Connexion
Abonnez-vous

Toulouse s’équipe en vidéosurveillance algorithmique alors qu’elle est encore interdite

To lose or not to lose

Toulouse s’équipe en vidéosurveillance algorithmique alors qu’elle est encore interdite

Flock

Toulouse veut moderniser son système de « vidéo protection » via l'implémentation de « solutions d’analyse algorithmique », et plus particulièrement l' « intégration de modules d’intelligence artificielle permettant d’identifier en temps réel les comportements dits "anormaux" ou suspects ». La vidéosurveillance algorithmique (VSA) n'ayant toujours pas été légalisée, « ces fonctionnalités avancées devront être désactivées par défaut », précise l'appel d'offres.

Le 23 juin à 08h30

Fin mai, le maire de Nice organisait une conférence de presse dans le centre de contrôle des systèmes de vidéosurveillance de la ville pour dénoncer le fait que la CNIL venait de lui demander de désactiver l'algorithme permettant d’identifier tout véhicule stationnant plus de cinq minutes devant les écoles.

Ce type de traitement requiert en effet d'être encadré par une loi, comme ce fut le cas pour les Jeux olympiques et paralympiques. Or, « cette expérimentation est aujourd’hui terminée », venait de lui rappeler la CNIL, pour justifier sa demande de désactivation de l'algorithme utilisé à Nice.

Cinq jours plus tôt, la métropole de Toulouse, réunissant la « ville rose », quatrième ville la plus peuplée de France, et 14 autres communes adjacentes, venait de son côté de publier un appel d'offres « afin d’optimiser la mise en place et l’exploitation d’un système de vidéo protection urbaine modernisé […] tout en garantissant une interopérabilité optimale dans chaque infrastructure des différentes collectivités membres » :

« Le marché actuel, arrivant à échéance, nécessite une modernisation pour intégrer les évolutions technologiques, améliorer la qualité des images et renforcer la cyber sécurité des installations. Cette mise à niveau doit également tenir compte des réglementations en vigueur (RGPD, recommandations de la CNIL) afin d’assurer un usage conforme des données collectées. »

Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) du marché, d'une valeur estimée à 16 468 000 euros, précise que « l’un des objectifs primordiaux de ce projet est d’élargir la couverture de la vidéo protection afin d’assurer une surveillance optimale des zones sensibles et stratégiques ».

Il est ainsi question d'augmenter le nombre de « caméras haute définition […] de dernière génération » et de « capteurs intelligents à la pointe de la technologie […] intégrant des fonctions d’analyse vidéo (détection de mouvement, reconnaissance de plaques, suivi automatique) » :

« Ces équipements comprennent des caméras fixes assurant une surveillance permanente de zones stratégiques, des caméras multidirectionnelles fixes avec dôme mobile central […] ainsi que des caméras thermiques permettant une détection efficace, même en conditions de faible luminosité ou d’obstacles visuels. »

Le cahier des charges qualifie la qualité des images enregistrées d' « enjeu central », à mesure qu'elle « favorise une identification précise des individus, des véhicules et des événements », et qu'une meilleure résolution des images « garantit une exploitation plus efficace des enregistrements, tant pour les besoins de surveillance en temps réel que pour l’analyse a posteriori des séquences vidéo ».

La vidéosurveillance algorithmique ? Un « axe stratégique du projet »

Le prestataire du marché devra également « anticiper les évolutions technologiques grâce à l’adoption d’un cadre flexible permettant d’intégrer régulièrement de nouvelles innovations en matière de captation, de stockage et d’analyse des images ».

Il est plus particulièrement invité à « exploiter les avancées technologiques pour améliorer la supervision et renforcer l’efficacité du dispositif, notamment à travers l’utilisation d’intelligence artificielle pour l’analyse des flux vidéo et la détection automatique des incidents ».

Il reste 78% de l'article à découvrir.

Déjà abonné ? Se connecter

Cadenas en colère - Contenu premium

Soutenez un journalisme indépendant,
libre de ton, sans pub et sans reproche.

Accédez en illimité aux articles

Profitez d'un média expert et unique

Intégrez la communauté et prenez part aux débats

Partagez des articles premium à vos contacts

Abonnez-vous

Commentaires (25)

votre avatar
On marche de plus en plus sur la tête. On achète un système dont la raison principale de l'achat n'est pas (encore) autorisée et qu'on va donc devoir désactiver. Mais heureusement que je ne suis pas contribuable à Toulouse. Remarque à moi-même : je ferai bien de m'intéresser à ce que fait la municipalité de Dijon avec son On Dijon.
Et tout ça en plus nécessite des ressources à fabriquer, à exploiter ... Ils ne doivent pas avoir assez chaud à Toulouse.
votre avatar
Et moi pareil pour ma ville (Mâcon). Je sais que, à priori, Chalon-sur-Saône pense en faire de même pour la "VSA algorithmique". Vu le maire (Platret) très très très à droite ...
votre avatar
C'est une technique je pense, tu équipes ta ville, ça coute une blinde (en l'occurence moi directement car je suis à Toulouse T_T), et puis si c'est en passe d'être interdit, tu fais pressions en disant:
Ah non, on a dépensé x M€, ce serait du gaspillage, vous pouvez pas interdire cela, tout est en place déjà, que dirait le contribuable qu'on ait gaspillé son argent !?
votre avatar
Ce à quoi on pourrait répondre sans avoir tord : « vous saviez très bien des l’appel d’offre que ce n’était pas autorisé donc OSEF, vous n’êtes simplement que de mauvaise foi, tant pis pour vous » (du coup tant pis pour le contribuable) ?
votre avatar
On en parle de l'A69 dans ce cas-là ?
votre avatar
Qui va contrôler que ça soit bien désactivé par défaut ?
votre avatar
Ben, la CNIL, ça va l'occuper. :frown:
votre avatar
On dirait un vendeur de trottinettes électriques ou de VAE qui demande à ses clients de ne pas désactiver le bridage à 25 km/h
votre avatar
À vrai dire c'est interdit de faire des bridages désactivables, tout comme c'est interdit de faire une voiture avec un bouton pour désactiver l'antipollution. Rien n'empêche les plus bidouilleurs d'entre nous d'enlever le bridage en ouvrant le système ou de démonter le catalyseur cela dit, mais ça ne doit pas être simplifié.
votre avatar
Ca me rappelle un importateur-vendeur (qui n'existe plus aujourd'hui) qui a même sorti une vidéo expliquant comment débrider ses vélos :transpi:
votre avatar
Si tu déclares ton vélo modifié comme une mob avec assurance et plaque, ça devient légal. Il a juste changé de catégorie. Donc tu peux le faire légalement. Il se trouve que les gens qui font ça s'en cognent probablement.
votre avatar
Ils n'en parlaient absolument pas dans la vidéo :)
Sinon, sur le papier oui c'est légalement faisable de basculer dans la catégorie cyclomoteur. Dans les faits, faut que ce soit validé par les Mines, et c'est une toute autre histoire (un pote a justement voulu le faire pour être 100% conforme au niveau légal, il a abandonné au bout de 2 ans).
votre avatar
Sauf qu'avant, il faut que le constructeur l'ait fait passer le contrôle des mines. C'est pas évident, et ça coûte une blinde.
votre avatar
Comprenez : "vouloir ou pas, et peu importe par quel truchement ça deviendra légal"
votre avatar
Exactement mais du coup c’est une pression du politique sur le peuple… ou l’inverse ? D’où vient cette urgence à algorithmifier la surveillance IRL ?
votre avatar
C'est une pression des vendeurs de solution, probablement sur les politiques qui la voient d'un bon œil.
votre avatar
qui poursuivent notamment une finalité dite « police-justice »
Cet élément de langage me fait tiquer, il existerait d'autre finalité que le judiciaire pour la "vidéo-protection "??
votre avatar
Judge Dredd : la loi c'est moi ! La police et le jugement immédiatement.
votre avatar
Comme l'indique la CNIL, elle peut être utilisée pour la collecte de statistiques agrégées et anonymes :

Par exemple : un dispositif affichant de manière anonyme le taux d’affluence dans un métro pour indiquer aux voyageurs les rames les moins remplies vers lesquelles se diriger, serait en principe possible, sous réserve de respecter le RGPD.
votre avatar
Merci pour la réponse
votre avatar
Les caméras de Toulouse n'avait pas empêché mon vol de vélo il y a quelques années en plein sur la place du capitole... Ni permis de le retrouver...
votre avatar
À croire que ce n'est pas le but de ces caméras :francais:
Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse
Pourquoi cela n'arrive pas à m'étonner... :fumer:
votre avatar
Une vidéo protection qui ne protège pas ? Les bras m’en tombent. Et ne me lancez pas sur les attentas !
À croire qu’il s’agit juste de surveillance.
votre avatar
Le fantasme de la vision panoptique extrémiste, désormais « « augmentée » » avec rappel à l’ordre préenregistré en appuyant sur un bouton, même plus besoin de se déplacer ! Tellement pratique !
Et si peu cher en plus.
🙄
votre avatar
Je suis largué, j'allais râler au comptoir de mon bar-pmu "rah les enfoirés, même à gauche ils s'y mettent !" pour lire ensuite que Toulouse est à droite depuis 2014 :oops:

Bon mais sinon, c'est quoi l'intérêt du radar FM stéréo là à part voir que des gens bougent ?

Toulouse s’équipe en vidéosurveillance algorithmique alors qu’elle est encore interdite

  • La vidéosurveillance algorithmique ? Un « axe stratégique du projet »

  • La vidéosurveillance algorithmique est interdite en l'absence de loi

  • « Ces fonctionnalités avancées doivent être désactivées par défaut »

  • Des algorithmes expérimentés depuis 2017

  • Des haut-parleurs et radars de détection automatique

  • 650 caméras dans la rue, plus 4 241 dans les transports en commun

Fermer