« Stop Fraude » : comment les contrôleurs SNCF ou RATP pourront vérifier votre adresse
NPAI

À compter de mercredi, les opérateurs de transports publics auront la possibilité d'interroger l'administration fiscale pour vérifier l'adresse des contrevenants. Réclamée de longue date par la profession, cette mesure inédite est censée améliorer le taux de recouvrement des amendes. Le service sera assuré par l'intermédiaire d'une plateforme développée par IN Groupe, déjà en charge du téléservice « Vérif Permis ».
Le 07 janvier à 11h43
5 min
Droit
Droit
L'Union des Transports Publics et Ferroviaires (UTPF), qui réunit la plupart des sociétés de transports publics françaises, profitera de ses vœux, mercredi 8 janvier, pour annoncer le lancement officiel de Stop Fraude, un nouveau dispositif grâce auquel la profession espère améliorer l'efficacité du travail de lutte contre la fraude mené par ses contrôleurs.
« Lors d’une opération de contrôle, les contrevenants fournissent une adresse qui est erronée dans 50% des cas. Ces "fausses adresses" empêchent le recouvrement des amendes, résume l'Union dans un communiqué publié début décembre. Le dispositif, qui pourra réaliser un million d'interrogations par an, permettra d’augmenter significativement le taux de recouvrement des amendes ».
Deux fichiers fiscaux et un dispositif sécurisé
Réclamé de longue date par la profession, au motif que la fraude représente un manque à gagner de l'ordre de 700 millions d'euros par an pour les exploitants, Stop Fraude est rendu possible par décret, paru le 3 décembre dernier au Journal Officiel. Le texte définit les conditions et les circonstances dans lesquelles les « exploitants de services de transports d'obtenir communication auprès des administrations publiques, de données strictement limités aux noms, prénoms, date et lieu de naissance des contrevenants, ainsi qu'à l'adresse de leur domicile ».
D'où viendront ces informations ? « Les réponses de l'administration fiscale proviennent de fichiers nationaux comprenant les adresses de personnes physiques régulièrement mises à jour », indique le décret. Pour une description plus précise des fichiers mis en œuvre, il faut se tourner vers l'avis de la CNIL relatif au projet.
Rendu le 18 juillet dernier et publié début décembre, il explique que le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires prévoit, en coordination avec Bercy, d'interroger deux fichiers : la base de données nationale PERS, alimentée par le recensement fait par l'INSEE, « qui a pour objet de constituer un service unique d'identification des contribuables », ainsi que le « référentiel occurrence fiscal (OCFI) qui dispose des adresses des contribuables ».
Le décret précise par ailleurs que ces demandes, et les réponses associées, doivent circuler par voie dématérialisée, « dans le cadre d'un dispositif sécurisé », confié à une « personne morale unique ». En l'occurrence et bien que le décret mentionne une désignation « selon les modalités prévues par le code de la commande publique », il s'agira ici de la société IN Groupe (ex Imprimerie nationale), qui exploitera, au travers de ce dispositif, l'interface de programmation d'application recherche des personnes physiques (API R2P), produite par la direction générale des Finances publiques (DGFiP).
Un arrêté, lui aussi daté du 2 décembre, précise que le nombre maximal d'agents de cette personne morale unique est fixé à vingt. « Ces agents doivent être spécialement habilités par la personne morale unique, qui prend les mesures nécessaires afin de pouvoir tracer leur accès à ces renseignements », dispose le texte.
« Aucun autre fichier ou base de données ne serait consulté dans l'hypothèse où l'API R2P ne permettrait pas d'obtenir les informations demandées », remarque la CNIL, tout en rappelant que le projet de décret initial ambitionnait également d'interroger les organismes de sécurité sociale.
Un gain financier de 3 millions d'euros ?
« L'Union des transporteurs publics et ferroviaires évalue le gain financier du recours à ce dispositif à environ trois millions d'euros, auquel s'imputeront cinq cent mille euros de frais de fonctionnement », révèle par ailleurs l'avis de la CNIL. Un gain qui peut paraître relativement modeste, au regard du million de demandes par an évoqué par l'UTPF.
Si le principe de la vérification des adresses des contrevenants est autorisé depuis la loi Savary-Le Roux de 2016 (loi relative à la prévention et à la lutte contre les incivilités, contre les atteintes à la sécurité publique et contre les actes terroristes dans les transports collectifs de voyageurs), la création des dispositifs dédiés avait jusqu'ici achoppé. « Dès 2018, une plateforme en ligne partagée, destinée à vérifier les adresses des contrevenants, avait été élaborée, mais cette dernière n'avait pas reçu l'aval du Conseil d'Etat, rappelle ainsi l'UTPF. Durant les deux dernières années, le ministère des Transports et l'UTPF ont coordonné des travaux pour surmonter les différents obstacles et aboutir, en 2024, à un dispositif fiable sur les plans juridique et technique ».
Largement médiatisé en début d'année 2024 avec la perspective des Jeux Olympiques de Paris, le sujet de la sûreté dans les transports a déjà motivé plusieurs passerelles entre des fichiers publics et les opérateurs de transport. Depuis mai 2024, les employeurs du transport public routier ont par exemple accès à un téléservice qui leur permet de vérifier l'état du permis de conduire d'un salarié, à partir de données issues du système national des permis de conduire (SNPC).
Rappelons que l'article 11 de la loi Transports de 2016 impose aux passagers des transports publics de disposer d'un « document attestant leur identité » à présenter aux agents en cas de contrôle, et autorise les entreprises concernées à « subordonner le voyage de leurs passagers à la détention d’un titre de transport nominatif ».
« Stop Fraude » : comment les contrôleurs SNCF ou RATP pourront vérifier votre adresse
-
Deux fichiers fiscaux et un dispositif sécurisé
-
Un gain financier de 3 millions d'euros ?
Commentaires (57)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousModifié le 07/01/2025 à 12h22
-> Vous avez un papier d'identité : "Non"
-> Votre n° de téléphone : "Je viens de changer de téléphone, je le connais pas"
Il reste juste le nom / adresse que le passager donne "de bonne fois" pour son identification.
PV, qui dès que le contrôleur à quitté le wagon, est rouler en boule et jeter de l'autre coté du wagon.
Modifié le 07/01/2025 à 17h38
Le wagon c'est pour le bétail
Concernant le fond de ton propos, si on ne peut pas prouver son identité, on peut être retenu sur place (= dans la gare à l'arrivée, ou être "descendu" du train au prochain arrêt).
Le 10/01/2025 à 07h59
Le 07/01/2025 à 12h29
Le 07/01/2025 à 12h57
Le 07/01/2025 à 13h28
Le 08/01/2025 à 12h30
Le 08/01/2025 à 17h46
Le 09/01/2025 à 11h36
Le 09/01/2025 à 12h14
Le texte définit les conditions et les circonstances dans lesquelles les « exploitants de services de transports d'obtenir communication auprès des administrations publiques, de données strictement limités aux noms, prénoms, date et lieu de naissance des contrevenants, ainsi qu'à l'adresse de leur domicile ».
Le 11/01/2025 à 11h05
Le 11/01/2025 à 12h19
Le 20/01/2025 à 14h39
Ils sortaient de leurs cachette pour interpeller ceux qu'ils pensaient fraudeur de façon agressive, et ne faisant pas du 100% ont juste été agressifs avec des voyageurs pour rien car ceux-ci avaient un titre valide.
Le 07/01/2025 à 13h27
Le 07/01/2025 à 13h53
Ce n'est pas pour me rassurer.
Le 07/01/2025 à 14h41
Le 07/01/2025 à 15h33
Le 07/01/2025 à 22h53
Du coup, supprimer les contrôleurs rapporterait plus d'argent.
Où, comme dans les villes civilisées, rendre les transports gratuits.
Le 07/01/2025 à 23h58
Transports publics gratuits -> impôts qui augmentent.
Ça fonctionne pas par l’opération du saint esprit
Le 08/01/2025 à 00h50
Le 11/01/2025 à 20h18
Le 11/01/2025 à 20h16
Le 11/01/2025 à 11h07
Le 12/01/2025 à 21h21
Le 07/01/2025 à 22h25
Le 08/01/2025 à 08h43
Et vu comment les dominants respectent les dominés, je peux comprendre aussi que certains, ne se sentant pas respectés, ont des comportement moins respectables.
Le 10/01/2025 à 10h34
Modifié le 10/01/2025 à 15h27
De plus, je n'étudie pas non plus le comportement de certains touristes Chinois en France.
Et j'évite d'essencialiser les gens d'un même pays.
Edit : correction orthographique
Modifié le 10/01/2025 à 10h13
Le 07/01/2025 à 14h07
Le 08/01/2025 à 12h47
Le 08/01/2025 à 13h13
Le 08/01/2025 à 21h33
Effectivement il faudrait que j’aille lire de plus près les affichettes mais y’en a dans certaines stations de métro avec quelque chose comme « expérimentation de reconnaissance faciale en cours dans cette station »
Police :
Le 12/01/2025 à 13h17
« Expérimentation vidéoprotection augmentée
Videosurveillance analysis experiment
Experimentación de video analisis
Afin de renforcer la sécurité dans cette [station/gare], la RATP est susceptible de mettre ponctuellement en œuvre, à titre expérimental, une analyse automatisée en temps réel des images de vidéoprotection sur lesquelles vous pouvez figurer.
Autorisée jusqu'au 31 mars 2025 par la loi n° 2023-380 du 19 mai 2023 relative aux jeux Olympiques et Paralympiques 2024, cette expérimentation alterne des phases de paramétrage et de mise en œuvre des solutions logicielles d'analyse automatisée, à l'occasion de manifestations d'ampleur (concerts, manifestations sportives, etc.).
Elle vise à aider les agents du service interne de sécurité de la RATP à détecter des événements prédéterminés parmi les cas d'usage suivants : présence d'objets abandonnés, franchissement ou présence d'une personne ou d'un véhicule dans une zone interdite ou sensible, mouvement de foule, densité trop importante de personnes.
Le signalement est ensuite analysé par l'opérateur vidéo qui décide seul, s'il est pertinent et s'il est nécessaire d'intervenir.
Pour plus d'information concernant cette expérimentation ou pour l'exercice de vos droits auprès du Délégué à la protection des données de la RATP :
For more information about this experiment:
Para más información sobre esta experimentación:
RATP - DPO 54 Quai de la Rapée - LT73 - 75012 PARIS
https://www.ratp.fr/politique-generale-de-confidentialite
Par ailleurs, si vous considérez que le traitement vous concernant constitue une violation de la réglementation, vous disposez du droit d'introduire une réclamation auprès de la CNIL (commission nationale de l'informatique et des libertés) :
3 place de Fontenoy - TSA 80715 - 75334 Paris Cedex 07
https://www.cnil.fr/fr/plaintes »
Le 12/01/2025 à 13h59
Le 07/01/2025 à 14h47
Modifié le 07/01/2025 à 15h55
Le 07/01/2025 à 16h27
Modifié le 07/01/2025 à 17h56
Le 07/01/2025 à 18h21
Cela correspond au principe de minimisation du traitement des données du RGPD.
Le 07/01/2025 à 23h54
Avec ce nouveau décret, ils recevront bien les rappels à la maison
Le 08/01/2025 à 09h35
Le 08/01/2025 à 18h16
Il faut un lecteur de carte pour accéder a l'adresse.
Et quasi personne n'as besoin de cette info.
Le 08/01/2025 à 18h48
Si seule la police peut lire l'info, tout va bien.
Modifié le 08/01/2025 à 20h39
On peut utiliser le contenu de la carte pour se connecter aux sites web du gouvernement (y a des certificats dedans) ou signer des documents.
Certaines boites avaient tendance a utiliser le contenu de la carte (sans les certificats) pour les trucs de fidélité, ils viennent de se faire crier dessus Carte d’identité comme carte de fidélité : l’APD ordonne à Freedelity de se conformer au RGPD
Le 07/01/2025 à 16h56
Le 07/01/2025 à 17h04
Le 07/01/2025 à 22h28
Parce que si la Police n'a pas que "ça" a faire, elle sert à quoi exactement ?
Perso ma police révé c'est justement la police japonais de proximité, qui gère tous les petits litiges du quotidien en étant, justement, à proximité...pour éviter d'avoir de la Justice populaire (ce qu'un pays civilisé ne veut normalement pas).
Le 10/01/2025 à 10h38
Le 07/01/2025 à 23h50
Et détrompe toi, ça abouti assez souvent ;)
Le 07/01/2025 à 16h56
Le 07/01/2025 à 20h18
Le 07/01/2025 à 21h13
https://www.businessbourse.com/2024/12/19/france-120-milliards-deuros-perdus-chaque-annee-a-cause-de-la-corruption-anticor/
Le 07/01/2025 à 21h53
2eme couche : s'assurer de l'adresse d'un contrevenant y a peu de rapport avec la sûreté dans les transports, d'ailleurs pour les 2 entités citées le contrôle et la sûreté sont bien deux métiers distincts.
Le 10/01/2025 à 08h08
Je trouve déjà scandaleux de ne plus pouvoir prendre le train anonymement, la liberté de circulation est un droit fondamental !
Le 10/01/2025 à 09h00
Le 10/01/2025 à 10h44
Le 11 septembre est passé par là. Les terroristes ont gagné.