L’impact de l’IA sur la planète ? Personne n’en parle (mais l’IA sert la désinformation)
Next, si !

Si des études scientifiques s’y attellent, les effets de l’explosion du secteur de l’intelligence artificielle sur l’environnement restent très peu discutés dans l’espace public, selon un rapport de Sopra Steria.
Le 02 juillet à 12h22
5 min
Société numérique
Société
Depuis l’été 2022, l’intelligence artificielle est dans toutes les discussions. Impacts économiques, politiques, médiatiques, potentielle bulle financière, même, tous ses effets sont décortiqués à l’exception d’un, et non des moindres : celui que le secteur a sur l’environnement.
Entre janvier 2024 et avril 2025, moins de 1 % des 802 465 publications X et LinkedIn liées à l’IA et analysées par Opsci.ai évoquaient par exemple les effets de l’intelligence artificielle sur l’écosystème planétaire. Menée avec Opsci.ai, une récente étude de Sopra Steria sur le brouillard informationnel qui obscurcit les liens entre IA et environnement constate que le climat n’arrive qu’en huitième position des préoccupations des 100 leaders de l’IA listés par le Time Magazine, loin derrière les débats autour des modèles ou encore de l’actualité du secteur.
Le sujet est pourtant d’importance : si le rôle de l’humanité dans le réchauffement climatique fait consensus dans la communauté scientifique depuis plus de 15 ans, 33 % de la population française considère en 2024 que le réchauffement climatique n’est qu’une hypothèse sur laquelle les scientifiques ne sont pas tous d’accord. Et alors qu’une soixantaine de scientifiques du GIEC annonçaient mi-juin que le maintien du réchauffement climatique sous les 1,5 °C de plus qu’avant l’ère pré-industrielle était désormais impossible, 29 % de la population mondiale doute de ce consensus.
Sur le rôle spécifique de l’IA dans le domaine, les calculs sont complexes, mais les premières données scientifiques sont claires : recourir à des modèles de langage généralistes est beaucoup plus consommateur que de se tourner vers de plus petits modèles – des besoins en énergie qui, le plus souvent, sont synonymes d’accroissement significatif de multiples impacts environnementaux, à commencer par les émissions carbone.
Relative focalisation sur la question énergétique
Du côté des personnes clairement intéressées par la lutte contre les bouleversements climatiques, l’IA n’occupe que 2,85 % des discussions, constate Sopra Steria après analyse de 314 419 messages issus d'un panel LinkedIn dédié. Dans ces cas là, elle est principalement présentée comme une menace en termes d’énergie - un enjeu compréhensible, dans la mesure où le patron d’OpenAI lui-même suggère qu’à terme, « une fraction significative de l’énergie sur Terre devrait être consacrée à l’exécution de calculs d’IA ».
Quasiment pas de trace, en revanche, de ses effets sur le cycle de l’eau, sur lesquels le sociologue Clément Marquet ou l’urbaniste Cécile Diguet sont revenus pour Next, ou sur la santé des populations, pourtant directement touchée par la pollution atmosphérique des centres de données.
En s’arrêtant sur l’épisode de génération mondiale de starter packs, qui avait ouvert un semblant de discussion sur le sujet, l’étude constate que les discours sur X et sur LinkedIn sont relativement différents.
Sur la première plateforme – dont le manque de modération a par ailleurs fait fuir bon nombre de spécialistes depuis plusieurs années, l’essentiel des discussions était enthousiaste envers le fait de se créer des starter packs, et consistaient à partager des conseils de prompts (requêtes). 17,2 % des publications émettaient néanmoins des critiques, dont 2,4 % en s’inquiétant spécifiquement de l’eau utilisée par les data centers.
Sur LinkedIn, 29,4 % des publications critiquaient les starter packs. Les publications enthousiastes restaient majoritaires, souligne l’étude, mais ont recueilli moins d’engagement (22,86 % du total étudié) que celles critiquant le fait de générer ces images (33,56 %).
L’IA au service de la désinformation
Impact indirect de l’IA : les modèles génératifs servent par ailleurs à désinformer sur les enjeux environnementaux. En 2024, l’IA avait notamment été employée dans la campagne de désinformation qui avait perturbé le secours aux victimes des ouragans Hélène et Milton. En janvier 2025, l’European Digital Media Observatory alertait sur le fait que ces thématiques étaient devenues le premier sujet de désinformation en Europe.
Sur X, le chatbot Grok de xAI participe par ailleurs directement au problème, glissant directement des propos climatosceptiques dans certaines réponses relatives au climat – le robot a par ailleurs été utilisé pour produire une « étude » dont la totalité du propos vise à nier le rôle de l’humanité dans le changement climatique.
Les médias traditionnels ont, eux aussi, des progrès à faire. En recourant à de la détection automatisée (d’aucuns la qualifieraient d’IA), QuotaClimat a détecté pas moins de 128 cas de désinformation environnementale dans l’audiovisuel français en 3 mois, soit une dizaine de propos faux par semaine.
L’impact de l’IA sur la planète ? Personne n’en parle (mais l’IA sert la désinformation)
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L’IA au service de la désinformation
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 02/07/2025 à 13h29
Est-ce qu'on détermine que c'est de l'eau réellement "gaspillée" ou est-ce que c'est un circuit fermé (type watercooling géant) et dans ce cas, à part de l'électricité pour faire tourner la pompe et le système de refroidissement de l'eau, ça ne consomme pas réellement plus d'eau à chaque requête ?
J'ai du mal à saisir (c'est pour ça que j'ai essayé de me représenter ça simplifié au maximum. Je me doute que c'est bien plus complexe).
Le 02/07/2025 à 13h45
Mais les chiffres qui circulent sont surtout gonflé par l'inclusion de l'eau utilisé par la génération électrique (grâce à la magie de l'analyse en scope 2)
L'ARCEP pousse le vice jusqu'à compter l'eau des sanitaires des DC ou du resto d'entreprises.
Modifié le 02/07/2025 à 14h27
Dans cet article les scientifiques distinguent l'eau consommée de l'eau prélevée (temporairement ou permanent):
Le 02/07/2025 à 14h12
Et merci également @psikobare
Le 02/07/2025 à 14h12
Toute l'eau utilisé est perdu. Donc c'est bien une consommation.
Modifié le 02/07/2025 à 18h56
Ce qu'on nomme "consommation" d'eau, c'est le prélèvement d'eau car l'eau "consommable" réside uniquement à l'état de nappe phréatique, cours d'eau, lac (où se trouve l'eau potable) car ailleurs l'eau n'est pas consommable et encore moins potable pour l'humain (océan, atmosphère).
Le 02/07/2025 à 13h35
Heureusement, les journalistes sont là pour leur rappeler qu'ils devraient s'intéresser à cet épiphénomène plutôt qu'à perdre leur temps sur les émissions du transport.
Le 02/07/2025 à 13h56
Le 02/07/2025 à 15h29
Jeter l'opprobre sur les "climatosceptiques", et sous entendre que 33% des gens qui pensent différement de la pensée unique n'est pas normal me choque, pas vous ?
Faudrait il bannir toutes les couleurs du spectre lumineux et n'en garder qu'une ?
C'est ce qui au contraire, fait la richesse de ce que nous sommes.
l'IA nous aidera peut être à résoudre des problèmes qui sont au point mort (recherche contre le cancer, etc), et on chipote sur l'énergie utilisée qui "pourrait" participer au réchauffement climatique.
Pourquoi ne pas évoquer les méga porte containers dont un seul exemplaire dégage autant de souffre que 50 millions de voitures ? lien ici
Sans parler du CO2 dégagé qui équivaut à des centaines de milliers de voitures.
Un responsable du GIEC était invité dans l'émission C dans l'air sur France 5, il y a qq années, évoquant son rapport. Il clamait que le pole nord avait perdu 1 million de km carrés de glace.
Son contradicteur avait lu le rapport (manque de chance pour lui), et lui dit que dans son rapport même, quelques pages plus loin, il était écrit que le pole sud avait gagné dans le même temps 1 million de km carrés de glace.
Interrogé sur la question, le gars du GIEC tournait en boucle sur le pole nord et ne voulait pas répondre sur ce qu'il se passait au pole sud.
Si ça ce n'est pas de la mauvaise foi ? comment voulez vous que les gens adhèrent au discours de la pensée unique.
Heureusement qu'il y a des émissions en direct dans lesquelles ces intervenants de la pensée unique arrivent à se tirer une balle dans le pied et/ou faire des lapsus révélateurs.
Et puis pour finir, et pour peut être donner des billes aux jeunes ou à ceux qui n'ont pas l'habitude de la manipulation, n'avez vous pas remarqué en ce moment le Trump bashing, ou le Elon Musk bashing ?
On martèle en force des informations, et on les associe avec l'un ou l'autre pour donner du poids (négatif) à ce qu'on avance.
Comme je l'ai dit plus haut, j'ai l'esprit ouvert, et je n'aime pas la "politique" de Musk, surtout avec son projet d'implant neural avec lequel je suis en complet désaccord. Le type semble plutôt schizophrène (j'ai appris récemment qu'il était autiste asperger, alors je tempère mes propos).
Mais il me semble complètement déloyal et dégueulasse de l'associer à quoi que ce soit que l'on veuille descendre en crédibilité. Un peu d'honnêteté intellectuelle, que diable!
Exemple dans l'article plus haut on parle d'emblée de X, pas des autres réseaux sociaux (ah si linkedin quand même, mais c'est un réseau pro), ensuite de Grok, l'IA de Musk.
Puis le titre du paragraphe : l'IA au service de la désinformation.
Puis des climatosceptiques.
Donc on a un petit refrain derrière l'article qui fait : bla bla - X - bla bla - désinformation - bla bla - Grok - bla bla - climatosceptiques.
Faites l'exercices avec plusieurs articles sur différents sites de news, vous verrez qu'on vient toujours associer Trump ou Musk à un sujet "à salir", voir même juste leur mettre un taquet gratuitement parfois.
C'est comme la loi Godwin (quant on n'a plus d'arguments valables), ou la discussion mène toujours à évoquer la seconde guerre mondiale et les nazis pour clôturer le débat, parce qu'on ne peut pas être d'accord avec ce qu'ils ont fait (et c'est vrai pour le coup), sinon on est du côté du mal.
Pensez par vous même chers lecteurs !
Le 02/07/2025 à 15h52
Le 02/07/2025 à 16h10
Modifié le 02/07/2025 à 16h39
Quand tu dis "Pensez par vous-même", dans ton exemple sur le gars du GIEC, tu a été voir les pôles nords et sud ou tu a pensé par toi même que le contradicteur avait forcement raison car il n'était pas dans le discours de la pensée unique ?
Modifié le 02/07/2025 à 17h10
Modifié le 02/07/2025 à 17h09
Le 02/07/2025 à 17h24
En l'occurence, personne ne dit du mal des 33% d'ignorants. Être ignorant n'est jamais une tare ou un problème. (les gens ne sont pas idiots, ils ont juste des hypothèses différentes des votres)
Par contre, dire du mal des quelques centaines ou quelques miliers de personnes d'influences, partis, médias etc... qui racontent de la merde et y mettent assez de paillettes pour convaincre 33% de la population, ça oui. Il se trouve que ces personnes là sont très majoritairement à l'extrême droite. Ces personnes là en effet, empêchent l'éducation à la vérité scientifique, freinent les mesures qui permettraient d'améliorer nos chances pour l'avenir, et font tout pour une fuite en avant consumériste, énergivore, climaticide pour le bénéfice unique d'une poignée d'extrêmement privilégiés. Les quelques derniers mois de vote à l'assemblée nationale sont un très très bon baromètre, à ce sujet.
Donc oui 33% d'ignorants c'est un drame pour le débat public. Prétendre que leur opinion manipulée vaut autant que celle de l'ensemble des scientifiques est effectivement une raison de jeter l'opprobe sur ces "faiseurs d'opinion". 33% des gens ont droit à leurs opinion, ils n'ont pas droit à des faits fantasmés.
Le 02/07/2025 à 19h12
Les raisonnements sur le réchauffement climatique mettent en jeu la survie du monde entier et en affirmant sans preuve des choses illusoires cela à de réelles conséquences sur le chemin de sortie de cette situation.
Modifié le 03/07/2025 à 03h02
Mais Il y a quand même une différence de proportions (quantité produite) entre le SO² qui n'est pas bon pour les poumons localement sur un territoire, et le C0² qui n'est pas bon pour les poumons et le climat globalement.
Le milieu martime international n'est régi que par la loi du plus fort; tout comme on ne peut empêcher la Chine ou les US de cramer leur charbon, on ne peut interdire à ces bateaux de brûler du bitume; à part les mettre en jout.
Mais on peut agir sur notre territoire et interdire à Dédé ou Altman de fabriquer une centrale à charbon pour réaliser ses rêves.
Après, l'IA n'est pas faite pour la recherche contre le cancer, mais pour faire la conversation à un humain, c'est comme ça qu'elle a été conçue, juste un enchainement de mots. Ca n'est pas le bon outil.
Enfin j'ai cherché les 5 premiers liens sur google "pole sud fonte", c'est pas très probant ton histoire
1er lien :
Selon l’Organisation météorologique mondiale, durant les 50 dernières années, la côte ouest de la péninsule antarctique a été l’une des parties de la planète qui s’est le plus réchauffée, avec une hausse des températures de 3°C dans la région. Ces dernières années, des températures atteignant près de 20°C ont été enregistrées pour la première fois dans la région. Dans les années 1980, l’Antarctique perdait 40 milliards de tonnes de glace par an. De 2009 à 2017 c’est 252 milliards de tonnes chaque année.
2e lien :
Au pôle Sud, la banquise atteint un record de fonte.
3e lien :
ah, peut-être un indice de ce que parlait le contradicteur ?
"Antarctique : la calotte polaire se reformerait depuis plus 10.000 ans"
et en fait non, il y a eu un soucis il y a 12.000 ans, et ça met du temps à se refaire le stock de glaçons.
L'article est intéressant, mais on n'est pas du tout sur la même échelle de temps.
Là nous en 100 ans on a cramé tout le budget:
"Ensuite, la re-formation de la glace ne se fait pas en un jour et ne pourrait empêcher l'engloutissement des villes côtières par la mer. Mais « nous pouvons toujours retenir notre respiration sous l'eau pendant des milliers d'années », déclare amèrement Slawek Tulaczyk."
4e lien : etc...
PS : tu parles de km² de glace sans citer tes "références", il serait plus judicieux de parler en km3 si on parle de volume d'eau douce qui va modifier les courants marins tels que le golf stream.
La surface ne fait que refléter le soleil et donc amplifier l'effet de serre, et les 2 données ne vont pas dans le bon sens en tout cas.
Mais l'impact est différent.
Du coup je dirais :
PensezCherchez par vous même chers lecteurs !Le 04/07/2025 à 16h21
Le 04/07/2025 à 21h10
L'autre effet qui se compte en km3 perdus peut modifier les courants marins (eau froide + différence de salinité qui sert de moteur à toute la chaine alimentaire dans ce ruban), et hausser le niveau de la mer.
Tant qu'elle existe en quantité suffisante, cette banquise joue un rôle d'amortisseur dans le réchauffement des océans et donc les effets météorologiques qu'on connait.
Des océans plus chauds ça modifie les gaz dilués dans l'eau et augmente le volume.
Après 2°C, 5°C ? dûr à dire les conséquences pour la faune marine et ceux qui les mangent.
Annulation du golf stream ? Les américains vont cuire et nous on va se les geler, et toutes les espèces qui avaient calé leur vie sur ça seront éteintes.
On a du mal à prédire avec certitudes l'ensemble des conséquences imbriquées à chaque changement d'un seul paramètre.
Mais c'est sûr qu'avancer les yeux bandés en se disant que ça a toujours marché comme ça c'est un mur à 100km/h qui va arriver.
Le 03/07/2025 à 08h19
C'est du même niveau que le sénateur US qui disait : comment croire que le climat créé par Dieu puisse être modifié par l'homme.
Modifié le 03/07/2025 à 21h19
Mais bon, au-dessus, on a un beau spécimen de, au mieux, gros troll poilu, au pire, déblatérateur de fake news. Blocage imminent.
Le 04/07/2025 à 16h18
La la tonne.km déplacée, c'est bien inférieur aux voitures. Et la charge utile bien au dessus de celle des voitures.
Le problème, il est peut être que les promoteurs de l'IA partout "pour le bien commun", ce sont principalement (à 100% ?) des libertariens qui rêvent de fait d'un monde dont ils seraient les rois incontestés, et que leur vision est en prime extrêmement réactionnaire, avec beaucoup de suprémacisme blanc, d'anti féminisme, bref un monde patriarcal merdique où des hommes blancs très riches ont tous les droits (parce qu'ils n'en ont évidemment déjà pas assez). Le problème actuel avec l'IA, c'est que ce sont ces types qui décident comment l'IA sera entraînée et donc ce qu'elle produira.
Il ne me semble pas avoir vu (ce qui serait pourtant facile) qu'on associe Musk à Tesla (en en faisant l'équivalence avec le VE) pour débiner la mobilité électrique.