Messagerie : comment l’École Polytechnique justifie de son choix de Microsoft 365
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Auditionnée par une commission d'enquête du Sénat, la directrice générale de l'École Polytechnique a expliqué pourquoi l'établissement prévoyait de migrer sa messagerie vers l'offre hébergée Microsoft 365. Entre autres arguments, elle invoque l'absence d'alternative souveraine offrant un niveau de performance et d'intégration équivalent, et déplace le curseur en matière de confidentialité des données face à la portée des lois extraterritoriales américaines.
Le 20 mai à 16h55
7 min
Logiciel
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Comment l'X, prestigieuse école d'ingénieurs française placée sous tutelle du ministère des Armées, peut-elle ignorer de façon aussi patente les débats liés à la souveraineté des données, alors que la Direction interministérielle du numérique et les services de Bercy multiplient les rappels ?
La question se pose de façon très ouverte depuis le 19 mars dernier, date à laquelle La Lettre a révélé que l’École Polytechnique prévoyait de migrer sa messagerie vers l'offre hébergée Microsoft 365.
La divulgation de ce projet de migration est par ailleurs intervenue au lendemain d'une autre révélation, signée Next cette fois : la passation, par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, d'un important marché public, portant sur au moins 74 millions d'euros de licences et de services en ligne Microsoft.
Hasard du calendrier, ces deux informations sont sorties peu de temps après la mise en place, par le Sénat, d'une commission d'enquête dédiée à la question de la commande publique. Installée le 6 mars dernier, cette dernière doit enquêter sur la façon dont les institutions publiques appréhendent leurs achats, notamment dans l'univers numérique.
L'occasion était donc toute trouvée, pour la commission nouvellement installée, de convoquer la directrice générale de l’École Polytechnique, Laura Chambard. L'audition, organisée le 13 mai dernier, a donné lieu à une dénégation de l'information selon laquelle les laboratoires de recherche étaient concernés. Ainsi qu'à un exercice de justification du choix de Microsoft 365 qui illustre la problématique des messageries souveraines.
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Commentaires (44)
Le 20/05/2025 à 17h01
Modifié le 20/05/2025 à 17h03
Le pire c'est qu'il y a des alternatives, et que les choisir, c'est les faire se développer pour atteindre le même niveau de service que Microsoft...
Modifié le 20/05/2025 à 17h49
Pendant qu'on loue les avantages de l'intégration parfaite de Microsoft 365 d'un côté, on s'en plaint de l'autre...
Au final c'est soit on galère avec les alternatives, soit on s’assoit sur ses principes.
Le problème c'est effectivement que l'un provoque l'autre, puisque c'est pas en se faisant rejeter de tous les gros contrats que les alternatives souveraines vont pouvoir lever les fonds ou engager les budgets nécessaires pour rivaliser avec ces solutions.
Modifié le 20/05/2025 à 18h32
On prétend qu'il n'y a pas de solution. En fait on n'a pas cherché.
Au mieu on a fait un pseudo appel d'offre écrit à la va-vite en ne prévenant que celleux dont on voulait des réponses.
Y a des fois, la différence entre corrompu.e et ignard.e est pas si facile à trancher.
Modifié le 20/05/2025 à 19h13
Et outre le problème de la confidentialité qui a déjà été soulevé, il y a aussi et surtout un très gros problème de réversibilité. Le jour où Microsoft décide(ra) d'augmenter ces prix hors du raisonnable (cf. Oracle il y a 15/20 ans ou plus récemment broadcom avec vmware) partir ce sera
très compliqué. impossible. Il faudra former les utilisateurs et leur faire avaler une probable régression si d'ici là le paysage des suites n'a pas évolué...Le 21/05/2025 à 00h46
Mais on peut aussi décider que la souveraineté et la sécurité sont plus importants. Si, si, on peut.
C'est juste une question de priorité.
Le 21/05/2025 à 11h42
On se retrouve facilement avec des documents qui partent par erreur vers le mauvais espace de stockage qui n'est pas forcement compatible ave les règles de confidentialité de l'organisation.
Sans savoir si c'est l'implémentation ici ou global :
- Je redécouvre les problèmes de perte d'information sur les fichiers ou version concurrente (enregistrement auto, collaboratif qui déconne avec des version en cache chez certains, ...).
- Les temps d'accès sont bien plus variable que le stockage LAN
- D'avoir le même espace cloud accessible depuis teams, le navigateur, le sharepoint, le navigateur associé au Webmail, ... Difficile de maitriser l'emplacement de la donnée, personne ne la consomme de la même manière.
Je ne sais pas si ça a évoluer, mais la protection MIP intégré à un document excel (affichage seul, empêchant partage, capture, copier/coller) était contournable simplement par macro...
Bref, il y a un bundle d'appli, l'utilisateur ne ce sent pas perdu puisque ce sont ces applis de toujours (et c'est le problème). Qu'elle soit intégrée, dispos toutes au même endroit est une simplicité mais change pas franchement l'usage.
Le choix n'est pas pour l'utilisateur, mais pour faire au plus simple pour la gestion / administration tout en se défaussant des responsabilités quand il y a des pépins "C'est pas nous c'est M$"
Modifié le 20/05/2025 à 19h03
Mais clairement, O365 n'a pas d'alternative aujourd'hui, et la plus proche c'est Google.
Il y a des alternatives viables, mais aucune n'est aussi complète et ne s'intègre aussi bien.
Je doute être le seul a administrer des tenants O365 et entra. Et pour avoir vu d'autres solutions, oui, il y en a, mais c'est assez basique, si j'en avais une viable, j'aurais migré.
Modifié le 20/05/2025 à 20h54
(Ou d'autres)
Soyons clairs on ne cherche pas à reproduire ce à quoi les utilisateurs ont été endoctrinés à connaitre sous pleins de formes depuis 20 ans. Donc oui la liberté de choisir sa stack, d'avoir des outils modulaires , etc.. Ça se paye en éducation et militantisme auprès de vos gens.
Le 20/05/2025 à 21h53
L'intérêt de Ms, c'est effectivement son intégration, le fait que tout se ressemble ou soit la même chose sous un autre angle (Teams = Sharepoint = onedrive - ou presque).
L'intégration aux autres outils qu'on achète (notamment pour l'auth), la présence de prestataires pour construire quelque chose autour, la couverture de la doc et l'ouverture énorme des produits.
Ca c'est la brochure.
Après il y a le quotidien: impossible de savoir où se trouve le paramètre dans les consoles d'admin, limitation des sauvegardes, impossibilité de joindre le support et si on le joint: impossibilité d'avoir une résolution de problème, fonctionnalités qui sautent (coucou sharepoint qui part en décrépitude), produits fournis en self service sans trop prévenir, produit mal pensés (coucou powerapps), pas finis, traduction qui se dégrade, bugs qui se déclenchent parce que Microsoft n'a pas imaginé les iteractions entre ses propres produits...
Au final: de mon point de vue: Ms est plein de promesses et certains produits restent SANS équivalent économiquement viable (Sharepoint notamment), mais à administrer ça demande presque autant de temps que de développer une petite solution dans son coin pour faire pareil. J'ai particulièrement apprécié (ironie) le produit Forms qui est la caricature du truc acheté mal intégré qui en plus change les règles en cours de route, ce qui mêlé à Flow/Powerautomate qui concentre toutes les mauvaises idées connues dans le domaine du low code (doc basée uniquement sur des graphismes qui se ressemblent ou SONT LES MEMES, traduction différente entre le produit et la doc, limitations intrinsèques qui font que le produit low code nous force à manipuler des GUID et du JSON, lenteur effroyable, bugs récurrents dans l'éditeur avec retour arrière de la dernière sauvegarde d'il y a 10 minutes, copier existe mais par coller (réel!!!))
Voilà pour alimenter ta roue.
D'un autre côté niveau opensource: pas d'équivalent qui donne la même consistance et le même aspect pro. Limitations dans tous les sens, pas de produit cohérent et casse régulière des devs fait pour faire le pont entre 2. Mise à l'échelle complexe, support néant, doc très limitée ou pas à jour du tout (la doc, c'est essentiel, et à part la "Plateforme de la puissance" (oui il arrive que Ms traduise "PowerPlatform" à l'écran ... sic), les docs MS sont parmi les meilleures et couvrent énormément de sujets de leurs outils. Quand à l'ouverture, elle est réelle et couvre aussi une énorme surface fonctionnelle.
Le 21/05/2025 à 01h28
C'est pas parce que O365 propose (presque) tout qu'il n'y a pas d'alternatives crédibles dans de nombreux cas.
J'ai vu de nombreux clients qui n'ont besoin que d'une GED et d'un intranet fonctionnel, et ça, ça existe, en libre et en propriétaire, en français ou en étranger.
Alors oui, ça coûte plus cher, globalement, mais l'indépendance a un prix.
La France a été la seule en Europe à maintenir une indépendance sur son armement, et aujourd'hui on en voit l'intérêt avec les USA qui peuvent (presque) clouer au sol des avions de chasse de leur fabrication selon leur bon vouloir. On voit ce que ça coûte à l'Australie qui a préféré céder aux USA pour leurs sous-marins qu'ils ne verront peut-être jamais.
L'indépendance à un prix, la dépendance aussi.
Le 21/05/2025 à 08h00
Je suis bien d'accord que selon les besoins, il faut regarder et prendre ce qui est le plus approprié.
Et que oui, la souveraineté a un coût ! Et je serai le premier a pousser vers autre chose.
Mais la simplicité de déploiement, d'administration, de sécurisation, l'intégration globale, couplé a toutes les possibilités, c'est pas simple de trouver un équivalent.
L'administration peut sembler lourde mais est très bien documentée et il ne manque pas d'experts sur le sujet, contrairement à d'autres solutions.
Donc je ne vois pas en quoi "c'est de la merde" pour en revenir à mon premier commentaire.
Hier encore, j'ai fait une conf sur N8N, il l'a fallu 3 min pour connecter Outlook, idem pour Nagios, fortinet, etc.. Pour trouver des équivalents il faut un bon gros "best of bread", ce qui est bien, mais plus compliqué a déployer, maintenir, coûteux.
Le 21/05/2025 à 11h39
Ce qui me dérange, c'est le discours "il n'y a pas d'alternative". Pour moi, ce discours est discutable, car tout dépend du besoin réel, qui n'est pas forcément pris en compte. Par exemple, fonctionnellement, qu'est-ce qui justifie que l'on passe par O365 plutôt qu'un autre pack d'outils ?
La force de Microsoft, c'est son offre "tout compris". Mais c'est aussi un piège, car il arrive aussi que ce ne soit pas très ouvert à l'interconnexion.
Le 21/05/2025 à 12h06
Le 21/05/2025 à 22h32
Les marchés qu'il faut gagner avant les publics, c'est les privés à mon sens, c'est eux qui vont faire le plus avancer les produits.
Modifié le 22/05/2025 à 13h47
O365 est gros... parce qu'il est gros.
Mais MS mise tout sur le cloud et bientôt ses offres équivalentes à O365 ne seront plus du tout accessibles on premise : il y a probablement un coup à jouer à ce niveau là pour les alternatives.
Le 22/05/2025 à 20h56
Pour le retour du On-Premise, j'ai vraiment des doutes qu'il y ait un avenir.
Modifié le 23/05/2025 à 09h15
C'est comme Internet (pleins d'outils spécialisés) VS le minitel (tout unifié). On voit bien qu'on est en train de basculer sur du Minitel 2.0 depuis 15-20 ans.
C'est fou de se dire que, finalement, France Télécom avait "raison" à l'époque, mais qu'ils étaient trop en avance sur leur temps... ^^'
Pour le On-Premise : je comparerais ça à ce qui se passe au niveau de l'armement en Europe : tout le monde se fourni à l' extérieur, jusqu'au jour où on se rend compte qu'on est dans la merde jusqu'au cou.
Il suffit que Trump passe un décret qui dit aux GAFAM : vous DEVEZ donner TOUTES les données de vos clients pour analyse par le DOGE et je pense qu'il y aura une belle crise du Cloud.
Pour le moment, c'est pas officiellement fait, mais il suffit d'un nouvel Edward Snowden...
Le 26/05/2025 à 23h16
Trêve de plaisanterie, il y a notamment la France qui a des systèmes ITAR-free (SCALP, Caesar a minima) et des produits européens qui pourraient relativement facilement le devenir. Il y a aussi des trucs où on est nuls à ch... (toute l'UE) parce qu'on les a totalement délaissés aux USA.
Le 27/05/2025 à 13h33
Le 20/05/2025 à 21h59
En face, les concurrents n'ont pas d'argument: ils sont là depuis peu de temps, n'ont pas de réalisation majeure, ont des équpes qui font douter de leur capacité à réagir à temps, ne sont pas maître de leurs solutions mais dépendant de plusieurs éditeurs (bon, ceci dit, quiconque a mis en cause l'affichage de d'un document Word dans Sharepoint sur Edge sur OS Windows devant Microsoft a pu constater que les équipes Office, Sharepoint, Edge et OS ne son pas les mêmes, ne se causent pas, développent dans leur coin sans se soucier de l'autre et se rejettent la faute - la réponse sera systématiquement: mettez à jour l'OS/changez de navigateur (véridique, plus d'une fois) :) )
Le 21/05/2025 à 10h14
Le pb principal ici, c'est chaque établissement public qui veut faire son truc dans son coin (si possible pas pareil que le voisin pour pouvoir le débiner ensuite). Alors que l'objectif devrait être (j'aime le terme américain de "public servant") de servir au mieux le pays et ses citoyens, donc a priori pas d'aller brader notre souveraineté auprès d'acteurs douteux.
Le 21/05/2025 à 11h14
Le 21/05/2025 à 11h48
Mais il y a une règle: "le public ne peut prendre en charge qu'en cas d'absence d'initiative privée"
Plus le public fait dans son coin, plus il est attaquable juridiquement.
Quand à la souveraineté: je pencherais plutôt pour un produit développé au niveau européen que français.
Le 21/05/2025 à 15h49
Un Airbus du logiciel (un Airsoft ? :-P ), ça serait encore mieux, effectivement.
Le 21/05/2025 à 19h44
Ça vient d'où que le public ne peut pas avoir ses compétences en interne + du support lorsque nécessaire ?
Le 22/05/2025 à 10h07
Si le public crée un produit, et veut pouvoir le distribuer, il doit créer une structure autour qui lui permette d'avoir recours au service sans mise en concurrence.
(genre:
Les grosses sociétés sont attentives à cela - si une collectivité crée un produit et le distribue avec une compensation (ben oui, la main d'oeuvre des collectivités n'est pas gratuite) - ce sera vu et finira au tribunal.
Le 20/05/2025 à 23h57
Les mecs forment la fine fleur de la matière grise française pour leur montrer comme il faut aller voir ailleurs, impec.
Le 20/05/2025 à 17h35
Le 20/05/2025 à 17h50
Le 20/05/2025 à 18h31
Le 20/05/2025 à 19h10
Le 20/05/2025 à 19h40
Le 20/05/2025 à 20h38
Modifié le 21/05/2025 à 09h10
L'X étant la 1er, j'ose pas imaginer ce qu'ils peuvent faire...
Le 20/05/2025 à 21h53
Le 21/05/2025 à 11h29
Le 21/05/2025 à 12h04
Le 21/05/2025 à 13h16
Le 21/05/2025 à 13h48
Le 22/05/2025 à 19h55
Le 21/05/2025 à 13h51
Ça, ça m'étonnerait. Le personnel enseignant-chercheur de l'X utilisera les outils de l'X, les laboratoires ne fournissent pas d'outils ou services informatiques (juste un site web, généralement)…
Le 21/05/2025 à 15h54
et +1 pour les outils, d'où ma précision selon laquelle certains labos utilisent un mail hors DSI (ce qui signifie que les autres ne le font pas)
Le 26/05/2025 à 23h18