Mineurs : l’Assemblée vote une enquête pour évaluer les effets psychologiques de TikTok
En six lettres : son abus est dangereux pour la santé ?

Les députés ont voté jeudi une proposition de résolution visant à créer une commission d'enquête dédiée au réseau social TikTok. Objectif affiché : déterminer si l'application est susceptible de favoriser le développement de troubles psychologiques chez les jeunes publics.
Le 14 mars à 17h25
4 min
Société numérique
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Mécaniques d'addiction, politique de modération, amplification de l'exposition à des contenus sujets à caution : le fonctionnement de TikTok devrait faire l'objet d'un passage au crible au Palais Bourbon. L'Assemblée nationale a en effet adopté jeudi soir une proposition de résolution visant à créer une commission d'enquête dédiée à l'étude des impacts psychologiques du célèbre réseau social chinois sur les mineurs.
« Nous faisons face à un paradoxe : alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’influence délétère des réseaux sociaux sur le bien-être psychique des jeunes, ces derniers sont de plus en plus exposés auxdits réseaux », a fait valoir jeudi Laure Miller, députée (Ensemble pour la République) et rapporteure du texte. « Dans ce contexte, le réseau social TikTok incarne un paradoxe particulièrement morbide puisqu’il confronte le public le plus vulnérable aux biais de fonctionnement les plus délétères ».
Spirales de contenus
Déposée le 16 janvier dernier, la proposition a été débattue en séance publique dans un hémicycle très clairsemé, mais les 23 votants l'ont approuvée à l'unanimité. Et s'il y a eu débat sur le périmètre exact de la commission, le constat relatif aux risques que ferait peser TikTok sur les enfants ou les adolescents est apparu consensuel, tous bords politiques confondus.
« Le défi est de taille, mais les bénéfices en valent la peine ; il y va du bien-être d’une génération qui grandit avec un flux vidéo infini dans la poche. Transformer ce flux en un allié plutôt qu’en un piège est un impératif sociétal », a par exemple estimé le député Jean Moulliere (Horizons & Indépendants).
« Vidéos ayant trait au suicide, faisant la publicité de moyens de se donner la mort, promouvant des produits supposés faire perdre du poids, contenus hypersexualisés et altérant irrémédiablement l’image de soi et la confiance, désinformation, sans compter la haine en ligne : telles sont les spirales de contenus auxquelles sont exposés les jeunes », a souligné Constance de Pélichy (LIOT).
« La désinformation constitue un autre fléau propre à cette application », ajoute Frédéric Maillot (Gauche Démocrate et républicaine). « En 2022, une analyse menée par NewsGuard a confirmé ces éléments en dévoilant que 20 % des vidéos d’actualité diffusées sur TikTok contenaient des informations trompeuses. »
« TikTok ne fait pas seulement le bruit d’une bombe à retardement. Il en est une », assène pour sa part Caroline Parmentier (Rassemblement national), en conclusion de la discussion générale.
Proposer des mesures concrètes
La résolution votée jeudi ouvre la voie à la création d'une commission d'enquête dont les trente membres devront étudier et quantifier « les dispositifs de captation de l’attention utilisés par TikTok ainsi que leurs effets psychologiques, notamment en termes de pensées et de comportements suicidaires et sur les relations sociales intrafamiliales et extrafamiliales, en particulier sur les mineurs ».
Elle devrait également s'attacher à examiner de façon plus large les risques liés à l'exposition des jeunes aux contenus dits « dangereux », puis proposer des « mesures concrètes visant à protéger les mineurs,
notamment en matière de régulation des contenus, de sécurité numérique et de modération des pratiques de la plateforme ».
Un amendement lui confère une mission supplémentaire : celle d'effectuer une analyse comparative de TikTok et de sa version réservée au marché chinois, Douyin. « La Chine, pays d’origine de TikTok, impose par exemple une limite de quarante minutes par jour aux utilisateurs de moins de 14 ans grâce à son application locale Douyin. À l’inverse, l’Europe reste encore en retard dans l’encadrement des usages, malgré l’adoption du règlement européen relatif à un marché unique des services numériques (DSA) qui vise à renforcer la transparence des algorithmes et des contenus promus », a fait valoir à ce sujet Jean Moulliere.
Aux États-Unis, TikTok fait depuis octobre 2024 l'objet d'une plainte à grande échelle, fondée elle aussi sur des accusations de pratiques préjudiciables à la santé des jeunes utilisateurs du réseau social.
Mineurs : l’Assemblée vote une enquête pour évaluer les effets psychologiques de TikTok
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Spirales de contenus
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Proposer des mesures concrètes
Commentaires (29)
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Abonnez-vousLe 14/03/2025 à 17h45
Bon, maintenant, je vais lire l'article.
Le 14/03/2025 à 20h40
Dredi toussa²
Le 14/03/2025 à 23h28
Le 16/03/2025 à 10h50
Le 16/03/2025 à 15h23
Le 16/03/2025 à 17h18
Le 14/03/2025 à 17h54
Ces mesures concrètes vont être proposées dans quel cadre ?
Je leur rappelle que la régulation de TikTok en France est à gérer au niveau de l'UE. Proposer des mesures à voter par le Parlement français ne sert à rien.
Il faut attendre la dernière citation pour entendre parler du DSA !
Le 14/03/2025 à 19h27
Le 14/03/2025 à 18h44
Le 14/03/2025 à 19h28
Le problème de fond est pourquoi les parents laissent leurs enfants aller sur des réseaux sociaux ?
Des messageries passent encore, mais franchement quand on voit ce qu'il y a sur les réseaux sociaux, ce n'est pas raisonnable de mettre cela dans les mains d'enfants ou même de jeunes ados.
Le 14/03/2025 à 19h48
Modifié le 14/03/2025 à 21h21
Que foutent les parents ?
Le 15/03/2025 à 08h47
Le 16/03/2025 à 11h34
Le 15/03/2025 à 09h52
La méthode privilégiée pour Android c'est "Google Family".
Il faut un compte Google pour l'adulte plus un (séparé) pour l'enfant.
De cette manière dès le départ Google a le même "droit de regard" sur ce que fait l'enfant que le parent - forcément sur le profilage à long terme c'est très intéressant à récupérer.
C'est aussi Google qui décide les limites de ce qui est possible ou pas de contrôler avec l'application, et ça habitue le gamin a avoir un "oeil par dessus son épaule" en permanence - celui des parents, mais aussi celui de google.
Evidamment par définition ça ne peux pas marcher sur les téléphones dé-googlisés.
La limite est délicate entre le "contrôle parental" et "l’espionnage parental" (pour moi un enfant n'est pas juste un humain télécommandé)
Perso j'utilise TimeLimit.io en version locale sur un téléphone sous Lineage sur lequel j'ai supprimé le navigateur. En étant conscient que c'est pas la solution idéale au problème , mais maintenant que même les profs demandent de faire des vocaux pour les exercices...
Le 15/03/2025 à 12h25
Le 14/03/2025 à 20h24
Le 15/03/2025 à 11h00
Le 15/03/2025 à 12h11
Un tout petit exemple: firefox permet de bypasser le DNS de la machine « pour le bien de l'utilisateur » tout comme il utilise son propre magasin de certificats « pour le bien de l'utilisateur ». Du coup, impossible de bloquer totalement l'accès aux site porno, jeux d'agents... aux enfant avec un PiHole. Merci mozilla
J'ai tout de même réussi un truc avec le blocage des publicités. Mes enfants détestent la pub comme moi et ils sont contents d'utiliser AdAware sur leur téléphone pour l'éviter. Plus ils utilisent AdAware et moins ils sont soumis à certains contenus. Bloquer ou non est donc le résultat de leur décision.
Arrivé à l'adolescence, il est impératif selon de passer des blocages de principe à une explication des dangers et à un mode basé sur la confiance. C'est avec cette confiance mutuelle que l'on peut penser que les enfants oseront parler s'ils vont mal. Mais je me trompe peut-être.
Le 18/03/2025 à 21h17
Le 18/03/2025 à 23h45
Ça ne passe pas par le port 53. Et c'est conçu justement pour ne pas être filtré facilement.
Le 19/03/2025 à 11h26
Le 19/03/2025 à 12h22
Le 19/03/2025 à 13h56
Le 17/03/2025 à 09h14
Les infos de l'école de musique -> par whatsapp, les vidéos des copains du club de gym -> sur tiktok, le planning des pompiers -> sur snap, les vidéos des devoirs du collèges -> Youtube ...
Et maintenant j'entends qu'ils veulent généraliser les ENT dans les écoles primaires du coin?
Le 15/03/2025 à 11h59
Le 15/03/2025 à 13h38
Modifié le 15/03/2025 à 15h44
On peut ajouter l'actualité récente touchant TikTok, le fait que l'application soit populaire chez les jeunes, que les autres réseaux sociaux tendent à copier le format de capsules vidéo (shorts, reels, etc), que TikTok se soit imposé encore plus rapidement que n'importe quel autre réseau social, …
Exposé des motifs à la création d’une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs
Les vidéos TikTok ont de réelles conséquences sur l’image qu’ont les femmes d’elles-mêmes - TikTok Mirror - Next
Le 15/03/2025 à 22h35
Heureusement l’UE ne les a pas encore dans le viseur 🤓