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Vidéosurveillance algorithmique : Christian Estrosi fustige (encore) la CNIL

Chris' de Nice

Vidéosurveillance algorithmique : Christian Estrosi fustige (encore) la CNIL

Flock

Le maire de Nice a organisé une conférence de presse dans le centre de contrôle des systèmes de vidéosurveillance de la ville pour dénoncer le fait que la CNIL vient de lui demander de désactiver l'algorithme permettant d’identifier tout véhicule stationnant plus de 5 minutes devant les écoles. Ce type de traitement requiert en effet d'être encadré par une loi, comme ce fut le cas pour les Jeux olympiques et paralympiques. Or, « cette expérimentation est aujourd’hui terminée », rappelle la CNIL.

Le 30 mai à 15h02

« Je suis un maire, et un père en colère », peste Christian Estrosi sur X.com :

« La CNIL nous demande de désactiver le système d’algorithme permettant d’identifier tout véhicule stationnant plus de 5 minutes dans des zones définies devant les entrées des écoles de la @VilledeNice, alors qu’aucune donnée personnelle n’est utilisée. Il est urgent que la loi change. »

La ville serait dotée de 4 500 caméras (selon l'AFP, 4 300 d'après le site municipal), dont 77 étaient dotées de ce système. Elles envoyaient « une dizaine d'alertes par jour », explique Anthony Borré, le premier adjoint au maire, délégué à la Sécurité, à Nice Matin. En cas d'alerte, un agent de la police municipale en poste au CSU (le centre de supervision urbain) était chargé de la levée de doute, et de déterminer s'il convenait d'intervenir, ou pas.

« Cette technologie fonctionne sans aucune remontée de données personnelles », souligne Véronique Borré, directrice générale adjointe des services en charge de la Sécurité, le système, qui ne « permet pas d’identifier les immatriculations », précise le maire, ne réagissant qu'avec les véhicules, pas avec les individus.

Un dispositif déclaré à la CNIL il y a 5 ans

« Nous avions déclaré ce dispositif à la Cnil, il y a 5 ans. En 2023, ils sont venus inspecter tout notre système et il leur a fallu deux ans pour nous demander d’arrêter », proteste Christian Estrosi.

« Je suis obligé de demander à mon directeur de la police municipale de débrancher dans la seconde l'ensemble du dispositif sur toutes les écoles de la ville de Nice », a-t-il solennellement expliqué lors d'une conférence de presse, organisée dans le CSU.

L'expérimentation, autorisée pendant les JO, est terminée

Contacté par Libé, la CNIL explique que « la surveillance algorithmique des entrées des écoles nécessite d’être prévue par la loi en ce qu’elle conduit à analyser, par les forces de l’ordre, une partie de la voie publique », ce qu'elle a donc rappelé à la ville de Nice dans un courrier daté du 20 mai. Elle y rappelle « la nécessité de réduire l’analyse des personnes sur la voie publique au strict minimum », et que « ce cas d’usage ne fait pas partie de ce qui est considéré possible sans intervention de la loi ».

Avec les multiples portes et portails des 144 écoles de Nice, relève Libération, « il faudrait multiplier par quatre les caméras et par quatre le nombre d’agents devant chacune de ces caméras », calcule Estrosi. Voire plus : la ville dénombre, au total, 244 établissements scolaires, dont 149 écoles maternelles et primaires administrées par la municipalité et 17 écoles privées sous contrat, 30 collèges et 24 lycées, plus 70 crèches.

Christian Estrosi s’interroge d’autant plus que la CNIL n’a pas remis en cause un autre dispositif algorithmique, lui aussi actif à Nice, qui identifie les dépôts sauvages de déchets sur la voie publique à partir de la lecture des plaques d’immatriculation des véhicules, relève l'AFP.

En 2022, la CNIL avait « souligné les risques pour les droits et libertés des personnes » dans sa « position » sur les caméras dites « augmentées » ou « intelligentes » installées dans les espaces publics. « Ce type de traitement et l’encadrement législatif de leurs risques ont fait l’objet d’une expérimentation dans le cadre de la loi du 19 mai 2023 relative aux Jeux olympiques et paralympiques », précise la CNIL à Libé. Or, « cette expérimentation est aujourd’hui terminée ».

Estrosi en appelle au Conseil d'État, à Darmanin, et aux citoyens

« Nous allons saisir le Conseil d’État et lancer une pétition », avertit le maire. Elle n'a pas encore été publiée sur la plateforme de démocratie participative de Nice, cela dit.

Christian Estrosi, qui voudrait pouvoir rebrancher le dispositif dès la rentrée prochaine, demande également « au gouvernement et au Parlement de se saisir rapidement de cette question pour que le cadre réglementaire soit modifié sans délai », relève Nice Matin. Il a aussi « demandé à participer » à la création d’un groupe de travail sur la reconnaissance faciale qui sera lancé par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, souligne Libé.

« Je rends compte de la désuétude d’une institution qui s’appuie sur une législation d’un autre temps où la France n’avait pas connu les tragédies » terroristes de ces dernières années, avance Christian Estrosi. « Il est inadmissible qu’une autorité qui s’appuie sur une loi poussiéreuse de 1978 décide délibérément de mettre en danger la sécurité des enfants de notre ville », a rajouté le maire de Nice, qui avait déjà qualifié la CNIL d' « espèce d’institution poussiéreuse ».

La loi informatique et libertés a été mise à jour 48 fois depuis 1978

Juriste en droit public et droit européen des droits de l'homme, Nicolas Hervieu rappelle à toutes fins utiles, sur X.com et Bluesky, que « la loi de 1978 a été modifiée… 48 fois par le législateur (dont 23 fois rien que cette dernière décennie) ». Elle avait notamment été profondément remaniée en 2004, puis mise à jour avec l'intégration du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2018 et 2019.

La ville, qui a budgété le recrutement de 50 nouveaux policiers municipaux et l'ajout de 300 nouvelles caméras d'ici fin 2025, avait aussi récemment lancé un appel d'offres afin de se doter du tout premier Centre d’Hypervision Urbaine et de Commandement (CHUC) de France. Ses « outils et algorithmes de prédiction » seront censés interconnecter l'ensemble des capteurs de sûreté et de sécurité de la métropole, afin de les faire analyser par 150 agents, assistés par l'IA.

Commentaires (15)

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Christian Estrosi rappelle à la population française que la loi française, ça le fait chier
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Et que le seul élément poussiéreux dans l'affaire n'est pas celui qu'il souligne.
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Ah ben c'est sûr qu'installer quelques caméras, c'est tout de suite beaucoup plus facile que de revoir les plans de circulations et les aménagements de voirie pour dissuader les automobilistes de venir déposer leurs enfants en voiture, quand ils ont d'autres moyens à disposition (à pied, transports en commun, vélo...).

Le solutionnisme technologique est une plaie.
Les outils de reconnaissance ne devraient être utilisées qu'en tout dernier recours, quand tous les autres outils de prévention et de sécurisation ont été pris en considération.

Merci à la Cnil de remettre l'église au milieu du village.
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Surtout avec lui qui ne jure que par les caméras de surveillance, alors qu'elles ont déjà largement montré leur inefficacité pour protéger les gens à Nice.
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S'il est contre les lois poussièreuses de 1978 il est peut être de mauvais ton de lui faire remarquer l'âge de nôtre Constitution...

"Laissez-moi fliquer, laissez-moi,.. en paix en liberté!"
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Et son âge à lui :fumer:
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On ne critique pas un jeune père même vieux, voyons ! :fumer: :D
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Il me semble que la loi réglemente les personnes habilitées à regarder les images.

Aussi c'est surprenant de laisser rentrer des caméras dans le centre de supervision, et en plus les laisser filmer les écrans...

:windu:
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Estrosi, avec plein d'affaires au cul, devrait se faire tout petit
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Et si au lieu de mettre ses policiers municipaux derrière des écrans, il les faisait sortir sur le terrain ?

Entre ses 550 policiers, 180 ASVP et 228 papis et mamies trafic, ça en fait du monde. En plus ces 228 derniers, sont justement aux abords des écoles. Il suffit de les équiper d'une radio pour prévenir la police municipale qui peut intervenir immédiatement (il n'y a pas de levée de doute à faire puisque l'alerte viendrait d'un humain).
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« Il est inadmissible qu’une autorité qui s’appuie sur une loi poussiéreuse de 1978 décide délibérément de mettre en danger la sécurité des enfants de notre ville »
La CNIL à deux doigts d'être considérée comme complice d'actes terroristes ?

Nice, c'est bien cette ville qui a laissé tranquillou un terroriste faire ses repérages sous les caméras il y a quelques années ? Rien qu'avec ça, ce clown. devrait faire profil bas et se la fermer pour de bon...
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:ouioui:
Tout ce qui va contre sa volonté est inadmissible, c'est bien l'égo d'un roi.
Le vocable sécurité et enfants dans la même phrase est une mélodie éculée,
mais ce ton théâtral marche pour une partie de la population qui a passé la DLUO,
:baton:
et dieu seul sait combien il y en a dans le 06, département ou l'autoroute est à 130km/h 110km/h max, mais plutôt à 90, voir 70 autour de Nice selon les jours.
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Remarque, ça fait baisser la consommation. :D
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Quand il a commencé son délire, l'opposition disait que les caméras servirait à terme pour réaliser de la verbalisation, ce qu'il a farouchement nié.
Et depuis quelques années les caméras verbalisent sans vergogne.
Avec Chri Chri d'amour tout est possible.
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On notera BFM (capture dans l'article) qui titre "Nice : Vidéosurveillance interdite près des écoles" alors que ça n'est pas du tout le cas

Vidéosurveillance algorithmique : Christian Estrosi fustige (encore) la CNIL

  • Un dispositif déclaré à la CNIL il y a 5 ans

  • L'expérimentation, autorisée pendant les JO, est terminée

  • Estrosi en appelle au Conseil d'État, à Darmanin, et aux citoyens

  • La loi informatique et libertés a été mise à jour 48 fois depuis 1978

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