États-Unis : reconnaissances biométriques sans échappatoire pour les contrôles d’identité
ICEtagram
L'ICE, la police de l'immigration états-unienne, utilise une application de reconnaissance faciale pour vérifier l'identité des personnes qu'elle contrôle dans la rue. Selon des documents du département de la Sécurité intérieure des États-Unis, il ne serait pas possible de refuser le scan de son visage.
Le 03 novembre à 17h06
5 min
Droit
Droit
Les agents de l'ICE, les services d’immigration étatsuniens, ont maintenant à leur disposition une application de reconnaissance faciale. Celle-ci leur permet de vérifier l'identité de personnes qu'ils arrêtent dans la rue sans qu'elles ne puissent refuser. Depuis des mois, plusieurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux, montrant que les agents de l'ICE n'hésitent pas à s'en servir pour contrôler des jeunes en vélo, des personnes dans leur voiture ou à pied.
Cet été, 404 Media révélait que les agents de l'ICE pouvaient utiliser via leur smartphone une application dédiée : Mobile Fortify.
Celle-ci permet aux utilisateurs de vérifier l'« identité biométrique en temps réel grâce à la capture d'empreintes digitales sans contact et d'images faciales », deux fonctionnalités directement disponibles sur le smartphone fourni par l'ICE à ses agents, expliquait un email interne de l'ICE qu'ont pu obtenir nos confrères.
Mobile Fortify s'appuie sur la base de données de photos prises aux douanes des États-Unis par la CBP (Customs and Border Protection), l'autre agence de l'immigration états-unienne.
Impossible de refuser
Mais, selon des documents officiels du département de la Sécurité intérieure des États-Unis récemment obtenus par 404 Media, il serait impossible pour les personnes contrôlées de refuser la reconnaissance faciale effectuée par Mobile Fortify. L'agence a donné très peu d'informations sur cette application.
En septembre dernier, explique le Chicago Sun Times, neuf sénateurs démocrates ont écrit [PDF] au directeur de l'ICE pour avoir plus d'informations sur cette application qui « permettrait aux agents de pointer un smartphone vers le visage ou les empreintes digitales d'une personne et de l'identifier grâce à une comparaison biométrique avec plusieurs bases de données fédérales ». Le média de l'Illinois explique d'ailleurs qu’elle n'est qu'une partie d'« un arsenal croissant » d'outils biométriques de vérification d'identité et de statut, citant aussi la reconnaissance de l'iris, l'utilisation de lecteurs de plaques d'immatriculation et la comparaison des empreintes digitales dans les diverses bases de données de police et de services d'immigration.
Les documents obtenus par 404 Media confirment que Mobile Fortify utilise la base de données du « service de vérification des voyageurs » du CBP mais aussi d'autres bases de données pour chercher une correspondance avec le visage de la personne interpelée parmi 200 millions d'images.
Des données stockées pendant 15 ans
Selon l'un des documents, les données de n'importe quelle personne peuvent être collectées : « bien que l'application Mobile Fortify ait pour objectif d'identifier les étrangers susceptibles d'être expulsés des États-Unis, les utilisateurs peuvent l'utiliser pour collecter des informations identifiables sur des individus, indépendamment de leur citoyenneté ou de leur statut d'immigration. Il est concevable qu'une photo prise par un agent à l'aide de l'application mobile Mobile Fortify puisse être celle d'une personne autre qu'un étranger, y compris un citoyen américain ou un résident permanent légal ». D'ailleurs, comme le fait remarquer ArsTechnica, dans cette vidéo où l'agent de l'ICE demande de scanner le visage de la personne, celle-ci affirme être un citoyen américain et avoir déjà montré sa carte d'identité.
Les photos pourront ensuite être utilisées par le CBP pendant des années : « le CBP enregistre les nouvelles photographies et empreintes digitales, prises à l'aide de Mobile Fortify […] et les conserve pendant 15 ans ». Si l'application est censée servir en priorité aux agents de l'ICE, 404 Media note que les documents prévoient que les agents du CBP assignés à des tâches de l'ICE peuvent aussi l'utiliser. Et nos confrères soulignent que des dizaines de milliers d'agents ont été réassignés à l'ICE récemment.
« Les responsables de l'ICE nous ont dit qu'une correspondance biométrique apparente établie par Mobile Fortify constituait une détermination "définitive" du statut d'une personne et qu'un agent de l'ICE pouvait ignorer les preuves de citoyenneté américaine, y compris un certificat de naissance, si l'application indiquait que la personne était un étranger », explique l'élu démocrate à la Chambre des représentants, Bennie G. Thompson interrogé par Arstechnica. Selon lui, cette application est « dangereuse » et constitue une « attaque inconstitutionnelle contre les droits et libertés des Américains ».
« Nous aurions dû interdire l'utilisation de la reconnaissance faciale par le gouvernement lorsque nous en avions l'occasion, car elle est dangereuse, invasive et constitue une menace inhérente aux libertés civiles », s'est lamenté Matthew Guariglia de l'Electronic Frontier Foundation auprès de 404 Media.
États-Unis : reconnaissances biométriques sans échappatoire pour les contrôles d’identité
-
Impossible de refuser
-
Des données stockées pendant 15 ans
Commentaires (32)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousLe 03/11/2025 à 17h25
Le 03/11/2025 à 17h34
Le 03/11/2025 à 19h23
Le 04/11/2025 à 22h30
Le 03/11/2025 à 17h25
Le 03/11/2025 à 17h35
Le 03/11/2025 à 20h52
Le 04/11/2025 à 09h22
Puis viendra ton tour.
Le 04/11/2025 à 10h27
Je ne fais pas de refus d'obtempérer, je donne mes papiers lorsqu'on me les demande.
Pourquoi des gens se refusent à çà ?
Le 04/11/2025 à 10h46
Le 04/11/2025 à 14h38
Le 05/11/2025 à 09h25
Le logiciel s'est trompé et je sors de la GAV.
Le 04/11/2025 à 14h46
Ensuite, on parle des US là, pas de la France, où d'ailleurs (en France) tu n'es pas obligé de te balader avec une CNI (officiellement elle n'est pas obligatoire. Bon, ça va être très compliqué sans, mais elle n'est pas obligatoire).
Enfin - si c'est ça qui t'a fait tiquer - ma dernière phrase (puis viendra ton tour) était une référence à ça : Quand ils sont venus chercher... ,qui me semble, malheureusement, encore bien d'actualité, et encore plus quand je lis ta réponse (mais p-ê que je l'interprète mal).
Le 05/11/2025 à 09h29
Ou alors il veut jouer au con et être un rebelle de la société. Mais il sait ce qu'il risque. Tu veux jouer, bin t'as perdu :)
Le 05/11/2025 à 21h52
Le 04/11/2025 à 20h42
Le 03/11/2025 à 17h25
Le 03/11/2025 à 17h38
Avec le populisme qui à poussé partout en partie "grâce/à cause" du 1er mandat de l'ami orange et de sa clique, c'est la vision de l'état de droit que se répend partout, la loi de la majorité la plus forte.
Le 03/11/2025 à 17h44
Le 03/11/2025 à 17h50
Ah aussi pour information Frontex fait de même par chez nous, bien que ce soit encore en "test" comme ils disent.
Le 03/11/2025 à 17h41
Comme cela les gentils américains sauront immédiatement qui est un bon amércain ou qui est un dangereux terroriste en puissance.
Ils pourraient de ce fait les mettre à part dans les bus, pour les toilettes publiques, etc. etc.
On sent que les années 50/60 manquent à un grand nombre de gentils américains.
Le 03/11/2025 à 18h57
Le 03/11/2025 à 19h25
Le 03/11/2025 à 19h43
L'image est celle d'un sheriff nommé chef de l'ICE sous Biden. Comme quoi le hasard de la recherche fait bien les choses !
Le 03/11/2025 à 17h56
Le 03/11/2025 à 19h06
Le 03/11/2025 à 20h27
Le 03/11/2025 à 21h04
Les gens qui participent à ces crimes légaux pourraient bien être les prochains. C'est tout le problème de intolérance (racisme, sexisme, validisme, extrémisme religieux...), il n'y a aucune limite aux critères pour lesquels on exclus ceux qui ne nous ressemblent pas ou ne pense pas comme nous, ça peut toucher absolument tout le monde... Mais tant que ce n'est pas moi, tout va bien...
Le 04/11/2025 à 08h17
Les autres se sont fuits les uns car racistes les uns envers les autres. A la fin l'un des deux s'en va aussi.
Le 05/11/2025 à 09h31
Le 05/11/2025 à 11h47
Le 05/11/2025 à 11h46
Signaler un commentaire
Voulez-vous vraiment signaler ce commentaire ?