La Commission Européenne négocierait le passage de son cloud de Microsoft à OVHcloud
Mario Draghi aime ce message

La Commission européenne serait entrée en négociations avec le français OVHcloud, en vue de faire migrer ses services cloud, actuellement hébergés chez Microsoft, vers une solution souveraine.
Le 19 juin à 17h40
4 min
Logiciel
Logiciel
Le geste aurait une portée aussi stratégique que symbolique : d'après Euractiv, la Commission européenne a décidé d'abandonner Microsoft pour l'hébergement de ses services cloud. Le projet serait suffisamment avancé pour que Bruxelles ait commencé à sonder le marché. En l'occurrence, l'exécutif européen serait même entré en « négociations avancées » avec OVHcloud, sans qu'on sache quel est le périmètre concerné par cette potentielle migration.
Point de bascule ?
Selon Euractiv, qui affirme tenir ses informations de trois sources impliquées dans le dossier, la décision de la Commission européenne découlerait notamment de l'initiative de lobbying Eurostack, qui a réuni de nombreux industriels européens (du cloud ou des télécoms, mais aussi d'autres secteurs) autour d'un message de mobilisation en faveur d'une véritable souveraineté numérique européenne.
D'après l'une des sources citées par Euractiv, la Commission européenne considèrerait qu'elle peut jouer un rôle de modèle vis-à-vis des États membres et des différentes administrations qui lui sont rattachées. Elle aurait donc, conformément à l'appel porté par les représentants d'Eurostack, décidé de donner l'exemple.
L'incident relatif à la suppression du compte de messagerie d'un membre européen de la Cour pénale internationale, à la demande de l'administration Trump, aurait enfin joué un rôle dans la mise en branle de ce chantier, estime Euractiv. Microsoft a pour mémoire nié avoir coupé l'accès à la messagerie en question.
OVHcloud en pôle position ?
« Oui, c'est vrai. On bosse sur le sujet avec CE », a publiquement admis Octave Klaba, cofondateur et président d'OVHcloud.
« Des discussions sont effectivement en cours, avec la Commission comme avec d'autres institutions & organisations publiques et privées qui évaluent des projets de migration vers un cloud souverain. Ces échanges, de plus en plus nombreux avec les clients d'OVHcloud et les organisations traduisent une dynamique de fond, et nous positionnent comme l'une des alternatives pour un cloud souverain en Europe », commente de façon plus circonstanciée un porte-parole de l'entreprise, contacté par Next.
Des négociations avancées ne signifient toutefois pas qu'un accord soit trouvé. En l'occurrence, OVHcloud serait en pôle-position, mais Bruxelles entretiendrait aussi des discussions avec d'autres grands noms européens du secteur, parmi lesquels le français Scaleway (groupe iliad), l'allemand IONOS ou l'italien Aruba.
Nos confrères ne l'évoquent pas, mais la Commission européenne pourrait aussi choisir de ménager la chèvre et le chou en se tournant vers des initiatives comme Bleu (Orange et Capgemini, avec Microsoft) et S3ns (Thales, avec Google), toutes deux en phase de qualification SecNumCloud. Elle pourrait ainsi « rester chez Microsoft » avec du « cloud de confiance ».
Quelles que soient l'issue des discussions et la décision finale de la Commission européenne, cette indiscrétion éclaire d'un jour nouveau les grandes promesses formulées ces dernières semaines par les géants américains du cloud en direction de l'Europe.
Amazon Web Services a par exemple formulé début juin de nouveaux engagements en matière de cloud public, tandis que Microsoft a été encore un cran plus loin, avec le lancement d'un programme Sovereign Private Cloud, censé garantir « que les données des clients restent en Europe, sous la loi européenne, avec des opérations et un accès contrôlés par le personnel européen, et que le chiffrement est sous le contrôle total des clients ».
La Commission Européenne négocierait le passage de son cloud de Microsoft à OVHcloud
-
Point de bascule ?
-
OVHcloud en pôle position ?
Commentaires (23)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousLe 19/06/2025 à 17h51
Le 19/06/2025 à 17h53
Le 19/06/2025 à 17h54
Modifié le 19/06/2025 à 18h44
La Commission utilise Office 365 pour la collaboration interne, est-ce ce qu'on entends par là ? Ou est-ce qu'on parle de l'hébergement de certains sites/applications ?
Dans le premier cas, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle (c'est au mieux neutre) si la Commission va sur les offres Office 365 d'OVH : c'est une offre revendeur, les données seront toujours chez Microsoft, simplement la Commission européenne fera le virement à OVH qui fera lui-même le virement à Microsoft en prenant un petit pourcentage par dessus.
OVH a bien une offre Zimbra pour les mails, mais à ma connaissance aucune offre de suite collaborative hébergée en Europe.
Dans le deuxième cas, très bonne nouvelle !
Le 19/06/2025 à 19h51
possible ss titre : La commission change de cremerie ?
Le 19/06/2025 à 20h19
Le 19/06/2025 à 22h47
Le 21/06/2025 à 01h03
Modifié le 19/06/2025 à 20h32
Probablement de l'hébergement de services Web, ou encore du stockage de données, des outils d'analytiques, etc.
Le 19/06/2025 à 20h44
Le 20/06/2025 à 00h36
J'aimerais de la régulation, et si l'offre de service de ces entreprise ne convient pas, que l'aide publique aident des hébergeurs qui sont prêts à combler les manques.
Le 20/06/2025 à 07h48
Modifié le 20/06/2025 à 08h54
En vrac :
Les commerciaux des CSP US sont très agressifs, même entre eux. Ceux de Google arrivent à te faire croire que AWS et Azure ne savent faire que du IaaS et que GCP est le seul capable de fournir du PaaS ou du SaaS, par exemple. GCP attaque aussi par le métier ou les devs afin de pouvoir mettre le pied dans la porte. (remarque, les autres aussi)
Sans oublier les crédits accordés par les CSP lors d'une migration chez eux : "on t'aide à redev ton appli (trad : on paye une SSII partenaire pour le faire) si tu t'engages à X millions d'euros de conso sur X années". Dans la tête de beaucoup de managers (vécu aussi), ça se traduit en : "ils vont redev mon appli pour moi, chic rien à payer".
Ils vantent des coûts plus bas tout en oubliant les coûts cachés ou de réversibilité.
Les intégrateurs ne savent faire que du AWS/Azure/GCP, cf les partenariats avec les sociétés de service. Ce qui contribue à réduire la visibilité des CSP européens.
Méconnaissance de l'offre européenne : dans la tête de pas mal de monde, OVH ou Scaleway, c'est que pour faire du IaaS ou du bare metal alors qu'ils ont des offres PaaS.
Vendor lock : les services PaaS impliquent souvent d'intégrer dans le dev de son appli des frameworks spécifiques au CSP pour profiter de l'authentification entre les composants Cloud (ex : accès au gestionnaire de secrets du CSP, utiliser son système d'authent pour logger les utilisateurs, etc.). Une fois dedans, on se prend un coût de réversibilité qui peut inquiéter ou dissuader.
Sur le dernier point, je trouvais que ça manquait justement chez OVH ou Scaleway par exemple. Cela dit, en regardant par curiosité, j'ai observé qu'ils ont depuis ajouté un IAM managé et un gestionnaire de secrets à leurs offres. Voilà qui est intéressant !
Le 20/06/2025 à 10h37
D'une part, ce n'est pas mis en valeur par OVHCloud, d'autre part le niveau de maturité est limité vs AWS Lambda ou Azure Functions par exemple.
Une solution serait de mettre en place une couche EU de FaaS on top des CSP européens. Dans l'idéal, une couche standardisée et interopérable ou même commune (on peut rêver).
Standardiser les APIs (au moins les services de base), les contrats de service, etc... permettrait de faciliter le boulot des devs et les choix des décideurs, tout en compliquant le verrouillage vendeur.
Le 20/06/2025 à 11h02
Pour le point de mise en avant que tu soulèves : c'est effectivement un défaut de nos CSP. Ils sont loin d'être aussi bons commercialement que les américains. Une stratégie commerciale, ça ne s'improvise pas et les techos sont rarement très bons dans le domaine.
Le 20/06/2025 à 12h34
Modifié le 20/06/2025 à 08h58
Le 20/06/2025 à 09h25
Ouais, les "décideurs" savent défendre leur position… personnelle.
Le 20/06/2025 à 09h31
Le 20/06/2025 à 09h32
Le 20/06/2025 à 09h39
Le 20/06/2025 à 09h47
C'est idiot, le loup dans la bergerie !
Je ne suis pas pro OVH ou consorts, mais quand on dit qu'il faut des GAFAM réellement européens dans le plan Draghi, il faut des actes.
Surtout, assortir ces futurs contrats d'une golden share pour éviter qu'ils se vendent ensuite ! Société européenne a capitaux européens, en dernier ressort, la banque centrale peut acheter comme elle l'a fait durant la pandémie de COVID. Courage !
Le 23/06/2025 à 23h24
J'ai hâte que la CE l applique pour elle et les entités de pays et au plus local...
Quand je dois contacter un élu local ou faire une demande de papier en ligne via les US...