En arrêt maladie, des photos de voyage sur Facebook ne justifient pas toujours un licenciement
Auchan en profiter
Le 08 octobre 2019 à 13h40
5 min
Droit
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La cour d’appel de Poitiers vient d’invalider le licenciement d’un employé d'une grande surface, remercié après avoir publié des photos de voyage durant des périodes d’arrêt maladie. Les juges ont estimé que ces éléments ne suffisaient pas à prouver que le salarié s’était effectivement rendu à l’étranger.
Employé au rayon fruits et légumes d’un magasin Auchan, Monsieur X est licencié pour faute grave en octobre 2015, après plusieurs arrêts maladie. L’intéressé est effectivement absent à de nombreuses reprises, aux mois de mai et juillet, puis de manière continue d’août à la mi-octobre. Il avait été embauché, en CDI, en janvier 2015.
Dès le mois de juillet, l’employeur diligente un contrôle au domicile du salarié, à l’issue duquel le médecin signale que celui-ci était absent.
Dans sa lettre de licenciement, Auchan ne revient toutefois pas sur cet épisode. Le groupe explique à Monsieur X avoir « eu connaissance » de différents déplacements, rendus publics par ses soins « sur les réseaux sociaux » alors qu’il était en arrêt maladie.
Des séjours aux États-Unis, à l’île de Ré...
Le salarié est ainsi accusé d’avoir profité de ces périodes d’arrêt pour « se divertir pleinement » : « vacances à New-York et à Chicago au mois d’août 2015, présence au Parc des Princes le 11 septembre, au stade de Marseille le 4 octobre, à l’île de Ré le 9 octobre ».
Pour l’entreprise, un tel comportement s’avère « contraire à la bonne exécution, de bonne foi, du contrat de travail », ainsi qu’au « bon fonctionnement de l’équipe ». Plusieurs collègues auraient ainsi été « révoltés par de tels agissements », « abusifs ».
Le maintien du salarié dans l’entreprise étant jugé impossible, celui-ci a été licencié pour faute grave – c’est-à-dire immédiatement, sans préavis ni indemnité.
Un licenciement confirmé par les prud'hommes
L’affaire n’en est cependant pas restée là, puisque Monsieur X a contesté son licenciement devant la justice. Et pour cause : l’intéressé affirmait que ces voyages avaient été effectués en dehors de ses arrêts maladie (bien qu’il s’en soit fait l’écho sur Facebook durant ces mêmes périodes).
L’employé a également tenté de faire valoir, tout d’abord devant le conseil de prud’hommes, que les publications brandies par Auchan étaient purement privées. C’est en effet par le biais d’un collègue de travail, « ami Facebook », que l’entreprise a pu avoir connaissance de ces photos.
Alors que Monsieur X réclamait près de 20 000 euros d’indemnités, le conseil de prud’hommes de Poitiers a rejeté l'ensemble de ses demandes en mars 2018. Son licenciement pour faute grave a ainsi été confirmé.
Rien ne permettait de considérer que ces publications « reposaient sur des faits réels »
Saisie en seconde instance, la cour d’appel de Poitiers vient toutefois d’infirmer ce jugement, jeudi 3 octobre. « La société Auchan France établit bien que Monsieur X a posté, sur sa messagerie Facebook, à des dates auxquelles il était placé en arrêt de travail (...) des messages et photographies dont le contenu était destiné à informer ou à faire accroire qu’il se trouvait tantôt à New-York, tantôt à Chicago, tantôt à Paris ou à Marseille », analysent les juges (voir la décision sur Doctrine).
Toutefois, les magistrats estiment que l’employeur n’a apporté « aucun élément » permettant de contredire la version du salarié – lequel soutenait, à l’appui notamment de témoignages de voisins et de membres de son entourage, ne s’être en réalité rendu dans aucun de ces lieux, durant ces périodes.
« L’employeur qui invoque la faute grave pour licencier doit en rapporter la preuve, étant précisé que si un doute subsiste à cet égard, il profite au salarié », souligne la cour d’appel. Faute d’autres éléments à charge contre l'ex-employé, les juges ont ainsi donné gain de cause à Monsieur X. Avant d’enfoncer le clou :
« La société Auchan France n’établit donc pas qu’au cours de la période ayant couru du 13 juillet au 17 octobre 2015, Monsieur X a profité de ses arrêts maladie afin de se 'divertir pleinement’ mais seulement qu’il a diffusé, au cours de cette période, des messages dont rien ne permettait de considérer qu’ils reposaient sur des faits réels et qui, s’ils pouvaient générer une incompréhension, ne pouvaient cependant justifier son licenciement tant pour faute grave que pour une cause réelle et sérieuse. »
Le géant de la grande distribution a été condamné à verser plus de 6 000 euros à son ex-salarié, dont 2 500 euros à titre d’indemnité pour licenciement « sans cause réelle et sérieuse ».
Hasard du calendrier, cette décision intervient alors que les pouvoirs publics souhaitent procéder à une « collecte de masse » des éléments rendus publics par les Français, notamment sur les réseaux sociaux, afin de lutter contre la fraude. Le fisc lorgne par exemple sur les photos de vacances des contribuables, qui pourraient mettre les agents de Bercy sur la piste d'éventuelles fausses déclarations (voir notre article).
En arrêt maladie, des photos de voyage sur Facebook ne justifient pas toujours un licenciement
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Des séjours aux États-Unis, à l’île de Ré...
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Un licenciement confirmé par les prud'hommes
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Rien ne permettait de considérer que ces publications « reposaient sur des faits réels »
Commentaires (54)
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Abonnez-vousLe 08/10/2019 à 16h12
Le 08/10/2019 à 16h53
Le 08/10/2019 à 18h58
Cette citation m’interpelle énormément :
Dès le mois de juillet, l’employeur diligente un contrôle au domicile du salarié, à l’issue duquel le médecin signale que celui-ci était absent.
-L’employeur a t-il le droit de diligenter une enquête ? N’est-ce pas du ressort de l’Assurance Maladie ?
-Comment l’employeur peut-il connaitre les modalités de sortie de son employé en arrêt ? Il peut s’agir d’un arrêt avec sortie libre …
Autre citation qui m’interroge :
« L’employeur qui invoque la faute grave pour licencier doit en rapporter la preuve, étant précisé que si un doute subsiste à cet égard, il profite au salarié »
Afin de tenter de disculper l’employé suspecté, pourquoi n’a t’il pas été demandé de fournir les photos originales prises lors des voyages avec étude des métadonnées ?
Le 08/10/2019 à 19h44
Le 08/10/2019 à 20h04
L’idée des métadonnées est bonne mais il n’est pas difficile de les modifier avant d’envoyer les photos. Je pense qu’on ne peut pas vraiment considérer ça comme une preuve.
Le 08/10/2019 à 20h47
Il y à des cabinet de médecin qui existe ou travail pour des sociétés qui exploite ce marché des contrôles.
Exemple aux hasard: https://www.mediverif.fr/tarifs-controles-medicaux/
Le 08/10/2019 à 20h51
Le 08/10/2019 à 21h01
Non, les réseaux sociaux ne seront que des indices pour déclencher des contrôles, pas des preuves pour sanctionner.
Le 08/10/2019 à 21h11
Le 08/10/2019 à 21h15
Le 09/10/2019 à 05h40
Le 09/10/2019 à 06h37
Le 09/10/2019 à 07h00
Le 09/10/2019 à 07h10
Le 09/10/2019 à 07h17
La vraie question est :
-non.. !!!
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“dossier suivant” " />
Le 09/10/2019 à 07h20
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Le 09/10/2019 à 08h15
Le 09/10/2019 à 08h15
Énorme…. " />
Il n pouvait pas juste demander les radios et comptes rendus d’examens ? " />
Le 09/10/2019 à 08h28
Le 09/10/2019 à 10h51
Le 09/10/2019 à 11h29
Le 09/10/2019 à 12h23
Le soutien aux kurdes contre Daesh également
Le 09/10/2019 à 14h31
Le 09/10/2019 à 14h44
J’ajouterais :
Le 09/10/2019 à 15h34
Le 09/10/2019 à 16h39
Le 10/10/2019 à 05h13
tu aurais pu ajouter le soutien de daesh contre la syrie " />
Le 10/10/2019 à 07h43
ha nan, quand c’était contre la syrie, c’était ISIS, faut pas tout confondre on a des noms fluctuant selon le placement du groupe dans l’axe du mal. Quand c’est des potes c’est isis, quand ce sont plus des potes ça devient daech ;)
Le 10/10/2019 à 08h24
exactement ! " />
Le 10/10/2019 à 09h02
J’allais le dire. En cas de dépression, stress, etc. la sortie libre et le divertissement sont même des indications médicales (oui, sans rigoler). Maintenant, il faut aussi arrêter de publier sa vie sur internet et après se plaindre que les autres s’y intéressent de trop près…
Le 11/10/2019 à 12h04
Tu as une source là dessus?
(a part un média russe qui fait du vladivladatralala " />)
A ma connaissance c’est plutôt la Turquie qui a “joué” à ça en plus des classiques financeurs pétroliers de l’islam combattant.
Le 12/10/2019 à 07h52
lorsque tu regarde gentiment un pays se faire envahir par daesh, et que tu aide juste la province a coté (kurde) et que tu envoi l’armée au mali pour lutter contre, c’est un soutiens très passif quand même.
Le 08/10/2019 à 14h02
Pas cher le licenciement ! Merci Macron ! (Ou Hollande… j’sais plus les différencier.)
Le 08/10/2019 à 14h07
Le 08/10/2019 à 14h09
présence au Parc des Princes le 11 septembre, au stade de Marseille le 4 octobre, à l’île de Ré le 9 octobre
Soit en week-end ou en début de week-end.
Depuis quand les congés maladies s’appliquent pendant les jours chômés?
La société Auchan France n’établit donc pas qu’au cours de la
période ayant couru du 13 juillet au 17 octobre 2015, Monsieur X a
profité de ses arrêts maladie afin de se ‘divertir pleinement’ mais
seulement qu’il a diffusé, au cours de cette période, des messages dont
rien ne permettait de considérer qu’ils reposaient sur des faits réels
et qui, s’ils pouvaient générer une incompréhension, ne pouvaient
cependant justifier son licenciement tant pour faute grave que pour une
cause réelle et sérieuse.
Rien de plus logique: Facebook, Instagram et consorts ne sont pas la réalité, ils ne sont que des fenêtres sur des images que l’on partage.
Heureusement que l’appel a permis de rappeler cette évidence
Le 08/10/2019 à 14h11
Ce qui est dingue quand même c’est la fin de l’article, actualité oblige… Est-ce que cette décision pourrait faire jurisprudence d’une certaine manière pour invalider facebook ou tout autre réseau social comme “source” de la collecte de masse ?
Le 08/10/2019 à 14h17
Le 08/10/2019 à 14h17
Le 08/10/2019 à 14h18
Mais en fait Auchan a fait une erreur en apportant comme justification les documents facebook au lieu du constat de la visite de contrôle non?
Les juges rappellent surtout qu’il y a des pièces acceptables par la justice et d’autres non à mon avis.
Le 08/10/2019 à 14h18
Et sinon, juste vérifier son passeport plutôt que son mur FB ?
Parce que pour le coup, un coup de tampon des douanes US, ça devrait avoir tout de même un tout petit peu de valeur, non ?
Le 08/10/2019 à 14h22
Pour un licenciement légal et non abusif ça se tient. Pour un licenciement abusif (s’il l’est vraiment… c’est le genre de cas où j’prendrais pas trop le parti du salarié) c’est un peu lège, je trouve ; il s’est passé quelques années depuis le licenciement.
Le 08/10/2019 à 14h23
Tous les arrêts maladie ne confinent pas l’arrêté à son domicile ;)
Le 08/10/2019 à 14h23
C’est pareil.
Monsieur X a profité de ses arrêts maladie afin de se ‘divertir
pleinement’ mais seulement qu’il a diffusé, au cours de cette période,
des messages dont rien ne permettait de considérer qu’ils reposaient sur
des faits réels
Remplaceles réseaux sociaux par le passeport, et on verra qu’il s’agit d’un divertissement mais cela ne suffit pas à justifier le licenciement.
Le 08/10/2019 à 14h23
Le 08/10/2019 à 14h26
Le 08/10/2019 à 14h43
Le 08/10/2019 à 14h47
Le 08/10/2019 à 14h59
Normalement c’est le Sécu qui lance la procédure de fraude… Car de aout à mi-octobre, ce n’est plus l’employeur qui paie mais la Sécu (moins quelques jours de carence). Je serai lui je mettrai les sous de côté, car il y a des chances que le contrôle du médecin aille plus loin.
Le 08/10/2019 à 15h12
Non seulement tous les arrêts maladie n’interdisent pas les sorties, mais quand ils le font ce n’est qu’aux horaires habituels de travail, et encore sauf si on a une bonne raison, notamment pour les soins. Bon, du coup normalement les contrôles se font à ces horaires.
Avec une jambe dans le plâtre on ne peut pas travailler en supermarché, mais on peut parfaitement aller voir des amis le soir ou un match le week-end.
Mais en effet le fond de ce jugement, c’est que si on poste sur Facebook “Coucou d’Honolulu” avec la photo d’une plage, ça ne prouve rien du tout et surtout ça ne justifie pas un licenciement pour faute grave.
Le 08/10/2019 à 15h27
Le 08/10/2019 à 15h29
Non, par défaut l’arrêt maladie impose que le malade soit présent à son domicile de 9h à 11h et de 14h à 16h tout les jours (week-end et fériés compris). Les exceptions sont les absences pour soins ou examens (logique) et les sorties totalement libres (dans le cas de maladie psy ce n’est pas rare).
Le 14/10/2019 à 10h06
mon prof de droit pendant mes études m’avait parlé d’un licenciement car l’employé en arrêt maladie avait posté des photos de lui sur une plage, le licenciement a été cassé car le médecin avait prescrit a l’employé du repos (pour cause de dépression) et partir sur une plage pour du repos est plutôt adéquate.
@Dj je me demande si on ne parle pas du même cas?
Le 14/10/2019 à 12h09
A ma connaissance Hollande a soutenu une intervention sur place que l’OTAN a bloqué et que c’est finalement la Russie qui a fait mais plus pour obtenir un port méditerranéen comme souhaitait pierre le Grand que par humanisme clairement.
La France a néanmoins bombardé en suivant les demandes kurdes ce qui leur a permis d’avancer au sol et des armes ont été livrées ainsi que des opérations spéciales menées.
Je pense qu’il a fait ce qu’il pouvait raisonnablement faire et que ce n’est pas pour rien que Daesh ciblait spécifiquement la France à certaines périodes dans ses appels au terrorisme intérieur.
Le 14/10/2019 à 19h23
bientot tu va voir ce que cela fait d’avoir les terroristes qui se balade dans la nature et qui viendront en europe, je vois que tu ne contredis pas sur les enemis de mes enemis sont mes amis, hollande a les amis qu’il peut (hi hi), je ne suis pas sur que la syrie va ecouter la france empecher les terroristes de venir chez nous.
Surtout après un abandon brutal et quelques années dans des camps, ils on un esprit revanchard ces petites betes.