Wikimedia rejette les mises en demeure du Point qui contiennent « de graves erreurs »
Point final ?

L'hebdomadaire le Point a envoyé deux mises en demeure à la Fondation Wikimedia demandant entre autres de supprimer deux sections de l'article de l'encyclopédie qui lui est consacré. Il accuse aussi de diffamation la lettre ouverte publiée par des bénévoles dénonçant les pressions subies par l'un de leurs membres. La fondation ne donnera pas suite, explique un de ses conseillers juridiques.
Le 14 mars à 14h45
4 min
Droit
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Ces dernières semaines, le magazine le Point a lancé une offensive médiatique et juridique contre l'édition en français de Wikipédia, notamment en envoyant des mises en demeure à la Fondation Wikimedia.
Phil Bradley-Schmieg, avocat et conseiller juridique détaché auprès de la Fondation Wikimedia, a posté un message sur la page du « Bistro » de Wikipédia confirmant que la Fondation a été « contactée par des avocats agissant pour Le Point ».
Il précise que la Fondation ne s'exprime pas d'habitude sur ce genre de mise en demeure, « cependant, celle-ci est inhabituelle, notamment en raison de la couverture médiatique (très sélective) dont elle a fait l'objet » et annonce que la Fondation Wikimedia ne fera pas suite à la demande du Point.
- Le Point menace Wikipedia d’une action en justice, les contributeurs dénoncent un doxing
- Le Point contre Wikipédia : un appel médiatique doublé d’une mise en demeure
Comme nous l'évoquions, une première mise en demeure évoque « la mise en ligne manifestement malveillante d’informations partielles, partiales et erronées » à propos du Point sur l'article de l'encyclopédie qui lui est consacré.
Supprimer deux sections sur son traitement de l’Islam et ses condamnations et manquements à la déontologie professionnelle ?
Phil Bradley-Schmieg explique qu'une seconde mise en demeure, envoyée le 7 mars, étend la plainte du Point auprès de la Fondation à la lettre ouverte, publiée par des bénévoles de l'encyclopédie sur le site de Wikipédia, dans laquelle ils dénoncent les pressions subies par l'un de leurs membres, FredD :
« Nous, bénévoles contribuant à Wikipédia — en français ou en d'autres langues — apportons notre plein soutien à notre pair FredD, cible de courriels d'intimidation par un journaliste du magazine Le Point, menaçant de divulguer son identité et sa profession », écrivaient-ils.
Les avocats du Point qualifient dans la seconde mise en demeure cette lettre ouverte de « diffamatoire », selon Phil Bradley-Schmieg.
Il résume aussi dans ce message les demandes faites par le Point :
« -que la page fasse l’objet d’un bandeau de « désaccord de neutralité » et soit inscrite au sein de la « liste des articles non neutres ».
- que les deux sections « Traitement de l’Islam » et « Condamnations et manquements à la déontologie professionnelle », soient supprimés ou a minima fassent l’objet d’un bandeau « Section non neutre » afin d’informer les internautes qu’elles ne respectent pas la neutralité de point de vue.
- que les contributeurs ouvertement militants et qui travaillent à infléchir dans un sens systématiquement négatif et dénigrant la page consacrée au Point, ou violent les règles de neutralité et de sourçage, soient écartés.
- que la page soit mise sous protection. »
« De graves erreurs et malentendus »
Selon le conseiller juridique de la Fondation, « la mise en demeure est entachée d'un nombre surprenant de graves erreurs et malentendus ». Notamment, il pointe la confusion entre deux interventions de deux utilisateurs qui ont des noms d'utilisateur « superficiellement similaires ». Ainsi, les avocats du Point se seraient plaints d'un « biais systémique » contre Le Point en pointant, par exemple, les publications d'un utilisateur qui avait pourtant écrit :
« Le journal conteste toutefois ces accusations et affirme qu’une "poignée de radicalisés 2.0" cherche à lui donner une mauvaise image via sa page Wikipédia ».
Cette phrase venait pourtant ponctuer le paragraphe précédent : « en 2023, une étude académique publiée dans la revue Réseaux. Communication – Technologie – Société centrée sur l'utilisation médiatique du mot « islamo-gauchisme » en France entre 2015 et 2021 place ''Le Point'', en compagnie de ''Valeurs actuelles'', au premier rang des hebdomadaires qui le mentionnent . Au vu des données statistiques, « nous observons, disent les auteurs, une politique de 'matraquage' de la part de quatre médias ("Le Figaro", "Le Point", "Valeurs actuelles" et "Marianne") visant à imposer le terme dans le débat public ».
Enfin, les avocats du Point reprocheraient à la Fondation Wikimedia l'absence de moyen pour la contacter et l'absence d'un « représentant » dans l'Union européenne. Pourtant, la Fondation a bien, sur son site internet, une page qui donne ces deux informations. D'ailleurs, Phil Bradley-Schmieg remarque qu'ils ont bien réussi à contacter formellement la Fondation puisque « leur lettre fait exactement cela ».
Wikimedia rejette les mises en demeure du Point qui contiennent « de graves erreurs »
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Supprimer deux sections sur son traitement de l’Islam et ses condamnations et manquements à la déontologie professionnelle ?
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« De graves erreurs et malentendus »
Commentaires (38)
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Abonnez-vousModifié le 14/03/2025 à 15h14
Il n'est pas francophone, indiquant qu'il a utilisé un traducteur automatique. Je pense qu'il n'en a pas (de compétence) et qu'il aurait été bien inspiré de contacter un avocat français spécialisé dans le domaine.Néanmoins, refuser d'appliquer les mises en demeure est une possibilité quand on pense avoir raison juridiquement. Par contre, la suite se passera probablement devant les tribunaux et il devrait rapidement contacter un avocat français.
Édit : en regardant son profil LinkedIn, je vois qu'il y indique : Je barre donc la phrase disant qu'il n'est pas francophone. Par contre, pour la connaissance du droit de la presse français, je maintiens qu'il n'a pas vu (ou qu'il le ne montre pas) que c'est celui qui est appliqué dans les mises en demeure Du Point.
Le 14/03/2025 à 16h30
Ce qui me semble important et qui c'est pas évoqué c'est une éventuelle aide apportée au contributeur qui reçoit des menaces de doxing. Or ça zm semble un sujet essentiel.
Le 14/03/2025 à 17h03
Comme je l'ai déjà indiqué lors du premier article sur le sujet, l'auteur qui a le même prénom que moi s'est auto doxxé dans sa page utilisateur en donnant des informations sur lui. À parti de ces informations, il est comme Le Point l'a indiqué très facile de voir de qui il s'agit. J'ai retrouvé son profil LinkedIn très rapidement.
À un moment, il faut faire un minimum attention à ce que l'on diffuse en public si l'on ne veut pas être reconnu.
Le 14/03/2025 à 17h16
Le 14/03/2025 à 17h38
Des propos peuvent être diffamatoires et ne pas être condamnables en justice.
On peut répondre à une telle accusation soit par la bonne foi : dit la Cour de Cassation
soit par l'exception de vérité et dans ce cas rarement utilisé, il faut répondre dans les 10 jours pour dire que l'on va utiliser cette exception en indiquant pour quels faits reprochés on va répondre ainsi. (voir les détails dans la même page en lien).
Le 14/03/2025 à 19h12
Seulement, les délais entre la justice "classique" et la justice "sociale" ne sont pas du tout les mêmes. Donc même si cela peut paraitre inutile d'un point de vue judiciaire, cela peut être utile de se défendre vis-à-vis de l'opinion publique. ;)
Le 14/03/2025 à 20h44
Le 14/03/2025 à 23h31
Le 16/03/2025 à 18h06
Le 17/03/2025 à 11h30
pour le moment c'est "juste" une mise en demeure, le tribunal ce sera pour plus tard d'après l'article.
ET dans ce cas, Le Point apportera sa mise en demeure comme preuve constitutive de l'infraction qu'ils veulent voir corrigée.
En l'état, l'avocat de la fondation indique juste qu'ils ont reçu une mise en demeure et qu'ils n'y répondront pas. Information factuel d'une décision prise par la fondation et ses avocats.
Nota : l'avocat principal n'est peut être pas spécialisé droit de la presse, ça ne l'empêche pas d'être compétent (dans le sens personne qui sait ce qu'elle fait, et dans le sens d'avoir le droit d'exercer en France) et de s'être appuyé sur des avocats spécialistes du droit de la presse française.
Le 14/03/2025 à 16h48
Modifié le 14/03/2025 à 17h13
Je ne me prononce pas sur le fond de la mise en demeure du Point, je dis juste que Wikimédia ne comprendspas ou fait semblant de ne pas comprendre que leurs mises en demeure sont un préalable à une plainte en diffamation.
Le Tribunal rejettera peut-être la requête du Point, mais, c'est à une bataille de ce type que Wikimédia et ou ses contributeurs doivent se préparer.
Répondre : à une mise en demeure est idiot à mon avis. La loi française est supérieure aux règles de fonctionnement de Wikipédia.
Le 14/03/2025 à 20h42
Le 15/03/2025 à 08h42
Qu'une mise en demeure soit fondée ou pas, le mis en demeure doit forcément s'exécuter ?
Genre je te mets en demeure de supprimer ton compte Next et de retirer tous tes posts parce que (insérer une raison bancale ici), et donc toi tu t'executes ?
D'ailleurs si tu t'executes, pas besoin d'aller plus loin dans la démarche judiciaire.
Sauf toi, si tu n'es pas d'accord, donc d'un certain point de vue c'est toi qui engages les hostilités.
Si on peut faire ça, alors pourquoi on ne l'a pas fait avec des personnalités du PAF problématiques?
Le 15/03/2025 à 09h24
À partir de là, ses réponses privées ou publiques doivent être pesées car elles pourront être utilisées devant un tribunal (sauf échanges entre avocats).
Sauf quand c'est du bluff (ça peut arriver, mais je ne pense pas que ça soit le cas ici), si on ne prend pas en compte la mise en demeure, on sait que ça ira devant un tribunal. Il faut donc s'y préparer.
Le 15/03/2025 à 09h39
Mais pour moi, en lisant l'article, il est évident que l'avocat de Wiki sait que ça pourra se régler en justice, et que c'est pour ça qu'il réagit ainsi.
Le 14/03/2025 à 15h44
Comme cela le cas sera encore plus médiatisé surtout si leurs plaintes sont classées sans suite.
Le 15/03/2025 à 21h35
Le 16/03/2025 à 13h41
Le 16/03/2025 à 15h25
Le 17/03/2025 à 09h50
Le 17/03/2025 à 15h10
Le 17/03/2025 à 17h01
Le 17/03/2025 à 18h37
Modifié le 17/03/2025 à 20h19
, les doigts. Les yeux… »). On ne peut pas non plus ignorer les similitudes flagrantes avec cette affiche relevée par Yann Barthes qui est bien connu pour être un gros droitard.D'ailleurs les accusations sont si peu fondées que même un député LFI en a reconnu la légitimité.
Le 17/03/2025 à 21h58
C'est drôle, pour un parti qui scande depuis des années qu'il faut "écouter les concernés" et que "c'est pas aux blancs de dire ce qui est raciste ou pas, ou aux hommes de dire ce qui est misogyne ou pas", je trouve que ça parle beaucoup au nom des juifs, qui dans leur écrasante majorité disent que oui, il y a un problème à la LFI et que cette image n'en est qu'une illustration supplémentaire (au sens propre comme au figuré, pour le coup)...
Modifié le 18/03/2025 à 11h32
Et qu'est-ce qui est "drôle" exactement, sachant que je ne suis absolument pas LFI (je n'ai d'ailleurs jamais mis un bulletin "LFI" dans une enveloppe...)?
Le 18/03/2025 à 13h27
Le 27/03/2025 à 19h31
Le 27/03/2025 à 22h41
Le 28/03/2025 à 12h06
Quelles condamnations ont eu lieu depuis son changement de nom (qui était plus que cela, c'est une rupture avec le FN sur ces points là il me semble) depuis juin 2018 ?
Je n'ai rien trouvé sur sa fiche wikipédia ni en cherchant directement, mais sur ce dernier point ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas eu.
Sur le FN, oui, on est d'accord qu'il y en a eu.
Le 15/04/2025 à 01h25
Tu ne sais d'ailleurs pas s'il y a des juifs qui ont porté plainte ou non, cette information n'est pas publique.
Le 15/04/2025 à 11h05
Donc maintenant je sais que soit tu inventes un antisémitisme chez les autres uniquement uniquement pour te dédouaner du tien, soit tu as des preuves d'antisémitisme chez les autres et tu refuses de les transmettre à qui de droit pour que la Justice puisse agir. Je ne sais franchement pas lequel est le pire des 2.
Le 15/04/2025 à 11h23
Un représentant d'une personne morale, par exemple une association qui luterait contre l'antisémitisme, peut aussi porter plainte, mais pas un particulier non victime.
Par contre, on peut dénoncer une infraction.
Le 17/03/2025 à 19h46
Après c'est vrai que de loin, Le Point a l'air d'être également moins islamiste et moins antisémite. Je peux comprendre que ça gêne les fans de Mélenchon.
Le 17/03/2025 à 10h57
godwinsibérie tranquille et gratuit.Level Rhétorique -1 pour Timanu69, qui doit déjà baigner dans le négatif depuis des lustres.
Le 17/03/2025 à 13h15
Le 17/03/2025 à 20h11
Mais je peux aussi comprendre la frustration quand le sommaire de votre article mentionne deux paragraphes dont les titres sont complètement à charge (voir par exemple cette ancienne version, ça s'est équilibré depuis), alors que, même si j'admets ne pas connaître beaucoup ce journal, ce ne sont quand même pas les thèmes qui me venaient spontanément en tête.