IA : la valse des contrats entre NVIDIA, OpenAI et consorts ravive les craintes d’une bulle
Passion économie circulaire
En un an, Open AI a signé 1 000 milliards de dollars de contrats pour accroître son activité. Les accords financiers à double sens se multiplient autour de l'entreprise et de NVIDIA, au point de dessiner une trame qui pousse divers analystes à envisager à nouveau l’hypothèse d'une bulle financière.
Le 08 octobre à 17h31
6 min
Économie
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OpenAI est une entreprise à succès. La preuve ? Il y a deux semaines, Nvidia déclarait investir 100 milliards de dollars dans la société pour l’aider à financer ses grands plans de constructions de centres de données. Le constructeur de ChatGPT et Sora promet en retour de recourir à des millions de puces du fabricant états-unien.
OpenAI n’est, si l’on est précis, pas la seule entreprise à succès. L’un des plus grands gagnants de la frénésie qui entoure l’intelligence artificielle générative est un constructeur de matériel : Nvidia lui-même. Depuis septembre 2024, l’entreprise a conclu au moins 50 contrats différents, faisant de la société le deuxième nœud d’un tout petit secteur où l’argent circule en cercle quasi fermé. Dernière annonce en date : elle investirait deux milliards de dollars dans xAI, à l’occasion d’un tour de financement dans lequel la société d’Elon Musk vise à réunir 20 milliards de dollars.
L’activité, on l’a dit, est florissante. Effrénée même. Dans quelle mesure est-elle connectée à la réalité économique ? Telle est la question qui revient de manière toujours plus insistante, à mesure que le nombre d’acteurs impliqué dans ces contrats faramineux se resserre.
Si plusieurs sociétés témoignent de réels gains de productivité – quelques fois traduits en réduction du nombre d’emplois –, la démonstration de retours équivalents voire supérieurs sur les investissements réalisés se fait attendre. Les conséquences sur les factures énergétiques des ménages américains, elles, se font déjà sentir.
Financements circulaires
Au total, calcule le Financial Times, les multiples accords passés par OpenAI au fil de l’année passée se chiffrent autour de 1 000 milliards de dollars. Contrat le plus récent : AMD s’est engagée ce lundi à fournir l’équivalent de 6 GW de capacités de calcul à l’entreprise de Sam Altman. Autre pan de l’accord AMD-OpenAI : la seconde entre au capital de la première.
Cet échange de bons procédés est loin d’être une exception. Spécialiste du calcul de haute performance, CoreWeave a fait son entrée en bourse de Wall Street au mois de mars 2025. À l’époque, Nvidia s’était porté acquéreur de 7 % des parts de la société.
Depuis, l’entreprise a conclu un contrat de 6,3 milliards de dollars pour profiter des services de cloud de CoreWeave. Cette dernière, elle, loue des puces à Nvidia. Open AI n’est pas loin non plus : l’entreprise a signé un contrat de cloud avec CoreWeave à hauteur de 22,4 milliards de dollars, en l’échange de 350 millions de capitaux propres en amont de l’introduction de la société en bourse.
Outre le créateur de ChatGPT et le principal fournisseur de puces du marché, au moins deux sociétés plus installées tirent leurs épingle du jeu : Microsoft et Oracle. Portée par les multiples contrats cloud conclus au fil de l’année, cette dernière a par exemple vu sa valorisation faire un bond début septembre, au point de faire de son patron Larry Ellison l’homme le plus riche du monde pendant quelques heures.
Alors que des inquiétudes autour d’une potentielle bulle financière se font entendre depuis 2023, certains analystes comparent les contrats circulaires réalisés dans le secteur à d’autres types de partenariats observés en amont de la bulle internet.
À l’époque, explique le chercheur Paulo Carvao à Bloomberg, des sociétés promouvaient et achetaient les services les unes des autres pour augmenter leur croissance perçue. En 2025, en revanche, les sociétés d’IA « ont de vrais produits et des clients, mais leurs dépenses continuent de dépasser leur monétisation ».
Pour la directrice exécutive d’Open AI Fidji Simo, interrogée par l'AFP, cette frénésie d’investissements est le « nouveau normal ». Elle traduit une nouvelle réalité : celle selon laquelle la capacité de calcul « est la ressource la plus stratégique ».
Traduction énergétique des puissances de calcul financées
Concrètement, cette quête de puissance de calcul a déjà des effets en termes énergétiques. L’activité actuelle est telle que même la manière d’évoquer les capacités informatiques nécessaires au fonctionnement des plus gros systèmes d’IA a évolué : désormais, le milieu en parle en termes de puissance électrique potentiellement consommée pour alimenter les centres de données. Et les sociétés de la tech s’étendent directement dans le secteur de l’énergie.
Au total, selon les estimations du Financial Times, les différents partenariats signés par OpenAI au fil de l’année écoulée pourraient lui donner accès à l’équivalent de 20 GW de capacités de calcul au fil de la prochaine décennie. 20 gigawatts, précise le média, sont plus ou moins l’équivalent de 20 réacteurs nucléaires.
Se pose néanmoins la question du mix énergétique qui alimentera les activités d’un OpenAI, ou de ses concurrents. En l’occurrence, l’essentiel de l’électricité produite actuellement aux États-Unis est issue des industries fossiles. Et partout sur la planète, les géants numériques déploient déjà leurs propres générateurs, au motif que les infrastructures publiques ne sont pas prêtes à temps.
Cela a aussi des conséquences concrètes sur les ménages, que l’on évoque les pollutions provoquées par les activités de certains centres hyperscalers… ou la facture d’électricité des consommateurs. Aux États-Unis, celle-ci est déjà tirée à la hausse par le domaine de l’IA.
Il en va de même pour le PIB du pays, cela dit. D’après l’économiste Jason Furman, sa croissance aurait peu ou prou stagné au premier semestre 2025 si elle n’avait pas été tirée par la suractivité du secteur des centres de données.
Si une récession se matérialisait dans l’économie des États-Unis pour des raisons extérieures au domaine technologique ; si bulle de l’IA il y avait, et que la bulle éclatait, alors son explosion pourrait jouer un rôle d’accélérateur de ladite récession, soulignait tout de même Barclays fin septembre. Mais l’existence d’une bulle, précisait l'auteur de la newsletter spécialisée Alphaville, n’est qu’une hypothèse.
IA : la valse des contrats entre NVIDIA, OpenAI et consorts ravive les craintes d’une bulle
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Traduction énergétique des puissances de calcul financées
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 08/10/2025 à 17h43
Je demande à voir du coup, mais effectivement, tout ceci risque bien d'éclater tant les sommes en jeu sont folles, alors que le retour sur investissement n'est pas garanti, du simple fait du manque de fiabilité des IA... Qui sont loin d'avoir la fiabilité d'un programme informatique bien conçu pour une tache donnée.
Le 08/10/2025 à 18h22
Et dire que tout ce pognon permettrait de lutter contre le changement climatique, améliorer le système de santé…
Modifié le 09/10/2025 à 13h29
imagine si tout ce pognon et les milliers de milliards d'euros de budgets militaires alimentaient la santé et la recherche ? Rien que si on mettait 1% de ce pognon là dedans... On viendrait au bout de pas mal de maladies liées à l'âge => https://korben.info/cellules-souches-anti-age-rajeunissement-singes-fo.html
Le 08/10/2025 à 20h23
...vivement que la bulle éclate
Le 09/10/2025 à 11h08
Je suis qq chaînes sur le sujet et la situation actuelle est visiblement assez différente de la bulle des années 2000.
Mais tous s'accordent pour dire qu'ils y aura des perdants.
Le 08/10/2025 à 18h37
Modifié le 08/10/2025 à 19h00
Et je suis très loin d'être le seul !
Le 08/10/2025 à 21h06
Le 09/10/2025 à 00h10
Le 09/10/2025 à 08h24
Des acteurs risquent de s'effondrer et les investissements délirants ralentir, voire s'arrêter, mais c'est tout. Ceux aux reins solides vont y laisser des plumes, les autres mourir ou survivre et se faire racheter en discount.
Je me demande si ça n'aurait pas un impact sur les tarifs du Cloud avec un risque de voir les data centres construits pour l'occasion bradés car la demande chuterait. De toute façon, les fermes de GPU trouveront des clients autres (recherche, crypto, etc.)
Le 09/10/2025 à 12h18
A noter, les DC construits pour l'IA ne sont pas nécessairement utilisables simplement par des charges traditionnelles, on ne refroidit pas pareil du HPC que le reste.
Le 09/10/2025 à 14h28
Y'aura forcément des dommages et des fermetures de salles (cool, du GPU bradé sur Leboncoin
Le 09/10/2025 à 07h09
Le 09/10/2025 à 11h10
Le 09/10/2025 à 13h17
Le 09/10/2025 à 13h39
Le 09/10/2025 à 15h07
Modifié le 09/10/2025 à 21h55
Le 09/10/2025 à 17h10
Le 09/10/2025 à 10h07
Hahaha
Le 10/10/2025 à 00h49
La seule partie de l'article qui aborde le sujet du titre est celle-ci :C'est assez court, le reste est essentiellement de la reprise d'articles précédents de Next.
Donc, ça ressemble à ce qui se passait avant la bulle internet, mais c'est différent aujourd'hui parce qu'il y a de vrais produits et des clients.
C'est du p'être bien que oui, p'être bien que non. C'est loin de me convaincre, dans un sens ou dans l'autre.
Quant aux investissement de Nvidia dans ses clients, c'est du gagnant à coup sûr : ils leurs vendent des puces et amassent des bénéfices et ils en investissent une partie dans leurs clients ce qui leur permettra de toucher des dividendes des gagnants qui en plus auront une capitalisation qui explosera.
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