En France, le monde publicitaire demande à Apple de supprimer la gomme magique d’iOS 18
Contrôler le contrôle
En mai, une coalition de médias et d’entreprises du monde publicitaire avait envoyé une lettre ouverte à Tim Cook. Elle demandait au patron d’Apple de renoncer à sa fonction de « gomme magique », qui n’existait alors qu’à l’état de rumeur. La fonction étant disponible depuis iOS 18, la coalition envoie une seconde lettre à Tim Cook, ainsi qu’à plusieurs ministres et à la Commission européenne.
Le 24 octobre à 17h33
5 min
Internet
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iOS 18 a introduit une fonction « Contrôle des distractions » dans Safari. Comme nous l’avions indiqué cet été, elle permet de pointer des éléments sur un site, le navigateur les supprimant alors. Le réglage est persistant d’une session à une autre, à moins que le site ne soit modifié.
Au printemps dernier, avant qu’Apple présente ses nouveautés à la WWDC en juin, cette fonction était à l’état de rumeur. Les bruits de couloir étaient suffisamment insistants cependant pour qu’une coalition de six associations représentant le monde de la publicité s’en émeuve. L'Alliance Digitale, l'Udecam, le Geste, le Syndicat des Régies Internet, l'Union des Marques et l'Apig avaient ainsi envoyé une lettre ouverte à Tim Cook lui demandant, dans les grandes lignes, de renoncer à cette fonction. Déjà, à l’époque, la lettre indiquait que ce type d’affaire avait déjà été porté devant la justice. Une menace à peine voilée.
Maintenant que le Contrôle des distractions est disponible depuis début septembre, la coalition réitère sa demande et hausse le ton.
Une gomme à tout faire
Le préambule de la lettre est assez étrange. La coalition indique en effet que sa première lettre est restée sans réponse, mais qu’en « l'absence de tout commentaire public ou de clarification », elle avait des raisons de penser qu’Apple avait renoncé à sa fonction.
La coalition dit avoir constaté dès le mois d’août l’arrivée du Contrôle des distractions et de sa capacité à masquer n’importe quel élément d’une page web. « Cette évolution a ravivé les mêmes préoccupations que celles qui ont motivé notre lettre initiale, envoyée au nom des 800 entreprises que nous représentons collectivement dans les secteurs des annonceurs, des agences médias, des éditeurs, des médias, de l'AdTech et du marketing mobile », pointe la lettre.
Selon les associations, la fonction de Safari a au moins trois conséquences, puisqu’elle peut :
- Dissimuler n’importe quel type de contenu, y compris éditorial et protégé par le droit d’auteur, permettant de « faciliter de manière spectaculaire la manipulation d'informations sur Internet et la fidélité des transactions »
- Servir à masquer les bandeaux et murs de consentement, mettant en péril la conformité avec le droit européen
- Masquer n’importe quelle forme de publicité
Une grande inquiétude
« Les tests de la version bêta et de la version publique d'iOS 18 ont accru l'inquiétude dans nos différents secteurs d'activité », indique la lettre. Cette inquiétude est d’autant plus forte, pointe la coalition, que d’autres rumeurs indiqueraient que ces fonctions « pourraient être activées dans un avenir proche directement dans les paramètres du navigateur Safari ».
L’association rappelle que Safari a reçu le statut de Core Platform Service en vertu du DMA et que le navigateur est donc soumis à un certain nombre d’obligations, pour ne pas bousculer le marché. Puisque la gomme peut avoir des « conséquences profondes », la lettre demande à Tim Cook d’arrêter le déploiement de cette fonction « dans l'attente d'un examen plus approfondi » et un accès à une documentation complète. La coalition veut « s'assurer que la fonctionnalité est conforme à la législation européenne et respecte les droits de toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs européens ».
On peut comprendre que le monde de la publicité soit devenu très sensible aux décisions d'Apple. Il avait été particulièrement échaudé par l'arrivée de l'App Tracking Transparency dans iOS/iPadOS 14.5.
Une fonction pourtant manuelle
Les craintes de l’association se fondent sur le potentiel de la fonction. Effectivement, toute personne en possession d’un produit Apple avec iOS ou iPadOS 18 peut le confirmer. Depuis l’icône située à gauche de la barre d’adresse, on fait apparaître un panneau dans lequel on peut appuyer sur « Masquer les éléments gênants ».
Apple n’a pas justifié l’apparition de cette fonction, mais il est aisé de comprendre son intérêt. Nombre de sites sont aujourd’hui difficiles à naviguer, tant le nombre d’éléments flottants, bandeaux, publicités, vidéos et autres peut parfois être important.
Pourtant, la lettre fait presque du Contrôle des distractions une fonction toute-puissante alors qu’elle est manuelle. Cachée dans un menu, il est probable que nombre d’utilisateurs ne connaissent pas son existence. Il faut spécifiquement aller la chercher et appuyer sur chaque élément que l’on veut supprimer. En outre, elle ne remplace pas les bloqueurs de contenus qui, eux, fonctionnent de manière automatisée. Pourtant, la coalition ne semble pas s’inquiéter de la possibilité d’installer de tels bloqueurs sur iOS et iPadOS.
La lettre, en tout cas, a autant été envoyée à Tim Cook qu’à la Commission européenne, ainsi qu’à plusieurs ministres : Rachida Dati (ministre de la Culture), Antoine Armand (ministre de l'Économie) et Clara Chappaz (secrétaire d'État chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique). Elle indique que tous les recours juridiques sont envisagés, dont « les voies liées à la protection des données, à la
liberté de la presse, aux droits de propriété intellectuelle, aux droits d'auteur, au droit des marques et
à la réglementation de la concurrence ».
En France, le monde publicitaire demande à Apple de supprimer la gomme magique d’iOS 18
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Une gomme à tout faire
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Une grande inquiétude
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Une fonction pourtant manuelle
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 24/10/2024 à 17h47
Le 24/10/2024 à 17h51
Le 24/10/2024 à 18h56
Le 24/10/2024 à 18h00
Le 24/10/2024 à 18h17
Bon il faut connaître un peu les CSS, mais des CSS toutes faites existent comme sur cette page.
Ils vont demander à la virer aussi ?
Le 28/10/2024 à 10h13
Le 28/10/2024 à 10h34
Le 24/10/2024 à 18h20
Vraiment les voir couiner me mets en joie.
Le 24/10/2024 à 18h32
Le 24/10/2024 à 19h29
Le 24/10/2024 à 19h44
Le 24/10/2024 à 22h15
Ma préférée étant Wipr
Le 25/10/2024 à 07h11
Le 25/10/2024 à 11h44
Le 24/10/2024 à 21h13
Le 24/10/2024 à 19h43
Le 24/10/2024 à 20h03
Le 24/10/2024 à 21h04
Le 25/10/2024 à 07h51
Désolé, la fausse note m'a fait grincer des dents
Le 25/10/2024 à 10h34
Pleure de conserve, mon joli
Le 25/10/2024 à 11h46
https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/22252/le-vocabulaire/nuances-semantiques/difference-entre-de-concert-et-de-conserve
(Raté )
Le 25/10/2024 à 12h47
Car même ma veine sentence est passée inaperçue... Le pleure est un nom donné au cri du goéland; et "joli" faisait référence à la "jolie brise"... Que d'amertume... (là encore emprunté de ""Puis, un Vent très amer courut par les cieux froids.")
Bref, l'usage "de conserve" est valable dans l'expression du sens voulu ici, quoi que la grandiloquence conservatrice en dira ;)
Le 25/10/2024 à 15h14
Du coup, c'est bon non ? On est juste dans le cas particulier où quelqu'un ne l'a pas utilisé dans le contexte du voyage.
Le 24/10/2024 à 20h20
à la réglementation de la concurrence ».
ils veulent pas aussi appeler le président des zétazuni, l'armée du salut et Ferd aussi pendant qu'ils y sont?
Le 24/10/2024 à 21h13
Le 24/10/2024 à 22h07
Tu dois bien avouer aussi que depuis, Maxthon 2 n’est pas considéré comme Core Platform Service.
Le 24/10/2024 à 22h27
Le 24/10/2024 à 23h25
Le 25/10/2024 à 10h06
Ces gens sont aux abois, ils veulent interdire, pour leurs profits, tous les outils qui libèrent les utilisateurs.
Modifié le 25/10/2024 à 11h05
Le 25/10/2024 à 11h49
Le 25/10/2024 à 19h50
Ces sal.pards de marketeux ne doutent vraiment de rien sur leur terrain volé, si ça continue ils vont défendre leur point de deal à la kalach.
Le 25/10/2024 à 07h47
Et depuis des lustres, quand j'explique aux gens ce qu'est un bloqueur de pubs, je le fais avec une phrase :
"Le site propose, le navigateur dispose".
Éduquer son navigateur pour qu'il ne ramasse pas toute la m... qu'on trouve sur Internet, c'est un peu comme d'apprendre le caniveau à son chien; ça permet de marcher sans devoir regarder par terre.
Le 25/10/2024 à 08h54
Le 25/10/2024 à 09h49
Le 25/10/2024 à 09h52
Le 25/10/2024 à 10h12
Ou aussi contre Free, qui dans l'application OQEE permet de mettre en pause un film à son début pour ensuite passer les pubs.
Le 25/10/2024 à 11h13
La coalition veut « s'assurer que la fonctionnalité est conforme à la législation européenne et respecte les droits de toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs européens ».
De quels droits des consommateurs on parle là? Le droit de subir la pub?
J'imagine les gouttes de sueurs du pauvre communiquant sommé de pondre un texte pareil, ça doit pas être facile
Le 25/10/2024 à 11h22
Le 25/10/2024 à 14h20
Le 26/10/2024 à 08h42
Et en plus, ils s'inquiètent pour le droit d'auteur et la "manipulation" d'information. Mais n'importe quoi. C'est quoi le rapport avec la liberté individuelle, et manuelle, de faire disparaitre soi-même des parties d'un site, dans son propre navigateur. C'est tellement à côté de la plaque cet argument.
Y en a qui n'ont vraiment aucune gêne, hein. Enfin, venant de cette industrie, l'étonnement est à 0%.
Le 26/10/2024 à 09h20