Ce jeudi, France 2 diffusera un nouvel épisode de Cash Investigation consacré à la manière dont sont traitées et partagées nos données personnelles, notamment en matière de santé, près de cinq ans après l'entrée en vigueur du RGPD. Comme on pouvait s'y attendre, le constat est loin d'être idyllique.
En octobre 2015, Cash Investigation diffusait un reportage sur les « stratégies secrètes » du marketing, s'intéressant notamment au cas du traitement de nos données par une filiale de La Poste, qui avait fait grand bruit.
Ce jeudi, l'émission présentée par Elise Lucet et diffusée sur France 2 revient sur cette thématique, en se posant cette fois la question de manière plus large, s'intéressant à la façon dont les sites et applications collectent et diffusent nos informations, parfois intimes, avec une notion particulière du consentement.
Mais aussi à l'activité des data brokers, notamment dans le domaine de la santé. Et ce que la récolte de ces données permet, lorsqu'il s'agit de tout savoir d'une personne en particulier (malgré les promesses d'anonymisation) et d'établir un profil psychologique. Une capacité d'analyse qui peut être utile à bien des égards.
Le reportage est accessible via France.tv en avant-première. Une pratique critiquée parce que la création d'un compte est exigée pour y accéder. Ironique étant donné la situation. D'autant que la date de naissance est demandée, pour vérifier que vous avez bien plus de 16 ans, tout comme le code postal. Ce qui peut être utilisé... à des fins publicitaires. Vous pouvez refuser la collecte de données, enfin... « continuer sans accepter ».
Notez que l'exigence d'un compte n'est pas présente sur toutes les plateformes. Nous avons ainsi pu regarder l'émission sans créer de compte France.tv via l'application Android TV du groupe par exemple.
Obtenir le téléphone de ministre ou du directeur de la BRI
Le reportage s'ouvre avec l'interview de Romain Cochard, qui a contacté Élise Lucet via son numéro de portable, qu'il avait récupéré pour 60 centimes au sein de la plateforme américaine Lusha. Celle-ci se propose de fournir les coordonnées de pas moins de 100 millions de personnes, en quelques clics (et dit respecter le RGPD).
Problème, la présentatrice n'avait pas donné son accord pour que son numéro soit récupéré et revendu de la sorte. Elle n'avait d'ailleurs pas conscience que c'était le cas. Il s'agit là du principe des data brokers, qui agrègent en masse des données depuis différentes sources, pour créer (et vendre) des profils précis.
D'autres sont présents sur ce marché et cités dans le reportage, comme Kaspr, AeroLeads ou ColdCRM qui se vante d'avoir la plus grande base de données au monde avec 320 millions de contacts. 129 euros par mois suffisent pour obtenir les numéros de toute personne contenue dans cet immense entrepôt à données.
Les journalistes y ont ainsi trouvé le numéro de portable de ministres ou de hauts gradés de la Police comme Christophe Molmy, actuel directeur de la BRI ou Jean-Marie Salanova Directeur central de la sécurité publique. Ce dernier précisera même que ce numéro professionnel est censé être en « boucle fermée », non diffusé à l'extérieur.
Si un interlocuteur indien a pris en charge l'équipe lorsqu'il s'agissait de savoir si elle était satisfaite du service en tant que client, il cache bien un entrepreneur français : Raphael Azot, prix « coup de cœur » du concours de pitch de l'EMLYON Business School en 2013, qui s'était exprimé à l'occasion d'une conférence nommée « Nos données en ligne sont elles réellement à l'abri ? » lors d'un TEDx à ParisDauphine en 2016. La vidéo a été retirée depuis.
S'il a refusé d'être interviewé, il a indiqué aux journalistes que ses données provenaient d'applications mobiles.
Applications mobiles et consentement
Car ces dernières ont longtemps obtenu, et obtiennent encore souvent des autorisations assez larges de la part des utilisateurs. Notamment lorsqu'il s'agit de récupérer les données de leur carnet d'adresse qui viennent alimenter ce genre de services qui font office d'annuaire mondial. L'équipe est ainsi allée interroger Esther d'Exodus Privacy.
Elle a montré avec l'aide de son projet Pithus comment les applications récoltaient et envoyaient de nombreuses données, avec des implications parfois sensibles. Notamment l'une des plus utilisées dans le monde, proposant le contenu de la Bible, mais permettant de savoir, par exemple, que vous être très certainement catholique.
Cette dernière partageait lors de l'analyse des données à travers 107 communications avec des tiers. Le reportage évoque aussi le cas de l'application Muslim Pro qui a informé l'armée américaine de la position géographique de musulmans, dont des Français qui ont depuis décidé de porter plainte.
« Doctissimo c'est Brutissimo »
Un cas a particulièrement intéressé l'équipe de Cash Investigation : l'application Ma grossesse proposée par Doctissimo, qui fait partie du groupe TF1 via sa filiale Unify regroupant ses sites visant principalement le public féminin et les nouvelles technologies. Elle dispose de sa propre offre publicitaire via Unify Digital Factory.
Ici, Esther a pu constater que l'application envoyait des informations à des tiers (localytics, Xiti et Google analytics), alors qu'elles peuvent être considérées comme des données de santé : le poids, la taille, la date d'accouchement. Même constat sur des quizz, 300 étant proposés sur le site, qui permettent à des tiers de savoir lesquels ont été visités, alors que certains évoquent une possible dépression par exemple.
Démonstration est faite que la politique en matière de données personnelles du site est loin d'être simple, transparente et aisée à comprendre : 5 800 mots, 35 minutes de lecture pour Elise Lucet à l'époque du tournage. On notera au passage que la politique en matière de consentement a évolué depuis, puisque suite à la mise en place des nouvelles recommandations de la CNIL, on peut désormais refuser de donner son consentement.
Cela mène le site à... vous proposer de vous abonner. Une pratique sur laquelle nous sommes déjà revenus.
Les équipes de Doctissimo ont de leur côté assuré par écrit dans les deux cas qu'aucun transfert de données à des tiers n'était opéré, malgré les constats fait dans le cadre de l'émission. Élise Lucet et ses journalistes ont donc tenté de contacter le patron, Nicolas Salado, qui n'a pas donné suite malgré de multiples relances, pendant 11 mois.
Comme à son habitude, elle s'est donc rendue sur place afin de le rencontrer. Les personnes présentes chez Unify ont alors laissé l'équipe rentrer, une employée de Doctissimo s'étant proposé de contacter Salado qui était en télétravail. Mais le tournage a alors été interrompu par Olivier Abecassis, Président d'Unify au sein du groupe TF1.
Il a ainsi indiqué à l'équipe de Cash Investigation qu'il contactait les forces de l'ordre, leur expliquant que « des journalistes se sont introduits dans son entreprise », les forçant à quitter les lieux. Ce qui inspira à l'équipe cette remarque : « Doctissimo c'est Brutissimo ». Aucune autre explication ne sera donnée sur le transfert à des tiers.
Pour rappel, une plainte avait été déposée auprès de la CNIL par Privacy International en juillet dernier. Un autre service du groupe faisait l'objet d'une plainte en avril : MyTF1.
Pour Cédric O, tout va bien
Une scène similaire, quoi que moins « directe », aura été filmée avec le secrétaire d'État en charge du numérique, Cédric O, qui a laissé les journalistes sans réponse pendant 5 mois. Interpellé lors d'un colloque pour « se rencontrer autour d'une table », il leur aura également demandé de partir : « on se posera autour d'une table, allez hop ».
Il aura finalement livré une interview dans laquelle il montre son soutien au RGPD, « un bon texte qui est globalement respecté », ce malgré les multiples manquements constatés depuis son vote, son entrée en application en 2018 et encore aujourd'hui. Il ne déplore ainsi que quelques « trous dans la raquette ».
Revenant sur la question du droit à obtenir les données qu'une entreprise détient sur nous, les journalistes ont constaté que sur 40 demandes écrites, 1 seule a reçu une réponse dans le délai légal (1 mois). Au bout de 4 mois, 13 ont envoyé des données, 11 ont dit ne rien avoir, 16 n'ont pas donné suite. Facebook et Google en font partie.
Si ces sociétés proposent des interfaces en ligne permettant à ceux qui ont un compte de récupérer des données, cela ne couvre qu'une faible partie selon Max Schrems de Noyb, interrogé dans le cadre de l'émission. Pour preuve, les 1 200 pages de données récupérées par ses soins auprès de Facebook sur son propre compte. Et en cas de manquement, les amendes sont encore faibles au regard des bénéfices de ces sociétés.
Pour Cédric O, cela s'explique par la proportionnalité des sanctions face aux faits reprochés. Le secrétaire d'État préfère se féliciter du fait que l'on ait vu « beaucoup de changements » ces derniers mois, notamment grâce au RGPD, précisant que si des sociétés outrepassent leurs droits en matière de traitement des données, les utilisateurs peuvent se plaindre à la CNIL avec des sanctions à la clé. Certains, qui ont déposé des plaintes auprès de la Commission il y a plusieurs années sans retour sur leur aboutissement, seront sans doute en désaccord.
On regrette également au passage un raccourci de l'émission qui semble indiquer que les droits en matière de protection des données datent de l'entrée en application du RGPD, critiqué au passage pour les fameux « bandeaux cookies ». Or, en France la réglementation en la matière est bien antérieure, le règlement européen ayant surtout durci les règles de consentement, qui n'ont pas vraiment été respectées jusqu'à encore très récemment.
Si c'est « la croix et les bannières », cela vient plutôt de ces années de laisser-faire généralisé, malgré la loi.
IQVIA, pharmaciens et Health Data Hub
L'un des sujets qui a été mis en avant pour la promotion de l'émission est celle des données de santé récupérées par IQVIA à travers les pharmacies. La société, critiquée outre-Atlantique pour sa gestion du consentement par le passé ou sa position dominante, a obtenu des autorisations de la CNIL pour sa filiale française.
Notamment LRX en 2018, qui permet à la société de récupérer, via son réseau Pharmastat, les informations de vente de « plus de 14 000 pharmacies sur l'ensemble du territoire, soit plus de 60% des pharmacies françaises (métropole et DOM) », soit des données sur 40 millions de français selon les chiffres évoqués pendant le reportage. Problème : les pharmaciens n'informent par leurs clients comme la loi les y oblige.
Ainsi, ces derniers ne peuvent pas refuser le traitement de leurs données puisqu'ils ne savent pas qu'elles vont être exploitées. Les journalistes de l'émission ont visité 200 officines, sans trouver de mention de l'affichette devant évoquer le sujet, aucune information orale n'étant non plus donnée.
Qu'y gagnent les pharmaciens ? Selon un utilisateur du logiciel concerné : 6 euros par mois et des études de marché sur les ventes de sa ou ses officines qui l'aident à piloter sa stratégie commerciale. Mais en bout de chaîne, ce sont des études à plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'euros qui sont proposées grâce à ce dispositif.
IQVIA est ainsi l'un des seuls à proposer de telles analyses, l'un de ses commerciaux ayant ainsi justifié les tarifs par le fait que sa base de données est « la seule qui permette cela en France ».
Du côté de la fédération des pharmaciens, le Président a répondu que ce défaut d'information « n'est pas bien », devant d'ailleurs vérifier si ses propres officines sont concernées ou non. Pour lui, il y a un besoin de sensibilisation en la matière. Il explique les manquements par le fait que les pharmaciens sont « noyés sous la règlementation ».
De son côté, IQVIA indique que les données à titre personnel ne l'intéressent pas et qu'elle se focalise sur des populations touchées par certaines pathologies, reconnaissant que certaines concernent peu de personnes en France, ce qui peut poser des problèmes en matière de réidentification.
Pour elle, la responsabilité est celle des pharmaciens, qui s'engagent à informer les patients, le site d'IQVIA évoquant la manière dont sont traitées les données via LRX, renvoyant aux pharmaciens pour l'expression du refus de consentement. Le délégué à la protection des données d'IQVIA peut être contacté ici : [email protected].
Mais pour IQVIA, l'enjeu est désormais d'accéder aux données hospitalières, le patron de sa branche française, Jean Marc Aubert, ayant notamment déclaré dans une vidéo que ce sont celles concernant les cancers qui ont le plus d'intérêt : « l'oncologie, c'est là qu'il y a le plus de valeur a extraire ».
Un projet a été lancé en novembre 2018 avec des hôpitaux de Strasbourg, Besançon, Tours, aucun n'ayant répondu aux journalistes de Cash Investigation sur le sujet. L'équipe est également revenue sur le fait que la société avait tout à gagner à la mise en place du Health Data Hub, centralisant les données de santé.
Jean Marc Aubert est d'ailleurs l'un de ses architectes, ayant quitté IQVIA pour participer à sa conception pendant deux ans, avant de prendre la direction de la branche française juste après cette mission, en décembre 2019. Sur ce point, Il répondra que tout a été fait dans les règles et validé notamment par la Commission de déontologie.
Réidentification des données anonymisées et profilage
Enfin, deux sujets ont été évoqués tout au long de l'émission. Le premier est la promesse de l'anonymisation des données, qui n'est qu'un leurre dès que l'on dispose d'assez d'informations selon plusieurs chercheurs.
Ainsi, Yves-Alexandre de Montjoye fait la démonstration de la manière dont il est possible de trouver une personne sur la base de sa date de naissance, son lieu de vie, son statut marital, son emploi, son sexe, et le fait qu'il ait été ou non à l'université, parmi une base de données « anonymes » de plusieurs dizaines de millions de français.
Or, le marché des data brokers est estimé à 400 milliards d'euros en Europe, certaines sociétés se vantant d'avoir des bases avec 2,5 milliards de personnes (Axiom), dont 95 % des Français (Experian), avec parfois 30 000 points de données pour un simple individu. Dès lors, ce profilage apparaît comme personnel et massif.
Et celui-ci peut dire beaucoup des habitudes ou même de la psychologie de chacun. Les journalistes sont ainsi allés à la rencontre de l'équipe de Kevin Huguenin de HEC Lausanne s'intéressant aux traits de caractères qui peuvent être identifiés à travers les données d'un bracelet Fitbit. Sur 230 personnes, les 2/3 ont donné un résultat d'analyse similaire à celle produite par les réponses à un test psychologique précis.
Même résultat avec Apply My Magic Sauce de Michal Osinski (Stanford), qui propose cette fois de fournir une analyse sur la simple base de vos profils sur les réseaux sociaux. Des outils qui seraient déjà utilisés par certains recruteurs et dont on imagine l'impact s'ils venaient à servir de base chez nous pour des questions d'emploi, d'accès au crédit ou de montant des assurances, comme c'est parfois le cas aux États-Unis.
Commentaires (46)
#1
Le gros problème de la fuite des données personnelles c’est que la majorité des gens n’a pas conscience de cela ni de la finalité quand ils savent ce qu’est une donnée personnelle.
Au boulot, je passe pour le gros * de service qui ne veut pas installer whatsapp sur son téléphone (ni autre chose) pour garder le contact avec les collègues en télétravail.
Combien d’utilisateur de smartphone se posent la question des données personnelles quand ils installent une appli ? Combien de français savent ce qu’est et ce qu’implique le RGPD ? Le nombre est ridicule à mon avis …
La donnée personnelle est un sujet pour les professionnels du secteur et les rares initiés.
Il est là le problème et il faudra plus qu’une simple émission.
C’est un sujet dont devrait s’emparer l’Éducation nationale.
#2
D’abord, elle le fait (par ex. SNT en 2de), ensuite, cette phrase est utilisée pour la quasi-totalité des aspect sociétaux… (nutrition, harcèlement, sexualité, compréhension du droit, laïcité, racisme, fait religieux, accès à la culture…)
On lit aussi souvent, d’ailleurs, que l’EN devrait se recentrer sur les fondamentaux, et ne pas se disperser…
#2.1
Merci d’avoir pointé la SNT, je connais encore mal les enseignements d’exploration de seconde.
J’ai lu pas mal de choses intéressantes.
On dit en effet beaucoup de chose sur l’EN, sur beaucoup de sujets.
Mais ça reste un lieu public où toute la population passe pendant une longue période, c’est clairement l’endroit où il faut donner tous les outils et cela probablement sur tous les sujets importants que tu as mentionné. La donnée personnelle en est un, ce n’est que mon avis.
#2.2
j’en ai oublié : prévention routière, égalité hommes-femmes, citoyenneté…
Concernant la SNT, c’est une matière peu appréciée des adolescents. Du moment que Snap et Insta fonctionnent, plus FB pour communiquer avec quelques “vieux”, le reste, RGPD & Cie, ils s’en contrefichent.
Idem pour la programmation (le “codage”, comme disent les politiques qui n’y connaissent rien) : à part quelques uns pour qui c’est une véritable découverte, les autres ne s’y intéressent pas trop. Du moment que le smartphone fonctionne, peu importe comment les applis sont programmées…
Je charge un peu le trait, mais c’est quand même un peu ça !
#3
Le consentement n’est pas l’unique condition à l’exploitation des données personnelles.
On revient aux rigolos qui ne voulaient porter plainte contre le Trésor Public car ils n’avaient pas donné leur consentement.
#4
Est-ce qu’il existe un site qui recensent les pharmacies faisant partie du réseau Pharmastat ?
#5
Je suis aussi le gros con de service et je compte le rester. C’est juste un choix à faire (pas forcément facile, mais certainement pas impossible).
#6
Captvty est votre ami pour récupérer l’émission sans fournir de données personnelles.
Sauf que maintenant qu’elles sont rassemblées, elles peuvent intéresser n’importe qui capable de les pirater ou backdoorer. Donc il ne faut pas les rassembler.
#7
Je crains que cette information soit couvert par le secret des affaires.
#8
Et à un moment, il faudrait expliquer que donner son carnet d’adresse n’est pas une donnée personnelle mais une donnée d’autrui sur laquelle on n’a aucun droit de communication.
#9
#9.1
Bien d’accord. Du coup, les données collectées par ce biais devraient être réputées aquises illégallement, peut importe le conscentement éventuel du propriétaire du carnet d’adresses.
Étonnant que Max Schrem n’aie pas encore exploité ce filon.
#10
Bien content que l’on parle de Pharmastat. Vous faites bien rappeler que ce partenariat a été fait avec les principaux syndicats des pharmacies.
Je crois que ce partenariat a été mis en place dans les années 2000. Les syndicats avait besoin des chiffres fiables à opposer à la sécurité social lors des négociations sur le prix des génériques, des actes pharmaceutiques & Co. La sécu ayant alors une connaissance fine des dépenses de médicaments grâce au système SESAM-Vitale que les pharmacies ont largement adopté.
Il ne reste plus qu’à parler des autres collecteurs de données dans la santé:
Le plus amusant c’est quand ces données sont revendues au ministère de la santé…
Je suppose qu’il y a d’autres collecteurs de données dans les logiciels des médecins, des infirmiers, des hôpitaux …
J’espère que cette enquête va faire bouger les pharmaciens et les forcer à se sensibiliser sur ces questions (doux rêves).
#10.1
Je ne savais pas que des données du DMP étaient revendues….
Je bosse dans une clinique, l’état est capable de beaucoup de choses avec les données qu’elles récupèrent (PMSI, facturation, …) et celles que l’on doit lui fournir via des déclarations et enquêtes (consommations, situation hors référentiel, … )
A noter, que certains laboratoires via des partenariats récupèrent des données (complètement anonymisées) pour avoir des suivis de traitements et avoir des arguments vis a vis des autorités de santé.
#10.2
C’est le DP et non le DMP!!
C’est indiqué sur le site du conseil de l’Ordredes pharmaciens ( p19 du cahier thématique n°12). Après il ne les revend pas à n’importe qui et ce sont plus des statiques de populations.
Le premier cas était la vente au ministère de la Santé de la baisse des pillules de 3 et 4 ème génération et de la bascule sur la 2 ème génération suite à l’affaire de 2012 sur la patiente ayant eu un AVC.
#10.3
Erreur de frappe, je pensais au DP mais j’ai tapé DMP…
Je comprends pas que l’état ait besoin d’acheter ce genre de données et qu’il ne soit pas capable de les avoir via les caisses d’assurance maladie.
Quand je vois ce qu’il est capable de me sortir afin de me demander des justifications.
#10.4
L’Ordre les sort en 24H mais toutes les pharmacies ne font pas la transmission aux caisses tous les jours.
La Sécu est une grosse base de données mais ont-ils les compétences et les ressources humaines pour bien l’exploiter??
Quand je vois que les médicaments à prescriptions restreintes sont peu contrôler (après je ne suis pas le titulaire).
#11
Je ne pense pas que tu trouveras l’info sur le net.
Peut être en demandant à ton pharmacien ? Même pas sur que tous soient au courant, parfois c’est intégré au logiciel de gestion de l’officine.
#12
Le délit parfait n’existe pas, mais il paye bien avec l’électricité des autres…
#13
Six bases légales sont prévues par le RGTextePD :
le consentement ;
le contrat ;
l’obligation légale ;
la sauvegarde des intérêts vitaux ;
l’intérêt public ;
les intérêts légitimes.
Ce qui est notoirement interdit, c’est de collecter des données en se justifiant par une base, mais dans un second temps des les utiliser pour une finalité différente que celle prévue initialement.
#13.1
Alors comme ça Xml2 on se trompe dans le Markdown ?
#14
Les données de nos contacts n’appartiennent pas au possesseur du téléphone mais aux contacts eux-même. mon numéro de téléphone est une donnée personnelle, ce n’est pas la données des personnes qui l’ont enregistré dans leur téléphone,c’est un petit peu trop facile de prétendre que ce sont les données du possesseur du téléphone !!!
Idem pour l’addresse email, postale date de naissance et tout ce qui peut se trouver dans la fiche contact !
En pratique il faudrait que Facebook et consort demande à chacun des contacts l’autorisation de récupérer les données, or quand on regarde les conditions d’utilisations, il est stipulé “qu’on certifie avoir l’accord des l’ensemble de nos contacts pour partager les données du répertoire” ce qui est contraire au RGPD car il n’y a pas l’accord explicite des contacts.
#14.1
Es-tu sur liste rouge? Si ce n’est pas le cas, non, tes infos de contacts ne sont pas privées mais publiques.
Je sais que plus personne n’utilise le bottin mais les adresses et numeros de téléphone n’ont jamais été des données privées par défaut.
Et ne confondons pas “Privé” et “Personnelle”.
Personnellement, je me contrefous que certaines infos soient visibles. Ce qui a rendu problématique que ces données soient publiques, c’est le traitement automatisé de ces dernières, rendant plus rapide et efficace le ciblage. Mais je trouve naif de croire que vos données sont vraiment confidentielles.
#15
Je dirais plutôt que ça dépend des thèmes et des ado en face. Pour enseigner cette matière, je trouve que pour le coup les données et leurs importances sont traitées deux fois dans l’année et de manière plutôt approfondie. Je viens d’ailleurs de terminer un cours sur le modèle économique des réseaux sociaux et ça en à fait réagir plus d’un.
je vais peut-être leur passer le cash investigation à la fin de l’année tiens !
#15.1
Il est certain que l’investissement personnel de l’enseignant et sa “force de conviction” influent beaucoup ! Alors que cette matière joue souvent le rôle de complément pour sauver un poste de sciences ou -surtout- de maths…
#16
Quels types de réactions ? Ça va jusqu’à : je vais arrêter d’utiliser les réseaux sociaux (ou au moins refuser tout traçage) ?
#17
On est plutôt sur du : “ha bon mais ça fait un peu flipper quand même M.lovecraft946” “Mais du coup, gérer les cookies et ne pas accepter tout les trucs quand on rentre sur des sites c’est important !”
Après en seconde ils on en majorité 16 ans donc je trouve que déjà qu’ils prennent conscience de cet aspect là c’est un grand pas. Je ne suis pas sur qu’ils arrêtent les réseaux sociaux mais ils en auront au moins un usage plus éclairé (du moins je l’espère).
Après, travailler en demi-groupe de 15 favorise aussi peut-être plus leurs implications, je vais voir si tous les groupes réagissent de la même manière.
D’ailleurs je n’arrête pas de leurs donner des articles de Nextinpact pour leurs contrôles de SNT. Je pense qu’a force ils vont finir par être des lecteurs réguliers
#18
Donc si on demande à IQVIA (via le délégué aux données personnelles) de nous transmettre toute information dont elle dispose sur nous, elle doit le faire normalement. Qqun se souvient de l’article réglementaire qui oblige ça, je me souviens pas… ?
Je vais tenter ça ce soir tiens.
#18.1
Voyons ce qu’un moteur de recherche donne comme résultat à “RGPD droit d’accès”. Le premier lien me renvoie sur le site de la CNIL ce qui est plutôt bon signe. Il y est décrit comment procéder et aussi en fin de page, l‘article15 du règlement général sur la protection des données (RGPD) est cité.
#19
Intéressant.
j’essaie toujours d’intéresser mes gamins (et leurs amis) à l’envers du décors, que ce soit en informatique ou en mécanique, ou autre.
On est d’ailleurs un peu en conflit avec ma compagne , pour qui “les écrans c’est le mal” quelque soit ce qui est affiché dessus, à cause de l’addiction et de l’aspect sanitaire , alors que moi je suis plus ennuyé par l’aspect passif et “répétitif” des choses (dessins animés, instagram/tiktok,…) , mais je suis plus souple lorsque l’usage est plus lié à la réflexion (échecs en en ligne, codage,…) ou relations sociales (chat avec les copains par ex).
Plus globalement , pour moi très clairement les industries cherchent à abaisser le niveau d’accès aux appareil , à créer une addiction, et un revenu mensuel , plutôt de d’élever le niveau des gens. En cela la technique est similaire à la vente de stupéfiants.
#20
youtube-dl fonctionne aussi au poil ! (et nativement sous nux et mac)
Par contre, akamai (le CDN) sait quand même que je m’inquiète de mes données personnelles
#21
Je n’ai pas bien compris comment le client d’une pharmacie peut se retrouver (ou pas) dans les fichiers de IQVIA… C’est via un logiciel utilisé par la pharmacie lors de la saisie d’infos sur le patient ou ses ordonnances/achats de médocs ? Ou la pharmacie fait partie d’un “réseau” qui fournit ces données ?
Si c’est possible d’avoir des détails svp.
#21.1
Les Logiciels de Gestion d’officine collectent des données et Pharmastat se branche dessus et en extrait une partie.
J’ignore lesquelles et comment elles sont couplées entre elles.
#21.2
Merci, c’est donc bien au niveau logiciel
Il y a sûrement des précisions dans le nouvel article de NI, que je n’ai pas encore lu
#22
De ce que j’en ai compris (et ça se confirme avec d’autres thèmes que je connais mieux), Cash Investigation et Elise Lucet font surtout dans le buzz et le “documentaire” à charge.
https://twitter.com/flpichard/status/1394040351443329027
#22.1
Ça ne répond pas à ma question.
#22.2
Le NIR contient :
C’est assez pour faire des inférences et les vendre comme des “confidences” de première main…
#23
Pour le coup j’essaye d’avoir une approche en cours qui est plutôt “au lieux de faire une confiance aveugle dans les réseaux sociaux, voyons comment ça fonctionne et après vous vous ferez votre propre opinion”. Mais déjà la plupart n’ont aucune idée que les réseaux sociaux récoltent des données sur eux. Donc arriver à ce résonnement pour vous c’est c’est peut être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Après mes élèves ne sont pas mes enfants donc difficile à dire si mon comportement serait différent (si j’avais des enfants)
Pour le coup je ne suis ni l’un ni l’autre mais oui je suis d’accords avec toi. Je pensais que le nouveau capes informatique allait former des profs spécifique à la SNT mais ce n’est pas encore le cas, du moins pas dans un futur très proche.
#24
Et il a l’avantage d’être unique, yeah…
Je viens de finir de voir le reportage et IQVIA ce sont les champions de la mauvaise foi, du lobbying et des conflits d’intérêts (ce ne sont pas les seuls…}
Concernant le profilage, ils ont beaucoup parlé des GAFAM, mais ils n’ont pas évoqués Criteo, belle boite à la c française (on voit quand même passer le nom sur un plan) et qui fait la chouineuse à chaque fois que le robinet à données personnelles se referme (RGPD, récemment avec iOS 14.5…).
#24.1
Blanchir les couches sales des dark nets est une activité légale pour ces nounous de big mother.
#25
Il y a pour moi un détail mais pas pour la même raison.
#26
Historiquement, les numéros de mobiles ne figuraient pas dans les annuaires (faut dire qu’au début, la portabilité n’existait pas et on changeait de numéro en changeant de téléphone ou d’opérateur). Seuls les numéros fixes y étaient inscrits.
J’ignore ce qu’il en est aujourd’hui (les annuaires papier ont disparu et je passe pas ma vie sur pagesjaunes.fr), mais ça a peut-être contribué à forger cette idée que les numéros de téléphones mobiles étaient privés, contrairement à ceux des lignes fixes (d’où le fait que plein de gens n’ont même plus de numéro de ligne fixe, ou ne branchent plus de téléphone fixe sur leur box ou la prise T si elle existe encore ; et en plus, ça évite les appels des démarcheurs).
#27
(Cela me rappelle le bug de free quand ils ont commencé à gérer une liste rouge sur le téléphone fixe et qu’ils se sont mélé les pinceaux sur la valeur du top liste rouge et ont publié la mauvaise liste… )
#28
ça n’est pas indiqué donnée privée mais personnelle dans son message, et donc oui, les apps n’ont pas à récupérer ces données sans l’autorisation des personnes concernées, et ce n’est pas parce que ton numéro figurait dans un annuaire que n’importe qui pouvait faire n’importe quoi…
On voit bien la puissance du lobby marketing sur la donnée personnelle par rapport à l’interdiction totale du démarchage téléphonique qui ne passe toujours pas et on met des outils à la c qui ne servent à rien, hormis enrichir les sous-traitants qui les développent (bloctel…)
#29
Le pire, c’est que c’est nous qui finançons ce marché, via la marge sur les produits et services que nous achetons.
Sans tout ces intermédiaires de données parasites, nous pourrions avoir des produits & service de meilleure qualité pour le même prix!
#30
Les emissions de france tv disponibles en avant première sont également téléchargeables ou visionables en libre accès anticipé avec le logiciel captvty