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Des traces de vie sur Mars ? De l’annonce de la NASA à la mise en avant de… Donald Trump

C’est en faisant n’importe quoi qu’on devient… patron de la NASA ?

Des traces de vie sur Mars ? De l’annonce de la NASA à la mise en avant de… Donald Trump

L’association est pour le moins surprenante, mais elle est faite par l’administrateur par intérim de la NASA Sean Duffy, un proche de Donald Trump. Il en profite pour faire sa pub et brosser le président des États-Unis dans le sens du poil. Une communication orchestrée sous la forme d’un dossier de candidature à la tête de la NASA.

Le 11 septembre à 17h18

Hier, la NASA a publié un communiqué affirmant que le rover martien Perseverance a « découvert une potentielle biosignature l'année dernière ». Elle se trouverait dans un échantillon collecté dans l’ancien lit d’une rivière asséché à l’intérieur du cratère Jezero.

Conditionnel et « potentielle », le duo habituel dans ce genre de cas

Une biosignature potentielle, rappelle la NASA est « une substance ou une structure qui peut avoir une origine biologique, mais qui nécessite davantage de données ou d’études plus approfondies avant de pouvoir conclure à l’absence ou à la présence de vie ».

La Cité de l’Espace à Toulouse consacre un long article détaillé à cette découverte : « Le rover Perseverance a trouvé des traces de vivianite et de geigite sur une roche martienne. Sur Terre, ces éléments sont générés par la vie. Mais, prudence, un retour d’échantillon s’avère nécessaire pour confirmer que ces molécules sont bien des biosignatures ».

La NASA prévoyait au début un programme de récupération des échantillons collectés par Perseverance : Mars Sample. Il y a un an, le coût élevé de la mission poussait la NASA à chercher des alternatives. L’administrateur de la NASA semble y croire : « Nous examinons comment récupérer cet échantillon. Nous pensons qu’il existe une meilleure façon de le faire, une façon plus rapide ». Fin 2024, la NASA se donnait 18 mois pour réfléchir à une solution, il reste donc encore du temps.

Durant une conférence de presse, Lindsay Hayes, la scientifique principale pour l’exploration de Mars à la NASA, remet, elle aussi, l’église au centre du village : « Je tiens à rappeler à tout le monde que ce que nous décrivons ici est une biosignature potentielle. C’est un élément, une molécule, une substance ou une caractéristique qui pourrait avoir une origine biologique, mais qui nécessite davantage de données ou une étude plus approfondie avant de parvenir à une conclusion sur la présence ou l’absence de vie ».

L’Agence précise bien que ces minéraux peuvent aussi avoir été générés par des processus abiotiques. La NASA a exploré cette piste pendant un an sans résultat dans un sens ou dans l’autre. Elle en appelle donc à la communauté en attendant un éventuel retour des échantillons

La NASA et la Cité de l’espace rappellent qu’il existe une « échelle de confiance dans la détection de la vie » (CoLD pour Confidence of Life Detection, lancée en 2021). L’annonce du jour est au niveau 1 de l’échelle, nous sommes donc encore loin d’une réponse tranchée.

Eh là qui va là ? Donald Trump

L’actuel administrateur par intérim de la NASA, Sean Duffy, fait une déclaration pour le moins surprenante : « Cette découverte de Perseverance, lancé pendant le premier mandat du président Trump, est la plus proche que nous ayons fait sur la découverte de la vie sur Mars ». Un « enthousiasme » pour une hypothèse qui demande encore de nombreuses confirmations et la mise en avant d’un président qui n’est pas dans l’habitude des administrateurs de la NASA, généralement plus réservés.

Mais le cas de Sean Duffy est particulier, comme celui qui l’a installé à ce poste. Il est aussi secrétaire aux Transports des États-Unis dans le gouvernement Trump et, lors de sa nomination à la tête de la NASA par Donald Trump, il a soulevé de nombreuses critiques. En effet, il ne possède aucune expérience dans les sciences et l’aérospatial. Son principal atout ? Être un proche du président, comme le rappelle RTL.

Si le lancement de la mission s’est bien fait pendant le premier mandat de Trump, elle était prête bien avant et avait débuté une dizaine d’années auparavant. Et on ne peut pas dire que Donald Trump soit un fervent défenseur de la science et de la recherche. Nous avons déjà eu l’occasion de l’expliquer à plusieurs reprises, le président impose son idéologie, attaque la NASA et les données scientifiques, efface et censure des mots, etc.

« Putting American boots on Mars »

Sean Duffy ne s’arrête pas en si bon chemin et affirme que l’engagement de la NASA à poursuivre son « objectif de déployer des troupes américaines sur le sol rocheux de Mars », avec la formulation « putting American boots on Mars’ rocky soil » en anglais dans le texte. De la potentielle trace d’une vie passée à la colonisation de Mars, il n’y a donc qu’un pas pour l’administrateur de la NASA. Cette déclaration s’inscrit en fait dans un cadre plus large.

Hier, la NASA a publié sur son compte YouTube une vidéo en l’honneur de Donald Trump et de Sean Duffy, avec des ambitions qualifiées de « lunaires » (dans les deux sens du terme) par la Cité de l’espace. Elle commence sur les chapeaux de roues : « Le président et Trump et moi avons une mission. Les États-Unis sont leader sur Terre et dans l’espace. Nous retournons sur la Lune et cette fois, nous y resterons ». Une ambition « lunaire » aussi sur la question du budget de la NASA, dans lequel Donald Trump a largement coupé.

« Maintenir la domination américaine »

Cette présentation a tout d’une vidéo promotionnelle pour les deux hommes, dont l’un des deux souhaite rester à la tête de l’Agence spatiale américaine ; il sait donc qui il doit brosser dans le sens du poil. La vidéo enchaine de plus belle : « Notre mission est de maintenir la domination américaine dans l’espace. La Chine veut y arriver, mais nous y arriverons en premier. Nous gagnerons la seconde course à l’espace. Je m’engage à nous ramener sur la Lune avant que le président Trump ne quitte ses fonctions ». Début 2029 donc, puisque le président américain est élu pour quatre ans.

En 2020 – c’est-à-dire pendant le premier mandat du président Trump –, le programme Artemis prévoyait un décollage pour la troisième mission (avec un équipage qui doit se poser sur la Lune) en 2024 suite à une déclaration de Trump avec une petite phrase qui avait pris beaucoup de monde de court : « arrêtez de me raconter des histoires, je veux quelqu'un en 2024 ». Cinq ans plus tard, Artemis II n’a toujours pas décollé et est attendue pour l’année prochaine.

Le côté « America first » se retrouve aussi dans le discours de Nicky Fox, administratrice associée de la NASA, qui occulte les nombreux partenaires de la NASA sur cette mission : « cette découverte est le résultat direct des efforts de la NASA pour planifier, développer et exécuter stratégiquement une mission capable de fournir exactement ce type de science ». Rappelons que la NASA n’est pas seule sur Perseverance, l’Europe participe à trois instruments, notamment la France avec SuperCam.

One more thing : et si on trouvait des traces de vie ?

Nous avions discuté de ce sujet avec le planétologue Sylvestre Maurice. Il nous expliquait que, découvrir des traces de vies passées serait « une révolution de pensée ». Cela casserait aussi l’unicité de la Terre et on pourrait facilement en conclure que puisque la vie a pu se développer sur deux planètes, elle existe partout. C’est le même raisonnement qu’avec les planètes habitables et les exoplanètes.

Commentaires (21)

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En petite forme le Donald, il nous a habitué à mieux. Retourner sur la Lune, piece of cake, ça manque d'ambition. :chinois:
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Déplacer la Maison Blanche directement sur la Lune (quitte à être le leader de l'espace, autant y aller franchement, non ?).
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Il suffit de suggérer à Trump d'aller faire un 18 trous sur la Lune pour s'en débarrasser. :D
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Quand à cause de la très faible pesanteur il n'en mettra plus une, il reviendra :D
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Oui mais les trous sont gros là-bas.
:ane:
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Faudrait voir avec Stormy Daniels s'il vise bien les trous sur Terre :bocul: :mdr2:
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Bah, avec le fanatisme ambiant des dirigeants d'agence nommés par l'ami d'Harvey, il est probable qu'on ait aussi des annonces comme quoi un vaccin contre le cancer a été trouvé ou qu'un projet sur la fusion froide a abouti parceque le leader suprême y a jeté un regard bref mais décisif...
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Ce serait assez étonnant : les vaccins sur mesure contre le cancer sont des vaccins à ARNm, précisément ceux dont Trump a coupé les financements.
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Non mais vu le niveau scientifique du gouvernement, ce sera un vaccin homéopathique ou un vaccin à base d'eau de javel...
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On n'en serait pas à leur premier monceau d'incohérences.
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C'est en faisant n'importe quoi, qu'on fait n'importe quoi.
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Before Trump leaves office

Je ne pense pas que ça fasse plaisir à Trump puisqu'il ne veut pas leaves office
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Qui te dit qu'il va leave the office ?
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Au minimum, ça sera les pieds devant. :fumer:
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non il va profiter des recherches lancées par les pontes de la tech US ou de Poutine et Xi sur la vie éternelle. Bon ca implique une vie éternelle mais en orange.
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Le point important que l'article oublie de mentionner, c'est que la mission en coopération avec l'ESA qui vise a récupérer des échantillon et donc permettre de confirmer les possibles traces de vie, via des analyses terrestres bien plus poussées, est sur le point d'être annulée suites aux coupe importantes que Trump a décidé dans le budget recherche de la NASA.
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Ce point est abordé par l'article :
La NASA prévoyait au début un programme de récupération des échantillons collectés par Perseverance : Mars Sample. Il y a un an, le coût élevé de la mission poussait la NASA à chercher des alternatives. L’administrateur de la NASA semble y croire : « Nous examinons comment récupérer cet échantillon. Nous pensons qu’il existe une meilleure façon de le faire, une façon plus rapide ». Fin 2024, la NASA se donnait 18 mois pour réfléchir à une solution, il reste donc encore du temps.
Le questionnement lié au coût de la mission est antérieur à la prise de fonction de Trump.
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Les doutes sur le coût sont en effet bien antérieurs à la réélection de Trump, mais les coupes dans le budget de la recherche spatiale décidées par Trump semblaient avoir clôturé le projet définitivement. Espérons que la découverte de Perseverance relance l'intérêt.
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Il y a quand même un problème.

Trump est maintenant dans le move "Christianisme non confessionnel".


On ne peut pas affirmer qu'il se soit penché sur ces questions (qui sont parfois tabous dans certaines paroisses).

Il est donc admissible de dire que pour Trump : Dieu a créé la vie sur terre et pas autre part.

De la a financer une mission spatiale pour trouver / valider que la vie existe ailleurs...




Ah nan... ça y est... j'ai compris.

J'avais oublié que dès que c'est pour faire la nique au commies (les vilains rouges) tout est permis.

Haaa c'est ma faute désolé.


So help me god....
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Ne jamais rater une occasion de rappeler que l'Amérique ce n'est pas que les USA, mais aussi tout un tas d'autres pays, du Canada au Chili en passant par le Pérou.
American boots on Mars, ce serait très drôle que ce ne soient pas des étasuniennes :langue:
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C'est quand même assez mal parti. Les deux seul pays qui on les moyens techniques et l'ambition de faire ça sont les USA et la Chine.
L'inde a l'ambition mais pas encore les moyens technique suffisants (bien qu'il s'améliorent). L'Europe à les moyens techniques mais pas l'ambition.

Des traces de vie sur Mars ? De l’annonce de la NASA à la mise en avant de… Donald Trump

  • Conditionnel et « potentielle », le duo habituel dans ce genre de cas

  • Eh là qui va là ? Donald Trump

  • « Putting American boots on Mars »

  • « Maintenir la domination américaine »

  • One more thing : et si on trouvait des traces de vie ?

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