En Autriche, un ministère se débarrasse en grande partie de Microsoft pour Nextcloud
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Le ministère fédéral autrichien de l’Économie, de l’Énergie et du Tourisme (BMWET) a migré une grande partie de son infrastructure sur Nextcloud pour gérer la collaboration interne et le stockage des données. Interrogé sur les raisons de cette transition, le ministère a notamment cité des craintes de non-conformité au RGPD et à la directive NIS2.
Le 29 octobre à 13h45
5 min
Droit
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La nouvelle a été annoncée le 23 octobre pendant la conférence Nextcloud Enterprise Day, qui se tenait à Copenhague et dont elle constituait l’un des points d’orgue. On a ainsi appris que le BMWET (ministère fédéral autrichien de l’Économie, de l’Énergie et du Tourisme) avait fini une migration concernant 1 200 fonctionnaires et visant à réduire considérablement la dépendance à Microsoft, améliorer la collaboration interne et assurer le stockage sécurisé des données.
L’annonce a été faite par Martin Ollrom, CIO (Chief Information Officer) du ministère, et Florian Zinnagl CISO (Chef Information Security Officer). Dans une vidéo publiée par Nextcloud, les deux responsables indiquent que le projet est parti d’une réflexion sur la modernisation de l’infrastructure, ainsi que d’un travail sur la réduction des risques juridiques et de sécurité, notamment en regard du RGPD et de la directive NIS2.
Approche hybride
Le projet de l’Autriche n’était pas une coupure nette. Comme le ministère l’explique, une partie du BMWET était en train d’adopter Microsoft 365 et Teams au moment où la question d’un remplacement a été abordée. Pas question donc d’arrêter en plein milieu. Le ministère a donc choisi une approche hybride : garder Teams comme outil de communication externe et partiellement Outlook, puis confier le reste à Nextcloud.
Le ministère a travaillé avec deux entreprises pour la mise en œuvre : Atos Autriche et Sendent, partenaire de Nextcloud, qui s’est notamment occupé d’une intégration dans Outlook pour préserver certains flux de travail, particulièrement les e-mails et agendas. L’équipe de Nextcloud a également participé au projet.
Selon les deux responsables, tout s’est passé étonnamment vite. Il n’aurait ainsi fallu que quatre mois entre la preuve de concept au déploiement complet, un temps très court quand on considère l’ampleur de la migration et les défis d’un tel projet.
Les deux responsables ont ajouté qu’un montant significatif avait été investi dans la formation des fonctionnaires. « Une vaste campagne d’information, une communication claire, des sessions de formation et une transition progressive ont permis d’assurer une forte acceptation et un processus sans heurts. Grâce à l’intégration avec les systèmes existants, nous avons été en mesure de moderniser considérablement notre portefeuille de services numériques et, en fin de compte, la collaboration, sans perturber les flux de travail établis des employés », a assuré Martin Ollrom.
Souveraineté et approche en douceur
Comme d’autres projets avec celui-ci, la migration du BMWET est intéressante dans les problématiques qu’elle soulève, mais qui ne sont pas neuves : souveraineté, refus d’une dépendance à une société américaine, etc. En revanche, l’expression claire de doutes sur la conformité au RGPD et surtout à la directive NIS2 n’est pas courante.
L’approche plus en douceur de la migration est en outre mise en avant par Nextcloud dans sa propre communication. Une manière de dire qu’une transition peut se faire progressivement et encourager d’autres institutions et émanations diverses d’États à tenter l’aventure. Nextcloud prêche bien sûr pour sa paroisse, mais ce n’est pas la première fois que l’Autriche adopte cette approche.
Il y a quelques semaines, on apprenait ainsi que l’armée autrichienne avait abandonné la suite Office de Microsoft pour LibreOffice (pdf). 16 000 ordinateurs étaient concernés et il s’agissait alors de l’aboutissement d’une longue réflexion, car la planification avait commencé en 2020. L’armée avait indiqué s’être notamment inquiétée d’une dépendance toujours croissante d’Office à des services distants. La migration s’était faite par étapes : utilisation volontaire de LibreOffice en 2022, obligation de l’utiliser dans certains départements en 2023, puis obligation générale et suppression d’Office en septembre dernier. L’armée autrichienne a également contribué au code de LibreOffice.
Ces migrations partielles sont autant de portes ouvertes vers des migrations complètes vers l’open source. Si l’applicatif peut se passer de Microsoft, Windows finit par ne plus être nécessaire. Un mouvement lent mais assez général en Europe, avec d’autres cas de migrations comme en Allemagne et au Danemark.
En Autriche, un ministère se débarrasse en grande partie de Microsoft pour Nextcloud
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Souveraineté et approche en douceur
Commentaires (10)
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Abonnez-vousLe 29/10/2025 à 14h57
Le 29/10/2025 à 15h07
Le 29/10/2025 à 15h43
On y va progressivement, on ne brusque pas les utilisateurs, on les accompagne dans le changement avec un plan de formation.
Ce dernier point a un coût, mais pour moi c'est ce qui permet que la transition réussisse.
Le 29/10/2025 à 16h11
Le 29/10/2025 à 21h13
Je m'explique : oui, Nextcloud/LibreOffice/Linux sont gratuits pour les utilisateurs, mais pas pour les concepteurs.
Pour moi, on devrait conserver les budgets qui sont aujourd'hui alloués au paiement de licences Microsoft et les transformer en enveloppe de contributions aux logiciels libres. Ou au moins une partie du budget actuel.
Au delà de ça, non, il n'y a pas forcément d'économies au logiciel libre puisque c'est un effort plus important de maintenir son propre système en interne que de tout laisser à Microsoft.
Maintenir un serveur Nextcloud impose d'embaucher des ingénieurs et techniciens, ce n'est pas le cas quand on utilise Office 365 et même s'il est possible que ça soit moins cher dans certains cas, le fait de devoir embaucher peut être décisif dans le cadre des finances publiques (en France par exemple, il y a deux budgets imposés par les lois de finances : le budget humain et le budget financier, utiliser Office365 pioche presque uniquement dans le budget financier tandis qu'héberger un serveur Nextcloud impose de piocher dans les deux).
Modifié le 29/10/2025 à 21h36
Il existe des prestataires d'infogérance dont c'est le métier, et à qui il vaut mieux déléguer l'IASS ou le PAAS pour se concentrer sur la gestion des besoins des utilisateurs (support, assistance, etc.)
Personnellement, après avoir généré "mon" Nextcloud sur un VPS, j'ai basculé sur l'offre de Hetzner (qui sont également germanophones), et j'ai 1To utile servant de synchronisation entre toutes la machines du foyer pour ~60€ TTC par an.
Et la QS est là (disponibilité, débit, gestion des MàJ, etc)
Next en a parlé à sa sortie...
Je suis certain qu'ils (Hetzner) seraient très heureux d'avoir un client "Pro" sur une offre de ce type, tournant sur une infra dédiée pour moins cher que les solution équivalentes de GAFAM (et conforme au RGPD pour le coup)
Le 29/10/2025 à 17h30
Ok je sors...
Modifié le 30/10/2025 à 00h07
En effet, il s'agissait à la base semble-t-il simplement d'une migration de Skype for Business vers une nouvelle solution à l'approche de la fin de vie de la solution.
Ils souhaitaient écarter l'option M$ Teams à case de son aspect infonuagique et perte de contrôle sur les flux de discussion notamment vis-à-vis de la protection des données et de la sécurité. Je découvre au passage qu'apparemment donc Skype for Business pouvait être auto-hébergé.
Si initialement c'était bien l'outil de communication instantané qui était visé, ce faisant, avec Nextcloud, ils se sont retrouvés aussi face à une solution permettant l'échange de document externes, puis internes, avec manifestement des garanties de sécurité puisqu'ils mentionnent du stockage de mots de passe.
Nous sommes donc sur du remplacement de Teams, puis du Sharepoint (caché dans le fonctionnement de plein d'application M$, dont Teams, allant jusqu'au système d'exploitation).
Puis ils mentionnent Nextcloud Flow pour remplacer les déclencheurs de flux de travail dans le futur.
Puis l'article mentionne le remplacement d'Outlook par Nextcloud pour le courriel & les agendas.
Du (bon) feature-creep, puisqu'il n'aura fallu que 10 mois au total (6 mois de prospection jusqu'à la mise en place du PoC + 4 mois de transition de la PoC vers le remplacement de la production).
À noter tout particulièrement vis-à-vis de Nextcloud la (bonne) surprise de ces deux responsables quand à la possibilité de soumettre des demandes de fonctionnalité (ceux qui ont déjà travaillé avec M$ savent), leur autre (bonne) surprise de voir ces demandes implémentées pendant la phase de PoC (ceux qui ont déjà travaillé avec M$ savent), et l'accompagnement semble les avoir ravi (ceux qui ont déjà travaillé avec M$ savent).
Par contre, là où ça va se corser, c'est tout ce qui entoure Exchange : c'est le cœur de la prison M$.
D'ailleurs, je suis assez surpris d'une migration si facile d'Outlook vers Nextcloud : Nextcloud doit certainement prévoir une source Exchange (mais M$ a l'habitude de faire chier avec des bouts de protocole non-documentés)… à moins qu'il n'y ait aussi des surprises sur l'annuaire (je me prends à rêver d'un LDAP) ? Rien n'a été dit à ce sujet.
Le 30/10/2025 à 14h25
Le 30/10/2025 à 18h44
est-ce que quelqu'un aurait des retours de OpenCloud, la version en go de NxC?
principalement sur la vitesse (NxC est basé sur PHP et est fucking lent), les intégrations et les apps...
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