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Google Discover est devenu la principale source de trafic pour la presse française

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Google Discover est devenu la principale source de trafic pour la presse française

Pour la deuxième année consécutive, le trafic en provenance de l'algorithme de recommandation de contenus Discover de Google explose de + 50%. Un phénomène de dépendance qui interroge, à plus forte raison quand le modèle économique de la presse, nationale ou régionale et départementale, dépend de plus en plus des abonnements numériques.

Le 06 juin à 11h48

Le Baromètre diffusion 2024 de l'Alliance de la presse d'information générale (APIG), qui rassemble et représente près de 300 titres de la presse quotidienne nationale (PQN) et de la presse quotidienne régionale et départementale (PQRD), souligne à quel point la presse dépend désormais d'Internet, et plus particulièrement de Google.

Les abonnements numériques (+ 12,2% l'an passé) y représentent en effet désormais 35% de la diffusion de la presse quotidienne, « soit 20 points de plus qu'il y a 10 ans ».

En moyenne, chaque jour, près de 1,6 million de versions numériques de journaux sont ainsi diffusées. Ces abonnements représenteraient 69% de la diffusion de la presse quotidienne nationale (PQN), avec 1 million d'exemplaires par jour, mais 18 % seulement de la presse quotidienne régionale et départementale (PQRD), à raison d'environ 570 000 exemplaires par jour.

L'Équipe arrive en tête, avec 97,6% d'abonnements numériques, suivis par Le Monde (88,5%), Libération (86,8%), Le Figaro (79,3%) et Les Échos (78,7%). Le Parisien (65,7%) et Libération sont par ailleurs les titres ayant connu les plus fortes progressions de nouveaux abonnés numériques depuis 2020.

« La presse continue d’être attractive », estime dès lors l'APIG. Les abonnements individuels (papier + numérique), qui ont progressé de 9,6% en 10 ans, représenteraient aujourd'hui 73% de la diffusion de la presse quotidienne, contre 53% en 2015. Dans le même temps, les abonnements papier ont baissé de 35,1%, quand les abonnements numériques explosaient, eux, de + 611,7%.

Les réseaux sociaux ne représentent plus que 5 % des sources de trafic

Les marques de presse « regagnent en visibilité en 2024 » avec un trafic « porté par l’actualité » (+ 13,1%), et « malgré l’arrêt de Facebook News et une chute des visites en provenance des réseaux sociaux en 2023 ». Ces derniers ne représentent plus que 5% des sources de trafic (plus 1% en provenance des newsletters), contre 61% en provenance de Google.

Le rapport 2023 montrait déjà (sur un « périmètre réduit du panel de l'APIG »), une chute de 24,6% du trafic en provenance de Facebook, et une légère décrue du nombre de clics en provenance de Google Search. A contrario, le trafic émanant de son application (et algorithme) Discover de recommandation de contenus enregistrait de son côté une progression de 50%, passant de 200 à 300 millions de visites par mois entre juin et octobre.

Évolution du nombre de visites émanant de Google et Facebook entre 2022 et 2023 - source APIG

Discover représente, à lui seul, 68% du trafic en provenance de Google

Si la consultation via des applications représentait, en 2024, 30% du trafic de la PQN, et 11% de la PQRD, l'écrasante majorité se fait depuis des interfaces mobiles : 85% pour la PQN, 89% pour la PQRD, accélérant d'autant le trafic en provenance de Discover, dont l'application n'est (pour l'instant) disponible que sur les terminaux mobiles et tablettes.

Répartition du trafic entre sites et applications mobiles des titres de presse, nationale puis régionale et départementale - source APIG

Et si le trafic en provenance de Google Search a poursuivi sa baisse, celui émanant de son algorithme Discover continue d'exploser :+ 48,8% par rapport à 2023. Au point que les marques de presse seraient « dépendantes des plateformes », écrit l'APIG, et tout particulièrement de Google, qui représenterait 61% de leurs sources de trafic.

Évolution du nombre de visites émanant des outils Google entre 2023 et 2024 - source APIG

Sur les 966 millions de clics générés par les services Google vers les titres de presse en août 2024, 653 millions (67,6 %) provenaient ainsi de Discover, contre seulement 238 millions (24,6 %) pour la recherche classique et 74 millions (7,7 %) pour Google News, relève Abondance, soulignant que « Google Discover est devenu la principale source de trafic pour la presse française » :

« Cette montée en puissance de Discover représente à la fois une opportunité et un défi pour les éditeurs. D'un côté, cette fonctionnalité permet d'atteindre un public large qui ne se serait pas nécessairement dirigé vers les sites d'actualité. De l'autre, elle renforce la dépendance des médias envers les algorithmes de Google, qui déterminent quels contenus seront mis en avant. »

« On ne va pas se mentir : Google Discover, c’est un peu la loterie »

Or, et comme le relève par ailleurs Abondance dans un article consacré à l'arrivée prochaine de Discover sur desktop : « On ne va pas se mentir : Google Discover, c’est un peu la loterie. Visibilité massive un jour, plus rien le lendemain ».

L'algorithme recommande en effet sur l'application mobile Google une dizaine ou quinzaine de contenus, a priori personnalisés en fonction des données enregistrées dans le compte Google des internautes (activités sur le web et les applications, historique des recherches, géolocalisation, etc.).

Et si « personne ne sait vraiment comment fonctionne le classement sur Discover », poursuit Abondance, on sait par contre qu'il privilégie les visuels et titres attrayants, et qu'il s'intéresse moins à la pertinence et à la qualité du contenu qu'à sa capacité à capter l'attention des mobinautes.

Nous y reviendrons, dans un second article consacré à ce pourquoi, et comment, des professionnels du marketing numérique et du référencement (SEO) se sont rués sur Discover, dans le cadre de notre enquête au long cours sur cette pollution en cours de sites d'information générés par IA.

Commentaires (21)

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Ah voici un vrai signe de vieillesse : je découvre l'existence de Google Discover.
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Pareil.
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je l'ai découvert il y a peu en changeant de téléphone, du coup je l'ai désactivé immédiatement ;-)
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Je l'ai découvert par hasard quand je me suis retrouvé d'un coup avec des milliers de visiteurs sur mon blog. Au début j'ai cru à une attaque de bot mais en fait c'était des gens qui arrivaient via Discover. Ça a duré une journée et demie et puis s'est passé.
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Pareil, je ne connaissais pas (et ça ne m'intéresse pas non plus d'ailleurs).

Mais c'est un peu curieux. Il semble qu'il y ait beaucoup d'abonnés aux journaux en ligne. Quel est l'intêrré de passé par Google Discover quand on est abonné ?
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Les news de Google news, c'est Google discover?
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Je me pose la même question
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Y avait une appli Google News il y a quelques lurettes. Peut-être que Discover en est l'héritère.
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Google News est un moteur de recherche dédié à l'actualité, en théorie on ne devrait donc y trouver que de l'information (au sens journalistique). Google Discover est un moteur de découverte de contenus, son périmètre est donc en principe plus large.

Dans les faits, les frontières sont devenues assez floues : Google News fait remonter des sites qui ne sont pas des médias d'information (dont la pollution GenAI, objet des travaux au long cours de Manhack), et Discover fait remonter principalement de l'actualité.
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@AlexandreLaurent : Manhack, comment Jean-Marc doit-il le prendre ? Une allusion à "hacker" :smack: ou moins flatteur :rhooo: ? :humour: :pastaper:
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aucun sous-entendu malvenu, promis :p
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C'est un peu son pseudo sur Bluesky, alors bon, il doit plutôt bien le prendre ^^
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C'est aussi mon surnom, depuis le début des années 2000, mon pseudo Twitter depuis 17 ans, et celui de l'outil de recherche que j'avais mis en ligne il y a 20 ans : https://manhack.net (mais la majeure partie des fonctionnalités sont désormais cassées)
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Un des premiers trucs que je désactive sur mon smartphone.
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Donc pour avoir plus de chances pour un article de figurer dans Discover, encore plus de putaclic ? :stress:
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J'utilise Discover depuis un bon moment maintenant, il me propose des articles a lire en fonction de mes habitudes et si des fois me propose un site qui fait des article a clic et donc rien, on peut tres facilement lui dire que le type de news ou que ce site ne m'intéresse pas et hop j'ai plus de news venant de la. Donc vraiment facile car pas besoin de chercher sur différent site, j'ai des articles le plus souvent ciblé vers les sites que je visite fréquement.

Mais un point qui m'intéresse et qui n'est pas indiqué ou que je n'ai pas compris, as t on des chiffres de ce que réprésente Google au total avec tous les autres acteurs pour la presse ? Ca m'intéresse de savoir le % que Google représente au total.
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Article intéressant mais la généralisation sur le SEO est pénible : non ''les'' professionnels du marketing numérique et du référencement (SEO) ne se sont pas rués sur Discover. ''Des'' professionnels peut être en revanche, c'est certain. Il y a un monde en dehors Twitter hein... Quant aux autres ils ont du s'y intéresser par la force des choses pour les raisons évoquées dans cet article.

D'autre part ce n'est pas la faute des SEO ni des éditeurs si l'algo discover favorise a ce point les contenus débiles. D'ailleurs il y est - heureusement - (encore?) possible de faire émerger du contenu de qualité...

Enfin, il faudrait je pense un peu tempérer cette croisade genante contre le contenu IA. D'une part car c'est 10 ans trop tard. D'autre part car il est ici aussi tout à fait possible d'éditer du contenu avec éthique, respect de la propriété intellectuelle de chacun et une grande qualité. Faites preuve de discernement, les abus de certains n'autorisent pas a discréditer toute une profession. C'est pas du journalisme ca, ou alors du journalisme de pmu.
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Je ne crois pas qu'il faille voir ici une croisade anti-IA, ni anti SEO d'ailleurs.
Les travers dénoncés dans l'enquête de Jean-Marc sont le fait d'un usage très manifestement abusif de l'IA sur le plan éthique du fait de quelques uns, et on ne va pas s’interdire de dénoncer ces pratiques pour épargner la susceptibilité des gens qui utilisent l'IA au quotidien de façon plus éthique et qui se sentent visés par effet d'amalgamation.

Cela dit, et même si ce n'est pas l'objet de l'enquête, les LLMs sont discutablement éthiques par essence, au vu du pillage massif et généralisé de propriété intellectuelle qui a été souvent nécessaire pour les entrainer.
C'est pas noir, c'est pas blanc, mais c'est bien gris.

Au demeurant, le seul journalisme de PMU que je connaisse traite de chevaux, pas de tech :P
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Oups, vous avez tout à fait raison, et j'ai corrigé "les professionnels" par "des professionnels".

En tout état de cause, et comme indiqué dans le second article, mon enquête ne porte ni sur les pros du SEO en général ni sur l'IA générative en tant que telle, mais sur le fait que quelques dizaines de personnes et entreprises "polluent" le web, Google Actu et Discover avec du slop, des rumeurs et infox générées de façon industrialisées, et que Google, qui contribue à les rétribuer via sa régie publicitaire, semble ne pas parvenir à endiguer.
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Attention, il y a une énorme approximation : il n'existe pas d'application Discover.
Il faudrait expliquer en quelques lignes en quoi Discover consiste précisément : des recommandations poussées par Google au sein de ses différents "espaces" (pour reprendre leur terme) : Chrome sur mobile, application Google, Google Actualités (app et site mobile et desktop)...
L'essence même justement de Discover est d'être complément diffus.
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Sur les abonnements numériques, cela aurait été intéressant de savoir la part de revenus apportés par les bouquets comme cafeyn & Co.

Google Discover est devenu la principale source de trafic pour la presse française

  • Les réseaux sociaux ne représentent plus que 5 % des sources de trafic

  • Discover représente, à lui seul, 68% du trafic en provenance de Google

  • « On ne va pas se mentir : Google Discover, c’est un peu la loterie »

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