Android : Microsoft a obtenu plus d’un milliard de dollars de Samsung
Une méthode bien plus rentable que celle d'Apple
Le 06 octobre 2014 à 09h00
6 min
Économie
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Il y a deux mois, Microsoft a déposé plainte contre Samsung car le constructeur coréen remettait en cause le paiement des royalties sur les brevets touchant Android. Raison invoquée : le rachat de la branche mobilité de Nokia changeait la donne. Grâce aux documents remis par l’éditeur à la cour, on a désormais une idée précise de ce que Microsoft gagne avec ce type d’accord.
Des dizaines d'accords avec des constructeurs Android
Depuis plusieurs années, la guerre menée par Microsoft pour Android consiste à donner un prix à un produit qui, à la base, n’en a pas. Google a toujours distribué son système mobile gratuitement, le gain d’argent se faisant au travers des applications et des services tels que Gmail. La technique de Redmond a consisté à exploiter sa propriété industrielle pour faire valoir ses droits sur certaines technologies.
Contrairement à Apple, il n’était pas question de procès. Le résultat en est plus visible, et il est même possible d’obtenir de précieuses injonctions pour bloquer les ventes de certains modèles de smartphones et tablettes, comme ce fut le cas notamment en Allemagne ou en Australie. Mais Microsoft a choisi une méthode plus douce, et autrement plus profitable : la firme a contacté directement des dizaines d’entreprises se servant d’Android pour leur présenter ses brevets et obtenir des royalties. À l’exception très notable de Motorola, l’écrasante majorité des constructeurs a accepté et Microsoft touche quelques dollars par appareil vendu.
Plus d'un milliard de dollars sur la seule année 2012 - 2013
La question était cependant de savoir à quel point cette activité était rentable, surtout face à un Windows Phone qui, en dépit de parts de marché qui grimpent lentement, tarde à s’imposer. Il y a deux mois, Microsoft a déposé plainte contre Samsung car le Coréen remettait en cause les termes de leur accord. Pourquoi ? Parce que le rachat de la branche mobilité de Nokia a, selon lui, changé la donne. Il était donc souhaité une réduction des royalties, voire une suppression. Pour Microsoft évidemment, ce rachat n’a rien changé : Samsung continue d’utiliser des technologies dont les brevets appartiennent à Redmond, fin de l’histoire.
Mais comme Florian Mueller, du blog FOSS Patents, le soulignait samedi, Microsoft a été obligée de fournir un certain nombre de documents pour étayer son point de vue. Lui étaient notamment réclamés les termes financiers de l’accord avec Samsung et surtout la comptabilité qui en a découlé. Dans la documentation fournie, Microsoft a ainsi indiqué que sur l'exercice fiscal s’étendant du 1er juillet 2012 au 30 juin 2013, l’accord lui avait rapporté précisément : 1 041 642 161,25 dollars. Plus d’un milliard donc, auxquels il faudrait ajouter quelque 7 millions de dollars d’intérêts que Samsung n’aurait pas payés. Notez que la firme n’a pas fourni le détail du dernier exercice fiscal.
Microsoft pointe également que l’accord négocié avec Samsung couvrait de très nombreux cas d’évolution possibles. La section 3.2 abordait ainsi le rachat d’une entité par l’une des parties en précisant que l’accord resterait valide et serait étendu à l’entité acquise si cela était pertinent. Et Microsoft d’ajouter que le rachat de Nokia est expressément couvert par cette section et qu’il ne change donc rien à ce que Samsung doit payer.
Plus rentable que l'affrontement juridique et que Windows Phone
Il est intéressant de remarquer cette somme d’un milliard de dollars correspond à peu près à ce qu’Apple a empoché à l’issue d’un procès… qui n’est pas encore terminé. La méthode de Microsoft est nettement plus rentable puisque l’apport est régulier et ne correspond en outre qu’à une seule année, là où Apple pourrait être « limitée » aux chiffres donnés par la juge Lucy Koh. D’autant que cela ne correspond qu’aux sommes perçues de Samsung, auxquelles il faut donc ajouter tout ce que Microsoft empoche de la part des dizaines d’autres constructeurs, même si aucun ne peut se targuer des ventes du Coréen. Au total, ce sont 3,4 milliards de dollars réunis sur la période fiscale 2012 - 2013.
Il faut noter également que ces accords, surtout si on les prend dans leur globalité, sont nécessairement beaucoup plus efficaces pour remplir les poches du géant que sa propre plateforme mobile, Windows Phone. Sur la même période fiscale, il se serait ainsi vendu 24 millions de smartphones embarquant ce système selon Gartner, pour un chiffre d’affaires d’environ 240 millions de dollars, la licence de Windows Phone étant vendue 10 dollars. Mais de cette somme, il faut déduire l’ensemble des frais liés à la commercialisation, au développement, au marketing et ainsi de suite. Et l’écart ne pourra que se creuser puisque Microsoft a décidé en juin dernier que la licence serait gratuite, au même rang qu’Android. Un mouvement qui fait suite au rachat de la branche mobilité de Nokia, pour ne pas induire de concurrence trop rude vis-à-vis des propres smartphones développés en interne.
Une exploitation nécessairement limitée de la propriété industrielle ?
Il se pourrait cependant que cet âge d’or finisse par arriver à son terme pour Microsoft. Il est clair que ces négociations au cas par cas ont largement permis aux caisses de l’éditeur de se remplir à moindre effort : aucune bataille juridique, longue et coûteuse, n’a été requise devant les tribunaux. Pourtant, un nombre croissant de voix s’élève pour dénoncer la faiblesse des brevets mis en avant par Microsoft. Même Florian Mueller indique qu’après quatre ans de litiges, le seul brevet restant exploitable devant la justice est celui qui touche à la programmation de réunions. Le seul fait que Samsung élève la voix pourrait d’ailleurs décider les autres constructeurs à faire de même, commençant alors le « détricotage » du réseau mis en place.
Il est probable que la firme de Redmond ait prévu ce cas de figure car elle ne peut espérer qu’un ou plusieurs brevets continueront de lui apporter une telle manne financière ad vitam aeternam. Mais si Microsoft a de grandes ambitions dans le monde mobile avec l’unification qui se profile via Windows 10, il se pourrait que ces accords aient permis d’affronter une certaine traversée du désert.
Android : Microsoft a obtenu plus d’un milliard de dollars de Samsung
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Des dizaines d'accords avec des constructeurs Android
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Plus d'un milliard de dollars sur la seule année 2012 - 2013
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Plus rentable que l'affrontement juridique et que Windows Phone
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Une exploitation nécessairement limitée de la propriété industrielle ?
Commentaires (81)
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Abonnez-vousLe 06/10/2014 à 09h07
Y sont balaises chez MS, ils gagnent plus de fric avec Android qu’avec leur propre plateforme.
Le 06/10/2014 à 09h13
Je suis désolé, je n’ai pas compris le lien entre Android et certains brevets de microsoft … " />
Le 06/10/2014 à 09h16
MS va finir par devenir un énorme patent troll lorsque ses produits ne seront plus aussi rentables…
Le 06/10/2014 à 09h17
Le 06/10/2014 à 09h18
À l’exception très notable de Motorola, l’écrasante majorité des constructeurs a accepté et Microsoft touche quelques dollars par appareil vendu.
Que Motorola ne veuille pas signer d’accord ok, mais ça s’arrête là ? Pourquoi que lui et pas les autres ? Microsoft va plus loin avec eux ? Procès ? Ou il laisse tomber car pas assez de vente de Moto ?
Le 06/10/2014 à 09h21
Le 06/10/2014 à 09h22
Le 06/10/2014 à 09h23
GG M$
Le 06/10/2014 à 09h26
Le 06/10/2014 à 09h26
Le 06/10/2014 à 09h27
ils devraient arrêter de faire du windows phone, ils se feraient encore plus de fric mdr
Le 06/10/2014 à 09h28
Le 06/10/2014 à 09h34
Le 06/10/2014 à 09h35
Le 06/10/2014 à 09h36
Le 06/10/2014 à 09h42
Le 06/10/2014 à 09h05
C’est pour rembourser l’achat de mojang?^^
Le 06/10/2014 à 12h59
Saleté de brevets sur les logiciels et les idées.
Vivement que ça disparaisse.
Le 06/10/2014 à 13h31
Le 06/10/2014 à 13h54
Le 06/10/2014 à 14h26
Le 06/10/2014 à 14h28
@ arno53
Un brevet ne signifie pas obligatoirement “interdire”.
On peut protéger une évolution technologique en la rendant accessible via une licence payante de type FRAND (Fair, Reasonable And Non-Discriminatory) pour les “incontournables” ou open source de type BSD ou GNU pour les adeptes du libre total.
Une ancienne boîte ou j’ ai bossé a déposé plus de 10 brevets l’ année dernière sur des technos de luminaire et d’ éclairage.
Le but n’ est pas de limiter ces avancées juste pour eux (auquel cas, trop petit pour s’ imposer et sans moyen marketing immense pour concurrencer les gros, ces brevets même merveilleux ne serviraient à rien et pourtant, coûtent cher à garder).
L’ octroi de licence et donc d’ ouverture à la concurrence permet par contre de se faire de l’ argent (le but quand même d’ une société) sans devoir nécessairement investir en masse pour produire ces innovations en solo.
En clair, on “partage” moyennant finance notre recherche.
Selon le potentiel du brevet on peut soit jouer l’ exclu avec un seul partenaire (et dans ce cas vendre la licence très chère) soit la concéder en masse (dans ce cas là, on peut se permettre de baisser les prix) car être trop gourmand, c’ est aussi prendre le risque de crever avec ses idées géniales tout seul dans son coin.
Les brevets sont essentiels dans le monde industriel.
Ce qui l’ est moins par contre c’ est d’ en abuser comme position de monopole, d’ en faire des armes de rétorsion pour casser ses concurrents ou d’ accepter de breveter n’ importe quoi.
La majorité des brevets déposés chaque année ont pour vocation à être développé/utilisé/amélioré.
Cela ne freine en rien l’ innovation technologique car si un concurrent veux contourner ce brevet, libre à lui de chercher une autre piste.
Ce concept très juste à la base est juste pourri actuellement parce que certains brevetent n’ importe quoi (du vivant ou simplement un concept) et que certains autres considèrent que le simple but d’ un brevet est de gagner du fric grâce à des décisions de justice.
Si on s’ éloigne des salles d’ avocats, financiers, multinationales en mal de monopole etc pour celles des chercheurs, pas certains que eux considèrent tous le brevet comme une hérésie.
Si on limitait déjà les royalties et les droits d’ un brevet (et je pense pareil pour les droits d’ auteur) de manière non concedable uniquement à son concepteur/société qui le dépose et non à l’ offre et la demande des spéculateurs on limiterait déjà pas mal de dérives.
Le 06/10/2014 à 14h46
Le 06/10/2014 à 15h03
Le 06/10/2014 à 15h07
Le 06/10/2014 à 17h59
Le 06/10/2014 à 18h02
Le 06/10/2014 à 18h02
Le 06/10/2014 à 18h08
Le 06/10/2014 à 18h29
Le 06/10/2014 à 09h44
Ça va ils se portent bien chez Samsung. Pour lâcher 1 milliards aux autres rigolos, faut qu’ils ramassent un bon paquet avec leurs smartphones.
On n’a pas fini d’entendre leur saloperie de notification-sifflet pour SMS dans le TGV.
Le 06/10/2014 à 09h45
Le 06/10/2014 à 09h47
Le 06/10/2014 à 09h48
Le 06/10/2014 à 09h48
Le 06/10/2014 à 09h48
Le 06/10/2014 à 09h48
Le 06/10/2014 à 09h49
Le 06/10/2014 à 09h50
Le 06/10/2014 à 09h51
Le 06/10/2014 à 09h55
Le 06/10/2014 à 09h55
Le 06/10/2014 à 09h55
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Le 06/10/2014 à 09h56
Le 06/10/2014 à 09h56
Le 06/10/2014 à 09h57
Le 06/10/2014 à 09h58
Le 06/10/2014 à 10h01
Le 06/10/2014 à 10h02
Le 06/10/2014 à 10h02
Je me souviens que dans la liste des brevets incriminés y’avait des trucs du genre “Raccourcis navigateur internet sur le bureau”, “Traduction d’UI”… ‘muricaaaaa!!!
Le 06/10/2014 à 10h02
Le 06/10/2014 à 10h03
OMG
Je n’ avais pas vu que PCI avait fait une nieuws dessus ">
le groupe EMC, Ericsson, Microsoft, RIM, Sony et Apple doivent aujourd’ hui se féliciter d’ avoir été moins radin que le couple Google/Intel lors de la vente des brevets Nortel …" />
Le 06/10/2014 à 10h08
Le 06/10/2014 à 10h12
Le 06/10/2014 à 10h12
Après tout c’est la méthode principale des mafias depuis des décennies.
Elle a largement fait les preuves de son efficacité.
Le 06/10/2014 à 10h15
Le 06/10/2014 à 10h17
Le 06/10/2014 à 10h17
Le 06/10/2014 à 10h25
Une question toutefois… Microsoft négocie en son nom propre ou au nom de Rockstar Consortium?
Si c’est le premier cas, les autres membres du consortium pourraient en faire de même…
Le 06/10/2014 à 10h37
Le 06/10/2014 à 10h39
Le 06/10/2014 à 10h42
Le 06/10/2014 à 10h45
Le 06/10/2014 à 11h07
Le 06/10/2014 à 11h09
Mdrr, déjà les constructeurs gagnent des miettes, voir rien du tout à la base..si MS vient ensuite faire son racket " />
Stratégiquement, ça les fragilise surtout d’avantage face à Apple qui se taille déjà la plus grosse part du gâteau dans les bénefs de ce marché.
Le 06/10/2014 à 11h20
Le 06/10/2014 à 11h35
Le 06/10/2014 à 11h41
Le 06/10/2014 à 11h51
Le 06/10/2014 à 11h54
Le 06/10/2014 à 11h55
AlphaBeta a écrit :
Je n’ai pas dit que je cautionnais lles brevets logiciels…. mais en
tout cas, aux dernieres nouvelles, selon la loi americaine, Linux
violait quelques bonnes centaiens de brevets Microsoft….
Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Microsoft….
Je sais que vous etes des defenseurs de Linux mais il ne faut pas non plus tomber dans la mauvaise foi….
Cela dit, ce n’est pas une caution de cet etat de fait pour moi
« Selon la loi américaine, selon Microsoft », si ça continue tu vas finir par croire ou faire croire aux autres que MS a inventé l’informatique ! " />
Des centaines de brevets Microsoft dans une distro Linux ?? Où ça ??
On peut certes défendre Linux et les autres UNIX/like, mais de son côté MS est indéfendable et assez répugnant.
J’ai aussi une BSD, et une Opensolaris (OpenIndiana à présent), il y a du MS dedans ??
Certes, lorsque MS pille le libre, il n’y a pas de procès. " />
MS a aussi inventé les bureaux virtuels qui sont intégrés dans W10 ?
Tu ne parles pas des innombrables fois où MS a perdu ses procès, avec Red Hat par exemple MS a été contrainte de faire un deal, parce que le procès était trop hasardeux avec des bouts de code leur appartenant (mais souvent antérieurs à Microsoft !), et le rachat de Nowell a aussi brouillé les pistes.
Un beau FUD en tout cas.
Le 06/10/2014 à 11h57
Le 06/10/2014 à 12h06
Le 06/10/2014 à 12h15
Le 06/10/2014 à 12h44
Le fait qu’ un brevet soit FRAND n’ exclut pas le paiement de licence à son auteur.
Samsung peut donc parfaitement payer des licences à MS justement parce que ces licences couvrent des brevets légitimes et sont comme le stipule les règles du FRAND à un prix non discriminatoires, juste et ne faisant pas obstacle au développement.
Vouloir aller dans un tribunal pour contester cela c’ est suicidaire.
Je rappellerai d’ ailleurs que MS a une politique en matière de brevet FRAND exemplaire.
Si elle a toujours été en justice pour réclamer le paiement de ses licences (c’ est d’ ailleurs la base de son business), elle n’ a jamais par contre utilisé ses brevets portant sur des standards technologiques et reconnu comme FRAND comme arme dans une procédure judiciaire.
Le 06/10/2014 à 12h50
Le 06/10/2014 à 18h48
Le 06/10/2014 à 19h22
Le 06/10/2014 à 20h24
Le 06/10/2014 à 20h56