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États-Unis : la pollution des data centers pèse sur la santé publique

Allo IA bobo

États-Unis : la pollution des data centers pèse sur la santé publique

Hanna Barakat & Archival Images of AI + AIxDESIGN / Better Images of AI / Weaving Wires 2 / CC-BY 4.0

Aux États-Unis, les data centers ont provoqué plus de 5,4 milliards de dollars de dépenses de santé publique de 2019 à 2024, selon une récente étude de quantification de l'impact de l'IA sur les émissions de carbone et la consommation d'eau.

Le 04 mars à 14h12

Le boom de l’intelligence artificielle tire la demande en data centers. Si les conséquences de leur multiplication sur les émissions carbones et la consommation d’eau commencent à être connues, une récente étude s’est penchée sur leurs effets en termes de santé publique.

En détaillant le cycle de vie de l’intelligence artificielle, de la fabrication des semi-conducteurs jusqu’aux calculs menés dans les data centers, une équipe de chercheurs des universités UC Riverside et Caltech estime l’impact de ces activités à plus de 5,4 milliards de dollars de dépenses de santé publique sur les cinq dernières années.

Selon le lieu où il est réalisé, l’entraînement d’un modèle comme Llama-3.1 pourrait produire autant de pollution de l’air que l’équivalent de plus de 10 000 allers-retours en voiture entre Los Angeles et New-York City, « ce qui entraîne un coût de santé qui excède de 120 % le coût de l’électricité nécessaire » à l’entraînement du modèle.

Cancers, asthmes, maladies cardiovasculaires

Sur la planète, 8,1 millions de personnes sont décédées en 2021 à cause de la pollution atmosphérique. Celle-ci est aussi le second facteur le plus élevé de développer une maladie non transmissible, rappellent les chercheurs.

Dans ce contexte, la pollution engendrée par le cycle de vie de l’IA participe à la multiplication de cas d’asthme, de cancers, de maladies cardiovasculaires, entre autres problématiques de santé. Aux États-Unis, le coût de leur traitement s’est élevé à 1,5 milliards de dollars sur la seule année 2023, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente.

En pratique, les auteurs de l'étude se penchent sur la pollution atmosphérique produite à différents endroits : par les générateurs de secours des data centers, par la production d’électricité qui permet de les alimenter et par la fabrication du hardware nécessaire aux serveurs.

L’étude s’appuie sur l’outil de modélisation Co-Benefits Risk Assessment (COBRA) de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA, actuellement touchée par les coupures budgétaires qui secouent le pays), qui permet de donner une valeur monétaire à la qualité de l’air et aux impacts de santé qui en découlent.

D’ici 2030, les chercheurs estiment que sous la pression de l’IA, les data centers pourraient contribuer à 600 000 nouveaux cas d’asthmes et 1 300 décès prématurés aux États-Unis. Les coûts de santé induits pourraient dépasser les 20 milliards de dollars, soit le double de ceux provoqués par l’industrie sidérurgique locale.

Par ailleurs, ces maladies ne touchent pas l’intégralité de la population de la même manière. En raison de la localisation des infrastructures, les habitants de Virginie ou de l’Ohio sont plus exposés que les autres à la pollution des data centers, alors même qu’ils en subissent déjà la pression sur le réseau électrique. Or ces populations sont aussi plus pauvres que la moyenne nationale, soulignent les auteurs de l’étude.

Multiplication des investissements

La course à l’IA se traduit pourtant en une course aux data centers. Si Microsoft donne de premiers signes de réduction de la voilure, l’entreprise a tout de même prévu d’investir 80 milliards de dollars dans l’infrastructure nécessaire au fonctionnement de ses modèles d’IA générative. Au total, Meta, Amazon, Alphabet et Microsoft pourraient dépenser jusqu’à 320 milliards de dollars dans le cadre de leur course à l’IA.

Dévoilé peu après l’investiture de Donald Trump, le projet « Stargate » mené par Open AI et SoftBank grimperait de son côté jusqu’à 500 milliards de dollars.

En France, dans la même logique, le Sommet sur l’IA a été l’occasion d’annoncer l’identification de 35 sites pour créer de nouveaux data centers. Le président de la République a par ailleurs annoncé cent neuf milliards d’euros d’investissements dans le domaine.

Si la France se targue de proposer de l’énergie « propre », car nucléaire, les data centers y gardent néanmoins des générateurs de secours alimentés au fioul. À la Courneuve, au nord de Paris, ce type de cas de figure avait même provoqué des tensions avec les riverains, inquiets du danger que représentaient ces cuves, au milieu des années 2010.

Dans de nombreuses régions du monde, ces infrastructures comme les usines de semi-conducteurs, aussi étudiés par les auteurs de l’étude, créent aussi des problématiques d’accès à l’eau.

Commentaires (14)

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Dès la troisième ligne, ça parle d'environmental footprint. Curieux que les auteurs n'aient pas été obligés de rétracter cet article. En tout cas, ce sera enterré vite fait par l'administration américaine.
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Je serais quand même curieux d'avoir plus d'info sur l'influence de la source d'énérgie dans ses impacts environmentaux. J'imagine que ça varie pas mal si la production d'éléctricité est nucléaire, solaire ou au gaz.
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Clair qu'un datacenter alimenté par une centrale à charbon, c'est pas le datacenter le problème, mais la centrale...
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Le datacenter en lui même déjà a une énorme empreinte environnementale rien que pour sa construction et celle ses machines qui le compose.
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Yes. Et un petit sur tour sur Electricitymaps permettra de voir qu'aux US ça va polluer...
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merci pour le lien vraiment génial très bon complément à eco2mix le site de rte mais que pour la france https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere
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Chui mal en campagne, chui mal en ville
Peut-être un p'tit peu trop fragile
Allô IA bobo
Allô IA comment tu m'as fait, chui pas beau
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C'est une non nouvelle destinée à dire que "pour les datacenters; faut y aller molo". Sous entendu l'IA.

C'est sur qu'avec la facture de 500Mds de dollars que ces chers (littéralement) investisseurs on laissé aux citoyens américains. Il y a matière a réfléchir et à botter en touche. Même pour l'état américains 500Mds c'est quand même une grosse facture.
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Ce sont les japonais qui paient (SoftBank).
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...Qui financent sous forme de prêts qu'il faudra rembourser. Donc si est au nom des USA que l'emprunt est contracté alors ce sera le peuple qui rembourse.
(Cherche pas ils l'ont dans le fion depuis le début)
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Ils ont dit que l'IA allait aider à soigner des maladies ! Ils n'ont pas précisé si elle allait en soigner plus qu'elle n'en crée (ou juste celles qu'elle crée)
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Il ne fallait pas prendre soigner au pied de la lettre. Une fois mort, les malades ne seront objectivement plus malades. :fumer:
Et puis il y a aussi la surconsommation d'eau et l'impact sur la nourriture: si tu n'a plus rien à manger, la maladie c'est secondaire. Il n'y a qu'à se rappeler des indiens qui devaient choisir entre mourir de faim et attraper le Covid. :frown:
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J'ai une idée : demander aux nouveaux esclaves qui catégorisent les informations de pédaler en même temps sur des vélos reliés à une dynamo. Brillant, non ?

next.ink Next
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C'est clair que pas grand monde de censé veut avoir cela près de chez lui... Alors les coins les plus pauvres aux US et les nœuds d'alimentation de Paris au nord et au sud qui coïncident avec des coins d’où l'industrie classique qui a avait déjà profité cette sécurité énergétique se tire... pour être remplacé par ces gouffres qui n'emploieront que le centième de ce dont ils prennent la place.
Franchement, Macron et con, ça rime décidément très bien... La vraie nature de la "pensée complexe" sans doute?

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