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Souveraineté numérique : les entreprises européennes s’inquiètent mais ne la priorisent pas

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Souveraineté numérique : les entreprises européennes s’inquiètent mais ne la priorisent pas

Si de nombreux professionnels européens se déclarent préoccupées par les questions de souveraineté numérique, à peine un tiers font de l'adoption de solutions européennes une priorité.

Le 09 avril à 14h00

La souveraineté numérique, enjeu majeur pour les entreprises, dans le contexte géopolitique tendu ? C’est ce que laissent entendre les résultats d’un sondage réalisé par Ipsos et Yougov, dans lequel 78 % des décideurs européens interrogés déclarent important de choisir des outils numériques locaux, notamment pour des raisons de cybersécurité.

Mais il y a un mais : si la préoccupation des dirigeants d’entreprise transparait de façon évidente, elle ne se transforme pas nécessairement en acte. En 2025, 53 % d’entre eux prévoient en effet de maintenir leur budget cybersécurité inchangé. Surtout, seulement 32 % font de l’adoption de solutions technologiques européennes une priorité.

Des coûts plus élevés ?

4 000 actifs Français, Espagnols, Allemands et Italiens de 18 à 75 ans ont été sondés pour les besoins de cette étude. Chacun relève de l’un des statuts d’emploi suivants : professions indépendantes, cadre supérieurs, professions intermédiaires et employés, et tous travaillent dans des secteurs variés (banque/assurance, immobilier, finance, tech, retail, ressources humaines ou éducation).

Parmi eux, 46 % se déclarent préoccupés « par la dépendance aux plateformes comme Google, Microsoft ou Amazon ». Un sujet, légèrement contrasté selon les pays : si 54 % des Italiens se déclarent préoccupés, seulement 36 % des Allemands le sont (et 43 % des Français).

Parmi les explications de ces considérations, 28 % des répondants « ne perçoivent aucun obstacle majeur » à l’utilisation de solutions européennes. Une proportion équivalente les juge en revanche plus coûteuses que les solutions non européennes, et malgré les cadres réglementaires, 20 % doutent de la fiabilité et des performances des solutions locales.

Critères de choix

Leviers potentiels : 69 % des professionnels interrogés déclarent que l’éthique des prestataires technologique est un critère essentiel (33 %) ou important (36 %) dans leur processus de choix. Un enjeu bien plus fréquemment cité en Espagne (par 79 % des répondants) qu’en Allemagne (52 %). En France, 71 % des répondants font de l’éthique de leurs prestataires un enjeu essentiel ou important.

La localisation des serveurs est un autre axe que 58 % des personnes interrogées qualifient d’important, et 23 % de primordiale. Les Français sont les plus attentifs à la question : 30 % des interrogés estiment qu’une localisation en Europe est primordiale.

Cela dit, près de 4 personnes interrogées sur 10 ne savent pas où les serveurs de leurs outils sont localisés – une problématique qui, pour des fournisseurs états-uniens, n’empêche de toute manière pas leurs autorités de surveillance nationales d’exiger l’accès aux données d’un serveur.

Souveraineté vs réalité

Évoquer les enjeux de souveraineté sans la prioriser, la logique des professionnels interrogés ressemble fort à celle… des institutions françaises, où des accords avec des fournisseurs états-uniens continuent d'être conclus malgré les préoccupations affichées.

Les solutions ne manquent pourtant pas : mi-mars, 80 entreprises et représentants de la tech appelaient la Commission européenne à soutenir EuroStack, une série de solutions européennes permettant de couvrir toute l’infrastructure numérique. À leurs côtés, chercheurs et professionnels du secteur publiaient différents répertoires de solutions – Euro-stack alternatives, european alternatives – pour faciliter la recherche et la transition vers des services numériques européens.

Commentaires (13)

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De ce que j'en vois au travail chez des sociétés utilisant du cloud US, il semble le plus souvent s'agir de flemme.
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Je pense que c’est un peu facile à dire mais pas vraiment la réalité de ce qui est proposé par les entreprises informatiques françaises.

Expérience de ma boîte :
- Pour notre assistance informatique certifiée Microsoft Gold, sortir de Azure / Microsoft 365 semble une sacrée aventure. Difficile pour eux de gérer de manière autonome les services infomaniak par exemple. La majorité des PME de support informatique ont leur soupe chez Microsoft. J’ai l’impression d’être un hurluberlu à vouloir m’affranchir de Microsoft hors OS.
- Pour héberger notre ERP basé sur Odoo, notre intégrateur propose une solution Google Cloud basée en Europe. On a demandé d’héberger ça sur un cloud européen et c’est la croix et la bannière pour faire la maintenance.

L’offre de services (logiciel + hébergement + support technique) indépendants des acteurs américains est quand même très limitée actuellement.
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Vu que la plupart des gens en capacité de décider de ce genre de chose, comprennent autant le monde de l'informatique et les enjeux soua-jacent que ma grand-mère, on est pas sortie de le cu des ronces.

Tant que des gens ne comprenant pas ce qu'il font auront à disposition de l'argent qui n'est las le leur, ils continueront à acheter les produits des vendeurs de rève.

Er pour finir, on vit dans un monde où l'on ne reprochera jamais, en cas de problème, à quelqu'un d'avoir payé un produit qui ne convienait pas mais on on fera payer très chère le choix d'un produit libre et open source dans la même situation. Même si le problème n'est pas lié au produit en question.
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Je bosse à la DSI d'une boîte française qui sait très bien ce que sont les outils informatiques. En revanche, à vouloir faire du sur mesure en interne, elle s'est tellement éparpillée que les clouds privés mis en place sont datés, pas ergonomique et mal pensés. La solution ? Des partenariats de cloud public avec Google, AWS et Azure...
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bah oui, le parapluie :non:
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Et ils ont généralement des équipes qui ont leurs compétences et habitudes chez MS et consort. Donc si les fameux décideurs avaient l'envie de changer, leurs propres équipes leur dirait que ce n'est pas possible, trop cher, n'avanceraient que difficilement pour de vrais sujets de compétences et de difficulté à migrer mais probablement aussi par sabotage, histoire de démontrer que c'était vraiment une mauvaise idée.

Dans le groupe où je bosse, il y a eu une nouvelle DSI dont le premier objectif a été de remettre le réseau en état de marche. Je ne sais pas comment ça s'est déroulé mais la quasi totalité de l'équipe réseau a été remplacée sur une période de 2 ans.
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Pourquoi ? Qu'est ce qui n'allait pas dans le réseau ?
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Cette actu est à mettre en parallèle de celle où il faudrait encore attendre pour mettre des datacenters en France.
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Quand l'UE aura décidé qu'elle en aura assez de "kiss Trump's ass", elle pourra peut être s'attaquer de front à quelque chose qui pourrait être gagnant-gagnant pour les européens: taxer les services GAFAM + les interdire de répondre aux appels d'offres publiques en Europe.

Comme cela, les décideurs flemmards qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez par une nuit sans lune seront bien obligés de se mettre à des solutions souveraines.
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Exactement !
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Et c'est pas en empêchant la construction de datacenter qu'on va dans le bon sens à mon avis... On va se rendre encore plus dépendant des solutions américaines, qui eux, construisent sans réfléchir (je dis pas que c'est mieux...)
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Quoi ? Mais ce serait anti-libéral, ça irait à l'encontre du principe idéologique fondateur de l'Union Européenne et...

...J'ai assez plaisanté (quoique ?). La réalité est que l'on va encore s'écraser, comme d'habitude.
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De liens en liens, je suis tombé là dessus :
code.gouv.fr République Française

Souveraineté numérique : les entreprises européennes s’inquiètent mais ne la priorisent pas

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