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Des associations demandent un débat sur la création des datacenters en France

Stockera, stockera pas

Des associations demandent un débat sur la création des datacenters en France

Dans le cadre du projet de loi de simplification de la vie économique, un groupe d’associations appellent les députés à supprimer l’article 15, qui faciliterait la construction de centres de données, pour laisser le temps d’organiser un débat citoyen sur la multiplication de ces entrepôts.

Le 08 avril à 11h43

De ce 8 avril jusqu’à vendredi 11 avril, les députés examinent le projet de loi « de simplification de la vie économique ». De mesure de simplification du quotidien des très petites entreprises à la simplification des démarches pour accéder aux marchés publics, le texte prévoit une variété de mesures, dont la facilitation de l’obtention de licences IV dans les petites villes.

Mais son article 15, qui vise à faciliter la construction de centres de données, inquiète la Quadrature du Net, le collectif marseillais le Nuage était sous nos pieds et la coalition Hiatus, qui réunit une vingtaine d’associations françaises aux mandats variés. Ils appellent les députés à soutenir un moratoire de deux ans « sur la construction des plus gros data centers » en France, le temps d’organiser un débat public.

Début février, en amont du Sommet sur l’intelligence artificielle organisé à Paris, le Premier ministre avait en effet annoncé l’identification de 35 sites industriels déclarés propices à l’installation de centres de données, à la fois en termes de surface foncière, de disponibilité et d’accès à l’énergie. Matignon précisait que les surface allaient de « 18 à 150 hectares et plus », pour une surface totale de l’ordre de 1 200 hectares.

« Projet d’intérêt national majeur »

Or, l’article 15 du projet de loi de simplification de la vie économique permettrait précisément d’accorder le statut de « projet d’intérêt national majeur » (PINM) à des centres de données de ce genre. L’intérêt pour leurs porteurs : accélérer l’implantation des bâtiments et les procédures – de gestion des documents d’urbanisme, de raccordement au réseau électrique, de reconnaissance de raisons impératives d’intérêt public majeurs.

Créé dans la loi sur l’industrie verte de 2023, le statut de « projet d’intérêt national majeur » (PINM) introduit dans le code de l’urbanisme a en effet été pensé pour faciliter l’implantation de projets industriels dans le pays. En juillet 2024, il a été accordé par décret à plusieurs projets, souvent liés à l'industrie numérique : une usine de fabrication de cellules et modules photovoltaïques de la société Holosolis, une de production de panneaux photovoltaïques de la société Carbon, une usine Eastman de recyclage moléculaire des plastiques, une usine Gravithy de production de minerai de fer réduit et d’hydrogène et un site d’extraction et de transformation de lithium d’Imerys, dans l’Allier.

Moratoire de deux ans pour une convention citoyenne

L’un des problèmes que pointent les associations : le statut PINM permettrait notamment de déroger à l’obligation de protection des espèces protégées, alors que la multiplication de data centers pose de multiples enjeux environnementaux de bétonisation des sols et de concurrence dans l’usage des terres et de l’eau.

À l’heure actuelle, la France compte environ 315 data centers, dont la grande majorité est concentrée en Île-de-France (la région concentre 60 % de la puissance de la capacité nationale, selon Knight Frank), suivie par Marseille et la région PACA, où aboutissent 18 câbles sous-marins.

Détaillant l’empreinte environnementale de ces infrastructures, la Quadrature du Net et ses partenaires, rappellent que les hyperscalers, ces data centers extrêmement grands poussés par les acteurs états-uniens du numérique, recourent massivement à l’eau pour refroidir leurs serveurs. Google a ainsi révélé avoir consommé 28 milliards de litres d’eau en 2023, dont les deux tiers d’eau potable, suscitant de telles tensions que le Chili a freiné l'un de ses projets.

Les associations notent que l'expansion de ces projets en France, y compris lorsqu’elle est réalisée par étapes, comme dans la ville de Wissous, créent déjà des oppositions au niveau local. Enfin, elles interrogent les effets de ces édifices en termes de création d’emploi, un enjeu sur lequel le sociologue Clément Marquet revenait à notre micro.

En écho aux experts de l’ADEME, qui soulignent la nécessité de planifier et réguler le déploiement des centres de données, les associations incitent les députés à rejeter l’article 15 du projet de loi en cours de discussion. Elles demandent aussi un moratoire sur la construction des plus gros data centers, le temps de permettre à « une convention citoyenne de penser les conditions d'une maîtrise démocratique des data centers ».

Commentaires (18)

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Ca serait intéressant de regarder dans le détail.

Une fois que tu enlèves tout le cruft néfaste (pub, IA, ...) est-ce que la capacité installée peut s'occuper des données et services qu'il faudrait dégafamiser en masse ? Si ça se trouve il manque un ordre de grandeur, ce qui donnerait de la pertinence à tout ça.

Maintenant rajoutons une feuille de route un peu ambitieuse en terme de sobriété énergétique et de ressources, en terme de ramener nos usages à ce qui parait acceptable, et on aura une vue de ce qu'il faut installer, enlever ou adapter. (crédit : louisderrac.com)
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"est-ce que la capacité installée peut s'occuper des données et services qu'il faudrait dégafamiser en masse ?"
Je souscris mais ce n'est pas que les GAFAMs, c'est aussi le Cloud/Patriot Act qu'il faut visé (p-e dans un second temps).

Donc, ce n'est pas que les données, c'est les services (GAFAMs), le logiciel et l'infra.
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Les circuits de refroidissement des Datacenter sont sur des boucles fermées ?
D'ou viendrait cette consommation d'eau ?

Je n'ai jamais vu des refroidissements utilisant une pulverisation d'eau pour refroidir un échangeur en Datacenter

=> Je suis surement dans l'erreur ^^
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Cet article cité dans l'article donne un début d'explication, mais j'aimerais moi aussi mieux comprendre cette question de circuit ouvert.

Pour des raisons de coût, il semble que certains DC utilisent un circuit ouvert, et c'est assez simple à comprendre : l'eau qui sert à refroidir les machines ressort chauffée (autour de 40-45°C selon Infomaniak).

En circuit fermé, il faudrait rajouter des échangeurs voire des pompes à chaleur pour faire refroidir l'eau et la réinjecter à l'entrée des serveurs.

En circuit ouvert, tu la rejette simplement et c'est fini. Vu le faible coût de l'eau en France, cette stratégie ne m'étonne pas.

Cela dit, vu que l'eau n'est pas contaminée, elle reste potable à la sortie, et on pourrait imaginer qu'elle re-rentre dans le réseau.
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ça peut être comme les centrales: de l'eau pompée dans la nature (rivière, lac ou mer) et juste retituée plus chaude au milieu naturel, je ne vois pas l'intérêt de refroidir avec de l'eau potable.
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Je pense qu'utiliser de l'eau non potable apporte son lot de soucis liés au développement d'algues, de champignons, et aux soucis d'électrolyse. Donc probablement un coût d'entretien plus élevé ou alors un coût de préfiltration + traitement de l'eau en amont pour protéger la micro-tuyauterie ajouté à un coût de retraitement + décontamination de l'eau en aval pour ne pas rejeter la chimie précédemment ajoutée dans la nature.

Ce n'est qu'une hypothèse.
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ça se gère le nettoyage des échangeurs, même de l'eau de mer, tous les bateaux font ça pour refroidir leurs moteurs.
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J'imagine qu'on peut recracher l'eau en la pulvérisant dans de grands bacs sur le toit des DC pour la refroidir et réutiliser ainsi la partie récupérée. L'évaporation fait baiser la température de l'eau et génère un panache de vapeur blanc, un peu comme c'était (ou c'est encore) pour certaines tours de La Défense à Paris, non ?
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De toute façon, ce qu'il a de bien avec l'eau, et c'est pour ça qu'elle est très présente à la surface de la terre, c'est qu'elle ne disparait pas, elle change de forme, de composants (et polluants) dissous, mais ne disparait pas. l'évaporation ne fait pas baisser la température de l'eau, mais surtout celle de l'environnement d'où elle s'évapore, elle transporte la chaleur environnante, c'est pour ça qu'on s'en sert pour éteindre le feu, en fait, ce qu'on a appris au lycée, c'est le passage de l'état liquide à vapeur qui déplace l'énergie, pareil dans le frigo.
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Des datas à la rue ?
Des plagiats sous les ponts ?
Des chats seulement de gouttière ?

Nous avons la solution à vos problèmes : l'hébergement d'urgence sur 1200 hectares !

lemonde.fr Le Monde
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C'est vrai qu'il faudrait limiter ces constructions aux friches industrielles, ça ne manque pas, en principe l'énergie y arrive déjà en masse.
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L'histoire de l'industrie dit le contraire. Avant, l'industrie avait l'ambition de construire des cités ouvrières et on peut tout à fait contester ce modèle de développement pour son holisme vicié.

Le problème est que finalement, certains voulaient encore ce modèle politique sans en assumer certains coûts, comme la vérification des faits, le devoir d'invention, en prétendant que le déplacement de l'enjeu spatial vers l'enjeu sémiotique ne conduirait pas à des dérives homologues à celles déjà observées.

Je me demande bien quels programmes progressistes et dématérialisés, avec des rendements énergétiques proches de la photosynthèse ou du pet de vache, vont nous pondre ces néo-cultivateurs du striatum.
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L'histoire, c'était avant, les projets foireux, c'est après, mais tant qu'à les mettre quelque part autant que ce soit là où c'est déjà vérolé.
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Je n'ai pas forcément d'avis sur le fond de la question, mais sur la forme, la représentation nationale (le parlement) a déjà voté.

On a des lobbys qui font leur boulot (lobby au sens générique, non connoté de positif ou négatif), mais est-ce qu'il ne fallait pas intervenir avant le vote de la loi ?

Quel est le cadre démocratique d'une convention citoyenne ?
Tant qu'on a pas ce de moratoire, on crée une nouvelle commission ?
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Les emmerdeurs habituelles quoi.
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C'est tout de même fou, on veut de plus en plus de souveraineté mais on est tout simplement pas prêt à se donner les moyen pour y arriver. Ce ne sont pas les 3 offres actuelles certifiées SecNumCloud qui suffiront.
Je comprends les enjeux écologiques mais si on ne cherche pas à développer de nouvelles manières d'alimenter ces datacenters chez nous effectivement, au temps laisser Microsoft gérer nos données de santé et de l'éducation nationale, Google et Apple celles de nos vies numériques mobiles.

C'est tellement français finalement, on veut tout mais sans rien changer.
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Problème : le Manipulateur / Manipulatrice en électroradiologie médicale a lui le droit à l'effacement, mais pas le patient.
En effet, si ces images étaient rémunératrices pour les patients il serait plus évident de les conserver en Europe afin de protéger le droit économique.
Mais voilà, la recherche en "IA" est présumée convenable et elle n'est pas crédible sans recours au droit international.

Drôle de monde souverain n'est-ce pas ?
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on parle de 35 sites (hypothétiques, encore faut-il des projets), pour un total 1200Ha.
Je suis contre la bétonisation à outrance, mais de là à carrément prôner un moratoire de 2ans, faut peut-être pas pousser !

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