Réseaux sociaux : Clara Chappaz réitère vouloir introduire une vérification d’âge
ID please

À l'Assemblée nationale, Clara Chappaz a de nouveau défendu l’interdiction des réseaux sociaux pour les plus jeunes, sujet régulièrement porté par Emmanuel Macron.
Le 19 juin à 17h21
6 min
Droit
Droit
Comme prévu, Clara Chappaz a défendu la vérification de l’âge à l’entrée des réseaux sociaux face à la Commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
La ministre déléguée chargée du numérique et de l’intelligence artificielle a porté régulièrement le sujet au fil des derniers mois, notamment au cours de la semaine de sensibilisation 10 jours sans écran ou en reprenant la possibilité de classer le réseau social X aux côtés des plateformes pornographiques, dans la mesure où il permet depuis 2024 de diffuser des contenus interdits aux mineurs.
Devant les députés, de même que plusieurs experts et associations auditionnés dans les jours précédents, elle a rappelé la tendance des réseaux sociaux à accroître l’anxiété des plus jeunes et à participer au développement de troubles alimentaires ou du sommeil. Avant d’avancer que l’impact de ces plateformes sur le développement cognitif et émotionnel des adolescents pourrait coûter « 1 à 2 points de PIB ».
« Les solutions techniques existent »
Évoquant sa saisine de l’Arcom et de la Commission européenne, pour lutter contre la tendance SkinnyTok en avril dernier, Clara Chappaz relève que la mobilisation de membre du gouvernement au cas par cas n’est pas une solution viable. L’Union européenne compte 450 millions d’européens, ce qui rend ce niveau supranational le mieux à même de faire pression sur les plateformes pour que celles-ci « prennent leurs responsabilités », indique-t-elle aux députés, avant de préciser qu’elle est désormais suivie par 13 pays sur la question de la vérification d’âge.
Déjà poussée du côté des sites pornographiques – la justice a suspendu l’arrêté ce 16 juin, la ministre indique que l’État se pourvoira en cassation –, la vérification d’âge est une préoccupation majeure d’Emmanuel Macron. « Pour le président, il n’y aucun problème dans la société, tout est exacerbé par les réseaux sociaux », tacle même une représentante de plateforme auprès de Politico.
À l’Assemblée nationale, Clara Chappaz indique, elle, que « la commission connaît très bien notre position » : pousser les réseaux sociaux à développer les technologies de vérification d’âge de l’utilisateur qui permettront de bloquer l’accès aux plus jeunes dans le respect du règlement européen sur les services numériques (DSA), ou se tourner vers des tiers de confiance. « Les solutions techniques existent », insiste-t-elle, citant aussi bien France Identité, sur suggestion d’un député, que Docaposte ou la « quinzaine d’acteurs français » venus la solliciter pour proposer leurs services à Viva Tech et au fil des mois.
Surtout, selon un document de travail obtenu par Euractiv, la France participe à pousser la solution d’un « Kids Wallet » dédié à vérifier l’âge des mineurs à l’entrée des plateformes. « Nous nous sommes portés volontaires pour être pays pilote de cette solution, qui sera open source et protégera l’anonymat », indique Clara Chappaz aux députés.
Comparant à l’interdiction de consommer de l’alcool avant 18 ans, elle précise : « l’objet n’est pas d’interdire pour interdire, mais de protéger ». « Le numérique n’est pas un truc de geek », déclare-t-elle encore. Autrement dit, le sujet ici débattu est politique, sujet à débat, et en cela « compliqué ». Or, pour le gouvernement, « ce n’est plus entendable de se cacher derrière un argument technique, surtout quand on est une entreprise du numérique ».
Interdire en ligne ce qui l’est hors ligne
Quelle responsabilité des producteurs de contenu ? Sur ce sujet, la ministre rappelle qu’un enfant sur cinq pense que les pyramides ont été construites par des extraterrestres pour souligner les enjeux de lutte contre la désinformation.
Les députés s’y sont aussi frottés lors des auditions mouvementées de cinq influenceurs controversés, le 11 juin dernier. D’une manière ou d’une autre, tous avaient rejeté la responsabilité de l’accès à leurs contenus sur la plateforme qu’ils utilisent (parmi d’autres). « Si des élèves de CE2 (…) accèdent à cette plateforme, c'est un problème de contrôle parental et de responsabilité de TikTok, pas de la mienne » avait ainsi lancé l’acteur porno Adrien Laurent, mieux connu sous le nom d’AD Laurent, aux députés.
L’influenceur masculiniste Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, a de son côté appelé à l’interdiction de TikTok qu'il a qualifié de « néfaste », et où « ce qui fonctionne le mieux, c’est le contenu qui choque ». Agacé par des questions sur ses propos sexistes, il a ensuite raccroché brutalement au nez des parlementaires.
Le président de la Commission Arthur Delaporte (Socialistes) a regretté auprès du Figaro avoir affaire à « des gens qui sont arrivés ici en pensant qu'ils étaient dans un match », sans considération pour la « légitimité institutionnelle liée à [l’]élection » des députés. Dans La Croix, le sociologue Vincenzo Susca décrivait carrément la fuite d’Alex Hitchens comme une « déclaration de souveraineté (…) d’un pouvoir qui ne reconnaît plus les règles de l’ancien monde » — au contraire, depuis une semaine, l’influenceur tire un maximum de son coup d’éclat, multipliant les contenus le remettant en scène.
À l’Assemblée nationale, Clara Chappaz a de son côté appelé à « sortir de ce ping-pong dans lequel les acteurs se renvoient la balle ». Elle a rappelé au passage que la liberté d’expression n’était pas définie de la même manière dans les pays de fabrication des plus grandes plateformes numériques et en Europe. Évoquant les discours de haine, elle a souligné l’esprit des textes européens : « Les propos qui ne sont pas autorisés hors ligne ne le sont pas non plus en ligne. »
Réseaux sociaux : Clara Chappaz réitère vouloir introduire une vérification d’âge
-
« Les solutions techniques existent »
-
Interdire en ligne ce qui l’est hors ligne
Commentaires (28)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousLe 19/06/2025 à 17h31
Le 19/06/2025 à 21h14
Comme ça t'as une autorité viable qui regarde l'identité en amont (Microsoft, Apple, Google, etc) et ça t'évite de devoir envoyer ta pièce d'identité ou un scan 3D de ta tronche chez les 8 prestataires qui ont été choisis par les réseaux sociaux que tu veux rejoindre (ou les autres sites 🔞 évidemment
Le 20/06/2025 à 08h20
Le 20/06/2025 à 08h50
Donc après c'est pas incompatible : le parent doit vérifier son identité au premier démarrage d'un appareil, ensuite il devient le garant de qui l'utilise en créant des sessions.
Par défaut, un refus de scanner une pièce d'identité sur le système et t'as un compte Kids. Et au moins t'as plus de chances que la vérification d'identité soit fiable et honnête.
Perso j'ai découvert le pr0n en ligne via les sites pour récupérer les
crackspatchs à l'époque, ces sites sont pas les mastodontes du secteur (qui refusent certainement ces régies pub) et jamais notre ministre du numérique ne les auraient trouvé pour leur dire "c'est pas verrouillé".Alors que si à l'inverse l'appareil émet un signal permanent qui dit "Attention vous vous adressez à un mineur", plus personne n'a d'excuse pour dire "ha mais on savait pas, il a pas précisé qu'il était né en 17". Il suffira alors d'un simple constat d'huissier depuis un appareil de démo pour prouver que le site a pas fait son boulot et le fermer ou le sanctionner...
Modifié le 19/06/2025 à 17h52
Le 19/06/2025 à 17h55
Le 19/06/2025 à 18h11
Le 19/06/2025 à 18h14
Là encore, on leur dit qu'ils n'ont qu'à se débrouiller pour cela mais gare à eux s'ils échouent.
Quelle bande de tocards bornés ces hommes/femmes politiques. On peut rire de Trump mais on a les mêmes chez nous.
Le 19/06/2025 à 19h40
A part ça, habituer les mineurs à adopter des comportements addictifs, ça ne vous dérange pas : alcool, tabac, porno, passer 5 heures par jour sur les écrans, c'est ma Li-ber-tééé !! (c'est ce que criaient les antivax patriotes en manif en 2021)
Le 19/06/2025 à 21h55
Dans mon exemple, si tu ne donne pas aux vendeurs le moyen effectif de contrôler l'age des clients qui achètent de l'alcool ou des cigarettes, tu ne peut pas leur interdire de l'autre côté de vendre ces produits à des mineurs.
Dans le cas des sites web de sexe, de jeux d'argent ou des réseaux sociaux, il n'est pas possible de demander aux sites de refuser l'entrée des mineurs tout en préservant d'un autre côté la vie privée des gens. C'est là que l'on retrouve toute l'hypocrisie de la situation, tout comme avec les buralistes de mon exemple.
Jusqu'à présent, on as deux mauvaises manières de tenter de contrôler les accès:
1 - côté terminal avec les applications imposées par Microsoft, Google ou Apple et qui sont particulièrement mauvaises pour la vie privée de nos enfants. Elles sont en outre privatrices aussi de liberté pour les parents qui ne peuvent pas mettre un bloqueur de pub en +.
2 - côté sites Internet, les différentes méthodes se contournent assez facilement et sont très dangereuses côté vie privée.
Pour autant, pour l'accès aux sites Internet il est possible d'agir à un niveau intermédiaire: chez les opérateurs de téléphonie et d'Internet:
- Avec un contrat de téléphonie spécial personnes protégée dont les accès Internet sont restreints par liste noire ou par liste blanche par exemple et avec des plages horaires.
- Avec un vrai contrôle parental côté BOX ou sur l'infra des opérateurs Internet qui filtre aussi les sites.
- Avec un signal d'avertissement envoyés aux site avertissant de la présence d'un enfant ou d'un adulte protégé interdisant toute publicité, tout dépôt de cookie et permettant aux site de bloquer l'accès aux enfants même s'ils ne sont pas référencés en liste noire.
Le 19/06/2025 à 18h57
- La vérification d'âge sur internet implique l'identification. De tout le monde.
- L'identification implique la dé-anonymisation. De tout le monde également, pas que des enfants.
- La dé-anonymisation permet la surveillance.
- Il n'existe pas de surveillance bienveillante (toute surveillance soit-disant "bienveillante" a été détournée et abusée)
- Même avec l'hypothèse qu'elle serait bienveillante, tout système est piratable et sera piraté. Donc mettra en danger ceux qu'on prétendait protéger en premier lieu.
- La surveillance va engendrer l'auto-censure et la censure tout court, donc un recul des libertés.
- Cette surveillance ouvre la possibilité de violation de la vie privée et violation des droits de l'homme à grande échelle.
éduquer c'est pas mieux ?
Modifié le 19/06/2025 à 21h00
Faire croire que c'est la faute aux réseaux sociaux/aux jeux vidéos/au téléphone rose/au phonographe, ça a toujours mieux payé que plutôt dire que : "d'accord, tout n'est pas bon sur internet mais avec un minimum d'éducation et de bienveillance on pourrait faire en sorte que nos enfants (et aussi les adultes) soient beaucoup moins attirés par ce qui est mauvais)".
À part ça, franchement, fallait-il vraiment s'attendre à autre chose de ce gouvernement d’extrême droite ?...
Le 19/06/2025 à 19h04
C'est l'utilisation qui en faite qui peut etre déviante (et pas que par les plus jeunes d'ailleurs), dans ce cas de bonnes sanctions adaptées et les gens ne recommenceront plus - surtout quand les victimes sont des personnes.
Ils vont réussir à Cerfatiser Internet, sans que ca change quoi que ce soit au problème, vu que ce gouvernement s'entete à déresponsabiliser les français et à en faire de grands enfants.
Par contre, les esprits innovants sauront quel pays fuire pour l'innovation (en fait c'est déja le cas).
Personnellement, mes enfants ont moins de 15 ans, ont accès aux RS ,ne font pas n'importe quoi avec, et ont une vie sociale sans smartphone.
Le 19/06/2025 à 19h48
Espèce de réactionnaire non techno-solutioniste.
Le 20/06/2025 à 09h45
- Une mornifle et après çà file doux. 1970
Modifié le 19/06/2025 à 21h10
Le 20/06/2025 à 09h36
Le 23/06/2025 à 09h34
Pour rappel, en Europe, si on ne filtre pas les contenus (c'est-à-dire qu'on ne modère que ce que la loi dit de modérer, rien de plus) alors, on n'est pas responsable juridiquement de ceux-ci.
Par contre, si on filtre (on modère des messages qui ne sont pas illégaux), alors on est assimilé à un éditeur (qui choisi ce qu'il publie) et on devient solidairement responsable avec l'auteur.
C'est-à-dire qu'une instance qui modèrerait les contenus pro-nucléaire (opinion qui n'est pas illégale quoi qu'on en pense, et cet exemple n'est pas tiré de mon chapeau) opérerait donc un tri dans les publications, et serait alors légalement responsable de tous les contenus publiés.
Le 21/06/2025 à 01h01
Corolaire, si tu "modère" et "respecte le droit français et européen", la conséquence ne sera pas des citoyens plus gentils, mais un nouveau réseau social mieux conçu pour prévenir la "censure étatique", sur lequel les ados se précipiterons quand tiktok sera un truc de vieux (comme facebook l'est actuellement quoi).
L'offre & la demande sont indissociable.
Modifié le 23/06/2025 à 09h24
Aussi, je ne suis pas certain que l'offre et la demande soient vraiment indissociables : dans le domaine des réseaux sociaux, c'est l'offre qui crée la demande, pas l'inverse. C'est même le principal but des réseaux sociaux : attirer de nouveaux utilisateurs, et rendre ceux-ci accros, pour qu'il y ait de la demande.
Le 23/06/2025 à 14h32
Je trouve ça un peu pessimiste même si je suis quand même un peu d'accord.
Aussi, je ne suis pas certain que l'offre et la demande soient vraiment indissociables : dans le domaine des réseaux sociaux, c'est l'offre qui crée la demande, pas l'inverse. C'est même le principal but des réseaux sociaux : attirer de nouveaux utilisateurs, et rendre ceux-ci accros, pour qu'il y ait de la demande.
Ce que je voulais dire c'est qu'on ne peux attribuer "la faute" tout à l'un ou tout à l'autre.
On a le même défaut avec le sucre... certains résistent à cette addiction mieux que d'autre. On peux expliquer, démontrer, enseigner... mais à un moment, si les gens décident sciemment de ne pas écouter il y aura des vendeurs de sucre . On a tj des bureaux de tabac !
Le 19/06/2025 à 22h15
Le 20/06/2025 à 08h43
Le 20/06/2025 à 10h59
Modifié le 20/06/2025 à 06h38
Peu de médias tech parlent de ce ciblage publicitaire quasi-imposé aux utilisateurs du web et des applications mobiles qui remplace les cookies. Les seuls médias que j'ai trouvé (hors politiques de traitement des données personnelles), sont des médias spécialisés dans les solutions marketing : la solution de pistage a l'air plus efficace et plus respectueuse des données personnelles, ça parle de l'inefficacité des cookies, de consentement limité dans le temps.
Le 20/06/2025 à 07h49
Le 20/06/2025 à 07h54
Tout le monde se renvoie la balle dans cette histoire et cherche à ne pas endosser de responsabilité.
Modifié le 21/06/2025 à 11h37