Outre supprimer le fact-checking, Facebook va rémunérer les contenus les plus viraux
Fake News

En parallèle de la fin programmée du fact-checking sur ses plateformes aux États-Unis, Meta ravive sur Facebook un programme de bonus pour les contenus viraux. Avec le risque d'alimenter la machine à fausses informations.
Le 26 février à 15h43
5 min
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Suppression de la modération et du fact-checking, acceptation d’insultes envers les minorités, ajout des notes de communauté. Début janvier, Mark Zuckerberg créait la surprise en faisant ouvertement pivoter les politiques de gestion de la désinformation et des discours de haine sur ses plateformes pour suivre l’exemple donné par Elon Musk depuis son rachat de X.
Moins médiatisée, mais de nature à ajouter de l’huile sur le feu, l’entreprise est en train de relancer un programme de monétisation dédié à offrir un bonus aux contenus les plus viraux. Pour le moment accessible uniquement sur invitation, il doit être ouvert plus largement dans le courant de l’année.
Associé à la fin des programmes de fact-checking états-uniens construits au fil des dix dernières années et à l’abandon des systèmes d’automatisation de la réduction de portée des fausses informations, le programme est de nature à détériorer davantage la qualité des échanges sur les plateformes de Meta, et à renforcer la circulation de désinformation.
Une enquête de ProPublica a déjà identifié près de cent pages Facebook créées uniquement pour la diffusion de publications destinées à attirer de l’engagement et, souvent, à attiser les divisions politiques.
Nombreuses pages de désinformation pilotées de l’étranger
Promouvant de faux titres de presse comme « Lia Thomas avoue : « J'ai fait semblant d'être trans pour montrer à quel point la gauche est crédule » ou « Elon Musk a annoncé qu'il avait acquis MSNBC pour 900 millions de dollars afin de mettre fin aux programmes toxiques », les 95 pages étudiées réunissent plus de 7,7 millions de followers.
Dans la majorité des cas, relève le média états-unien, les pages en question sont gérées depuis d'autres pays – Macédoine, Vietnam, Philippines ou encore Indonésie. Beaucoup se reposent sur de l’IA générative pour créer leur contenu.
Le schéma rappelle un antécédent précis : la campagne présidentielle qui a mené à la première élection de Donald Trump. À l’époque, une poignée d’internautes installés dans les Balkans, âgés de 16 ou 17 ans, racontaient à Buzzfeed News engranger de l’ordre de 5 000 dollars par mois « ou 3 000 dollars par jour en cas de succès sur Facebook » en alimentant les réseaux pro-Trump de fausses informations aux titres ravageurs.
D’autres internautes déclaraient à la NPR s’être lancé dans ce type d’activité précisément pour entrer dans la chambre d’écho de l’alt-right qui émergeait alors. Chaque fois qu’un internaute cliquait sur une fausse actualité, par exemple titrée : « L'agent du FBI soupçonné d'avoir divulgué les courriels d'Hillary est retrouvé mort dans un apparent meurtre-suicide », les créateurs de la désinformation et du site web gagnaient l’argent des publicités auxquelles ils avaient exposé l’internaute.
La même année (2016), Facebook créait ses premiers programmes de lutte contre la désinformation. 9 ans plus tard, l’entreprise a prévu de mettre officiellement fin à ses programmes de fact-checking aux États-Unis en mars, en continuant les paiements jusqu’en août. En fournissant un bonus sur la viralité, détaille ProPublica, la société augmente l’incitation financière à créer du contenu faux et à potentiel inflammable.
L’antécédent de X
Meta indique vouloir traiter le problème grâce aux notes de communauté, mais une autre plateforme permet d’évaluer l’efficacité de ces procédés : X.
Si Mark Zuckerberg n’a pour le moment pas la même propension à surexposer les « super-diffuseurs » de désinformation qu’Elon Musk sur sa propre plateforme, les deux années écoulées ont démontré que l’arrêt de la modération et la destruction du fact-checking ont fait fuir certaines communautés de l’ancien réseau à l’oiseau bleu, dont celles des scientifiques.
Un an après le rachat de Twitter par Musk, des études soulignaient par ailleurs l’amplification de la propagande du Kremlin que sa suppression des logiques de modération avait permise. À l’heure du rapprochement assumé du Président des États-Unis de celui de Russie, les décisions de Mark Zuckerberg pourraient leur offrir un nouveau boulevard – alors que ses précédentes politiques ne permettaient déjà pas de freiner correctement des opérations de désinformation comme celles du réseau Doppelgänger.
La même plateforme a aussi permis de montrer que la monétisation de la viralité participait à dégrader davantage l’état du paysage informationnel.
Outre supprimer le fact-checking, Facebook va rémunérer les contenus les plus viraux
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Nombreuses pages de désinformation pilotées de l’étranger
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L’antécédent de X
Commentaires (18)
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Modifié le 26/02/2025 à 17h19
https://www.futura-sciences.com/tech/dossiers/informatique-comprendre-facebook-1360/page/8/
Le 26/02/2025 à 17h37
Le 28/02/2025 à 13h05
La plupart de ces réseaux me semblent pour la plupart des gens juste un outil. Celles et ceux qui y sont, sont là pour garder contact avec leur proches, etc. Ou pour faire des échanges (de biens, de pensées, etc.)
Avant c'était les BBS, les forums, etc. Il y a peu c'était Facebook, Google+, Twitter/X, etc. Puis il y a eu linkedin, reddit, etc. Les jeunes, selon mon point de vue, sont sur Discord, sur Twitch ou que sais-je encore.
Le fait est que ce sont des outils que les gens utilisent à leur propres fins.
Y-a-t-il des médiaux sociaux meilleurs, pires ? Vont-ils le devenir ? Les propagandes vont-elles s'arrêter ? Je n'en sais rien mais je n'en ai pas le sentiment.
Je le répète souvent, le monde n'a pas vraiment changé, c'est juste que l'information est plus rapide, qu'elle percole plus "efficacement". Et c'est là que se semble jouer la misère du média: c'est tout le monde, pour n'importe quel message. Et avec l'afflux de messages, c'est que ceux, qui n'y prêtaient pas plus d'attention que ça, pourraient finalement s'en imprégner sans s'en rendre compte (peu importe que l'heur soit bon ou mauvais)
Les journaux, les clubs, les fraternités, les fora, les universités, c'était les médias d'antan qui pouvaient véhiculer de bonnes choses, comme de mauvaises. Et on en revient toujours, selon mon prisme de lecture, à ce que beaucoup préconisent: l'esprit critique. Sans cela, tu manges au râtelier de l'aubergiste.
Le 01/03/2025 à 19h29
Autre différence : les contenus haineux sont mis en avant, les autres (notamment scientifiques) sont invibilisés.
X n'est pas "juste un outil de communication". C'est un outil de propagande, mis au service d'une idéologie raciste (certains disent faschiste), réactionnaire, homophobe, transphobe, et à grande échelle.
Rien de cela n'existait en plein jour sur les anciens modes de communication.
Le 26/02/2025 à 16h19
Le 26/02/2025 à 17h07
Le 26/02/2025 à 17h21
Le 28/02/2025 à 09h30
Le 28/02/2025 à 09h43
Avec tes deux commentaires très courts et peu explicites, je n'arrive pas à le comprendre.
Remarque : "on sait tous" n'est pas une explication ni un fait.
Le 28/02/2025 à 13h00
Je vais essayer de trouver le temps d'étayer mon propos.
Le 26/02/2025 à 20h04
Le 27/02/2025 à 07h34
Le 27/02/2025 à 15h29
On rentre vraiment dans une dystopie blackmirror de jour en jour.
Et on ne peut qu'être spectateur de cela.
Le 27/02/2025 à 19h08
Sans audience, les médias sociaux n'existent pas. Voilà le pouvoir que vous avez sur eux :)
Oui, c'est plus facile à dire qu'à faire. Perso j'ai accepté le fait de me marginaliser à ne pas aller sur ces usines à bruit, mais au moins je suis en raccord avec mes attentes personnelles.