Le nombre de titres générés par IA proposé à Deezer a doublé en trois mois
With or Without IA

Le nombre de morceaux de musique identifiés par le détecteur de contenus synthétiques développé par la plateforme est passé de 10 000 à plus de 20 000 par jour entre janvier et avril. 7 à 8 % relèveraient de tentatives de fraude. Le patron de Deezer propose de « légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits », mais ne précise pas comment.
Le 17 avril à 17h51
5 min
IA et algorithmes
IA
« Environ 10 000 pistes totalement générées par IA sont livrées à la plateforme chaque jour, soit environ 10 % du contenu quotidien livré », expliquait Deezer en janvier dernier. La plateforme annonçait alors avoir déployé un « outil de pointe », conçu en interne et testé depuis un an, pour les détecter.
Alexis Lanternier, son CEO, précisait vouloir « développer un système de marquage pour le contenu totalement généré par IA, [pour] l’exclure des recommandations algorithmiques et éditoriales ». L'entreprise se donnait également pour objectif de développer des capacités de détection de voix générées par deepfakes.
Trois mois plus tard seulement, Deezer vient de révéler que « 18% des nouvelles musiques publiées chaque jour sur sa plateforme sont entièrement générés par intelligence artificielle ». « Soit plus de 20 000 chansons sur les quelque 150 000 qui sont versées chaque jour » (contre 25 000 il y a trois ans), souligne à Ouest-France Alexis Lanternier.
« C’est exponentiel », précise-t-il. « En deux mois, ce chiffre a presque doublé et il n’y a aucune raison que ça s’arrête tellement les outils sont faciles d’utilisation. Ça va continuer ! »
Légiférer pour rémunérer les artistes « et pas ces bruits »
« Nous les signalons clairement à l’utilisateur, en IA Generated, afin qu’il sache que ledit titre est produit par une IA générative et nous les sortons de nos algorithmes pour qu’ils ne remontent pas », tempère Alexis Lanternier, qui indique que Deezer a par ailleurs identifié « 7 à 8 % de fraude » :
« On ne voit pas d’explosion de la consommation de titres produits par l’IA. Les auditeurs cherchent des vrais artistes, de la musique incarnée et c’est heureux. Cependant, c’est un très bon outil pour les fraudeurs, qui créent plein de chansons pour générer des écoutes et récupérer des royalties. C’est sur ce point qu’il faut sans doute imaginer de légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits. »
En 2024, Deezer avait déjà supprimé 13 % de son catalogue
La plateforme, qui héberge aujourd'hui 130 millions de titres, fait régulièrement le ménage pour nettoyer son catalogue des titres qui faussent le calcul de la rémunération des artistes professionnels. La plateforme supprime ainsi l'encodage Flac (la meilleure qualité audio, mais très gourmande en stockage, précise Ouest France) des titres qui n'ont pas été écoutés depuis un an, au motif que « C’est très important, car cela génère de la pollution numérique ».
En avril 2024, Deezer avait ainsi annoncé avoir supprimé 13 % de son catalogue global, soit environ 26 millions de titres entre septembre 2023 et mars 2024, relevait alors BFMTech. Y figuraient des pistes composées de bruits blancs, albums ne contenant qu’un seul et unique morceau, titres et mauvaises imitations générés par intelligence artificielle.
10 millions d’utilisateurs dans le monde, dont la moitié en France
La plateforme vient par ailleurs d'annoncer plusieurs fonctionnalités, censées « offrir une expérience musicale encore plus personnalisée à ses utilisateurs et abonnés ». Elles visent, explique Alexis Lanternier, à « permettre aux utilisateurs de mieux comprendre les algorithmes et de prendre un peu plus le contrôle sur leur usage, de personnaliser encore plus leur expérience et de pouvoir partager facilement avec leurs communautés, abonnées ou non à Deezer ».
À compter du 28 avril, Deezer proposera un « lien de partage universel » afin que ses utilisateurs puissent partager leurs titres favoris, « que leurs amis soient sur Spotify, Apple music ou Youtube music ».
Interrogé par Ouest France sur la possibilité de se convertir en « futur réseau social », Alexis Lanternier botte en touche : « C’est tout à fait possible mais c’est trop tôt pour le dire. On va créer des solutions petit à petit. Évidemment, ça ne peut pas être un réseau social comme les autres, mais la musique est un outil de connexion exceptionnel, donc elle doit créer des liens, à nous de les faciliter. Les utilisateurs veulent davantage d’humain et moins d’algorithmes. »
Ouest-France souligne que la plateforme, cotée en Bourse et qui a atteint la rentabilité en 2024, « compte désormais un peu moins de 10 millions d’utilisateurs dans le monde, dont la moitié en France (où ça augmente) et le reste ailleurs (où ça baisse un peu) ».
Le nombre de titres générés par IA proposé à Deezer a doublé en trois mois
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Légiférer pour rémunérer les artistes « et pas ces bruits »
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En 2024, Deezer avait déjà supprimé 13 % de son catalogue
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10 millions d’utilisateurs dans le monde, dont la moitié en France
Commentaires (23)
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Abonnez-vousModifié le 17/04/2025 à 18h36
Les IA n'ont aucun droit en terme de propriété intellectuelle puisque celle-ci est limitée à la production humaine.
Il ne leur reste plus qu'à interdire les œuvres produites par IA de sa plateforme dans ses conditions et même de prévoir une indemnisation pour sa société si cette règle est violée.
Édit : et
Le 17/04/2025 à 20h55
"Les auditeurs cherchent des vrais artistes, de la musique incarnée et c’est heureux."
Ont-ils tenu le même discours contre les productions faites avec Vocaloid sur leur plateforme ? Je ne suis pas abonné Deezer et en regardant les titres, je ne vois pas de mention disant que c'est un contenu de synthèse.
Que ce soit contractuel ou via la loi, quelque chose me dit que l'histoire ne sera pas aussi simple encore moins dénuée d'effets de bord.
Le 18/04/2025 à 00h23
Si y'a plus droit à ça, faudrait aussi jeter toutes les chansons qui utilisent des instruments MIDI, des synthétiseurs ou autres trucs du genre. Tout ça semble très utilisé depuis quelques dizaines d'années, on serait peut-être surpris de ce qu'il resterait.
Modifié le 18/04/2025 à 08h27
Si la voix est générée par une machine, les Vocaloid rentrent bien dans le cas des "pas vrais artistes".
Mais la remarque sur les instruments synthétisant des sons est justement pertinente. Des CGU, voire une loi, mal écrites peuvent rendre de facto interdites toute la production musicale qui utilise beaucoup d'arrangements retravaillés par ordinateur et d'instruments synthétisant les sons.
Attention donc aux décisions prises en panique.
Le 18/04/2025 à 08h39
Après avoir jeté un œil rapide, je sais pas ce que fait exactement leur IA, ils parlent de générer une voix encore plus vraie qu'avant. Mais tant qu'il y a encore un humain à écrire les paroles, la mélodie puis régler tout ça pour un résultat satisfaisant, ça passe encore à mes yeux (même si chacun a sa sensibilité sur ce genre de questions).
Parce que si on pousse vraiment le truc jusqu'au bout, on n'aura plus droit qu'à de l'a cappella et du beatboxing. Au diable ces instruments en bois qui synthétisent des sons infaisables par des humains !
Le 18/04/2025 à 09h05
https://www.nouvelobs.com/politique/20200506.OBS28487/macron-aux-artistes-enfourchez-le-tigre.html
Si t'as pas la tessiture, enfourche la baleine. :/
Modifié le 18/04/2025 à 09h42
C'est aussi pour ça que j'ai tiqué sur le "de vrais artistes". Rien que cette expression a des niveaux d'acceptations différentes et peut mal orienter le débat.
Le 18/04/2025 à 10h49
Dans le cadre de la composition musicale, on peut tout à fait imaginer la même chose, un mixage de différents sons générés par IA générative. Le mixage de son provenant de banque de son est déjà une pratique courrante et reconnu.
Modifié le 18/04/2025 à 12h46
Le souci est qu'en ce moment, dès qu'on dit "IA" dans le domaine artistique, c'est un rejet en bloc avec des réactions hystériques (même si j'ai eu des discussions posées avec des illustrateurs dernièrement - dans mon cahier des charges j'avais mis des exemples générés et j'avais peur parfois des réactions. Heureusement, aucune de ce genre). J'avais vu passer y'a quelques semaines sur Bluesky des posts comme ça en mode "encore un truc à bannir" au sujet d'un jeu indé Steam qui indiquait avoir utilisé de l'IA générative pour créer ses assets.
Ce n'est pas avec des réactions stupides de ce genre que le schmilblick avancera. Pire encore, il sera contreproductif et pourra même desservir la cause de défense des artistes.
(ce qui, en soit, est la maladie commune à une bonne part de militants)
Le 17/04/2025 à 19h07
Le 18/04/2025 à 07h05
Je suis déjà dehors …
Le 18/04/2025 à 10h34
Le 17/04/2025 à 21h06
Le 17/04/2025 à 21h31
Ça me paraît tout de même aberrant que le contrôle ne soit pas correctement fait à la source et qu'il faille détecter et nettoyer soi-même après coup.
Le 17/04/2025 à 22h29
Modifié le 18/04/2025 à 08h32
Remarque, ça ne m'étonnerait pas que les lobbies des maisons de production / édition aient un truc comme ça dans les cartons pour se construire un monopole de fait.
Edit ; même chose pour Steam, si on venait à décider ça, adieux les jeux indé.
Le 17/04/2025 à 22h12
Le 17/04/2025 à 22h17
Le 18/04/2025 à 01h48
Le 19/04/2025 à 10h20
Le 21/04/2025 à 11h47
Le 22/04/2025 à 16h56
Modifié le 24/04/2025 à 15h23