Dans la peau d’un livreur Uber Eats
Le 12 juin à 16h41
2 min
Société numérique
Société
4,6 euros par heure si l’on s’attache au temps de disponibilité, 11,6 euros par heure si l’on s’attache au travail effectif.
Vincent Mongaillard, journaliste au Parisien, s’est glissé dans la peau d’un livreur Uber Eats pendant trois semaines, et sa conclusion est claire : difficile de gagner l’équivalent du Smic net (9,40 euros de l’heure) dans cette profession qui réunit tout de même 65 000 personnes au statut d’autoentrepreneur. Entre 2021 et 2024, les revenus horaires bruts auraient chuté de plus de 34 % chez Uber Eats, en comptant l’inflation.
Chaque jour ou presque, il se voit demander de présenter sa carte d’identité ou d’enregistrer un selfie, une manière pour l’opérateur de lutter contre l’usurpation ou la sous-location de compte. Devant la chute de revenus, pourtant, la population des livreurs a nettement évolué : un récent rapport de l’Anses relevait que les travailleurs sans-papiers y étaient désormais surreprésentés.

Quant aux commandes, elles varient en termes de distance – l’expérience fera refuser au journaliste une épopée de Saint-Michel, au cœur de Paris, jusqu’à Nanterre au nord-ouest –, de contenus – dont ce lot de sacs poubelles demandés dans le XVIe un premier mai –, comme de temps d’attente.
Parmi les points de frustration les plus remontés par les livreurs, et expérimentés par le journaliste : le renversement des boissons, qui viennent inonder plus d’une fois les commandes.
Malgré l’aspect aléatoire des réceptions de commande, qui provoquent parfois le sentiment d’être utile, à d’autres moments, celui d’être persona non grata, « le plus dur, quand on est livreur, c’est de savoir s’arrêter », écrit le journaliste.
De la même manière qu’Uber a utilisé des techniques issues des jeux vidéos pour pousser ses chauffeurs à conduire plus, on sent le livreur tenté de faire toujours une livraison supplémentaire, dans l’espoir d’augmenter ses gains.
Du côté de la clientèle, explique le sociologue Fabien Lemozy, la facilité d’usage des applications de livraison a un autre effet secondaire : celui de créer des « rapports de domesticité » avec les travailleurs précaires.
Le 12 juin à 16h41
Commentaires (47)
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Abonnez-vousLe 12/06/2025 à 17h05
Le 12/06/2025 à 17h10
Déçu.
Le 12/06/2025 à 17h11
On se rappellera que Macron a essayé, sans succès heureusement, de torpiller cette directive...
https://www.franceinfo.fr/monde/europe/la-loi-renforcant-les-droits-des-travailleurs-des-plateformes-numeriques-definitivement-adoptee-par-l-union-europeenne_6837275.html#comments-embed
Le 13/06/2025 à 02h28
Il faudrait au minimum doubler les tarifs de livraison pour mettre ça en place (temp d'attente de commande rémunéré, congés, arrêts maladies, prise en charge des accidents du travail, etc)
Pas sur que les client suivent s'il faut payer 2, ou même sûrement 3 fois plus cher.
Après, est ce vraiment un mal si ce genre de service disparaît ? C'est une autre question
Le 13/06/2025 à 08h57
Modifié le 13/06/2025 à 09h07
Le 13/06/2025 à 09h58
Donc sur la période où le revenu horaire brut a chuté de 34 %, l'EBITDA a été multiplié par 8,5 !
Pour une société comme celle-là, qui fait de l'optimisation fiscale ultra massive, la tendance de l'EBITDA est un bon indicateur de la tendance du résultat net.
Uber Eats peut parfaitement supporter une très forte revalorisation de la rémunération des esclaves-livreurs. Ce n'est rien d'autre qu'un choix du conseil d'administration de l'entreprise.
Modifié le 13/06/2025 à 12h11
Abolir l'esclavage à l'époque a probablement coûté cher, puisqu'il fallait payer les désormais salariés pour les tâches effectuées. J'ose faire le parallèle.
Uber Eats et tous les systèmes "vous êtes votre propre patron côté salaire, mais à nos ordres côté hiérarchie" sont juste une manière de contourner les salaires minimums et les acquis sociaux. Ces entreprises sont nuisibles et doivent être démantelées.
Oui, la livraison de repas coutera plus cher, mais elle n'aurait jamais dû coûter aussi peu cher en premier lieu, puisque ça se fait au détriment des droits sociaux. Une forme d'escalavage moderne, où les plus défavorisés n'ont pas les mêmes droits que les autres, en somme.
Le 13/06/2025 à 13h17
Pour celle qui se fait livrer des sacs poubelle le 1er mai, ou celle qui fait faire 30km pour avoir sa salade, elle bougera ses fesses plutôt que passer par un esclave moderne.
Le 13/06/2025 à 18h30
(je ne soucris pas au truc delivroo + ou autre)
donc : indépendement du prix des produits qui peuvent être plus chère dans le propre magasin)
J'ai
Frais de service 3,99€
Frais de livraison 1,49€
(+ 1€ de pourboire que je rajoute systèmatiquement mais c'est une initiative perso.)
Les Frais de services sont quand même plus du double que de ceux de livraison.
Ne devrait pas plutôt être l'inverse ?
Le 23/06/2025 à 02h59
Modifié le 12/06/2025 à 17h23
Modifié le 12/06/2025 à 18h09
Les consommateurs sont responsables mais s’en fichent.
L’exemple des sacs poubelles est sidérant.
Modifié le 12/06/2025 à 21h30
Comme je m'étais amusé à l'écrire dans un post de l'article précédent, d'ici que les donneurs de leçons se donnent bonne conscience car ça permettrait aux livreurs majoritairement sans-papiers de « vivre »... Que de sacrifices moraux ne ferait-on pas pour disposer de ses Uber pressés comme des citrons ou des nounous à faible coût
Le 13/06/2025 à 08h56
Le 13/06/2025 à 13h20
Modifié le 12/06/2025 à 18h21
Avec souvent des équipements peu adaptés (pas de cuissard, vélo mal ajusté, position bizarre a cause du poids de l'énorme sac a dos).
Mais ils doivent continuer a livrer malgré les blessures car sans ça, pas de revenu
Le 23/06/2025 à 03h02
Le 12/06/2025 à 19h35
Le 12/06/2025 à 21h49
Le 13/06/2025 à 11h59
C'est un excellent film que j'ai trouvé très équilibré (pas militant pro-migrants comme je le craignais un peu au vu des hurlements de la fachosphère autour de ce film. [divulgachage] Le seul moment qui m'a gêné, c'est le bon français qui est raciste et la scène suivante, le commerçant qui offre un café : arabe. J'ai trouvé ça caricatural)
Bon, bref, excellent film que je conseille vigoureusement, mais non, ce n'est pas un "thriller à couper le souffle", c'est un film très humain, qui montre la détresse, les limites, les beautés des humains.
Le 13/06/2025 à 09h01
Le 13/06/2025 à 09h20
Le 13/06/2025 à 10h24
Extrait : Donc oui, on recense ici 88% des livreurs Uber Eats qui ne sont pas à plein temps mais ils devraient quand même gagner le SMIC horaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Le 13/06/2025 à 10h27
Le 13/06/2025 à 10h53
Après vérification Uber demande "Une preuve de l'existence de votre entreprise (extrait KBIS ou l’avis de situation au repertoire SIRENE)" https://www.uber.com/fr/fr/deliver/
Ce n'est donc pas une simple activité complémentaire.
Le 13/06/2025 à 11h04
Le 13/06/2025 à 13h34
Le 13/06/2025 à 14h14
Par contre, il y a une limite annuelle pour rester dans ce statut (32k€ de mémoire et sans vérifier). Si on la dépasse, on tombe dans le cas général c'est à dire "profession libérale"
Modifié le 13/06/2025 à 21h30
En réalité, le statut auto-entrepreneur n'est pas un statut juridique, c'est un statut social et fiscal. Tous les auto-entrepreneur ont pour statut juridique l'entreprise individuelle, le même statut que partagent tous les entrepreneurs qui ne sont pas en société. Dépasser le plafond 2 fois de suite ne change pas le statut juridique qui reste entreprise individuelle mais change le statut fiscal qui devient le statut classique dont j'ai oublié le nom.
Modifié le 13/06/2025 à 20h28
Toutes les entreprises en France sont assujetties à la TVA. Par contre, elles ne sont pas forcément redevables selon que les conditions que tu as évoqué. C'est une nuance qui a son importance, par exemple ça signifie qu'une EI n'a pas besoin d'un numéro de TVA aussi longtemps qu'elle n'a pas à la payer.
Edit : ajoutons à cela une contrepartie : le fait de ne pas être redevable de la TVA fait qu'on ne peut récupérer celle-ci sur les achats professionnels.
Le 13/06/2025 à 20h02
Le 13/06/2025 à 20h23
Le 13/06/2025 à 20h00
Le 16/06/2025 à 09h39
Exemple, faire une société à Malte est peut-être plus avantageux que d'être soumis à l'imposition Française :-/
Utiliser les A-E c'est pour le patron n'avoir QUE des factures et pas de paye où il raque à mort.
(Et je dénigre pas les A-E, même si depuis le Covid on a plus de coachs de vie de de gens à coacher
Modifié le 16/06/2025 à 10h41
C'est quoi "que des factures" et "pas de paye" ? On touche bien du net, c'est pas une paye ? Pour ce qui est de raquer, l'auto-entrepreneur est le statut français le moins cher de tous donc bof, quel autre statut français donne une paye et moins de factures ?
Après pour ce qui est d'aller voir à l'étranger, c'est vrai mais c'est plutôt hors sujet, et je doute que ce soit accessible aux niveaux des revenus des livreurs.
Le 16/06/2025 à 10h57
Modifié le 16/06/2025 à 12h39
Le 16/06/2025 à 13h13
Uber c'est pas l'armée du salut... et tant qu'ils sont dans les clous, pourquoi le titiller ce bon Hubert ? On est là pour faire du bizz :)
Modifié le 17/06/2025 à 14h21
Le 17/06/2025 à 14h53
Le 17/06/2025 à 23h34
Le 13/06/2025 à 10h51
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