YouTube veut offrir une « seconde chance » à des créateurs bannis
Here we go again
Dans un billet de blog, Google annonce presque en fanfare le lancement d’un programme pilote permettant à des personnes précédemment bannies de recréer une chaine. Officiellement, il s’agit de suivre les évolutions de la société, mais la désinformation n’est pas là.
Le 10 octobre à 16h04
5 min
Internet
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Le billet, publié ce 9 octobre par Google, est très neutre. Il commence par insister sur la grande opportunité que peut représenter la plateforme de vidéos puisque 100 milliards de dollars ont été reversés aux chaines au cours des quatre dernières années. Ce chiffre, qui peut en attirer plus d’un, met d’autant en exergue les personnes bannies. « Nous savons que notre approche de longue date consistant à imposer des interruptions à vie peut être difficile pour les créateurs », affirme Google.
YouTube rappelle bien sûr qu’il existe un processus permettant de faire appel, si l’on estime que la décision est injuste. Cependant, comme l’entreprise le reconnait elle-même, « la majorité des décisions portées en appel sont confirmées ».
Selon l’entreprise, la communauté aurait insisté « haut et fort » pour avoir d’autres options. Elle annonce donc le lancement d’un programme pilote, afin que « certains créateurs qualifiés » puissent « reconstruire leur présence sur YouTube ».
Seconde chance
YouTube assure savoir que de nombreuses personnes bannies de la plateforme « méritent une seconde chance ». Après tout, le service a « évolué et changé au cours des 20 dernières années » et eu lui-même son lot de secondes chances, philosophe Google.
La disponibilité du processus n’est pas très claire. Dans un premier temps, Google parle d’une diffusion « au cours des prochains mois » pour les personnes éligibles, qui pourront alors faire la demande. Peu après, l’éditeur indique que les créateurs éligibles pourront demander la création d’une nouvelle chaine « au cours des prochaines semaines ». Ces demandes devront être faites depuis les chaines supprimées.
YouTube ajoute, qu’à l’instar « de nombreuses autres plateformes », les personnes bannies pourront reconstruire leur communauté via leurs nouvelles chaines. Le billet précise même que toutes les vidéos précédemment publiées pourront être chargées de nouveau dans l’interface, à condition qu’elles respectent les règles en vigueur. YouTube évoque « un nouveau départ ».
Un an d'attente après la fermeture forcée d'une chaine
Peu d’informations en revanche sur la manière dont les demandes vont être évaluées. « Nous prendrons en compte plusieurs facteurs », indique YouTube. Seuls deux exemples sont fournis : la gravité de l’infraction initiale au règlement de la communauté ou aux conditions d’utilisation, et si l’activité « a nui ou pourrait continuer de nuire à la communauté YouTube, comme les chaînes qui mettent en danger la sécurité des enfants ».
Le billet répond quand même à quelques questions courantes. Ainsi, la monétisation sera de nouveau possible et il faudra à nouveau postuler au Programme Partenaire YouTube. De plus, si le projet pilote débouche sur un processus permanent, il faudra quand même attendre un an avant de pouvoir demander l’ouverture d’une nouvelle chaine si la précédente a été fermée pour infraction. C’est la période pendant laquelle l’appel est disponible, et YouTube recommande donc de mettre ce temps à profit.
L’ombre de la désinformation
Bien que la communication de YouTube soit savamment rédigée comme une évolution positive de la plateforme, The Verge affiche une grille de lecture différente. Nos confrères rappellent ainsi que fin septembre, Google a fait parvenir à la Commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis un courrier (PDF), dans lequel les avocats de l’entreprise affirment que le gouvernement Biden avait fait pression pour supprimer les contenus liés au covid-19.
2020 avait vu en effet l’apparition d’une ligne plus stricte chez YouTube, allant de la démonétisation à la suppression des chaines faisant la promotion de théories du complot. Après l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, nouvelle salve de tirs. Plusieurs créateurs de contenus perdent leur chaine, y compris Donald Trump.
Or, depuis que le magnat des affaires est de retour à la Maison-Blanche, l’atmosphère politique a changé. Dans le courrier envoyé au Parlement américain, les avocats de Google relèvent ainsi que les directives communautaires du service ont considérablement évolué depuis 2020. En conséquence, pour mieux refléter son « engagement en faveur de la liberté d’expression », une possibilité de revenir serait offerte aux personnes bannies.
L’annonce d’hier est une concrétisation de cette promesse. Le député républicain Jim Jordan, à la tête de la Commission judiciaire, s’en était copieusement félicité sur X le 23 septembre. La décision est lourde d’implications politiques, car parmi les personnes bannies se trouve par exemple Dan Bongino, directeur adjoint du FBI depuis quelques mois.
Rappelons que fin septembre, YouTube a accepté de dédommager Donald Trump à hauteur de 24,5 millions de dollars pour sa suspension en 2021, à la suite des évènements du Capitole dans lesquels il avait joué un rôle avéré. Enfin, le groupe Alphabet est poursuivi par le ministère américain de la Justice et la Federal Trade Commission pour abus de position dominante dans le domaine de la publicité.
YouTube veut offrir une « seconde chance » à des créateurs bannis
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Un an d'attente après la fermeture forcée d'une chaine
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L’ombre de la désinformation
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 10/10/2025 à 16h18
YouTube a accepté de dédommager Donald Trump à hauteur de 24,5 millions".
j'ai tjrs du mal à le vouloir comprendre.
Le 12/10/2025 à 19h53
Le 10/10/2025 à 16h22
La misère du monde me désespère parfois... surtout les USA.
Le 10/10/2025 à 17h53
Modifié le 10/10/2025 à 19h04
Le 10/10/2025 à 16h26
Le 10/10/2025 à 20h27
Le 10/10/2025 à 23h51
Le 11/10/2025 à 01h00
Bon ben une belle instance PeerTube ? ^^'
Modifié le 10/10/2025 à 16h46
Modifié le 10/10/2025 à 17h31
2. Félicitations au youtubeur VWestlife qui a ouvert une chaîne sur une instance Peertube. Il n'y a pas toutes ses vidéos mais au moins je salue son initiative en espérant qu'elle durera.
3. Tout le monde sur Peertube. :-)
Modifié le 10/10/2025 à 18h07
Alors oui, c'est une plateforme privé, ils font ce qu'ils veulent, blablabla. Mais à côté de ça, ils banalisent l'arbitraire. Perso ça me gêne qu'on éduque les gens à considérer cela comme normal.
Le 10/10/2025 à 19h01
Le 11/10/2025 à 07h36
Le 11/10/2025 à 22h18
Le 13/10/2025 à 09h48
Le 13/10/2025 à 19h16
Le 11/10/2025 à 11h20
Il y a même des créateurs indélicats qui font tout ce qu'il peuvent pour tacler la concurrence avec ce système. Ils payent un type dans un pays du tiers monde pour le faire. Histoire de ne pas laisser de traces et le tour est joué. Y'a pas besoin que cela soit vrai. Ils mettent quasi n'importe quoi dans les signalements (nom de société ayant droit fantoche etc.), mais ça passe crème.
Le 11/10/2025 à 13h35
Le 13/10/2025 à 09h50
Le 12/10/2025 à 10h42
Le nombre de sujet à ne pas couvrir est grandissant, la censure très us ( on peut tuer quelqu’un mais pas de téton, à un point où les images de dukenukem ne passe pas). Bref, la géométrie de ce qui passe ou pas est très variable. Avec, d’après les plaignants, personne de réel à qui parler du soucis.
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