure avec l’autre fournisseur, bah tant pis.
#85
lien très intéressant qui parle de la société SpectraTime basée à Neuchâtel.
Il semble qu’ils fournissent toutes les horloges, celles atomiques au rubidium et celles au maser des masers à hydrogène passif ( plus de détails sur les horloges et leur redondance sur le site de l ESA: http://www.esa.int/fre/ESA_in_your_country/France/Des_horloges_ultra_precises_ba… )
«Malgré leur précision, les horloges atomiques au rubidium perdent quand même un milliardième de seconde après quelques heures», explique-t-il. «Cela signifie qu’il faut les resynchroniser depuis le sol régulièrement.
On pourrait donc corriger le pb à distance?
A entre 300 000 et 500 000 francs l’horloge au rubidium et plus d’un million le maser, les contrats pour deux satellites tests suivis des 18 satellites de la première version de Galileo vont donc rapporter environ 20 millions de francs à la PME de 72 personnes.
Et cela risque de coûter encore bcp plus cher si elles ne fonctionnent pas bien!
Par ailleurs, SpectraTime est censé fournir les systèmes de géo localisation indiens et chinois. Les histoires de Galileo font très probablement les refroidir!
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Oui oui bien sûr, je répondais juste au post " />
Et sinon oui, au moins l’autre devrait bien marcher, c’est toujours ça !
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C’est un peu con d’avoir pris les même pour faire toutes les horloges " />
Quitte à vouloir faire de la redondance, autant avoir deux sociétés différentes avec des méthodes différentes de production.
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exactement ce que je me suis dit…
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Mais, si, ca peut se réparer facilement.
Ils viennent d’ailleurs d’annoncer qu’ils envoyaient Thomas Pesquet uploader les dernières éphémérides A-GPS.
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Ça critique mais moi j’aimerais avoir le taux de panne sur le GPS et sur le GLONASS.
Car Galilieo lui au moins communique sur ses problèmes pourtant des satellites en panne ce n’est sans doute pas leur apanage.
Donc quel est le taux de panne chez les autres ?
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La notion de retour géographique est propre à l’ESA. Galileo est un projet financé par la Commission Européenne (et géré par l’ESA, la CE s’étant rapidement aperçue qu’elle n’avait pas les compétences en interne) donc le retour géographique n’était pas aussi important que sur d’autres projets. Cela n’empêche pas qu’il y avait un aspect politique dans les contrats.
Un point important qui explique les retards sur ce programme est le sous-financement du projet. Le budget initial de Galileo était de 2Mds, et atteint désormais 4/5Mds. Le GPS première génération, c’est l’équivalent de 15Mds d’euros (en euros 2010). Quand y’a pas de sous et plein d’acteurs, les projets patinent et sont lents.
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