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Pour se lancer (vraiment) dans l’IA, Apple songerait à racheter Perplexity

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Pour se lancer (vraiment) dans l’IA, Apple songerait à racheter Perplexity

Ces derniers jours, plusieurs articles ont fait état de discussions au sein d’Apple au sujet de Perplexity. Le géant américain, clairement en retard dans le domaine de l’IA, réfléchirait à un rachat. L’opération aurait du sens, mais les projets d’Apple seraient suspendus à une décision de justice pour Google. Explications.

Le 24 juin à 08h16

Apple est en retard sur l’IA générative. Le bouquet annoncé à la WWDC 2024 était peut-être ambitieux sur l’instant, mais sa réalisation et son exécution ont laissé à désirer. Les premières fonctions ne sont arrivées qu’à l’automne suivant, et même en avril pour l’Europe. Et depuis que les services sont disponibles, on ne peut pas dire qu’ils brillent par leur efficacité.

Cette situation comporte trois gros problèmes. D’une part, la perception d’une entreprise habituée à être vue comme l’un des ténors de l’innovation et de la maitrise technologique. Apple a raté le train de l’IA et court pour le rattraper. Ensuite, l’IA générative est un gouffre et Apple a voulu s’en équiper à sa façon, en créant son Private Cloud Compute censé préserver la confidentialité des données. Résultat : les milliards de dollars sortent et rien ne rentre, car l’entreprise n’est pas en position de facturer quoi que ce soit.

Enfin, la promesse d’un Siri conversationnel et beaucoup plus intelligent s’est retournée contre l’entreprise. Les capacités présentées n’ont pas été diffusées et Apple écope d’un recours collectif aux États-Unis. Séduits par cette promesse en effet, des clients ont acheté les derniers équipements, pensant obtenir rapidement cet assistant. Et preuve qu’il n’est pas pour tout de suite, Apple n’a fait que très peu d’annonces sur l’IA à sa dernière WWDC, il y a quelques semaines.

Le cas Perplexity

Selon le souvent bien informé Mark Gurman, pour Bloomberg, plusieurs responsables d’Apple discuteraient intensément d’un possible rachat de Perplexity, ou d’un éventuel partenariat privilégié. Gurman cite plusieurs sources proches du dossier ayant tenu à rester anonymes.

Le dossier serait suivi de près par Adrian Perica, responsable des fusions et acquisitions, Eddy Cue, à la tête des services, et les principales têtes pensantes de la division IA. Les discussions n’en seraient qu’au début et pourraient donc ne pas déboucher sur une offre, mais le dossier est sur la table. Selon Bloomberg toujours, les responsables de deux entreprises se sont rencontrés à plusieurs reprises durant les derniers mois.

Si Apple ne formulait pas d’offre, elle pourrait être quand même intéressée par un partenariat privilégié. Problème : Samsung est déjà sur le coup. Une approche plus en douceur qui l’emmènerait donc à un affrontement avec la société coréenne, sa principale concurrente sur le marché des smartphones.

Pourquoi Perplexity ?

De toutes les entreprises existant actuellement dans le monde bouillonnant de l’IA générative, pourquoi Apple se pencherait-elle sur Perplexity ? Plusieurs raisons.

D’une part, Google est sous le coup actuellement d’une plainte pour abus de position dominante. Comme on l’a vu, de nombreux aspects sont examinés, y compris les accords financiers noués par Google avec d’autres entreprises pour établir son moteur de recherche par défaut. C’est le cas avec Mozilla notamment, le partenariat ayant un rôle crucial sur les finances de la fondation, comme elle l’a elle-même expliqué dans un message ambivalent. C’est aussi le cas avec Apple, à qui Google verse 20 milliards de dollars par an. Si le procès devait aboutir à la rupture de ces accords, il y aurait un gros manque à gagner pour Apple, mais il y aurait également une opportunité.

D’autre part, Perplexity travaille justement sur l’utilisation de l’IA comme accès à l’information. Elle se fait une spécialité de l’inclusion des informations fraiches, là où les modèles classiques ne prennent en charge les données que jusqu’à une date limite, pour laisser le temps à l’entrainement de se faire. Un partenariat pourrait faire entrer cette technologie dans Siri, afin que l’assistant serve de porte d’accès sur les produits Apple. Un rachat permettrait la récupération des équipes et de leur expertise, la main-basse sur la technologie et une possibilité de rattraper le train.

Enfin, Perplexity est une société « accessible ». Avec sa récente valorisation à 14 milliards de dollars, cela en ferait de très loin la plus grosse acquisition d’Apple, la précédente étant celle de Beats, pour 3 milliards de dollars. Mais la pomme est assise sur un épais matelas de cash et peut donc se le permettre. La question est cependant de savoir si Perplexity est intéressée par une telle offre. Rien n’en est moins sûr, car l’entreprise a déjà rejeté les avances de Meta, qui a fini par investir dans Scale AI. Les grands du secteur que sont OpenAI et Anthropic sont inabordables.

Apple dans la panade

Le problème, pour Apple, tient comme souvent de la perception. Le rachat lui permettrait probablement de compléter plus rapidement son offre que ce que l’entreprise parviendrait à faire par elle-même. La récupération d’une expertise et d’un savoir-faire permet de combler rapidement des retards, voire de prendre la tête. Apple a une carte à jouer dans l’approche de cette technologie, même si ses premiers essais en matière d’IA sont loin d’être convaincants, comme on l’a vu avec les résumés de notifications.

Mais c’est aussi la preuve indirecte qu’Apple est en retard. Ses premiers services sont passables, et le train de l’IA avance à très grande vitesse. La firme était donc attendue de pied ferme sur ce terrain à la WWDC. Peine perdue : les annonces étaient surtout liées à une généralisation de ce qui existait déjà. Rien de technique, sur les modèles utilisés, sur leur précision ou sur une quelconque amélioration.

Un rachat de Perplexity pourrait faire d’une pierre plusieurs coups. D’abord parer au plus urgent : rattraper le retard en IA. Ensuite, alimenter la nouvelle version de Siri avec un service spécialisé dans le conversationnel. Puis itérer avec la technologie rachetée, jusqu’à devenir potentiellement synonyme d’accès simplifié à l’information, avec à la clé un nouvel argument commercial. Enfin, et en bonus, couper l’herbe sous le pied de la concurrence, en particulier Samsung.

Et qu’en pense Perplexity ? Interrogée par Bloomberg sur le sujet, la société a simplement répondu qu’il n’était pas surprenant que les principaux constructeurs veuillent fournir « la meilleure recherche et l'IA la plus précise à leurs utilisateurs ». « C’est cela Perplexity », a ajouté l’entreprise, manifestement fière.

L’IA générative au-delà du produit grand public

Apple a donné récemment un autre aperçu de sa considération pour l’IA générative. L’ingénieur Johny Srouji, vice-président des technologies matérielles, était ainsi en Belgique en mars pour recevoir un prix de l’IMEC, l'Institut de microélectronique et composants, situé à Louvain. Le responsable avait notamment dirigé le développement du premier SoC d’Apple, la puce A4.

L’intervention avait donné lieu à la publication d’un communiqué le 18 mars, dans lequel l’IA est à peine abordée. Cependant, Reuters a obtenu récemment un enregistrement complet de son discours. Selon ces propos rapportés, Apple aurait ainsi appris que l’utilisation des outils les plus modernes possible était vitale pour avancer dans la conception des puces. Y compris pour les logiciels de conception assistée par ordinateur pour l’électronique (EDA).

« Les entreprises d'EDA jouent un rôle essentiel dans la prise en charge de la complexité de la conception des puces. Les techniques d'IA générative ont un fort potentiel pour obtenir plus de travail de conception en moins de temps, ce qui peut représenter un énorme gain de productivité », aurait ainsi déclaré Johny Srouji.

L’ingénieur pointe en outre une autre leçon apprise par Apple : faire un pari risqué et s’y tenir. Selon lui, le passage du Mac aux puces Apple Silicon était un tel pari, car « il n’y avait aucun plan de secours ». « Alors nous nous sommes lancés à fond, y compris dans un effort logiciel monumental », a ajouté l’ingénieur. Pour l’IA générative, il faudra au moins la même motivation, car la technologie rebat les cartes.

Commentaires (17)

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Ça me laisse perplexe.

Vous pouvez reprendre votre activité de doom scroll normale.
Y compris pour les logiciels de conception assistée par ordinateur pour l’électronique (EDA).
Ah, merci d'avoir indiqué la correspondance, parce que pour moi c'est Event-Driven Architecture :transpi:
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Ah, merci d'avoir indiqué la correspondance, parce que pour moi c'est Event-Driven Architecture
Ca me fait pareil quand je lis "RAG" et que mon vieux cerveau pense "Region Adjacency Graph".
(alors que non. En 2025 c'est Retrieval-Augmented Generation)

L'IA est en train de récrire les acronymes que je connais...
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Pour moi c'est juste un torchon
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Le sous-titre qui est identique au titre, c'est une erreur de copier-coller, ou bien c'est voulu pour montrer que l'IA n'est qu'une forme de perroquet? :D
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Ne connaissant pas Perplexity, ça m'aurait arrangé un petit paragraphe qui l'explique. Et donc pour le coup, je ne comprenais pas trop le lien entre Perplexity et Google.
Avec un peu de recherche sur le web, j'ai pu voir que Perplexity est un moteur de recherche dopé à l'IA. Et pour le coup, je comprends mieux le lien entre "éventuelle fin de partenariat avec Google pour utiliseur leur moteur de recherche" et "acheter Perplexity"
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Avoir autant de pognon et être autant à la rue... Fascinant...

Quand on se rappelle de toutes ces toutes pointures, ces ingénieurs du monde automobile qui avaient été débauchées pour... rien en fait au final...

Un énorme pétard mouillé. Même pas un système d'exploitation complet pour véhicule: Entertainment & Dashboard & Conduite autonome (au moins de niveau 2/3...).

Sinon faire du rachat de ses propres actions pour ensuite les brûler pour faire plaisir aux gros actionnaires, là ce sont les champions du monde incontestés...

Et on se rappelle bien de Maps qui devait concurrencer Google Maps... sauf qu'il manquait à Apple environ 2 ans de boulot supplémentaires pour pouvoir rivaliser... Il y avait eu ces fameuses autoroutes qui finissaient dans... des ravins (bug du rendu 3D).

D'ailleurs ça a été une des très très rares fois (avec l'Antennagate de l'iPhone 4, quand on prenait l'iPhone 4 trop serré en main, on perdait le signal) où Apple a présenté des excuses publiques.
Bon ensuite le directeur du projet avait été gentiment remercié et prié de faire ses cartons aussi.

:fumer:
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Disons que depuis le mort de Jobs, il faut admettre qu'Apple n'est plus vraiment dans l'innovation.

Je suis loin d'aduler Jobs. Mais on peut lui reconnaître d'avoir toujours eu, en tant qu'entrepreneur, une vision. Depuis Apple me donne surtout l'impression de naviguer à vue, de s'être reposé sur ce qui a fait sa notoriété (et ses talents) pour continuer à faire toujours plus de cash, mais sans avoir une "vision innovative" comme ce fut le cas durant la période Jobs.
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Il faut dire aussi que le CEO actuel depuis une quinzaine d'années est l'ancien directeur industriel et logistique d'Apple et pour ce type de poste, on ne demande pas d'être un créatif mais d'être efficace et d'optimiser au max ce qui se fait déjà...

A la base, ça ne devait pas être Tim Cook mais le responsable du projet Mac OS X et aussi celui à l'origine de l'interface en relief glossy 3D (j'adorais voir ça... sur le Mac de ma copine.. de l'époque. Le Mac & la copine... de l'époque).

Bon apparemment, il avait un peu trop les dents qui raclaient le plancher et un peu trop pushy & agressif le gars... donc écarté par le comité de direction au profit d'une figure plus... consensuel... Le Tim...)
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Je suis loin d’aduler Tim Cook mais je trouve que c’est un bon CEO de la continuité.

Steve Jobs (que je n’aimais guère non plus comme personne mais qui était indubitablement visionnaire) faisait trop partie d’Apple pour être remplacé par quelqu’un d’aussi « spécial » (si cela avait existé chez Apple).

Tim Cook a été un excellent CEO de continuité, le cours de bourse d’Apple le prouve, mais plus le temps passe, plus il manque à Apple le Jobs qui lui permettait de prendre des virages risqués mais rentables. Et des produits qui faisaient certes des choix tranchés pour leurs utilisateurs mais au moins des choix osés, pas juste de la prison technologique.

Enfin bon, même si je pouvais pas vraiment encadrer Jobs, j’avoue que je suis un peu nostalgique de l’époque où être un milliardaire un peu connard c’était « que » ça et pas Musk, Bezos ou Zuckerberg les gros psychopathes.
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Tout à fait, "on ne demande pas d'être un créatif mais d'être efficace et d'optimiser au max ce qui se fait déjà..."


Sinon Steve Jobs était apparemment quelqu'un d'assez ignoble mais surtout d'immature socialement.

Quelques exemples tirés de sa bio :

1 - Quand il a été réembauché chez Apple, il a apparemment piqué une crise à se rouler par terre pour avoir un badge Apple avec le N°1 dessus, mais numéro qui avait été réattribué déjà depuis bien longtemps. Il a finalement eu son badge N°1.


2 - Quand il a été réembauché, il a apparemment piqué une crise limite à se rouler par terre pour que Steve Wozniak, son ancien pote des années 70, quitte son job chez HP pour revenir bosser chez Apple. Steve Wozniak a quitte son job chez HP pour revenir bosser chez Apple.


3 - Le plus honteux: Lisa... le prénom de sa fille et de l'ordi (hors de prix ) sorti avant le Macintosh. Quand son ex-petite amie, qui était en enceinte, et sans aucune ressource à ce moment et est venue pour lui demander une aide financière, alors qu'il était déjà multimillionnaire , il lui claqué la porte au nez. Ce n'est que 6 mois après la naissance de cet enfant, une fille et après qu'il ait demandé vérification de la paternité par des tests ADN qu'enfin il est devenu tout heureux et content d'accueillir son ex et sa fille chez lui, et accessoirement de nommer le prochain computer LISA...

Honnêtement, étant déjà bien peté de tunes, si son ex (1 an ensemble) vient lui demander de l'aide, même si l'enfant qu'elle porte n'était pas de lui, quelques milliers de dollars pour l'aider quand on a déjà des millions sur son compte en banque...

Immonde...

Sinon Steve Jobs est iranien en fait, a été abandonné à la naissance et adopté par un couple de classe moyenne, les Jobs.

Ensuite il a toujours refusé de rencontrer ses vrais parents, son père étant à l'époque un professeur iranien d'université aux US et qui avait eu une liaison avec une étudiante iranienne et donc non mariés... Donc vis-à-vis des 2 familles, inacceptable... Religion à la con...
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Le jour ou la bulle de l'"IA" va éclater, ça va être un carnage. Et, en attendant, on crame littéralement notre planète.
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À force de répéter tous les jours depuis bientôt début 2024 que le marché de l'IA est une bulle qui va éclater, je suppose que ça va finir par arriver (tout secteur en pleine expansion fini par atteindre sa masse critique, se consolider, et voir nombre d'acteurs s'effondrer avec pertes et fracas).

Remarque, CNN titrait en aout 2024 que la bulle avait éclaté tandis que Forbes l'annonce pour cette année 2025, puis encore en mars on annonce qu'elle va éclater, et j'ai encore vu passer des articles cette semaine disant qu'elle a éclaté.
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Je suis pas fan des articles comme celui là où il y a un faux sentiment de perte par construction mais inexistant dans la réalité. Après les gens pensent que les LLM c'est vraiment important...
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Ce n'est pas forcément important pour toi ou quelqu'un d'autre, mais c'est devenu important pour tout un tas de raison qui n'ont pas grand-chose à voir avec la technique. C'est ce que je voulais mettre en avant, parce qu'une boite tech qui n'en fait pas aujourd'hui est automatiquement considérée comme has been. Que ce soit à tort ou à raison n'y change rien malheureusement. En revanche, le danger est là : dans de nombreux domaines, l'IA modifie les usages. Ne pas s'y atteler, c'est prendre le risque de ne pas accompagner le changement. Pour une boite comme Apple, habituée à donner le "La" dans pas mal de domaines, c'est un sérieux problème.
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D'un autre côté, c'est Apple qui a fait une recherche qui a lancé un petit pavé dans la marre d'IA: machinelearning.apple.com Apple

Disant que l'IA, dans le fond, est très limitée et l'industrie est partie sur une bulle.
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Le soucis c'est qu'aujourd'hui, tout est IA dans la bouche de beaucoup trop de monde.

J'ai encore entendu des trucs du style "l'IA va nous donner des données cohérentes lorsqu'on lui demande quelque chose dans une base de données"

Bah en fait, on appel juste ça une requête avec les données souhaitées et des filtres, et éventuellement un ordre d'affichage. Mais pour certains, Select Riri, Fifi, Loulou, Picsou from Bidule where Plat in (choucroute, cassoulet, poulet-frite) c'est de l'IA ...

C'est con a dire, mais depuis un petit moment, les personnes qui font de l'informatique au sens historique, ne font plus d'informatique.
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Remarque, rien de nouveau sous le soleil, puisque l'intégralité des techniciens/ingénieur ont quitté les postes de direction depuis pas mal de temps !

Il est loin le temps où ton manager/directeur/PDG/politique comprenait quelque chose à la technique (voire savait juste lire un rapport...), car c'était d'anciens...ingénieurs justement.

Tu as donc le même résultats dans tous les sujets dès que ça parle technologies : Des gens qui gesticules en racontant n'importe quoi, car ils n'y comprennent rien...

Pour se lancer (vraiment) dans l’IA, Apple songerait à racheter Perplexity

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