Tracking des internautes : la CNIL se penche sur les relectures de session de navigation
CNIL Recall ?

Saviez-vous que, parfois, le moindre de vos mouvements sur un site ou une application pouvait être enregistré et « rejoué » sous la forme d’une vidéo ? On parle de relecture de session de navigation, une catégorie d’outil que la CNIL va analyser de près (il est temps).
Le 14 avril à 11h47
4 min
Internet
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Sur le Net, nous sommes tous traqués. Ce n'est pas une supposition ou une question, c’est une constatation. Pour mettre des chiffres derrière cette affirmation, nous avons effectué des relevés avec environ 50 000 requêtes externes pendant une seule journée de navigation.
Si vous voulez voir l’état des dégâts, nous avons mis en ligne une extension maison baptisée DTC (pour Domaines Tiers Contactés). À utiliser sans modération. Aucune donnée n’est transmise, vous seul accédez à vos statistiques (le code source est sur GitHub).
Marquage à la culotte des utilisateurs et RGPD
Mais il n’y a pas que cela, il existe aussi des outils permettant de suivre à la trace les utilisateurs… et c’est peu de le dire. On parle d’enregistrement ou de relecture (rejeu, replay…) de session, permettant de reconstituer le parcours complet d’un utilisateur, « sous forme de vidéos », explique la CNIL. Elle vient en effet de lancer une concertation « sur les outils d'enregistrement et de relecture de session de navigation ».
« Ces outils offrent à l’éditeur d’un site ou d’une application mobile la possibilité d’enregistrer l’ensemble des interactions des utilisateurs telles que les mouvements de souris, les interactions tactiles, les clics, le défilement des pages et, dans certains cas, les saisies de formulaires », précise la CNIL.
Et cela concerne aussi bien les sites web que les applications mobiles. On s’en doute, mais la Commission le formalise : cela « pose des défis importants en matière de respect du RGPD », à la fois aux éditeurs de ces outils, et à leurs clients.
Comme souvent en pareille situation, c’est l’occasion de remettre en avant un excellent dessin de CommitStrip sur le sujet :
Drôle de bots https://t.co/j7drtuLixU pic.twitter.com/gYkursxI9C
— CommitStrip FR (@CommitStrip_fr) October 21, 2020
Données personnelles (sensibles) et vie privée
Ces outils sont en effet « susceptibles d’entrainer des risques élevés pour les droits et libertés des internautes ». La CNIL met notamment en avant deux points : « la collecte d’un volume important de données de navigation incluant des données personnelles parfois sensibles, sans que les utilisateurs en aient conscience », et « la déduction d’informations sur la vie privée d’un grand nombre d’utilisateurs telles que leurs habitudes, croyances, centres d’intérêts, etc. ».
Lorsque l’on navigue un peu sur des sites de sociétés proposant ce genre de service, on se rend compte de l’ampleur de la tâche. « Normalement, les principaux outils de relecture de session sont conformes au RGPD et anonymisent leurs enregistrements de visiteur, ce qui rend difficile l’identification de qui est le visiteur », explique l’une d’elles. On apprécie le « normalement » et « rend difficile », donc pas impossible. Un exemple parmi d’autres.
Le registre est différent, mais la problématique est identique à la fonction Recall de Microsoft. Elle est depuis peu en cours de déploiement dans les préversions de Windows 11.
Des ateliers, et la question de l’usage transversal de ces outils
En lançant cette concertation, la CNIL cible large avec la volonté d’appréhender les « enjeux juridiques, techniques mais également éthiques et sociétaux associés à ces outils ». Le but est de proposer, au cours du second semestre, des recommandations pratiques aussi bien aux développeurs des outils de rejeu qu’aux éditeurs de sites et d’applications mobiles.
Avant cela, des ateliers sont prévus d’ici fin juin afin de dresser un état des lieux des applications existantes, « d’étudier les aspects pratiques des modalités d’information et, le cas échéant, de recueil du consentement des personnes concernées », et d’aborder la question de l’usage transversal de ces outils. En effet, ils permettraient « d’accéder au parcours de navigation d’un internaute sur l’ensemble des sites web des éditeurs utilisant l’outil d’un même fournisseur ».
Tracking des internautes : la CNIL se penche sur les relectures de session de navigation
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Marquage à la culotte des utilisateurs et RGPD
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Données personnelles (sensibles) et vie privée
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Des ateliers, et la question de l’usage transversal de ces outils
Commentaires (18)
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Abonnez-vousLe 14/04/2025 à 12h12
Le 14/04/2025 à 12h41
Intégration de Matomo dans Next.ink: https://next.ink/lolomoj
Description des fonctionnalités de Matomo par son éditeur :
Le 14/04/2025 à 12h50
Qui plus est, le session recording est détectable par le trafic réseau généré en permanence à destination du serveur. Ce qui n'est pas le cas pour Next.
Le 14/04/2025 à 12h57
https://developer.matomo.org/guides/heatmap-session-recording/setup
Modifié le 14/04/2025 à 13h02
Pour qu'il y ait session recording, il faut explicitement l'activer dans l'interface d'administration, et le configurer sur les pages que l'on souhaite suivre.
edit : pour les infos : https://matomo.org/faq/reports/create-and-manage-session-recordings/
Le 14/04/2025 à 13h02
Le 14/04/2025 à 15h21
Le 14/04/2025 à 14h52
De cette façon, des statistiques pourraient être générées plus finement sur ce que l'utilisateur regarde, etc.
Ça pourrait aider les devs à voir des portions de page inutiles / mal utilisées ?
Mais si par exemple, on « lit » son article avec Read Aloud sans mouvement, ça ne fonctionne plus :P
Le 14/04/2025 à 12h52
Pourquoi mettre un lien vers X pour la planche CommitStrip alors que les planches sont toutes accessibles sur commitstrip.com ?
X ne fait pas de tracking utilisateur ?
Modifié le 15/04/2025 à 10h13
Le 14/04/2025 à 13h44
J'en conclus qu'après le "Girone della merda" c'est le "Girone del sangue".
Le 14/04/2025 à 14h29
Le 14/04/2025 à 15h19
Modifié le 14/04/2025 à 17h34
Le 14/04/2025 à 19h56
Le 15/04/2025 à 10h14
Avec une IA qui rapprocherait les comportements entre deux sites sur la typologie des mouvements, on peut donc savoir avec une forte probabilité si un visiteur qui a accepté de fournir ses infos persos sur le site Z est aussi celui qui visite le site X sur lequel il a refusé de le faire.
Pour autant, une fois anonymisée je comprends l'intérêt de la valeur pour les équipes UX.
Le 15/04/2025 à 10h19
Le 15/04/2025 à 10h24