Souveraineté numérique : la Cour des comptes étrille le manque de cohésion en France

Pas bien glorieux

Souveraineté numérique : la Cour des comptes étrille le manque de cohésion en France

La Cour des comptes vient de publier un rapport sur la souveraineté numérique. Dressant un tableau relativement sombre de la situation française, elle pointe les dangers de la dépendance actuelle et dresse une liste de recommandations.

Le 31 octobre à 18h02

Commentaires (24)

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Conclusion édulcorée à mon humble avis. Mais bon c'est déjà ça.
Dans une conclusion intéressante, le rapport met en garde les administrations contre une recherche trop prononcée de performances. La recherche du « plus haut niveau technologique » peut entrainer aussi bien une mise en cause de la souveraineté des données qu’une dépendance de l’administration à la politique commerciale d’un acteur dominant.
Faudrait déjà que les gus en responsabilité sachent de quoi ils parlent avant d'imposer un produit. Et il y a les autres cas ou l'on se demande s'il y a une rétrocommission dans l'histoire.
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En fait, ce que ce paragraphe veut dire, c'est que sur la plateforme des données de santé qui est partie chez Microsoft parce que nos fournisseurs SecNumCloud n'avaient pas les fonctionnalités nécessaire, certains fournisseurs de données ont refusé de participer justement parce que c'était chez Microsoft.

Alors, la Cour estime que si le ministère avait, plutôt que de chercher tout de suite à utiliser des fonctionnalités super avancées, fait une version capable de fonctionner dans les environnements souverain, ça aurait peut-être rendu plus attractif le bouzin pour les partenaires. Et au final un truc avec peut-être moins de fonctionnalités de pointe mais plus de données et plus de souveraineté.

(Et rien n'empêche ensuite de travailler avec le fournisseur souverain pour qu'il implémente les fonctions manquantes)
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Oui ok, c'est bien la preuve que c'est une gestion catastrophique.

- Catastrophique par la culture de la livraison projet à tout prix plutôt que de poser le crayon 5 minutes et de régler le problème.

- Catastrophique quand cela abouti à finalement livrer nos données personnelles et hautement sensible (santé) à un état qui n'est pas notre copain (ni de personne d'ailleurs).
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J'aurais bien aimé voir les fonctions en questions.

Parce que si les DSI font des rêves mouillés sur les promesses techniques des outils "de partage", dans la réalité des faits, arriver à ouvrir & travailler sur un document Word partagé sur Teams ou Outlook c'est déjà un sacré challenge pourvu que les versions soient différentes entre les divers participants.
Et si on veux imprimer c'est encore pire.

Or c'est quand même là 95% des échanges entre personnes.

Alors oui les mecs s'existent sur le fait qu'on ne "puisse pas télécharger le PDF par sécurité " , ce qu'une extension du navigateur règle sans souci quand c'est pas un service en ligne tiers.... tu parles de sécu...

98% des gens qui vont utiliser les outils en ont une utilisation basique et aimeraient surtout que ça marche sans fioriture et sans péter 2 jours sur 3.
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l’investissement de l’État est considéré comme « limité »
Vu le contexte actuel, je suis presque content que ça ne soit pas considéré comme "insuffisant".
la convergence des clouds interministériels
Mais il faudrait vraiment mutualiser les efforts à ce sujet. On a pu voir quelques articles à propos d'efforts locaux pour se désolidariser des GAFAM mais ça semble rester local... J'imagine facilement la difficulté à coordonner ça au niveau national vu la masse de systèmes que ça représente mais ça semble être une piste à creuser.
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En fait c'est assez politique ce truc, parce que non seulement c'est complexe niveau juridique de faire converger des budgets (le budget alloué à tel ministère par la loi de finances est alloué à ce ministère, et le transférer à un autre est pas simple) mais c'est aussi souvent question de souveraineté de l'administration elle-même. L'Interieur n'a pas envie d'être dépendant des Finances, et inversement.

Parfois même on a plus confiance en Microsoft pour maintenir une infra qu'en un autre ministère. Et c'est plus humain qu'autre chose : quand on connais les humains de l'autre côté on voit leurs failles (les fonctionnaires des finances savent quelles bidouilles font ceux de l'intérieur et inversement) alors que Microsoft c'est la grosse entreprise opaque et bien organisée, ils ont probablement leurs propres bidouilles en interne mais on est pas au courant (donc y'en a pas).
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Synthèse problématique également pour les « décisions d’adéquation » européennes, à savoir le Safe Harbour de 2000, le Privacy Shield de 2016 et finalement le Data Privacy Framework de 2023. Les deux premiers sont tombés sous les coups de Maximilien Schrems de l'ONG noyb. Ces accords sont cruciaux : ils établissent une adéquation entre le niveau de protection des données personnelles entre l’Union européenne et les États-Unis. Le Data Privacy Framework est lui aussi la cible d’attaques. En France, le député Philippe Latombe a déjà tenté de le faire tomber, la CJUE ayant rejeté son recours début septembre.
vu comme c'est écrit, on à l'impression que c'est de la "faute" du "vilain Shrems" si les décisions d’adéquation européennes sont tombées, et que maintenant, a cause du "méchant Latombe", les "gentils européens" ont failli ne plus être "protégés"...
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Sache que c'est la formulation de Next, pas de celle de la Cour des Comptes qui sous-entends parfaitement que c'est la faute de la Commission européenne.

Dans la synthèse :
[L'Union Européenne] ne s'est pas approprié les enjeux de souveraineté de façon aussi exigeante que la France. Ainsi, ses deux premières décisions dites d’adéquation, ayant pour objet d’instaurer un cadre de confiance pour l’échange des données personnelles entre l’UE et les États-Unis (Safe Harbour en 2000 et Privacy Shield en 2016), ont été annulées par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) qui a considéré que les États-Unis n’apportaient pas suffisamment de garanties aux citoyens de l’Union. La troisième décision d’adéquation, le Data Privacy Framework, est en vigueur depuis juillet 2023.
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Crucial dans le sens où l'Europe consomme goulument les services américains et que ces accords sont impératifs pour que le déplacement des données fonctionne.
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Ils ne sont pas cruciaux, bien au contraire même. Il suffit qu'il n'y ait pas d'accord pour que les services numériques américains soient hébergés dans l'UE.

Si l'on regarde le problème comme cela, on voit même que l'absence d'accord est un début de plus grande souveraineté : il reste cependant les soucis d'extraterritorialité qui eux peuvent être résolus en passant par une société 100 % européenne à laquelle les services US délégueraient le contrôle des données sous licence.
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Ils sont cruciaux dans le contexte des habitudes prises depuis 20 ans. Que la situation évolue bien sûr, que les habitudes changent en même temps évidemment, mais dans le contexte actuel de l'utilisation massive des services de Microsoft, Apple et autres, oui ils sont cruciaux.
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Merci la Cour des comptes.
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On (re)découvre que le gouvernement américain peut imposer à une entreprise américaine, même en dehors des Etats-Unis, de ne plus fournir le service à telle ou telle personne et que c’est un problème. Cela peut-il arriver avec des fondations ? Je pense par exemple à la CNCF qui héberge le projet Kubernetes. Ou à Mozilla avec Firefox ou Thinderbird.
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Tant qu'il s'agit de logiciels on-premise et open-source, on n'est pas sur du service, je vois guère comment les US pourraient imposer une décision contraignante (open-source signifie possibilité de forker quand ça va mal)

C'est une des raisons pour lesquelles l'Europe tente de pousser l'open-source dans ses objectifs de souveraineté
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"open-source signifie possibilité de forker quand ça va mal"

Hum. Souvent c'est économiquement impossible. (déjà passé par là)
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Je dis pas que c'est facile, mais c'est techniquement possible. La question économique existe (j'imagine que tu entends par là payer les personnes / l'infra pour en assurer la maintenance?), mais si on parle de projets d'importance stratégique voire vitale, ça peut passer au second plan.
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De toutes façons: la souveraineté nécessiterait aussi du matos et des compilateurs. Sans la maîtrise des deux, on n'est toujours sûr de rien.
J'ai eu une douloureuse expérience avec PHP et un linux: une impossibilité de recompiler le 'nouveau' php sans recompiler gcc ce qui nécessitait un remplacement de la libc (entre autres) ce qui imposait de revoir les autres softs du serveur et donc de tout recompiler.
C'est là que open source, ça ne m'a plus semblé si prometteur (sauf sous freebsd)
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Je ne comprends pas ta problématique. Déjà tu peux avoir plusieurs gcc et glibc sur un même système, et ensuite quel est le problème de souveraineté avec gcc et quel est le rapport avec tes problèmes de version ? Et quelle différence sur tout ça avec FreeBSD ?

Quant à la possibilité de forker, parfois c'est l'équipe qui forke elle-même son projet avec une nouvelle structure légale quand des problèmes d'ingérence apparaissent, comme par exemple avec mariadb. Dans ce cas la compétence et le financement suivent.
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C'est vieux ... je ne me rappelle plus tous les détails. Mais en gros on n'avait plus de paquets binaires, donc il fallait compiler. Mais il fallait aussi qu'on compile GCC et ça échouait, je ne sais plus pourquoi. On a essayé de patcher les sources PHP pour que ça compile avec notre gcc, rien à faire.
BSD, c'est parce que en BSD (ou sous Arch linux), on peut tout recompiler en une commande. make world / make universe de mémoire.

Concernant la souveraineté, c'est déjà un effort de le faire avec nos données, les applis ... Mais être opensource n'est pas être souverain. Dernièrement j'ai vu une vidéo qui expliquait qu'on pouvait créer un compilateur qui injecte du code non désiré, et on a déjà eu l'affaire du compilo Intel qui défavorisait les CPU via C3/C7 à un point non négligeable (au point qu'ils étaient réputés nuls, alors que c'était les benchs compilés avec les compilo Intel qui faisait en sorte de les rendre nuls).

Là je regarde avec un certain étonnement des gens faire du "souverain opensource", alors que:
* ils sont loin de gérer les dépendances
* ils utilisent Node, PHP, GCC, Java, C#, Go qui ont tous des liens plus ou moins étroits avec Google, Ms, Facebook, ...
* ils utilisent Linux/FreeBSD, qui sont maintenus de toutes façons outre atlantique
* le tout sur CPU Intel/AMD/Qualcom

Désolé, mais on effleure le sujet de la souveraineté. Après je ne dis pas que c'est inutile ou qu'il faut baisse rles bras, je dis juste que ceux qui me disent qu'ils sont souverains se mettent le doigt dans l'oeil et se chatouille bien le cerveau avec leur ongle.
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La souveraineté pour moi est un objectif, pas un fait. Ca veux pas dire que puisqu'on y est pas , autant ne pas y aller.

En ce qui concerne les langages & les OS libre je te trouve dur:
Certes la "structure de décision" se trouve outre-atlantique .... mais les contributeurs sont absolument partout dans le monde, et il y a souvent des rencontres aux US, en Europe, en Asie...

Si demain les USA se coupaient du monde, je ne dis pas que ce serait simple, mais on peux tout a fait imaginer une reprise du développement & d'une gouvernance locale (qui serait certes une sorte de fork, contraint et forcé plutôt que choisi).

Pour le matériel il faut avoir que c'est plus compliqué. Même si de toute façon ce sont les asiatiques qui fabriquent tout, donc la question pour moi est plus en terme juridique que concrète à court terme.
Pour le plus long terme je suis un fervent supporter de l'archi risc-V, qui actuellement n'est pas au niveau de ARM ou x86. Mais qui progresse plus vite que ces 2 là (malheureusement beaucoup sous l'influence chinoise qui sort 5 nouveau coeur / an - qu'on connait - pour un prix dérisoire.
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Je trouve que c'est réducteur de dire qu'un logiciel libre appartient au pays qui héberge l'association qui le gère, ou même à celle dont sont originaires la majorité des contributeurs. Le logiciel libre c'est quand-même très international, si les USA commençaient à interférer dans leurs affaires, voir devenaient hostiles à leur diffusion, je pense que les associations changeraient de pays et n'y reviendraient jamais. Ca ne se ferait pas immédiatement mais ça finirait par se faire. Et s'il faut forker, voir se forker soi-même, c'est pas un problème.

Ce ne sont pas des sociétés qui veulent faire de l'argent et s'en fichent de tel ou tel cas ou personne en particulier qui ne représentent rien pour elles. Les libristes ont à coeur que leur logiciel soit utilisable et modifiable par tout le monde sans restriction, ce genre de restriction est à l'exact opposé de leurs idéaux.

Quant aux contributeurs, il n'y a pas vraiment de moyen de les empêcher de contribuer quelle que soit leur nationalité, hormis déployer des efforts énormes, et il faudrait quand-même se demander pour quelle raison on voudrait en arriver là. Il n'y a pas de précédent aux USA qui se rapprocherait de ça.

La souveraineté ce n'est pas non plus refuser de travailler avec les autres pays, c'est être capable de se débrouiller sans eux, au moins en mode dégradé. Et avec le logiciel libre on est plutôt bien servi vu qu'on a le code, qu'on peut continuer à utiliser sa dernière version quoi qu'il arrive, voire poursuivre soi-même le développement si la situation ne s'arrange pas.
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On a 2 contre-exemple connu : Linus Thorwald a désactivé les comptes des mainteneurs de Linux de nationalité Russe en 2024, la fondation Risc-V a quitté les États-Unis d'Amérique du Nord pour la Suisse suite a l'embargo américain sur les processeurs exportés vers la Chine.
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OK pour le premier (c'est Torvalds), reste que les russes peuvent toujours utiliser Linux et ses versions futures, y apporter leurs modifications et les publier en dehors du circuit officiel, ou le forker. On voit quand-même que la décision d'un seul homme n'a pas le même impact que si c'était un logiciel propriétaire.

Par contre le deuxième exemple n'est pas un contre-exemple, il illustre justement ce que j'ai dit.
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Il me semble que ça peut aussi être le cas pour des entreprises étrangères qui souhaitent se développer sur le marché américain (ou qui se développent et qui ont donc le risque de se voir interdit de vente...).

Souveraineté numérique : la Cour des comptes étrille le manque de cohésion en France

  • Synthèse douloureuse

  • Loi SREN trop timide, isolement de la France sur EUCS

  • Nombreuses limitations dans les actions françaises

  • Vision stratégique et recommandations

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