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Deezer affirme être capable de détecter et étiqueter la musique générée par IA

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Deezer affirme être capable de détecter et étiqueter la musique générée par IA

Deezer a annoncé vendredi le lancement de son outil de détection et d'étiquetage automatique des contenus musicaux produits à 100% par des modèles d'intelligence artificielle générative. La plateforme revendique une première mondiale, qualifiée d'indispensable pour lutter contre le phénomène des streams frauduleux.

Le 23 juin à 17h13

« Certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l'aide de l'intelligence artificielle », indiquent désormais certaines fiches Deezer. Le service a en effet annoncé, vendredi 20 juin, la mise en service d'un outil d'étiquetage des morceaux générés par IA sur sa plateforme d'écoute de musique en ligne.

Pour ce faire, il exploite une technologie de détection automatisée, développée par ses soins, qui aurait donné lieu au dépôt de deux brevets, et aurait surtout permis à Deezer de mesurer l'explosion de la publication de musique générée par IA.

En avril dernier, la société affirmait ainsi que « 18% des nouvelles musiques publiées chaque jour sur sa plateforme sont entièrement générés par intelligence artificielle ». Elle évoquait alors un volume doublé en seulement trois mois.

0,5% des écoutes, mais 70% de fraude

Beaucoup de morceaux, mais peu d'écoutes : la musique générée par IA ne représenterait que 0,5% des streams de la plateforme. Elle servirait cependant un autre phénomène : celui des écoutes frauduleuses, c'est-à-dire des comportements d'internautes simulés sur la plateforme, utilisés pour gonfler artificiellement l'audience et donc les revenus de certains artistes. « Aujourd’hui, jusqu’à 70 % des écoutes de titres entièrement générés par IA sont considérées comme frauduleuses », affirme Deezer, sans détailler les modalités de ce calcul.

En réponse, la plateforme s'est donc lancée dans le développement d'un algorithme de détection « capable d’identifier la musique 100 % générée par les modèles génératifs les plus avancés – comme Suno ou Udio – avec la possibilité d’ajouter de nouveaux outils, à condition de disposer des données nécessaires ».

Deezer affirme ainsi être capable de détecter, directement dans le signal audio, des marqueurs associés à l'outil qui a servi à la génération, du moins s'il s'agit de Suno ou Udio, considérés comme les leaders du marché. « Quand les algorithmes d'IA génèrent de la nouvelle chanson, ils ont des espèces de petits bruits qui les identifient, propres à eux (...) qu'on va pouvoir retrouver. Ce n'est pas audible à l'oreille mais c'est visible dans le signal audio », décrit auprès de l'AFP Alexis Lanternier, directeur général de Deezer. L'outil serait, d'après lui, « fiable à 98% ».

« Concrètement, tu sauras enfin si ce que tu écoutes a été créé par un humain… ou pas », présente encore Deezer sur l'une des pages de son forum. La plateforme précise que les morceaux générés par IA ne seront plus mis en avant dans ses listes de lecture éditorialisées ou dans les recommandations algorithmiques.

Comment gérer ces productions générées par IA ?

Pourquoi ne pas purement et simplement les supprimer ? « Ou même encore mieux, pourquoi ne pas les bloquer à l’entrée en les soumettant à ce test de détection avant publication, afin d’éviter qu’ils envahissent inutilement la plateforme ? », s'interroge un utilisateur. En dehors des cas de plagiat ou de violation des droits d'auteur, la question n'est pas triviale : quid des faux positifs, ou des morceaux qui ne seraient que partiellement générés par IA ?

À défaut d'un blocage a priori, Deezer a déjà montré qu'il était possible de faire le ménage : en avril 2024, la société avait indiqué avoir supprimé sur six mois quelque 26 millions de titres (l'équivalent de 13% de son catalogue), « dont du contenu non artistique, des bruits et des doublons », grâce à ses outils de détection automatisés.

Certains des 20 albums publiés en huit mois par cet artiste sont étiquetés « contenu généré par IA »

Jusqu'où les outils automatisés de Deezer se montreront-ils efficaces, surtout si de nouveaux modèles de génération de musique font leur apparition ? Dans le domaine du texte ou de l'image, les modèles de détection sont souvent pointés du doigt pour leur piètre efficacité, et nos propres travaux sur la prolifération des sites d'actualité générés par IA concluent à la nécessité d'une analyse manuelle.

La plateforme française n'est pas la seule à étudier cette approche automatisée. YouTube a ainsi annoncé en septembre dernier qu'il travaillait à la détection des éléments visuels ou sonores générés par IA au sein de sa technologie de lutte contre les infractions au droit d'auteur, Content ID.

Au-delà de l'efficacité technique, Deezer adopte surtout une posture de contrôle et d'encadrement des pratiques liées à l'IA, là où son grand rival Spotify est soupçonné d'avoir, au contraire, volontairement diffusé des morceaux créés par de faux artistes au sein de certaines listes de lecture thématisées.

Commentaires (15)

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Certains des 20 albums publiés en huit mois par cet artiste sont étiquetés « contenu généré par IA »
Voilà un cas où il n'y a la plupart du temps pas besoin d'analyser les fichiers audio... VINGT albums en HUIT MOIS ! Soit un tous les 12 jours...
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Même Zappa n´avait pas cette cadence.

Prince en aurait été capable, éventuellement.

Si on les met au défi, peut-être que King Gizzard and the Lizzard Wizard pourraient s´essayer à l´exercice.

:musique:
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Zappa n'avait pas cette cadence mais la qualité anthropologique de son travail est encore valable aujourd'hui.
Le tropisme narré par Jewish Princess est finalement très proche des utilisateurs d'IA. :windu:
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Justement, les plate-formes de streaming audio devraient limiter le nombre d'albums par an par artiste. On prend la moyenne de ce que publie un interprète humain et on réduit encore plus ce seuil.

Joseph Arthur est pas mal prolifique, bon je pense qu'on est plutôt de l'ordre d'un album par an (ce qui est déjà pas mal, selon moi...).

[edit : Jul, c'est environ deux albums par an, Joseph Arthur, environ un album par an].
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Dafuq ?

On va mettre des quotas sur la production artistique maintenant ?

Au nom de quoi ?

De plus, vous parlez d'album dans la discussion, mais c'est oublier les EP et les singles. On va interdire à un artiste de sortir un titre par semaine ?
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"20 albums publiés en huit mois" pour Invisible Man, je n'ai jamais croisé d'artiste publier autant d'albums en si peu de temps. Même chose pour les singles et maxi.
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Et donc parce que des abrutis flood ces plateformes (comme KDP est floodé de merde écrite par des LLM) on devrait limiter la création artistique ?

Ça commence comme ça et demain on aura plus le droit de s'autoéditer ou s'autoproduire avec un tel niveau d'arbitraire.
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Désolé mais ça peut être une solution, imparfaite, j'en ai bien conscience... en attendant d'en trouver une ultime.

1. Finalement, je ne suis pas sûr que ça pénalisera tant d'artistes que ça. Admettons que quelqu'un sorte deux sons par semaine. Cela nous ferait environ 10 albums/ans donc je trouve qu'on est encore large par rapport à la limite des de 20 albums/8 mois.

2. Pour KDP, Amazon avait également songé à mettre des quotas en place, d'où le fait que j'avais pensé à cette idée.

3. Si jamais tu trouves que ce n'est pas suffisant, tu peux toujours publier sur ton site web ou sortir tes prods en physique. Ça ne tuera pas l'auto-édition ou l'auto-production.
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Jusqu'où les outils automatisés de Deezer se montreront-ils efficaces, surtout si de nouveaux modèles de génération de musique font leur apparition ?
Surtout si la musique générée par les humains continue de briller par son absence de créativité. A un moment, on ne fera pas la différence entre la soupe artificielle et la soupe faite maison.

Mais je parie que les artistes connus seront magiquement exemptés de la détection automatique, car faudrait pas froisser les susceptibilités.
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Le problème n'est pas la créativité.

Dès qu'on fait l'effort de ne juste pas écouter ce que les plateformes (de Spotify à NRJ) mettent en avant, on en trouve en quantité vertigineuse de la créativité.

Le problème c'est que créativité et visibilité ont une très forte tendance à s'exclure mutuellement.

Du coup, c'est un peu comme la bouffe: pour bénéficier de la qualité, il faut faire quelques efforts.
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La musique c'est une industrie: il y a des investissements et faut que ca raporte. Donc il y a optimisation.

Les gens écoutent sur Spotify/Deezer, ce qui conduit tout le monde à optimiser pour spotify.
=> Les chansons n'ont plus de longues intro: elles commencent directement par le hook/refrain, car les gens zapent s'ils ne sont pas accrochés (ou s'ils ne reconnaissent pas) dés les 15 premières secondes.

Les gens écoutent sur le haut-parleur du smartphone/enceinte connectée, ce qui conduit tout le monde à optimiser pour cela.
=> Les chansons n'ont plus de bas-medium (~300hz) ou bas-aigu (~3500 Hz) pour éviter la resonance des fréquences de coupure

Et bien sur, le plus important, le style (=la production): Les progressions d'accords prévisibles, l'absence de changement de clé, l'abus des supertoniques, le doublage des lignes vocales, ...
=> Si on s'éloigne des recettes magiques, on prend le risque que les gens n'aiment pas.
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Ça a toujours existé le formatage des morceaux musicaux. Il ne faut pas trop idéaliser ce qui se faisait avant non plus. :-)
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Ça a toujours existé le formatage des morceaux musicaux. Il ne faut pas trop idéaliser ce qui se faisait avant non plus. :-)
Le formatage tel que je le définis est apparu quand la musique est devenu une industrie complète = de la production jusqu'à la diffusion.

Je situe cela au moment où le DJ radio/tv a arrêté de faire sa propre programmation et a été remplacé par un animateur qui diffuse une programmation préétablie par les services vente, marketing, whatever.

Mais il restait encore un peu de marge de manoeuvre car la diffusion n'était qu'un moyen de promotion: encore fallait-il que le public achète.

Depuis qu'on est entré dans l'air des plateformes, c'est le diffuseur qui paye : plus le titre est diffusé, plus l'artiste est rémunéré.

Donc l'optimisation est allée un cran plus loin: on ne cherche plus à convaincre le public d'acheter, on veut le convaincre de simplement écouter. Ca change la manière dont on produit la musique.
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Même à l'époque, si tu ne passais pas à la télévision ou à la radio, c'était plus compliqué de te faire connaitre. Je dirais que les plate-formes de streaming permet aux auditeurices d'élargir leur horizon musical.

Ensuite, il faut savoir faire preuve de curiosité (je parle du coté auditeur ou programmateur musical).
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oui mais c'est bien ça le soucis : comment discerner la soupe d'NRJ des prods de Suno 4.5 (qui est extraordinaire pour générer des flots de musique lambda plus vraie que nature) ?

Deezer affirme être capable de détecter et étiqueter la musique générée par IA

  • 0,5% des écoutes, mais 70% de fraude

  • Comment gérer ces productions générées par IA ?

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