Broadcom exige l’arrêt des mises à jour VMware quand les licences perpétuelles expirent
« Rogntudju »

Crédits : Unsplash
Depuis le rachat de VMware par Broadcom, les relations sont tendues avec une partie de la clientèle. La suppression des licences perpétuelles a fait couler beaucoup d’encre. Maintenant que les contrats de support pour ces licences expirent l’un après l’autre, Broadcom passe à l’étape suivante : mettre en demeure les entreprises de ne plus installer la moindre mise à jour.
Le 14 mai à 12h06
5 min
Logiciel
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Le rachat de VMware, pour 61 milliards de dollars, n’en finit plus de faire parler de lui. La plus grande onde de choc a été causée par l’arrêt complet des licences perpétuelles. Il est devenu tout à coup impossible pour les entreprises d’acheter simplement des logiciels VMware. À la place, Broadcom a regroupé les produits dans des formules d’abonnements. Le problème est vite apparu : même quand il ne fallait qu’un ou deux produits, les entreprises devaient prendre des packs, entrainant une facture bien plus lourde.
Depuis un peu plus d’un an, la situation se tend, au point que l’Europe a décidé de s’en mêler. Tandis que la grogne montait, VMware a parfois lâché un peu de lest, rendant au passage certains produits gratuits, dont les clients de virtualisation VMware Workstation et Fusion, y compris en usage commercial.
L’objectif de Broadcom est cependant clair : faire rentrer autant de liquidités que possible en peu de temps. Les abonnements proposés vont dans ce sens, et on a pu voir fin mars que l’éditeur serrait la vis sur les licences VMware en quadruplant le nombre de cœurs minimum de facturation (de 16 à 72). Et ces tensions ne sont pas près de se calmer.
Ultimatum sur les licences perpétuelles
Comme l’indiquait il y a quelques jours Ars Technica, Broadcom envoie depuis peu des courriers aux clients équipés de licences perpétuelles. La société s’attaque frontalement à ceux dont le contrat de support s’est terminé et n’a pas été renouvelé. Elle demande instamment que cesse l’installation de mises à jour majeures et mineures, les correctifs de bugs ou failles de sécurité et globalement de toutes les révisions de leurs produits. Seule exception, les correctifs de sécurité pour les vulnérabilités 0-day.
Le courrier explique que la fin du contrat d’assistance signifie que plus aucune nouvelle version ne peut être installée, y compris les mises à jour intermédiaires d’entretien. En conséquence, si de telles versions ont été installées, elles doivent être supprimées. Pour Broadcom, les versions présentes à expiration du contrat d’assistance sont les dernières, même pour des licences perpétuelles.
« Toute utilisation du support après la date d'expiration constitue une violation substantielle de l'accord conclu avec VMware et une atteinte aux droits de propriété intellectuelle de VMware, pouvant donner lieu à des demandes de dommages-intérêts accrus et à des honoraires d'avocat », indique ainsi la lettre, signée de Michael Brown, directeur général de Broadcom.
Tout le monde est servi
Il ne semble pas cependant que ces courriers fassent suite à une situation observée. Selon les témoignages lus par Ars Technica, ces mises en demeure sont envoyées automatiquement à tous les clients ayant acheté des licences perpétuelles, dès que les contrats d’assistance sont expirés. Y compris ceux qui n’ont rien installé depuis, voire ayant transité vers des solutions concurrentes, dont Proxmox.
En outre, Broadcom informe dans son courrier se réserver le droit de procéder à des audits, « ainsi que tout autre recours contractuel ou légal disponible ». « Foutaises » pour Dean Colpitts, directeur technique de Members IT Group, pour qui ces menaces ne riment à rien, car la falsification dans ce domaine est simple et invérifiable. Toujours selon lui, la plupart des clients VMware de son entreprise utilisent désormais les produits sans support. Il ajoute que la principale préoccupation est désormais de s’assurer que le personnel n’installe pas d’autres versions que les dernières présentes à l’expiration des contrats.
Première plainte en Allemagne
Nos voisins d’outre-Rhin sont également passés à l’attaque. L’association de consommateurs VOICE a déposé plainte contre Broadcom pour abus de position dominante.
Dans le communiqué, publié le 7 mai, l’association allemande reproche « à Broadcom d'imposer des augmentations de prix exorbitantes et injustes dans le cadre du passage de la licence perpétuelle à l'abonnement, à l'aide de bundles de produits composés arbitrairement ». L’impact sur la concurrence serait particulièrement négatif et ces pratiques n’auraient qu’un seul but : « atteindre les objectifs de chiffre d'affaires et de bénéfices annoncés pour VMware ». Au risque de tuer la poule aux œufs d’or ?
« Broadcom exploite de manière très préoccupante la dépendance de ses clients vis-à-vis des produits VMware. En tant qu'association d'utilisateurs indépendante représentant les intérêts de ses membres, nous nous devons d'agir contre de telles pratiques déloyales. Nous avons d'abord essayé de dialoguer directement avec Broadcom, mais aucune amélioration n'a pu être obtenue pour les utilisateurs. L'entreprise ne se préoccupe manifestement que de ses objectifs financiers ambitieux et ne s'intéresse absolument pas aux intérêts de ses clients », a ajouté Robin Kaufmann, directeur de l’association.
Ayant déposé plainte, VOICE invite toutes les entreprises souhaitant se défendre à la contacter. La perspective d’un recours collectif n’est pas abordée.
Broadcom exige l’arrêt des mises à jour VMware quand les licences perpétuelles expirent
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Ultimatum sur les licences perpétuelles
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Tout le monde est servi
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Première plainte en Allemagne
Commentaires (46)
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Abonnez-vousLe 14/05/2025 à 12h26
Modifié le 14/05/2025 à 14h46
On ne compte plus le nombre d'entreprises passées par là... (Au pif, SFR avec Altice, notamment)
Ensuite on dégraisse, et on revend au plus offrant.
Ensuite les actionnaires se gavent, et les gros propriétaires profitent des levées de fonds et d'un endettement supplémentaire de l'entreprise pour s'offrir de magnifiques primes et parachutes, tant pis si la boite couleur après eux, tant qu'eux, contrairement aux gueux, n'ont pas à s'endetter personnellement et que l'argent tombe du ciel.
Le 14/05/2025 à 15h17
Le 14/05/2025 à 12h28
Même pas ils font semblant.
Le 14/05/2025 à 13h00
Le 14/05/2025 à 13h07
Le 14/05/2025 à 13h37
Car oui il y a une dépendance aujourd'hui, mais elle a forcément ses limites. Rien ni personne n'est irremplaçable.
Le 14/05/2025 à 13h48
Modifié le 14/05/2025 à 12h45
Il existe des cas où le logiciel s'arrête carrément une fois la licence expirée. Quand c'est un middleware, c'est légèrement emmerdant.
Ça ma rappelle un projet où l'ERP s'était fait racheter par un fond de pension qui a fait X3 sur les coûts de licence
Le 14/05/2025 à 13h05
Voir l'article de Ars Technica et d'autres en lien dans leur article.
Le 14/05/2025 à 13h42
Pour le coup, j'ai aussi eu des expériences similaires où des produits ont été déployés d'une façon hors cadre prévu (limitation du nombre d'instance, sockets, etc). Derrière, ça devient une gestion du risque en cas d'audit ou encore espérer que le logiciel ne se connecte pas à un serveur de licence pour cafter. Quand viennent les discussions avec l'éditeur, d'un coup ça serre les fesses pour pas se prendre un redressement.
En fait, le pire que j'ai vu dans le domaine, c'est quand toute la négociation a été faite oralement et que le contrat ne la reflète pas.
Après, oui, les méthodes de Broadcom restent dégueulasses, surtout la mise en demeure pour un contrat qui vient d'expirer. C'est le problème des éditeurs qui se savent en position de vendor lock dont la réversibilité est si coûteuse / risquée que le client préfère raquer pour continuer.
Le 14/05/2025 à 15h14
Après 2 ou 3 ans, l'éditeur leurs envois la facture, globalement en même temps (réellement pur hasard) j'avais proposé un plan de nettoyage des taches.
Résultat : plan de nettoyage refusé (même le DSI n'a pas compris le pourquoi du refus) et j'ai appris après qu'en plus ils n'avaient pas fait de MAJ de licence, ouvrant la porte à une joli facture + frais dans 2 ou 3 ans....
Le 14/05/2025 à 13h49
Le 14/05/2025 à 14h32
Genre quand tu arrête ton contrat à X millions par an sur la BDD, ils vont regarder si t'as pas un petit Java11 installé quelque part sur ton infra mais non déclarés. Ils traqueraient même les IP des gens qui téléchargent Java sur leur site. Quand je fais de l'AV pour des solutions Oracle je demande toujours si je peux contacter Oracle et parfois j'ai droit à un petit : "attendez la on est un peu en froid avec eux suite à un contrôle".
Je connais moins MS, mais de ce que j'ai entendu c'est pareil avec leur cal.
Et je viens d'avoir un le cas d'un éditeur qui nous a demandé de lancer un exe sur l'infra du client et qu'est venu réclamé les licences qui manquaient. (Le client s'était trompé de licence et leur commercial avait rien dit...).
Le 14/05/2025 à 15h07
Le 14/05/2025 à 15h24
https://www.cio-online.com/actualites/lire-audits-oracle%C2%A0-carrefour-a-obtenu-de-ne-pas-executer-de-scripts-de-controle-7400.html
Le 14/05/2025 à 15h08
Le 14/05/2025 à 17h50
Le 14/05/2025 à 15h47
Le 15/05/2025 à 14h09
Le 14/05/2025 à 13h55
Le 14/05/2025 à 15h42
Le 14/05/2025 à 22h02
Donc interdit de déployer la dernière 8.0u3t qui est sortie pour fixer des vuln cve9+ ...
Le 14/05/2025 à 14h11
Pour avoir déjà acquis des logiciels avec licence perpétuelle (mais pas de VMWare), ces licences sont généralement "figées" pour une version majeure précise. Cette version du logiciel sera donc installable sans limitation de durée, ni de fees (je n'ai pas le mot français qui me vient, désolé !) mais n'inclus généralement pas les mises à jour.
Après, il peut effectivement y avoir des contrats d'assistance, qui permettent soit de bénéficier des mises à jour, soit de bénéficier d'une mise à niveau à tarif préférentiel.
Dans le cas de VMWare, que couvrait une licence perpétuelle ? Etait-ce une licence pour une version précise du logiciel, ou est-ce que cette licence incluait les mises à niveau (je parle bien entendu, AVANT le rachat par Broadcom).
Si la licence est spécifique à une version précise, et bien que je ne porte pas Broadcom dans mon coeur en voyant leurs agissements, il me parait difficile, sur le fond, de leur en vouloir d'essayer de protéger leur dûs dument acquis (bon, j'en fais peut être un chouille trop là ^^)
Par contre, sur la forme, courrier, menace, etc. c'est clairement pas terrible (pour rester poli).
Le 14/05/2025 à 14h42
Bref comme ils ont légalement pas eu le droit d'arrêter les licences perpétuelles, ils te forcent à rester sur ta version sans support et sans mise à jour si tu veux pas céder à leur racket.
Le 14/05/2025 à 15h46
Les licences perpétuelles incluaient-elles, ou non les mises à jour ? Si oui, c'est effectivement un énorme abus de Broadcom, et une modification des conditions de la licence. Si non, faire une mise à jour revient à se mettre en non conformité. Bien que la forme soit détestable, le fond reste donc valide.
Le 14/05/2025 à 15h53
Modifié le 14/05/2025 à 16h06
Maintenant refuser de vendre un contrat qui existait depuis 20 ans dans le seul but de rendre tes licences perpétuelles inutiles tout en envoyant des mises en demeure préventives et en augmentant le prix minimum de l'abonnement, c'est commercialement compliqué à défendre autrement que par "on veut beaucoup plus de ta thune".
Et on parle pas de 10 à 20% d'augmentation, AT&T déclare que pour exactement le même service, ils doivent maintenant payer 10x plus chère.
Le 14/05/2025 à 16h23
De même, les licences perpétuelles ne sont pas inutiles. Elles sont toujours utilisables, contrat de support ou non. Donc j'ai du mal à comprendre cet argument.
Le 14/05/2025 à 17h18
ou alors un boulanger, qui ne vend plus de croissant au détail, si tu en veux, soit il faut prendre le panier quotidien de 5 viennoiseries sur abonnement mensuel, soit c'est le pack "anniversaire" avec 30 viennoiseries de chaque type (croissant, pain au raisin, éclair café / chocolat ...), celui qui voulait juste se prendre son petit croissant de milieu de semaine, ben il peut plus :(
Le 14/05/2025 à 17h26
Le refus de vente a une définition juridique précise. Difficile de parler de refus de vente sur un produit qui n'est plus vendu...
Et en France, si le refus de vente est interdite en B2C, elle est autorisée sous condition en B2B.
Le 14/05/2025 à 17h46
c'est le principe qui s'apparente à un refus de vente (vu que la prestation elle-même existe toujours, mais plus vendue "seule")
Le 14/05/2025 à 17h29
Ils ont d'abord essayé de révoquer les licences perpétuelles mais comme ils ont commencé à prendre des procès, ils ont fait demi-tour et maintenant ils empêchent tout achat de contrat de support.
Et oui tu peux continuer à utiliser ton vmware sans support et sans MAJ, mais quand t'as toute ton infrastructure IT dessus, c'est jouer à pile ou face ta société. Si demain tes esx tombent parce qu'ils gèrent pas les années bisextilles, t'as plus d'AD, de NTP, de messagerie, d'applications internes,.... J'ai bossé avec des boites qui se sont pris un ransomware et n'avaient plus d'esx ils ont perdu des cheveux et certains leurs jobs.
Bref la plupart des boites vont être forcés de passer sur des licences, ce qui va multiplier leur coûts.
Le 14/05/2025 à 14h17
Practices to avoid:
- Offering in-game virtual currencies only in bundles mismatching the value of purchasable in-game digital content and services
- Denying consumers the possibility to choose the specific amount of in-game virtual currency to be purchased
Le 14/05/2025 à 14h40
Le 14/05/2025 à 15h44
Le 14/05/2025 à 14h58
Si on se base à l'instant T du statu d'une faille de sécu:
- Si c'est une 0day, c'est qu'il n'y a pas encore de correctif, donc rien à patcher.
- S'il y a un correctif, alors ce n'est plus une 0day, donc le patch sécu n'a pas a être fourni.
Dans les deux cas, c'est donc juste du vent pour passer pour un bon prince.
Le 14/05/2025 à 18h02
Le 14/05/2025 à 16h55
Le 14/05/2025 à 17h25
Mais pour "L’impact sur la concurrence serait particulièrement négatif" : de mon point de vue c'est tout le contraire. Ils offrent bon nombre de leurs clients historique à la concurrence et son pas prêt de rafler de nouveau marché !
Le 14/05/2025 à 23h07
Mon raisonnement:
1/ Le cloud public est en train de tout manger (en tout cas, au moment au rachat, avant que le monde se rende compte que les US ne sont pas forcement des bisounours).
2/ Donc le on-prem est en train de disparaitre, ou tout du moins devenir négligeable, donc très mauvais pour VMWare.
3/ Combien de temps pour que toutes les boites du monde sortent du on-prem vers le cloud public? disons 10 ans.
4/ Combien il reste de $$ à rafler sur ces 10 ans avant la fin? disons $120 Mds (pure spéculation, c'est pour l'exemple)
5/ On divise par 2 et on rachete VMWare ce prix là => $60 Mds
6/ Il nous reste 10 ans pour saigner à mort toutes les boites qui se sont locké comme des connes pour rentabiliser au max ces $60 Mds avant que la boite ne vaille plus rien.
7/ 10 ans plus tard, on revend les restes à une autre boite qui fera du support pendant encore 30ans pour les banques qui n'oseront pas toucher au truc dont plus personne ne sait comment ça fonctionne.
Le 15/05/2025 à 02h25
Le 15/05/2025 à 14h12
Mais le rachat de VMWare par Broadcoma eu lieu bien avant l'électrion de Trump.
Ca rentre dans les aléa du placement de Broadcom.
Le 14/05/2025 à 18h46
Un esxi est hardcode sur du vmware?
Les conçurents ne proposent pas de solution importation ?
Le 14/05/2025 à 19h28
Le 14/05/2025 à 19h52
Les éditeurs de solution de backup comme Veeam, Nakivo, Commvault et autres proposent des outils pour swaper.