Emmanuel Macron veut « l’IA partout et pour tous »
Artificiellement vôtre
Alors que le sommet « Choose France » s'achève et que Vivatech s'ouvre, Emmanuel Macron a affiché une nouvelle fois sa volonté de « faire de la France un leader incontesté de l’IA » et diffuser « l’IA partout et pour tous ». Quitte à contredire les discours du gouvernement sur les écrans et les réductions de budget dans l'enseignement supérieur et la recherche annoncées en début d'année.
Le 22 mai à 15h52
6 min
IA et algorithmes
IA
Entre les deux événements qui intéressent le milieu de la tech en France et juste avant de décoller pour la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a annoncé vouloir « faire de la France un leader incontesté de l’IA ». Il donne cinq priorités pour y arriver : la formation et la recherche, les infrastructures, le financement, l'usage par tous et la gouvernance.
Recherche et formation
Alors que le gouvernement a sabré 904 millions d'euros dans le budget de la recherche et de l’enseignement supérieur en février dernier, le président de la République affiche une volonté de « doubler le nombre de talents français » formés à l'intelligence artificielle. L'objectif qu'Emmanuel Macron donne à l'enseignement supérieur français est de passer de 40 000 personnes formées par an à 100 000, a-t-il détaillé.
Concernant la recherche, le président de la République affirme vouloir imposer qu' « avant la fin de l’année, chaque organisme de recherche devra proposer une mobilisation de ses moyens sur la recherche interdisciplinaire s’appuyant sur l’IA ». Il va à l'encontre du principe souvent évoqué d' « autonomie » de ces organismes, ainsi que des contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens. En 2023, 113 établissements avaient déjà signé avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche un contrat de ce type prévu par la loi de programmation de la recherche, votée en décembre 2020. Remarquons aussi que les chercheurs ont déjà l'habitude, depuis des années, de mettre en avant leur utilisation de l'IA dans leurs réponses à appels à projet, le « buzz word » permettant d'attirer plus facilement les financements.
Le Président prévoit de puiser dans le plan d'investissement France 2030 « 400 millions d’euros supplémentaires » pour financer « neuf pôles d’excellence partout en France et les meilleurs chercheurs ».
Emmanuel Macron diffuse sur X une carte de ces pôles d'excellence ainsi que l'enveloppe distribuée pour chacun, la somme affichée sur la carte atteignant 360 millions d'euros et non 400 millions.
De Nice à Rennes en passant par Grenoble, Toulouse, Paris, Saclay ou encore Strasbourg, partout nous investissons pour constituer des pôles d'excellence en formation sur l'IA.
Objectifs : rester à la pointe en matière d’IA, doubler le nombre de talents et créer des emplois ! pic.twitter.com/BgwF9AXmXF
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 21, 2024
Attirer les infrastructures sur le sol français
Deuxième point : attirer les acteurs privés sur le sol français et notamment leurs infrastructures. Emmanuel Macron veut « attirer toute la chaîne de valeur : des semi-conducteurs aux datacenters, en passant par le cloud ».
Les annonces de 5 milliards d'euros d'investissements de Microsoft et Amazon (à eux deux) en France lors du sommet « Choose France » vont dans ce sens pour les centres de données. Pour les semi-conducteurs, il sera sans doute beaucoup plus difficile d'attirer NVIDIA.
Un nouveau fonds de financements
Emmanuel Macron a aussi annoncé la création, avant la fin de l'année, d'un nouveau fonds « pour accompagner les secteurs les moins bien financés liés à l’IA ». Selon Les Echos, ces secteurs seraient notamment « les grands modèles de langages, les puces ou encore le cloud ».
« Un choc d’investissement public, en Europe, doit aussi être mis en place, pour au moins doubler la capacité financière de l’Union et faire de l’IA une des priorités majeures commune », affirme aussi le président français.
« IA partout et pour tous »
La quatrième priorité présentée par le chef de l'État est de diffuser « l’IA partout et pour tous ».
« Je souhaite que l'État et les services publics s’emparent de l’intelligence artificielle, dans tous les territoires. Et que celle-ci soit accessible à tous les citoyens », affirme-t-il, sans que l'on sache de quelle utilisation de l'IA il est question.
Du côté formation, Emmanuel Macron veut qu' « au collège, des formations à l’appropriation éclairée de l’IA dès la 6ème [soient] dispensées », allant à l'encontre des préconisations du rapport sur les écrans qui lui a été récemment remis. Gabriel Attal considérait alors que l’Éducation nationale devait aussi « balayer devant sa porte ».
Emmanuel Macron ajoute qu' « en entreprise, des guides sur l'utilisation de l’IA seront conçus pour qu’elles aient une vision claire des solutions disponibles et qu'un débat social sur ces questions soit engagé ».
Le chef de l'État prévoit aussi une enveloppe de 10 millions d'euros allouée au Conseil national du numérique pour une mission « d'acculturation des citoyens » et organiser des cafés autour de l'IA à travers la France.
Gouvernance mondiale
Enfin, Emmanuel Macron profite du moment pour affirmer sa volonté que la France joue un « rôle central » dans la gouvernance mondiale de l'IA.
« Au niveau européen, en poursuivant la mise en œuvre de l’AI Act, cadre visant à faire émerger un modèle d’affaires équitables pour toutes les parties prenantes » affirme-t-il. Rappelons que la France a freiné des quatre fers avant de voter ce texte de régulation. Notamment sur la question des modèles de fondation, puisque des conflits d'intérêts avec la startup Mistral ont été soulevés.
Le Président a enfin évoqué l'AI Action Summit en février 2025 qui, selon lui, « permettra aux États, organisations internationales, entreprises, start-ups, au monde académique et à la société civile de présenter des solutions concrètes pour permettre d’avoir accès à la révolution de l’IA, dans tous les domaines, de manière sûre ». Rendez-vous est pris.
Emmanuel Macron veut « l’IA partout et pour tous »
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Attirer les infrastructures sur le sol français
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Un nouveau fonds de financements
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Gouvernance mondiale
Commentaires (34)
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Abonnez-vousLe 22/05/2024 à 16h12
Ça ne veut rien dire mais les médias transmettent la parole de notre bon président sans soulever le loup.
Et avant de parler de l'enseignement supérieur, il faudrait enseigner à nouveau les maths dans les collèges et lycées avec des profs du bon niveau qui doivent être payés au niveau du marché de l'emploi (c'est-à-dire plus que les profs de lettre ou d'histoire, désolé pour eux).
J'aurais pu réagir aussi sur le reste de ses vœux pieux.
Modifié le 22/05/2024 à 16h23
Les étudiants dans tous les domaines s'autoforment en rédigeant leurs mémoires de fin d'année.
et une formation CPF à 100€ ca aide...
Le 22/05/2024 à 16h27
Et je n'ai cité les ingénieurs que pour donner un ordre de grandeur que j'ai trouvé. Après, s'il veut former des utilisateurs, c'est autre chose, mais ce n'est pas comme cela qu'il fera de la France un leader dans l'IA.
Ce que je pointe comme problème, c'est qu'il n'est pas dit de quelle formation il s'agit.
Le 22/05/2024 à 16h52
Le 22/05/2024 à 17h17
Il parle de neuf pôles d’excellence, « des clusters de l’IA », ça ne peut être que de l'enseignement supérieur.
Je serais vraiment surpris qu'actuellement on forme 40 000 personnes par an à l'IA.
Le 22/05/2024 à 20h25
Le 22/05/2024 à 23h59
Avec l'IA le pouvoir va retourner aux imbéciles qui ont de gros bras
Modifié le 22/05/2024 à 16h22
Ça peut rapporter gros, toute autre conséquence est donc disparue.
"et créer des emplois !"
Le 22/05/2024 à 16h22
Le 22/05/2024 à 16h41
- on entraine une IA sur les réseaux sociaux
- on met cette IA à la place du Président de la République
Comme l'IA aurait été entrainée sur les réactions et les comportements de nos concitoyens, elle ne pourra pas être plus démocratique qu'un représentant élu.
L'IA n'ayant pas d'intérêt, pas de salaire, ne dormant pas, prenant des décisions rapides, elle sera autrement plus efficace sans être perturbé par des conflits d'intérêts !
L'IA n'ayant pas de conscience, on ne pourra pas parler de censure, de musèlement, d'abus d'autorité ou autre, simplement d'hallucination.
L'IA reflétant son apprentissage, il lui sera impossible d'agir autrement que selon la voix du peuple, et donc sera intrinsèquement démocratique !
De plus, l'IA sera capable digérer des rapports de 500 pages en 2 min, de dialoguer avec de nombreux chefs d'états dans leur langue maternelle sans avoir à recourir à des interprètes.
Franchement, je me demande pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt. Que des avantages
Le 23/05/2024 à 08h53
Le 25/05/2024 à 10h47
Le 22/05/2024 à 17h01
Sans dire qu'il ne faille aucun financement autour de l'IA. Mais de telles sommes, quand on constate d'années en années l'urgence climatique et des écosystèmes, les multiples alertes concrètes du monde scientifique...
On gagnerait bien plus à ouvrir la voie sur ce sujet, pleinement. Ce même sur le plan technologique tant les besoins sont là, quitte à y mêler de l'IA justement.
Mais non, on continue comme dans "le monde d'avant", avec un course à toujours plus de productivité... une fois de plus au grand dam de notre planète et ses habitants (car l'impact social n'est clairement pas mesuré).
Modifié le 22/05/2024 à 17h14
De toute façon, le modèle de croissance permanente explosera dans un joli feu d'artifice, il n'y aura pas de "transition écologique", car ça fait trop chier le business, la consommation, le plein emploi, etc...
Donc préparons nous à finir dans un grand feu de joie (en tout cas, niveau température, ça devrait le faire)
Modifié le 22/05/2024 à 21h37
1. elle [la terre] a une conscience et a décidé que la vie sur terre n'est pas son problème. Dans ce cas, c'est un peu dommage, on pourrait lui expliquer qu'il y a d'autres espèces qui sont contentes de faire partie de cette vie perdue dans l'espace, et que c'est tellement rare (voir unique) que son attitude manque de poésie.
2. elle n'a pas de conscience et s'en fou au même titre qu'elle s'en fou de tout. Mais dans ce cas, on ne peut pas dire "elle", car un sujet suppose une conscience. C'est un peu comme une IA qui dit "je", c'est purement virtuel, ça n'a pas de sens philosophique. Il n'y a pas de "je pense donc je suis".
3. vous faites référence à son système de valeur supposé si la terre avait une conscience de ses "intérêts", et vous supposez qu ses plaques tectoniques serait plus importantes que ce qui s'y passe à la surface, car les échelles de temps, d'énergie et d'espace sont en total décalage. Dans ce cas, je vois deux problèmes :
3.1. l'humain a re modélisé toute sa surface. Même l'axe de rotation de la terre va légèrement changer à cause du réchauffement climatique, et donc à cause de l'action de l'homme (je sais pas si on serait arrivé si avait voulu le faire exprès cela dit).
3.2. Le décalage en masse, en espace, et en temps n'est pas important en soi. C'est un peu comme vous disiez que le cerveau des espèces n'était pas utile car il ne représente que 2% seulement du poids de chaque individu.
4. tout ça à la fois, car la Terre représente tout ce qui s'y trouve, dont elle même, dont nous même.
Le 22/05/2024 à 22h10
Le 22/05/2024 à 23h00
Modifié le 23/05/2024 à 07h56
Le 23/05/2024 à 00h00
Le 22/05/2024 à 17h24
Le 22/05/2024 à 17h26
Le 22/05/2024 à 17h36
Le 22/05/2024 à 18h45
Le 22/05/2024 à 17h50
Le 22/05/2024 à 18h41
Le 23/05/2024 à 15h13
Le 22/05/2024 à 19h11
Il n'est pas étonnant de voir le politique courir après pour espérer rattraper ce sujet puisque même les entreprises de la tech le font. J'avais dernièrement vu un article citant un ancien employé de Google disant que l'engouement de l'entreprise pour la techno lui rappelait l'époque de Google+ pour concurrencer Facebook. Soit un truc lancé en panique (pas étonnant de la part d'une boîte rentière ayant perdu sa capacité à innover) qui n'a pas marché. C'est même triste quand on sait que le T de GPT vient de Google.
Modifié le 22/05/2024 à 19h33
- pschiiit
- ça coûte trop cher, les calculs sont fait de force par les particuliers (coucou Microsoft)
- le marché publicitaire est remplacé par des datasets à fournir/calculer
- etc
Le 22/05/2024 à 22h55
Modifié le 22/05/2024 à 23h19
Ainsi que la décision totalement hors sol qu’avoir fermé la centrale de Fessenheim (= plusieurs milliers d’éoliennes moches et inutiles), 2 réacteurs de 900MW en parfait état de marche et qui annonce 3 ans tard en grand pompe à Belfort que la France relançait la filière nucléaire à fond... presque...
et bien c’est sûr et certain, un Science-Po + ENA, ça n’y comprend pas vraiment grand-chose à la science et à la technologie, mais bon vu qu’à la base, ils ont été simplement formés pour n’être que des… fonctionnaires… qui fonctionnent (?).
Alors l'IA ... mouais... bof... qu'est-ce qu'on a bien pu aller lui raconter et qu'est-ce qu'il en a retenu avant son speech ?
Le 23/05/2024 à 00h13
Personne ne prévoit d'en construire à grande échelle, sauf EDF, qui devrait penser à se renouveler aussi, le reste du monde passe à autre chose.
Modifié le 23/05/2024 à 06h07
Tu percutes un peu pourquoi j'ai rappelé le ratage lamentable de Macron sur le nucléaire ? c'était pour illustrer ses compétences techniques. Enfin, hmmm.... c'est un peu usant à la longue par ici...
"Lorsque le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt"
Sinon je peux répéter:
"c’est sûr et certain, un Science-Po + ENA, ça n’y comprend pas vraiment grand-chose à la science et à la technologie, mais bon vu qu’à la base, ils ont été simplement formés pour n’être que des… fonctionnaires… qui fonctionnent (?)."
.
Le 23/05/2024 à 14h30
Macron a plutôt relancé le nucléaire, même si l'arrêt du projet Astrid est dommage.
Modifié le 25/05/2024 à 10h56
Les Allemands s'étant aperçus avec Tchernobyl que les nuages radioactifs passaient les frontières dans le sens du vent.
Or, comme Fessenheim était la plus vieille centrale nucléaire française en fonctionnement à l'époque, l'excuse était toute trouvée.