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Patrick Drahi échange 45 % du capital d’Altice contre une réduction de sa dette

Un crédit vous engage

Patrick Drahi échange 45 % du capital d’Altice contre une réduction de sa dette

Plombé par une dette record s'élevant à 24 milliards d'euros, Altice France annonce avoir trouvé un accord avec ses créanciers. Il prévoit le transfert de 45 % du groupe propriétaire de SFR, en échange de l'abandon de 8,6 milliards d'euros de dette. Patrick Drahi garde le contrôle d'Altice à l'issue de l'opération.

Le 26 février à 14h02

D'aucuns le disaient acculé, étouffé par la dette record de 24 milliards d'euros qui plombe les comptes d'Altice, mais Patrick Drahi a de la ressource. Dans un communiqué publié mercredi matin, le groupe Altice France annonce en effet que son propriétaire a réussi à trouver un accord avec ses créanciers.

Une dette réduite à 15,5 milliards d'euros à horizon 2033

L'opération, en cours de finalisation, prévoit que ces derniers abandonnent 8,6 milliards d'euros de dette. Elle intègre également un rééchelonnement des 15,5 milliards d'euros de dette restants, ce qui permet d'éloigner les échéances de remboursement.

La maturité de la dette (le délai au terme duquel son remboursement est théoriquement requis) du groupe devrait ainsi s'étendre à une fenêtre comprise entre 2028 et 2033, avec une maturité moyenne estimée à 6,1 ans, contre 3,1 ans avant l'opération.

Patrick Drahi réussit ainsi à éloigner et réduire les remboursements initialement programmés en 2027 (5,8 milliards d'euros) et surtout 2028 (10,595 milliards d'euros), dont les montants pharamineux compromettaient les chances de refinancement. Ce nouvel échelonnement se fait toutefois au prix d'un ajustement des taux d'intérêts, qui devraient s'établir à une nouvelle moyenne de 7,125%.

Grâce à cette opération, complétée par la vente d'actifs non stratégiques, Altice estime ainsi revenir à un ratio dette nette sur EBITDA inférieur à 4. Cet indicateur, qui mesure le nombre d'années dont une entreprise aurait besoin de rembourser ses dettes en fonction de sa marge, se situe, à titre de comparaison, aux alentours de 3 chez Iliad, et à moins de deux sur la branche télécoms d'Orange.

Le nouveau profil de la dette d'Altice limite le risque d'un « mur » impossible à refinancer

Drahi garde le contrôle

En échange, les créanciers, répartis en deux groupes en fonction de la nature de la dette concernée (senior ou court terme), se verront transférer 45 % du capital d'Altice. Ils recevront également une compensation financière avec différents paliers de valorisation variable, dont le montant total devrait, selon le Figaro, représenter une enveloppe globale d'environ 2,6 milliards d'euros. Altice mettra pour ce faire à profit les liquidités issues de ses cessions récentes (Altice Medias, datacenters, La Poste Mobile).

Cet accord « marque une étape importante » pour le groupe au regard de « son objectif de désendettement », déclare le groupe Altice dans un communiqué (PDF) qui en détaille les modalités. Et souligne que la nouvelle donne au capital ne change rien à la marche opérationnelle de l'opérateur SFR : « Les employés, clients, fournisseurs et autres partenaires commerciaux ne seront pas affectés par la transaction ».

Commentaires (14)

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Il manque une donnée dans toute cette histoire, Drahi à remboursé combien de la dette initiale au fil des années ?
En gros je me demande si ce n'est pas comme par exemple les prêts étudiants us, dont le capital est remboursé depuis longtemps mais le remboursement des intérêts continu.
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Quand une société emprunte en émettant des obligations, elle paie des intérêts tous les ans et rembourse le capital à la fin (parfois en réempruntant). Les états font de même.

Donc, pour répondre à ta question : il n'a rien remboursé, juste payé des intérêts.
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La dette est refinancée à intervalles réguliers (chez SFR comme chez tous les opérateurs). En simplifiant, tu la renégocies et tu la prolonges, donc tu peux ne jamais la solder totalement.
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Que s'appelerio "rouler la dette" ... et lui, il a roulé qui pour avoir une dette pareil ?
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C'est aussi le principe de l'hypothèque en Suisse car on ne rembourse jamais le prêt de son logement (car bien trop élevé). En contrepartie, on paie des intérêts à vie et en cas de défaut, il faudra vendre pour rembourser la part de la banque.
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Altice France a remboursé en moyenne 1 milliard d'euros d'intérêts depuis l'acquisition de SFR, soit environ 10 milliards, comme Patrick Drahi l'avait dit lui-même. Mais c'était avec des taux d'intérêt qui étaient à un plus bas historiques (et même négatifs au niveau des banques centrales). Avec l'augmentation des taux, on étaot monté à 1.5 milliard d'euros. Et là, malgré la baisse de la dette à 15.5 milliards d'euros, mais des taux à 7.125% (contre 5.9% de moyenne auparavant), on est toujours à 1.1 milliard d'intérêts par an.
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Je vais pas me prétendre expert en stratégie financière, mais l'accroche initiale de l'article semble plutôt correcte. Il était acculé, ses créanciers lui laissent gentiment la peau sur les os, repartent avec la moitié de la poule aux oeufs d'or, et lui laissent la responsabilité du machin. Ca fait un peu extorsion là comme ça. Façon mafieux prêteur qui vient armé chercher son dû au créditeur et qui repart en te tapotant sur la joue "mais oui tu vas finir par me rembourser mon petit, j'ai toute confiance".
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C'est un milieu de requins. Drahi est un financier, pas un entrepreneur. Il connaissait les risques.
Il a joué, il connaissait les règles, il assume. Et encore, il s'en sort relativement bien je trouve.

Autant pour un entrepreneur, qui a porté tous les risques etc, je n'aurais pas ce discours. Autant là il ne mérite aucune larme.
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Il a tout fait en connaissance de cause, c'est une pratique habituelle, que de faire porter la dette à une entreprise tout en se sucrant sur cette dernière sans s'endetter personnellement.
D'ailleurs, avant de lancer mon entreprise, c'est ce que les profs nous incitaient à faire, nous exprimant que l'auto-financement est l'ennemi de la rémunération, qu'il valait mieux jouer avec les annuités pour se rémunérer directement, et en faisant suffisamment d'investissements pour faire une marge conséquence en produisant beaucoup, plutôt qu'un démarrage prudent en douceur...
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Tout va bien !
Il a échangé 8,6 milliards contre 45 % du capital et il lui reste une dette de 15,5 milliards et un taux d'emprunt assez haut.
À la prochaine renégociation de sa dette, il sera minoritaire voire plus propriétaire du tout.
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Oui sauf qu'en attendant, il touche des millions de dividendes tous les ans personnellement (enfin en nom propre, plutôt sa holding personnel dans un paradis fiscal). Donc même si "à la fin" il ne possède plus, il aura touché combien de million dans l'affaire ?

Comme toutes les énormes fraudes fiscal qui se font prendre et qui au final payent une amende inférieur à ce qu'ils ont détourné (evidemment, on ne peut sanctionner que ce qui est prouvé, ça laisse de la marge...)

Le monde de la finance c'est magique, les politique nous disent pourtant que c'est l'usine qui est magique normalement :windu:
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Tu es sûr de cela ?
Ici, je ne vois pas de dividende d'Altice Europe dont Altice France est une filiale et dont Drahi est actionnaire au travers de sa holding, pas plus que d'historique de dividende.
Et ce n'est pas étonnant comme la société fait plutôt des pertes.
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Je ne suis pas expert en fiscalité, mais de ce que j'en ai compris, les actionnaires se "rémunèrent" en mettant en gage leurs actions pour obtenir des prêts auprès des banques et autres faveurs/achats (en gros tu passes tout sur ta boite en frais).

Et là tu imagines Dieudonnée de l'époque :
-Ils sont pauvres/en déficit (aucun impôt, aucunes taxes)
-Ils ne possèdent rien (tout appartient à des holding/prête-nom dans des paradis-fiscaux)
-La plupart des "frais" sont des refacturations entres entités pour éviter de déclarer des bénéfices (que ce soit pour l'IS ou personnellement pour l'IR, pour pas déclarer des avantages en natures).
-Évidemment une bonnes parties de ces sociétés appartiennent aussi aux actionnaires (et c'est là que tu vas trouver les dividendes, dans des pays à la fiscalité "avantageuses".

Si seulement le seul moyen de récupérer de l'argent d'une société était les dividendes ou les salaires, il y aurait déjà beaucoup moins d'évasion fiscal :(
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Quand Drahi fait des affaires avec Drahi – En  2016, le premier actionnaire d’Altice a réalisé deux opérations entre son groupe et lui-même.

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