Trump attaque encore la NASA, la NOAA, la recherche et les données scientifiques
"Houston, we have a problem"

La NASA a annoncé hier la suppression du poste de « scientifique en chef » de l'agence, un poste qui concerne tous les programmes scientifiques de la NASA et jusqu'alors occupé par Katherine Calvin, chercheuse qui travaille sur le climat. En parallèle, les licenciements continuent à la NOAA et le Pentagone « se débarrasse » des recherches en sciences sociales qu'il finançait.
Le 11 mars à 14h00
6 min
Droit
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L'administratrice par intérim de la NASA nommée par Donald Trump, Janet Petro, a envoyé le lundi 10 mars au personnel de l'agence un email annonçant, entre autres, la suppression du bureau de la scientifique en chef de la NASA qui est occupé par la chercheuse Katherine Calvin, reconnue pour son travail sur le climat.
L'agence avait déjà décidé, fin février, de bloquer son budget consacré au GIEC ainsi que la participation de Katherine Calvin à la conférence du groupe d'experts. Elle y était attendue pourtant en tant que co-responsable du groupe de travail III, qui se concentre sur l'atténuation du changement climatique.
Suppression des bureaux de conseils scientifiques et technologique
Comme le rappelle Science, ce bureau est à distinguer, au sein de l'agence, de la direction des missions scientifiques de la NASA. Son rôle était de « conseiller l'administratrice de la NASA et de veiller à ce que la voix de la science soit bien présente au siège et coordonnée entre les différentes branches de l'agence », explique la revue scientifique. Il existait depuis les années 80, même si le poste de responsable a parfois été vacant.
Cette suppression n'est pas la seule mesure de réduction des effectifs en cours à la NASA. Janet Petro annonce dans son email la suppression du Bureau Technologie, Gouvernance et Stratégie. Celui-ci, créé en 2021 sous le gouvernement Biden et issu de deux autres services, devait notamment appuyer ses conseils sur des données et des preuves, expliquait SpaceNews, à l'époque.
Janet Petro a aussi annoncé, suivant ses collègues des autres agences fédérales, la suppression du service « Diversité, équité et inclusion » de la NASA. L'administratrice explique ces décisions par l'application du décret pris par Donald Trump le 11 février dernier qui met en place le DOGE dirigé par Elon Musk.
1029 employés de plus licenciés à la NOAA
En parallèle, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) est allé plus loin dans la coupe de ses effectifs. Cette agence qui joue un rôle très important dans la gestion des données et le travail sur le climat, avait déjà renvoyé plusieurs centaines d'agents en période d'essai en février et planifié de se séparer de bâtiments abritant des projets importants. Mais, selon The Hill, l'agence prévoit maintenant le départ de 1 029 employés. D'après les sources de nos confrères, l'agence est poussée à se séparer de branches entières plutôt que de réduire les effectifs un peu partout.
Cette nouvelle demande se fait alors que des employés précédemment renvoyés sont rappelés, explique The Hill sans pouvoir, cependant, quantifier le nombre de retours.
L'agence n'a pas voulu répondre au média, affirmant seulement : « la NOAA reste dévouée à sa mission, qui consiste à fournir des informations, des recherches et des ressources en temps opportun au public américain et à garantir la résilience environnementale et économique de notre pays ».
Le New York Times explique pourtant que les départs qui ont déjà eu lieu ont eu des effets sur plusieurs missions de l'agence. Et de lister : la prévision des ouragans et des tornades, la surveillance de la pêche et des espèces menacées et le suivi des modifications du climat et des écosystèmes dues à l'humain.
Le ministère de la Défense se « débarrasse » des sciences sociales
Les financements de la recherche sont traqués dans toutes les administrations fédérales par le gouvernement de Donald Trump. Ainsi, le ministère de la Défense (Department of Defense, DoD) a annoncé vendredi dernier via un communiqué de presse qu'il « se débarrass[ait] de la recherche en sciences sociales » et arrêtait net le financement de 91 études scientifiques.
Le DoD donne une liste non-exhaustive de ces recherches qui portent notamment sur les conséquences du changement climatique sur certaines populations mondiales, sur l'extrémisme, sur l'utilisation du complotisme comme arme, ou encore des études sur les migrations.
Interrogé par CNN, le porte-parole du ministère affirme que le DoD « travaille en étroite collaboration avec le DOGE pour identifier les gains d'efficacité et les économies dans l'ensemble du ministère au nom des contribuables, tandis que nous restaurons l'éthique guerrière et recentrons notre armée sur sa mission principale, qui est de dissuader, de combattre et de gagner des guerres ». Il a ajouté « le fanatisme climatique et les autres chimères de la gauche ne font pas partie de cette mission fondamentale ».
Ces sujets peuvent pourtant être très utiles à l'armée pour comprendre le monde dans laquelle elle doit agir. À CNN, l'ancien secrétaire adjoint de l'armée de l'air pour l'énergie, les installations et l'environnement, Ravi Chaudhary, a déclaré que les programmes relatifs au climat ne sont pas seulement importants pour donner à l'armée américaine un avantage sur des adversaires tels que la Chine, mais qu'ils contribuent également à assurer la sécurité des militaires et de leurs familles.
« Je pense qu'ils sont bloqués sur le mot « climat » et qu'ils ne voient pas les impacts opérationnels », a déclaré à CNN, un responsable anonymisé par le média, ajoutant que les réductions poseront des « problèmes de préparation dans tous les domaines ».
Réagissant à l'article de CNN, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Pete Hegseth a déclaré sur X : « le DoD ne fait pas de conneries sur le changement climatique. Nous nous occupons d'entraînement et de combat ».
Ces abandons des financements de recherche s'accompagnent de l'arrêt d'outils s'appuyant sur des données scientifiques. Par exemple, le site web d'un programme de surveillance de la qualité de l'air dans le monde qui s'appuyait sur le réseau des ambassades et consulats américains dans le monde entier « afin d'informer le personnel et les citoyens américains à l'étranger ». Celui-ci affiche maintenant une page d'erreur 404. On peut voir, grâce à Internet Archive, que la page donnait des informations sur l'état de l'air partout dans le monde.
Selon le média EOS, les données seraient pour l'instant encore collectées via les capteurs situés dans les ambassades américaines mais elles ne seraient plus reportées sur le site AirNow.gov géré par l'agence de protection environnementale fédérale Environmental Protection Agency (EPA).
Trump attaque encore la NASA, la NOAA, la recherche et les données scientifiques
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Suppression des bureaux de conseils scientifiques et technologique
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1029 employés de plus licenciés à la NOAA
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Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 11/03/2025 à 15h56
Le 11/03/2025 à 21h08
Modifié le 11/03/2025 à 23h23
Mais c'est très con...en 2 secondes avec Urban VPN par exemple, la géo restriction saute illico...
Comme paris.fr d'ailleurs... Trop con à la Mairie de Paris aussi...
Le 11/03/2025 à 16h09
Le 11/03/2025 à 16h20
Le 11/03/2025 à 17h01
autres » ?
Le 11/03/2025 à 22h11
Même si plusieurs auteurs autres que Churchill sont crédités de citations similaires (Marx notamment, si ma mémoire est bonne)
Le 12/03/2025 à 00h30
Yep, mais aussi on parle des states qui ne connaissent que leur propre histoire (tout comme leur propre géographie).
Le 12/03/2025 à 14h44
Mais bon, quand on construit son pays sur un cimetière indien .....
Le 11/03/2025 à 19h59
1984idiocracy était un film, pas un manuel...Modifié le 12/03/2025 à 11h45
Le 11/03/2025 à 22h47
Modifié le 11/03/2025 à 23h35
(Avec la voix de Stallone)
"Nous, à la World Company, on a énormément dégraissé pour maximiser le profit. On a tellement maximisé que maintenant il ne reste plus que moi et mon collègue Sylvester dans l'entreprise."
"Mais j'ai l'impression qu'il me regarde bizarrement depuis que nous ne sommes plus que 2. Je pense qu'il veut prendre mon poste pour ensuite me virer."
"Salaud de capitaliste !"
Le 12/03/2025 à 11h43
- Ca y est les gars le monde est libre ! y a plus de lois!! Enfin il en reste 2. Première loi : la gravité. quand tu lâche un truc il tombe. 2ème lois: la loi des 20% : 20% des gens auront 100% du pognon.
et là y a Robert au fond de la salle qui demande:
- mais ils feront quoi les 80% restant.
- Robert t'es viré !
Du coup ça s'enrichie à donf à mesure que le nombre de personnes dans le Bureau de la World Company se réduit.
Vient ensuite la séquence que tu décris. et ça conclut par
"Et puis j'entends ces bruits bizarres dehors" avec une vue en ombre chinoise de gens en train de manifester.
Modifié le 12/03/2025 à 18h05
Et oui c'est vrai quand j'y repense, ils ne parlaient jamais de profit mais toujours de pognon.
Modifié le 12/03/2025 à 17h56
Le 12/03/2025 à 17h53
Modifié le 13/03/2025 à 13h55
Edit : d'autant que le DoD a mené ses propres études prospectives sur le réchauffement global et l'a qualifié de menace majeure pour les USA.
Le 13/03/2025 à 13h58
Le 13/03/2025 à 16h57