SFR bientôt placé en procédure de sauvegarde, la vente s’accélère ?
Drahi va-t-il se laisser faire ?

Depuis des mois, des discussions se déroulent en coulisse autour d’une vente de tout ou partie de SFR, déjà bien divisée par Altice. La situation serait amenée à évoluer si l’opérateur était placé en procédure de sauvegarde accélérée, ce qui pourrait arriver dès le mois prochain.
Le 21 mai à 10h38
6 min
Économie
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Les rumeurs autour d’une vente de SFR ne sont pas nouvelles, mais l’étau se resserre autour de Patrick Drahi, de la marque au carré rouge et de sa maison mère Altice. Dernier élément en date, selon BFM Business : « l'opérateur sera placé en procédure de sauvegarde accélérée début juin ».
Sa durée est de quatre mois maximum, précise le site officiel d’information administrative pour les entreprises. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Que reste-t-il de SFR avec la vente à découpe des derniers mois ? Qu’en pense l’autorité de la concurrence ? On vous explique.
Des clients par millions, une dette par milliards
Au 31 décembre 2024, SFR revendiquait 19,403 millions de clients sur le mobile et 6,133 millions de clients sur le fixe (dont 5,082 millions en fibre optique). De quoi intéresser ses trois concurrents que sont Bouygues Telecom, iliad et Orange, mais ce dont personne ne veut, c'est l’immense dette de SFR.
Dans le dernier bilan comptable, le « total des obligations et des prêts des institutions financières » est de plus de 25 milliards d’euros, pour une dette nette consolidée de 21,2 milliards d’euros. Au début de l’année, SFR trouvait un accord avec ses créanciers pour la réduire à 15,5 milliards d’euros.
Selon des sources de Bloomberg, cette possible vente de SFR pourrait valoriser l’entreprise à 30 milliards d’euros, dette comprise. Nos confrères ajoutent que dans la liste des potentiels repreneurs, on retrouve évidemment les opérateurs français qui pourraient se partager des morceaux de la carcasse de SFR (principalement sa base client et ses licences pour les fréquences), mais selon d’autres sources des opérateurs du Moyen-Orient comme Emirates Telecommunications et des fonds d’investissement pourraient aussi être de la partie.
« Il n'y a rien de nouveau, cette valorisation n'est qu'une extrapolation avec un premium plutôt faible par rapport à la valorisation connue en début de l'année », affirme un « protagoniste des discussions » aux Échos. Rien n’est fait pour le moment, les discussions sont encore à un stade précoce. Néanmoins, si SFR était bel et bien placée en procédure de sauvegarde accélérée début juin, les choses pourraient bouger rapidement.
Altice de son côté se contente de préciser via un porte-parole que l’entreprise « se concentre sur la mise en œuvre de l'accord de dette, envisageant la vente d'actifs non stratégiques et poursuivant la relance commerciale de SFR et l'amélioration de la qualité de service ».
La vente à la découpe d’Altice
Altice s’est déjà séparé d’une bonne partie de ses actifs, notamment ses pylônes pour les télécoms, sa branche médias, ses datacenters, sa participation dans l’opérateur La Poste Mobile à Bouygues Telecom (avec quelques bisbilles sur la vente avec son ex-partenaire La Poste).
XpFibre, la branche dédiée au déploiement de la fibre optique est aussi mise en vente, mais rien n’est acté pour l’instant. Altice ne détient pour rappel que 50,01 % de XpFibre, « le solde étant entre les mains d’Allianz, d’Axa Investment Managers et d’Omers, le fonds de retraite des employés municipaux de l’Ontario », rappelait l’Informé en février.
Concernant la vente de SFR, Bouygues Telecom et Free seraient intéressés, mais les conditions d’un tel rachat seraient forcément scrutés de près par les différentes autorités, notamment celle de la concurrence. Aucun des trois concurrents ne pourrait racheter l’intégralité de l’opérateur au risque de devenir trop gros, mais une répartition est possible. Cela pourrait aussi relancer un peu la concurrence dans le monde de l’entreprise, où Orange et SFR dans une moindre mesure occupent une place très importante.
Qu’en dit l’Autorité de la concurrence ? « Ça dépend du projet »
Benoît Cœuré, président de l'AdlC, n’était pas fermé à l’idée, mais n’avait aucun élément sur les modalités d’une telle opération. Faute de projet concret, il lui est actuellement impossible de se prononcer : « Pour le moment, je n’ai aucune idée de la réponse », expliquait-il à BFM Business fin avril.
« S’il y avait un tel projet, on regarderait marché par marché, ce n’est pas très compliqué. Ce qui est compliqué, c’est de mesurer. Conceptuellement, ce n’est pas très compliqué ». Ça paraît jouable, demande notre confrère ? « Ça dépend du projet […] il y a une discussion à avoir. Je ne viens pas vous dire il n’en est pas question, ce n’est pas possible […] Ça dépendra des mérites des projets, mais je n'ai vu aucun de ces projets ».
Putain… 10 ans !
Remontons le temps en 2014, quand Numéricable rachetait SFR à Vivendi. Une opération à 13 milliards d’euros financée avec une très importante levée de dette (qui est aujourd’hui au cœur du problème), au nez et à la barbe de Bouygues Telecom qui s’était aussi positionné.
Le ministre de l’Économie de l’époque – un certain Emmanuel Macron – était peu favorable à cette opération : « Je dis et répète que la consolidation n'est pas aujourd'hui souhaitable pour le secteur […] Le temps n'est pas à des rapprochements opportunistes auxquels plusieurs peuvent trouver un intérêt qui ne retrouve pas ici l'intérêt général ».
L’année suivante, Altice se proposait même de racheter Bouygues Telecom… avec l’aide d’iliad. Cela fait donc déjà 10 ans que l’on parle d’un possible retour à trois opérateurs, et seulement trois ans après le lancement de Free Mobile. Aujourd’hui, c’est donc Bouygues Telecom et iliad qui seraient partenaires pour croquer SFR.
Dernier problème et pas des moindres, ce n’est pas vraiment l’entente cordiale entre les trois milliardaires à la tête de ces trois opérateurs. Les passes d’armes durant les conférences et devant la justice sont monnaie courante.
SFR bientôt placé en procédure de sauvegarde, la vente s’accélère ?
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Des clients par millions, une dette par milliards
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La vente à la découpe d’Altice
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Qu’en dit l’Autorité de la concurrence ? « Ça dépend du projet »
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Putain… 10 ans !
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 21/05/2025 à 11h07
Modifié le 21/05/2025 à 11h33
Tapie en a inspiré du monde... Vive le capitalisme à responsabilité limitée ! 🤢
Le 21/05/2025 à 11h34
Le 21/05/2025 à 14h59
Le 21/05/2025 à 12h01
Le 21/05/2025 à 14h28
Le 21/05/2025 à 11h38
Personne n'a compris à l'époque pourquoi le dossier était passé. C'était la grenouille qui gobait un bœuf (en termes de CA). Il devait y a voir des photos de zizis dans des fions illégitimes pour que cela passe.
Mais bon, quand un "fond" s'en mêle, c'est toujours la marmelade marron-orange qui suit.
Le 21/05/2025 à 11h08
Modifié le 21/05/2025 à 13h12
Le 21/05/2025 à 11h08
Le 21/05/2025 à 11h45
Le 21/05/2025 à 11h09
Le 21/05/2025 à 11h19
Modifié le 21/05/2025 à 15h39
Pareil, j'aurais bien voulu savoir ce que la mise en procédure de sauvegarde aurait comme conséquence pour les actionnaires, les employés et les clients.
Le 21/05/2025 à 13h09
Le 21/05/2025 à 21h51
D'ailleurs dans les années 50-60, les entrepreneurs se gargarisaient d'être en "responsabilité illimité" (qui était la norme) face aux "ploucs" qui ne prenaient pas leurs responsabilité (l'ère des industriel avant notre ère des financiers...).
Et la limitation de responsabilité devrait de toutes façon sauter dès qu'il y a malversation et/ou que le risque était bien connu dès le départ (ie, pas contextuel).
Modifié le 21/05/2025 à 15h46
Le 22/05/2025 à 09h24
Après le bordel qui s'est passé et qui continu aujourd'hui chez Renault/Alpine n'a pas été initialisé par lui.
Hein Flavio ?
Le 21/05/2025 à 11h42
Il est différent mais lié au premier : c'est la dette le facteur commun entre les 2 sujets.
Je ne comprends ce que cela veut dire "dette comprise". La valorisation d'une entreprise, c'est une valorisation "intrinsèque" (que l'on estime à partir de ce qu'elle peut rapporter, je simplifie et n'entre pas dans les méthodes d'évaluations possibles) à laquelle on ajoute la trésorerie et on enlève la dette.
Donc ici, est-ce que l'on a une valorisation de 30 milliards auxquels il faut enlever les 15,5 milliards de dette (si l'accord est validé par le tribunal de commerce) donc de 14,5 milliards ou est-ce que la valorisation hors dette de l'entreprise serait de 45,5 milliards ?
Si on reprend l'échange de 8,6 milliards contre 45 % du capital fin février, on tombe sur une valorisation de SFR de :
8,6 pour 45 %, ça fait 19,1 milliards pour 100 % avec une dette restante de 15,5 milliards et donc une valorisation hors dette de 34,6 milliards d'euros.
Les 30 milliards sont à peu près à mi-chemin entre la valorisation (nette de dette) et la valorisation hors dette. J'ai donc du mal à comprendre...
Le 21/05/2025 à 13h50
La, 100% de SFR pourrait valoir 30 milliards pour des investisseurs extérieurs à la société, d'après SFR ou des experts liées à ca (je sais pas ce que veut dire bloomberg par "people familiar with the matter").
Quel est la dette de SFR ? Et y'a aussi 50% d'XP fibre qu'on sait pas trop si natixis ou altice france possède, RMC sport, etc...
Donc bon ca n'a pas trop de sens de comparer les deux chiffres.
Et puis sans les sources de bloomberg, on peut pas savoir si c'est le prix initiale de négociation, le prix estimé par la société de gestion qu'il a probablement missionné pour la vente, ou juste un mec qui s'y connait qu'a donné un chiffre au doigt mouillé.
Le 21/05/2025 à 20h10
Le 21/05/2025 à 12h00
La LBO a ses limites.
Modifié le 21/05/2025 à 12h57
- Vivendi qui vient de virer J2M, se focalise sur l'audiovisuel pour éviter la banqueroute et met en vente SFR
- Orange (Stéphane Richard) propose de racheter SFR et de vendre « façon puzzle » des actifs aux petits Iliad et Bouygues Télécom pour avoir l'accord de l'AdlC
- Martin Bouygues propose d'entrer au capital d'Orange mais finalement refuse au motif que l'État français décline l'idée que Bouygues devienne 1er actionnaire d'Orange à sa place
- Numericable rachète SFR à Vivendi
- SFR-Numericable propose de racheter Bouygues Télécom
- Stéphane Richard et Xavier Niel qui viennent de contractualiser un accord d'itinérance mobile, sont pris au dépourvu
- Orange, voyant SFR-Numericable devenir 1er opérateur THD très haut débit, décide d'arrêter le Re-ADSL2 et de développer (enfin) la fibre FTTH
- Bouygues propose la Bbox B&you à 15 euros/mois pour contrer Free mobile
- SFR-Numericable et Bouygues Télécom contractualisent le réseau mobile mutualisé Crozon
Tout est documenté par Next
Le 21/05/2025 à 15h19
Le 21/05/2025 à 16h44
Maintenant, Vivendi est dirigé par VB
Le 21/05/2025 à 19h57
Le 21/05/2025 à 13h40
Le 21/05/2025 à 13h55
Modifié le 21/05/2025 à 14h38
Il y aura possiblement une antenne en moins sur beaucoup de pylônes et points hauts en France. À prendre en compte : le réseau partagé Crozon qui sert SFR et Bouygues Télécom (qui achèterait les antennes Crozon en zone SFR? Que deviendra l'accord de réseau mutualisé Crozon?)
Le 21/05/2025 à 15h38
Ça permettait de faire de la couverture 2 fois plus rapide si les deux opérateurs vont à la même vitesse. De quoi rivaliser avec GrOrange.
Parce qu'il faut bien le dire, les toits sont chers et le "premier" (aka celui qui en a la responsabilité contractuel qui a donc signé le premier) dicte ses règles à ceux qui veulent y aller.
C'est donc surtout le patrimoine de SFR (ou la société qui gère les patrimoines / pylônes) qui comptera. Bytel gardera son patrimoine de son côté et fera de l'itinérance sur les sites qu'il n'a pas. Mais avec peut-être au prix d'un loyer suivant qui récupère et comment.
Je ne parierai pas sur une prolongation de cet accord si SFR est vendu à la découpe. Ça dépend de comment c'est vendu. Aucun autre opérateur ne veut d'un SFR entier. Seul un "new player" pourrait en vouloir.
S'il est vendu en un seul morceau, cela peut rester tel quel.
Modifié le 21/05/2025 à 16h05
Un MVNO utilise les fréquences de l'opérateur-réseau
Le partage de réseau (ou mutualisation) :
Chaque opérateur utilise l'infrastructure de l'autre avec ses propres fréquences comme s'il s'agissait de ses propres équipements
https://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/2016-05-25-partage-reseaux-mobiles-lignes-directrices.pdf
Je ne suis pas aussi convaincu que vous du fait que Bouygues serait tenté d'utiliser les antennes d'un autre que SFR, par exemple Free (et vice-versa, surtout avec la stratégie différente d'emploi des fréquences par l'un et l'autre, car on ne dispose pas de la même manière les antennes d'une zone de couverture 700 MHz et une 2100 Mhz).
Le 21/05/2025 à 18h07
Je n'ai pas dit antenne, mais patrimoine (les terrains, toits). Il est là le nerf de la guerre. Le matos est accessoire pour des opérateurs de cette taille. En fait pour monter un site ou un toit, l'antenne seule est une part largement minoritaire du budget. C'est presque le dernier des soucis.
Je ne prête pas d'intention à ByTel. Je dis que ByTel n'est pas arrangé si SFR est vendu d'un seul lot.
SFR vendu en morceaux, ça change tout. Évidement, ByTel voudra les sites et les antennes tant qu'à faire. En faisant éventuellement valoir ce contrat pour tenter de faire levier. Mais cela ne tiendra pas longtemps. Ça finira par un chèque au prix du m², comme... toujours.
Éventuellement de racheter les clients, mais je parie que ce serait une vente séparée.
Le 21/05/2025 à 15h19
Non le vrai changement, si SFR est vendu à découpe, c'est les prix qui vont remonter en flèche. L'impression qu'on est dans un minima après 10 ans de compétition entre 4 opérateurs.
De toute façon économie de réseau capitaliste = il ne peut y avoir plusieurs opérateurs, rendements décroissants tout ça... Il paraît qu'en France, on avait des entreprises d'Etat qui ont déployé les réseaux avec une idée bizarre de péréquation tarifaire.
Le 21/05/2025 à 16h11
Modifié le 22/05/2025 à 16h30
KKR aura 49.9% d'un réseau d'antenne inutilisé
Le 22/05/2025 à 17h49
Le 23/05/2025 à 00h28