Appel à la grève chez Free contre la réduction du télétravail
Free, mais pas trop non plus

Deux des syndicats des salariés de Free appellent à la grève à compter du 1ᵉʳ juillet en réaction à la mise à jour de la charte qui encadre le télétravail au sein des équipes de l'opérateur. Ils dénoncent une réduction drastique, imposée unilatéralement. La direction estime quant à elle nécessaire d'ajuster les curseurs au nom de la cohésion et de l'agilité des équipes.
Le 24 juin à 11h16
5 min
Société numérique
Société
Six mois après la mobilisation des centres d'appel, la problématique de la réduction du télétravail gagne du terrain au sein des équipes de Free en France. Deux organisations syndicales, FO et Printemps écologique, ont en effet annoncé vendredi le dépôt d'un préavis de grève au 1ᵉʳ juillet, concernant les salariés de plusieurs entités du groupe Iliad : Free Réseau, Free SAS, Réseau Optique de France, Free Mobile, Assunet, Iliad SA, Freebox et Trax.
De 8 à 6 jours de télétravail par mois
« Le mouvement s'annonce particulièrement suivi : pour la première fois, les équipes techniques de Freebox, R&D, audiovisuel, développement et support technique se mobilisent ensemble pour faire entendre leur voix », indique un porte-parole des salariés à Next, estimant par ailleurs que la CGT devrait « rejoindre la mobilisation ».
La principale pomme de discorde concerne le télétravail : la nouvelle charte déployée par l'entreprise prévoit en effet le passage, pour les salariés concernés, de huit à six jours de travail à distance par mois. Pour les deux syndicats qui appellent à la grève, cette charte est « imposée unilatéralement et jugée régressive pour les droits des salariés ».
Surtout, elle s'accompagnerait de contraintes perçues comme excessives, comme un « plafond arbitraire » fixé à deux vendredis télétravaillés par mois, l'absence de garantie du maintien du télétravail dans le temps, la suspension possible sans préavis, ou une indemnité dont le montant reste fixé à 0,5 euro par jour télétravaillé.
Un réajustement nécessaire selon la direction
Contactée par Next, la direction de l'opérateur confirme la mise en place de cette charte, et qualifie de nécessaire ce « réajustement de [son] organisation du travail », tout en en limitant la portée, puisque le télétravail ne concernerait que 15 % des près de 12 000 collaborateurs du groupe.
« La collaboration, la proximité, la spontanéité des échanges et la rapidité de prise de décision font partie de notre ADN, justifie l'entreprise. Trouver le bon équilibre entre le télétravail et les temps de présence sur site est essentiel pour faire vivre cette cohésion et cette agilité. »
L'opérateur affirme par ailleurs avoir respecté l'obligation de consultation des partenaires sociaux, et met en avant quelques adaptations favorables à certains cas particuliers : « RQTH, proche aidant, salariés habitant à+ 75 min de leur lieu de travail, femmes enceintes, et pour la 1ère fois en France d’après nous : collaboratrices atteintes d’endométriose ».
« Même pour les femmes enceintes, les personnes handicapées ou en situation médicale particulière, le nombre de jours reste plafonné (8 à 10 jours/mois), sous réserve d’un double accord manager + médecin du travail », rétorquent les organisations syndicales.
Un dialogue complexe
« Le projet vise davantage à encadrer, restreindre et surveiller le télétravail qu’à le promouvoir. Il impose des conditions rétrogrades, annule les accords existants, et place les salariés dans une précarité organisationnelle sans contrepartie », résume encore un argumentaire qui circule en interne.
D'après nos informations, un premier appel à la grève avait d'abord été envisagé pour le 5 juin, mais le dépôt du préavis a finalement été décalé, en partie parce que la journée était déjà occupée, sur le volet social, par une mobilisation intersyndicale tournée vers l'abrogation de la réforme des retraites. La finalisation des négociations annuelles obligatoires (NAO) ainsi que des nouvelles modalités de la démarche de Gestion des emplois et des parcours professionnels en entreprise (GEPP) pourraient également avoir joué un rôle dans ce calendrier.
Si les centres d'appel, qui s'étaient mobilisés en décembre dernier contre la suppression du télétravail, que l'entreprise justifiait à l'époque par une problématique de cybersécurité, ne semblent pas concernés au premier chef par ce préavis de grève, la situation y est également tendue. « Avec l'arrivée de l'IA développée en interne, on négocie dans les centres d'appel un accord GEPP avec un article sur la mobilité interne ou externe, qui devrait conduire cette année 300 personnes au départ », nous expliquait fin mai un porte-parole du syndicat FO Communication.
Quelle sera l'ampleur de la mobilisation le 1ᵉʳ juillet ? « Si l’appel à la grève devait être suivi, il n’y aurait
aucun impact pour nos abonnés », veut rassurer la direction de l'opérateur.
Appel à la grève chez Free contre la réduction du télétravail
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De 8 à 6 jours de télétravail par mois
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Un réajustement nécessaire selon la direction
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Un dialogue complexe
Commentaires (40)
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Abonnez-vousLe 24/06/2025 à 11h20
Le 24/06/2025 à 11h59
Le 24/06/2025 à 12h45
Si tu veux tout comptabiliser, je te laisse aussi prendre en compte la réaffectation du temps de trajet: si ça permet au salarié d'aller au marché pour acheter des légumes bio et locaux et de cuisiner ses repats plutôt que de se faire livrer son deliveroo de plat industriels...
Le 24/06/2025 à 13h56
Acheter des gadgets à la con produits à l'autre bout du monde qui serviront quasiment jamais, se déplacer en avion pour les WE, prendre sa voiture pour sortir le soir pour se changer les idées parce que tu passes ta vie entre tes 4 murs, bref, la liste est longue. L'évolution des émissions montre que ce n'est un sujet simple (ça a marché ... pendant le confinement car le report des déplacements était interdit, l'explosion des consommations et émissions de la reprise post Covid semble plutôt pointer qu'il y a un rebond).
Le 24/06/2025 à 13h58
Je dis ca en étant pour le télétravail ! Mais il est vrai qu'il y a une meilleure réactivité, de meilleures interactions (pro et sociale) en étant proche les uns des autres qu'à distance.
Dans le cas de Free, 8 jours, ce n'était pas encore énorme, je trouve.
Le 24/06/2025 à 22h47
Perso, c'est l'effet inverse pour moi. La réactivité est meilleure en TT car tu n'as pas le bruit ambiant, les "parasites" et que, les gens qui te contacte ont réellement besoin d'avoir une info/avis/conseil après avoir cherché de leur coté. Et par ricochet, les liens sociales sont de meilleurs qualités car tu es moins énervés.
Après, il faut savoir que mes collègues de travail je m'en fiche largement là où je bosse. Je fais ce qu'il faut pour éviter une ambiance toxique.
Le 07/07/2025 à 07h56
J'ai eu plusieurs (tous mes ?) managers harcelant pendant les périodes de TT imposés (appel teams bien trop régulier sans aucun préavis, relance(s) / escalade(s) dés tu réponds pas dans la seconde sur un sujet, suspicion de glandouille à charge)
=> Ma conclusion est que ceux qui ont des remords à trop glandouiller supposent d'office que leur équipe fait pareil...
Côté junior, ça accentue la "timidité" à demander de l'assistance d'un plus XP, les jeunes restent avec leurs problèmes, et attendent le prochain daily pour dire qu'ils n'ont rien foutus de la journée...
=> ça c'est complètement dû à la distance (et le daily généralement mal drivé): ils n'osent pas me déranger ne sachant pas ce que je fait (ex: tâche complexe, ou débug un peu chronophage), et c'est plus simple de posé une question orale que d'écrire (tracer) un message instantané. De mon côté je les vois pas galérer sur internet ou le paraverbale du type se prendre littéralement la tête et/ou le silence anormalement long.
Le 24/06/2025 à 11h21
De mon côté j'avoue que je n'aime pas spécialement cela, j'arrive pas à bosser chez moi, je préfère être au taff.
Après, on voit globalement une réduction du temps de travail un peu partout dans toutes les entreprises, alors pourquoi ?
Est-ce qu'il y a beaucoup d'abus ? Est-ce que le fait que chacun chez soi nuit à la cohésion d'équipe ?
J'imagine qu'il y a des raisons pour que cela se passe un peu partout, avec au final ne serait-ce qu'une sensation de baisse de productivité constaté par les entreprises ?
Le 24/06/2025 à 11h30
C'est un moyen de diminuer le nombre de licenciements forcés.
C'est tout bénef ( Spécialité Broadcom par exemple )
Le 24/06/2025 à 11h54
Mais je ne sais pas si c'est la volonté in fine de Free içi.
Le 01/07/2025 à 12h45
J'ai l'impression que cette vague est assez récente comme une conséquence de la diminution du volume d'affaire en IT.
Quelqu'un peut confirmer?
Le 24/06/2025 à 11h42
Mais dans toute ces histoires, ce que je ne comprends pas c'est que vérifier si le boulot est bien fait, organiser le travail, etc.. Ben c'est le rôle des managers. Un rôle plus intéressant que valider les demandes de tt hebdomadaire (si, si je vous jure). Après bien sûr ça pourrait s'organiser, avec jours commun ou ce type de choses.
Donc tout ça pour moi, ça montre plus que ces fameux manager, en majorité, ne sont tout simplement pas compétents, mais plutôt que de les former ou aider, les dirigeants prennent des décisions qui minent la motivation de leurs employés.
Le 24/06/2025 à 11h45
Avec la crise du COVID, il s'est imposé mais pas mal de RH estiment à tord que cette situation a trop durée. C'est caractéristique d'un besoin de contrôle et surtout d'un manque flagrant de confiance.
Ce que j'ai pu constater dans ma carrière jusque là est que ce sont les chefs les plus tire au flanc qui sont également les plus soupsonneux envers sur subordonnés.
J'en tire donc la conclusion que, sans autre argument valable, les dirigeants de free sont juste des tire au flanc eux même.
Le 24/06/2025 à 11h58
Sans compter que prendre des règles qui ne s'appliquent pas à ceux qui les dictent, c'est plus simple.
Le 24/06/2025 à 15h23
Le 25/06/2025 à 10h38
Le 01/07/2025 à 12h34
mieuxdavantage travailler les autres à leur place (ce qui est la def d'un manager).C'est la seule façon de pouvoir évaluer un manager selon moi..
Le 07/07/2025 à 08h04
Le 24/06/2025 à 11h54
Le 24/06/2025 à 12h06
En gros on préfère l'absentéisme au télétravail.
Hint pour les responsables / managers: ce n'est pas parcequ'une personne est en présentiel qu'elle travaille plus.
Le 24/06/2025 à 12h07
Si vous commentez cette news sur votre temps de télétravail, vous donnez raison à FREE et plus globalement la démarche des employeurs qui réduisent le télétravail !
Le 24/06/2025 à 12h40
Et j'ai connu des gens qui glandaient devant des vt200 avant même que l'idée d'Internet soit arrivé dans les sociétés
Le 24/06/2025 à 14h19
Le 25/06/2025 à 11h36
Le 24/06/2025 à 14h49
On peut juste deviner si c'est pendant le temps de travail, et encore, le temps de pause permet de poster sans perturber son travail.
Perso je n'ai jamais autant posté que dans j'étais sur place. A la maison je suis bien plus concentré, car je n'ai pas les bruits de l'open space, Kévin qui raconte ses nuits avec ses conquêtes, la machine à café qui beugle tous les minutes (on est "au travail" mais on boit plus de cafés qu'à la maison), les écouteurs de Timéo trop forts, les chefs qui passent leurs journées à gueuler sur tout le monde...
Le 24/06/2025 à 13h09
Modifié le 24/06/2025 à 13h53
Il y a des concepts novateurs je trouve, quand même.
Sans oublier celles à l'autre bout de la France demandant de venir sur site.
C'est un bon moyen pour se constituer un pokedex cela dit.
Modifié le 24/06/2025 à 15h31
C'est de la novlangue de RH pour minimiser l'existence d'un lien de subordination et forcer l'impression d'une volonté du groupe d'avancer ensemble.
Ce sont des salariés, ils n'ont pas de pouvoir de décision dans l'organisation ou la stratégie. La preuve avec cette actualité où l'employeur peut modifier unilatéralement l'organisation du travail.
C'est dans la même ligne que vidéo protection, plan de sauvegarde de l'emploi etc. Il y a depuis de nombreuses années, un mouvement de modifications du langage courant qui est poussé par les élites libérales afin de déposséder les travailleurs, des mots pour décrire la situation de domination dans laquelle ils sont.
Le 24/06/2025 à 15h40
La charte de télétravail peut légalement être rédigée unilatéralement par la direction d'une entreprise. Pourtant certaines entreprises prennent le temps de négocier dessus.
Après si par défaut tu amènes cet état d'esprit dans tous les lieux où tu bosses, forcément tu seras considéré comme tel.
Le 24/06/2025 à 16h12
Mais comme le dit très bien overpacking, le vocabulaire utilisé par les RH/patrons/employeurs tend à minimiser ce lien de subordination.
Modifié le 25/06/2025 à 00h33
Quand un salarié est aussi actionnaire de son entreprise: il est classé dans quelle case ?
La plupart des salariés travaillent dans des TPE ou des PME... sachant qu'à ce niveau, du travail des salariés dépendra la viabilité de l'entreprise, dans quelle case vous les ranger ?
Hint: par rapport à la novlangue dont vous parlez, être un collaborateur n'efface pas les liens hiérarchiques.
Hint2: être un bon manager c'est être à l'écoute des personnes avec qui il travaille. Jamais dans votre vie vous n'avez croisé une personne comme cela ?
Hint3: dans tout groupe, il y aura forcément un leader qui ressortira sans pour autant qu'il y ait rémunération derrière: Vous apportez cet état d'esprit à l'ensemble de vos échanges avec le monde ?
Le 25/06/2025 à 00h32
S'il est actionnaire suffisamment influant (beaucoup d'actions et pouvant voter dans le même sens que d’autres actionnaires), il peut faire changer les dirigeants et donc ceux qui donnent les ordres, mais il reste un subordonné quand même et peut même être viré.
Le 25/06/2025 à 00h56
Et pour ce qui est de la négociation dans les entreprises, oui bien sûr que pas mal négocie, reste que c'est la direction qui siffle la fin de la récréation et met en place ce qu'elle souhaite.
Un exemple assez simple, le nombre de boites dans lesquelles les NAO annuelles ne sont pas signés par les syndicats et pourtant mise en place selon le bon vouloir de la direction. Et cerise sur le gateau, chez nous par exemple, lorsque les syndicats n'ont pas le taux qu'ils souhaitent, ils quittent la table laissant le champ libre à la direction pour mettre le % qu'ils souhaitent.
Le 25/06/2025 à 11h43
En revanche, pour qu'un accord d'entreprise soit valide, il doit être signé par des syndicats représentants au moins 30% des voix aux dernières élections.
Le télétravail est un cas particulier, certaines entreprises étant passées par un simple règlement intérieur (c'est le cas de Free si je comprend bien l'article) et d'autres par un véritable accord d'entreprise (qui, lui impose une vraie négociation).
Le 25/06/2025 à 11h53
Et lorsque le même travailleur est licencié, il est qualifié de « salarié » ; on met ainsi en avant le coût financier du travailleur pour l'entreprise, ce qui sous-entend « En le licenciant, l'entreprise est vertueuse : elle économise des salaires ».
Ce que le travailleur apporte à l'entreprise est ainsi occulté.
Le 25/06/2025 à 00h52
Pour les 3 jours, il faut tout de même qu'il y ait une raison. Pour ceux en flex, c'est normalement moi qui pose les jours comme je l'entends avec, à la base, pour seule consigne, 2j/semaine sur site.
Mon manager, très humain au demeurant, en avait marre que sont équipe ait très peu de jours ensemble sur site pour une question de cohésion et car notre apprenti, lui, n'avait qu'une journée par semaine en télétravail.
Et bien ce fût rapide, on a toujours 12 jours par mois mais avec deux jours imposés par semaine au bureau vs 2 jours choisis.
Et cette décision, il peut la prendre comme bon lui chante car c'est bien stipulé dans nos avenants que c'est à sa discrétion, c'est son droit.
Si il le souhaite, il peut même casser nos avenants signés avec les RH dans lesquels nous avons tous 12 jours pour en avoir moins, il lui suffit de motiver sa demande (priorité à l'activité).
Bref, le télétravail c'est super, dans mon cas j'ai 4h/4h30 de trajet par jour pour y aller. Je ne me plains, je le savais en signant, mais si demain les jours accordés baissaient, je n'irai pas faire grève, je partirai.
Et c'est simple et simpliste dans mon cas, surement bien moins dans d'autres.
Modifié le 25/06/2025 à 08h58
Le 25/06/2025 à 09h19
Le 25/06/2025 à 14h59
Modifié le 25/06/2025 à 17h58
En tout cas vu comment sont organisés les travailleurs dans la tech c'est sûr que les directions peuvent se permettre d'imposer ce genre de changements sans avoir trop à craindre.