Sauver les données du climat tant qu’il est encore temps
NASA Rogue Two

Les chercheurs et militants écologistes américains ont peur d'une nouvelle suppression de données concernant le climat stockées par les agences publiques américaines alors que Trump entame son deuxième mandat.
Le 22 janvier à 10h02
4 min
Sciences et espace
Sciences
Donald Trump vient d'être investi ce lundi 20 janvier. Ne perdant pas de temps, il a déjà pris plusieurs décrets dont l'un repousse de 75 jours la vente ou l’interdiction de TikTok. Des informations publiées par des agences institutionnelles sont menacées de dépublication. Le site reproductiverights.gov, dédié à la contraception et à l’avortement, n'est déjà plus accessible.
La question est d'autant plus problématique qu'une partie importante des données scientifiques mondiales sont stockées et gérées par des institutions américaines. En biologie, par exemple, le National Center for Biotechnology Information (NCBI) héberge des outils comme PubMed. Concernant l'environnement et le climat, les agences américaines comme la NASA, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ou encore l'Environmental protection Agency (EPA) jouent aussi un rôle très important tout autant pour les données à propos de l'Amérique du Nord que celles concernant la planète entière.
Sous le premier mandat de Donald Trump, la suppression d'informations publiées par les agences américaines
Le sujet n'est pas théorique alors que Donald Trump vient de retirer de nouveau les États-Unis de l'accord de Paris issu de la COP21, le considérant comme une « arnaque unilatérale et injuste ». Il avait fait de même lors de son premier mandat et avait imposé la suppression de certaines pages ou sites des différentes agences du pays.
Comme le montraient en 2021 des chercheurs dans la revue scientifique PLOS One, 20 % du site de l'EPA avait été supprimé. Notamment, la page qui rassemblait les ressources d'informations sur le changement climatique, le climat, les mesures d'atténuation et d'adaptation : epa.gov/climatechange.
« Sa suppression a marqué un tournant important dans les efforts déployés pour influencer la compréhension de la science climatique par le public : la propagation du déni climatique par l'intermédiaire de l'agence fédérale chargée de la protection de l'environnement », expliquent ces chercheurs.
Rogue NASA and co
À l'époque, les informations sur le changement climatique de la NASA ont moins été touchées. L'ancien responsable de l'EPA, Stan Meiburg, expliquait d'ailleurs en 2018 cette différence de traitement par le fait que la NASA était une agence de recherche alors que l'EPA est avant tout une agence de régulation, rédigeant et ayant pour mission de faire appliquer la réglementation sur l'environnement. Et donc une cible importante pour les climato-négationnistes.
En réaction, à la pression mise par la première administration Trump sur les agences, certains de leurs employés avaient créé des comptes Twitter « rebels », comme Rogue NASA ou Alt NOAA pour s'assurer que « les informations factuelles sur le changement climatique et d'autres recherches scientifiques continuent d'être partagées pendant l'administration Trump ».

Des chercheurs qui travaillent sur ces sujets s'étaient regroupés, en 2016, autour d'un collectif nommé Environmental Data and Governance Initiative (EDGI) afin d'organiser des « événements de guérilla » d'archivage pour « sauver les données environnementales de Trump ». 200 To de données avaient été sauvés à l'époque.
Archivage préventif
Voyant Donald Trump revenir pour un second mandat, chercheurs et militants américains veulent cette fois prémunir les informations et données des agences de leur suppression, explique The Verge, notamment en archivant autant que possible les données déjà publiées avant toute action du gouvernement.
« Le financement, les personnes, les connaissances culturelles associées à ces outils et à ces données sont tout aussi importants, sinon plus, que les données elles-mêmes », souligne Gabriel Watson, responsable « data science » à l'Environmental Policy Innovation Center.
Gretchen Gehrke, cofondatrice d'EDGI et responsable du programme de surveillance des sites web, a peur que les équipes de Trump soient mieux préparées cette fois : « Je pense que la menace est beaucoup plus grande cette fois-ci [...] Nous pourrions assister à des suppressions massives de données, mais aussi à leur détérioration parce qu'elles ne seront plus gérées ou qu'elles deviennent inaccessibles », explique-t-elle à The Verge.
EDGI travaillent maintenant avec une autre initiative nommée End of Term Web Archive qui s'est donné pour mission d'archiver les sites des différentes agences américaines via Internet Archive.
Si les outils développés par ces agences restent en ligne mais ne sont pas mis à jour, ils vont peu à peu perdre de leur intérêt informatif.
Sauver les données du climat tant qu’il est encore temps
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Sous le premier mandat de Donald Trump, la suppression d'informations publiées par les agences américaines
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Rogue NASA and co
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Archivage préventif
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 22/01/2025 à 10h27
Modifié le 22/01/2025 à 10h31
* dans les faits, les COP n'ont pas eu d'impact sur l'évolution du climat : on utilise toujours plus de ressources et d'énergie(s) à l'échelle mondiale. Et à l'échelle d'un pays, à ma connaissance aucun n'a réduit ou réellement ralentit ses émissions
* pour les données, il est dangereux que ce soit trop centralisé, et l'arrivée de Trump au pouvoir le confirme.
Les COP sont réduites à être informatives : oui oui on sait on va le faire, mais en faite non personne n'est prêt à réduire son confort. Même nous, dans les faits, à notre propre échelle individuelle.
Il faut que d'autres pays/continents prennent aussi la responsabilité de s'impliquer et d'être un peu plus souverain sur ces questions. Nous nous reposons bcp trop sur les Etats-Unis (aussi sur les questions militaires d'ailleurs), or on voit bien que les tendances vont vers des replis nationaux. Il faut en tenir compte et arrêter de tout faire reposer sur les autres, sinon le déclin Européen est assuré de s'accentuer. La Russie, la Chine ont bien identifié nos faiblesses là-dessus.
Et si Trump est revenu au pouvoir (malgré l'épisode du Capitole), c'est parce que personne ne s'est assuré de l'après Biden, qui pourtant dès les débuts de son mandat montrait déjà de forts signes de sénilité.
Le 22/01/2025 à 11h03
A mon avis , ça va continuer encore longtemps, car les plus riches arriveront toujours à s'en sortir (ne serait-ce qu'en ayant plusieurs habitations géographiquement distinctes, et en exploitant la pauvreté sur place).
Et il y a la fameuse logique qui dicte que si TOI tu fais des efforts, les autres pays en profiteront pour prendre de l'avance et bouffer les ressources que tu as laissé sous terre.
Le fameux dilemme du prisonnier à grande échelle.
Pour moi ce qui se profile c'est une nouvelle ère féodale à moyen terme, on aura eu finalement qu'une courte parenthèse "démocratique" (et encore on peux voir en ce moment que c'est pas non plus très glorieux)
J'ai entendu ça récemment, j'ai trouvé ça intéressant :
https://www.sismique.fr/post/la-nouvelle-%C3%A8re-de-la-puissance-brutale-pause
Le 22/01/2025 à 11h09
Modifié le 22/01/2025 à 11h36
Après l'histoire a toujours été cyclique (comme le climat, même si nous le perturbons fortement), alternance de régimes plus autoritaires, et de régimes plus démocratiques.
Et effectivement, selon les pays.. nous pourrions ravoir des systèmes proches du féodal, de toute façon on ne peut jamais savoir d'avance.
Le 22/01/2025 à 13h52
Le constat de base qui aboutit à Fondation.
I. Asimov aurait donc raison
Le 22/01/2025 à 17h31
Le 22/01/2025 à 11h06
Pour le coup, c'est faux, y compris en comptant les importations :
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-du-climat-2024/fr/16-empreinte-carbone-et-emissions-territoriales
La Russie je sais pas (ils l'ont très mal joué, et ont plutôt renforcé la détermination à leur encontre, même si c'est encore timide). La Chine est, pour le moment, plus finaude en restant dans le flou. Reste à voir comment l'UE réagirait en cas d'attaque de Taiwan.
Trump est bien sénile aussi (il en a montré bien des signes pendant sa campagne). Biden a surtout été en dessous de tout : il n'a rien fait pour lutter contre le populisme de Trump, et il n'a finalement pas fait grand chose pour l'Europe non plus. Au moins, Trump, avec sa rudesse, est une opportunité pour l'UE d'ouvrir les yeux sur la nécessité de se sortir les doigts du luc et de se prendre en charge comme des grands.
Le 22/01/2025 à 11h35
OK et/ou d'accord avec le reste, merci pour les corrections précisions !
Modifié le 22/01/2025 à 11h54
Il n'y a pas que eu l'épisode du Capitole, Trump avait bloqué l'aide pour Puerto Rico pendant des semaines suite à l'ouragan, il y avait eu plus de fusillades sous son 1er mandat et la fracturation hydraulique qui pollue l'eau potable avec des produits chimiques
les pro-trump n'y ont vu que du feu, car ils étaient baignés de posts sur X notamment et aussi sur facebook avec une campagne publicitaire à charge contre Biden et Kamala, facebook ont laissés faire
Le 22/01/2025 à 16h44
Trump fait pareil, sur le plan économique, mais en plus désigne ses bouc-émissaires habituels fasciste. Y a pas photo.
Et chez nous il se passera pareil. Quand Hollande et Glücksman auront fini de trahir la gauche, il se feront balayer par les fachos.
POur revenir au sujet, ça a déjà commencé pour la disparition des sites web. Un site sur les droits reproductifs, un autre sur l'accueil d'exilés Cubains et Vénézuéliens.....
Le 22/01/2025 à 14h19
Ces données représentent des faits que Trump se contente de balayer d'un revers de la main.
On est dans l'ère de la post-vérité, un mélange de populisme et de charlatanisme. Que ce soit les dém/rep aux USA ou la gauche/droite en France, il est beaucoup plus simple d'ignorer les faits et d'imposer sa vérité plutôt que d'argumenter, débattre ou tenter de cacher les faits (avec le risque d'effet Streisand).
Le 22/01/2025 à 15h21
Et une récente étude l'a encore confirmé il y a peu de temps à propos des échanges à l'assemblée nationale. Je cite un journal "Des scientifiques des Universités de Paris 1, de Zurich et d'HEC ont analysé sémantiquement deux millions de discours entre 2007 et 2024, pour aboutir à la conclusion que l'émotion et la critique priment sur la raison et le débat argumenté."
Le 22/01/2025 à 17h55
Modifié le 22/01/2025 à 15h31
Donc oui, la suppression de ces données compte pour eux, ça fait partie de leur stratégie.
Même si ça choque quelques scientifiques aujourd'hui, sur le long terme le manque de données a un impact réel et persistant sur la capacité du monde à comprendre et prévoir le changement climatique, donc le potentiel "effet Streisand" sera assez rapidement compensé par les effets de la disparition de ces données en terme de politiques publiques à l'échelle mondiale.
Beaucoup d'organisations se basent sur les données publiées par la NASA, la NOAA etc.
Et même pour le discours public, expliquer et faire comprendre le changement climatique sera plus difficile. Par exemple ce genre de donnée est souvent reprise dans les media.
Modifié le 22/01/2025 à 16h18
Modifié le 22/01/2025 à 17h36
Ma fille est tombé sur une carte dans un article disant que le climat était une urgence (article de 198x). Elle fait des études dans la géologie.
Première réaction immédiate: "wow le pôle nord ne ressemble plus à cela".
Après, que le changement climatique soit lié à l'humain c'est dur à faire avaler car ça veut dire qu'il faudrait se priver de tant de choses.
Le 22/01/2025 à 21h04
Le 24/01/2025 à 09h37
Le 24/01/2025 à 11h25
Le 22/01/2025 à 21h11
Le 23/01/2025 à 15h44