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Piratage sportif : l’Arcom sur le banc de touche, les adresses IP dans le viseur

IPTVu, IPTpris

Piratage sportif : l’Arcom sur le banc de touche, les adresses IP dans le viseur

Alors que le Sénat a adopté à la quasi-unanimité la proposition de loi sur le sport professionnel, les ayant-droits cherchent à déployer un système de blocage des sites de piratage bien plus ambitieux.

Le 16 juin à 17h37

Le 10 juin, le Sénat adoptait la proposition de loi relative à l’organisation, à la gestion et au financement du sport professionnel. Issu de la mission d’information « Football-business : stop ou encore », le texte déposé par le sénateur centriste Laurent Lafon a été adopté par 338 voix contre 1.

Rôle renforcé des fédérations et du ministère des Sports dans la gouvernance de ligues professionnelle, redistribution des revenus audiovisuels, plafonnement des rémunérations pour les dirigeants et lutte contre le piratage sont au nombre des sujets abordés par la proposition de loi. Sur cette dernière thématique, l’Arcom relevait un manque à gagner de 290 millions d’euros en 2023, soit 15 % de parts de marché, souligne Public Sénat.

Accélérer les modalités de blocage

L’article 10 du texte met à jour la procédure judiciaire et administrative en vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier 2022. Depuis cette date, les chaînes et ligues sportives qui constatent des atteintes à leurs droits audiovisuels sont en mesure de saisir la justice pour réclamer le blocage de sites pirates. Ils peuvent ensuite saisir l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour mettre à jour la liste noire des noms de domaines pirates.

À l’heure actuelle, rappelle L’Informé, ce blocage qualifié de « dynamique » concerne les fournisseurs d’accès français (Orange, Free, SFR, Bouygues Télécom, les trois fournisseurs de DNS (systèmes de noms de domaine) que sont Google, Cisco et Cloudflare, ainsi que plusieurs fournisseurs de VPN (réseaux privés virtuels), dont NordVPN ou Proton, depuis quelques semaines.

La proposition de loi adoptée au Sénat vise à accélérer la cadence. En l’état, le texte prévoit que les titulaires des droits de diffusion aient toujours à saisir le juge, puis soient autorisés à collecter les informations d’identification de sites pirates. En revanche, ils pourront transmettre ces données directement et automatiquement aux FAI et autres acteurs techniques pour les faire bloquer, sans passer par l’Arcom.

Les adresses IP dans le viseur

Surtout, les critères adoptés dans la proposition de loi ouvrent la voie à des blocages plus larges, via les adresses IP. D’après l’Informé, l’Association pour la Protection des Programmes Sportifs (APPS) aurait déjà trouvé un accord de blocage par IP avec les principaux FAI français – une procédure jamais mise en place en France à l’heure actuelle.

Si elle refuse de commenter ce sujet, l’APPS indique, comme la Ligue de football professionnel (LFP), vouloir se « mettre à niveau des Anglais, des Espagnols ou encore des Italiens ». La seconde souligne à l’Informé que l’Angleterre bloque « jusqu’à 10 000 adresses IP chaque week-end pour protéger la Premier League », alors que l’Arcom « a bloqué 3 797 noms de domaines en 2024 ».

Le risque, constaté en Espagne fin 2024 ou encore en Autriche en août 2022, est que ces pratiques entraînent la suspension d’autres services que les seuls sites pirates. Si le blocage décidé en justice vise un serveur mutualisé, ou que les informations transmises sont erronées, des sites légitimes pourraient en effet se retrouver hors ligne. Auprès de l’Informé, le délégué général de l’APPS assure que « tout sera mis en place » pour éviter les « risques de surblocage ».

Procédure accélérée

Le texte, qualifié d’ « urgent » par son rédacteur Laurent Lafon, face à la « crise de confiance » et « des conflits d’intérêts voire des dérives » dans le monde du football, doit désormais passer devant l’Assemblée Nationale. Le Monde précise que l’exécutif a activé la « procédure accélérée » de son examen.

Sur la question de la lutte contre le piratage, le bureau du sénateur Lafon envisage un système d’information déployé et contrôlé par l’Arcom – une piste encore en discussion.

Commentaires (16)

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Je suis de tout cœur avec eux. Ce hobby de niche qui fait profiter humbles joueurs, sponsors et héritiers qataris ne devrait pas être accessible sans passer à la caisse. C'est injuste. Le manque à gagner pénalise les petits clubs.

Merci l'état d'activer la « procédure accélérée » devant l'urgence de la situation. C'est, de toute évidence, un sujet prioritaire dans notre société.

/s
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Les pauvres ne se rendent pas compte du manque à gagner pour les millionnaires.
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Mais ils se rendent compte de ce qu'ils économisent par rapport au racket.
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[...] Ce hobby de nriches [...]
:cap:
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Quelles garanties pour le blocage par IP ?
Quels recours et quels dédommagements pour les victimes collatérales ?
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«nous n'étions pas informée que l’adresse IP était également partagée par d’autres sites»

next.ink Next
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Ça a une quelconque chance de fonctionner avec ipv6, une liste de blocage ? Certes, on doit pouvoir bloquer sur des préfixes plutôt que sur des ips seules, mais le risque de surblocage n’en devient que plus grand…
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Je suis intéressé par connaitre des sites de « piratage » accessibles en IPv6 :-)
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Gageons que s'ils deviennent inaccessibles en IPv4, ils passeront en IPv6 si leurs hébergeurs le supportent.

En cherchant pas très longtemps, je suis tombé sur ppv.to qui est accessible en IPv6 en plus d'IPv4 chez Cloudflare.
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je ne connais pas ces boitiers iptv, mais pas sûr qu'ils gèrent bien ipv6 non plus.
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le site web c'est une chose, le stream en est une autre très différente
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un serveur VPN "maison" avec du wireguard dans un conteneur docker ça doit exister. j'ai pas cherché mais à une époque j'avais trouvé des tuto de déploiement de serveur perso wireguard en 15min sur godaddy, y'avait un peu de bidouille à faire mais rien de méchant. et c'était y'a des années, au début de wireguard. donc maintenant ça doit exister en docker.
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le délégué général de l’APPS assure que « tout sera mis en place » pour éviter les « risques de surblocage ».
Je suis curieux de connaitre sa méthode. Cette promesse est pire que celle d'un politique. Là on sait déjà que c'est impossible et qu'il y aura souvent plus de dégâts collatéraux que de tirs cadrés.
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Ya pas de méthode.

Il s'en fout du surblocage, tout simplement.
Pour lui , c'est de toute façon de la faute des CDN , ils n'ont qu'a mieux vérifier leurs clients et pas héberger de flux "pirate"...
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Entre ça et les sites de PrOn, l'internet en France sera propre comme un sous neuf !

Pendant ce temps, tout le monde se VPNise et ça empire sur les réseaux sociaux. Bataille d'arrière-garde, aboutissant à ce que tout le trafic passent par les mêmes acteurs, et hors de portée de quelque juridiction que se soit.
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Ben paradoxalement je suis d'un avis contraire:

Quesqu'il te te fait dire que le trafic passe par les mêmes acteurs ?
Aujourd'hui, c'est déjà le cas, le trafic end-user passe par Bouygues/Free/Orange/SFR (bon, pour ce dernier... pas tout le temps apparemment).

Des VPN il y en a une grosse masse, alors oui OK t'a droit à du nordVPN dans toute les sponso, mais ça marche surtout parce qu'il y a très peu de trafic par rapport aux gens qui paient.
Si les gens restent connecté 24/24 ça va vite changer...

Et si ça peux faire enfin comprendre aux gens lambda que OUI, leur trafic internet peux être espionné, monitoré, analysé par les FAI & leur propre état, et que donc en cas de protestation sociale il ne faut pas poster depuis sa propre IP, ou publier sur les messageries sans VPN, ben.... ce sera déjà ça de pris pour la prochaine grosse manif à venir (Lors des GJ les flics se sont pas caché d'utiliser à mort les RS pour "trouver les meneurs" et les viser particulièrement).

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