Streaming sportif : Canal+ et la LFP obtiennent 200 blocages par les VPN, BeIN galère
Virtual not so private network

Canal+ et la LFP se sont attaqués aux fournisseurs de VPN grand public NordVPN, Proton VPN, Cyberghost, Surfshark VPN et ExpressVPN. Ils ont obtenu en justice le blocage de 200 sites. En parallèle, BeIN a essayé de faire de même du côté des fournisseurs de DNS mais a essuyé un refus, faute de preuve suffisante.
Le 16 mai à 11h52
4 min
Droit
Droit
Après s'être attaqués aux fournisseurs de DNS, Canal+ et la Ligue de football professionnel (LFP) ont ciblé les fournisseurs de VPN grand public pour tenter de rendre inaccessibles aux Français les sites qui diffusent les compétitions de foot ou de rugby sans en avoir les droits.
Les VPN s'en étaient insurgés, mais le tribunal judiciaire de Paris a tranché : NordVPN, Proton, Cyberghost, Surfshark et Express VPN vont devoir bloquer une liste de 200 sites, comme l'explique L'Informé. Deux décisions, que nos confrères ont obtenues, ont été rendues ce jeudi 15 mai (l'une concerne l'assignation faite par Canal+, l'autre celle effectuée par la LFP).
Un blocage « par tout moyen efficace »
Dans celles-ci, le tribunal affirme avoir constaté « l'existence d'atteintes graves et répétées aux droits exclusifs » de Canal+ et de la LFP. En conséquence, il a demandé à Cyberghost Llc, Cyberghost Srl, Expressco services, Express technologies, NordVPN (Pays-Bas), NordVPN (République de Panama), Surfshark Bv, Surfshark Ltd et Proton de mettre en œuvre « toutes mesures propres à empêcher [...] l’accès aux sites internet et services IPTV » compris dans une liste inclue dans la décision. Mais le tribunal ajoute que les entreprises devront aussi bloquer « l'accès aux sites et services IPTV non encore identifiés à la date de la présente décision ».
Ce blocage doit se faire « par tout moyen efficace, et notamment par le blocage des noms de domaine et des sous-domaines associés suivants dont la liste sera transmise au format CSV exploitable ». Il devra être effectif jusqu'à la fin de saison 2024/2025 de la Premier league, des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, de la Ligue des champions et du Top 14 de rugby.
Une première
Comme le souligne L'Informé, c'est la première fois que des fournisseurs de VPN sont astreints à ce genre de blocage. Dans un communiqué, la LFP salue « cette décision du Tribunal judiciaire de Paris, qui est une première en France sinon dans le monde, et constitue une avancée majeure dans la lutte contre le piratage en ordonnant à des services de VPN de mettre en œuvre des mesures de blocage de sites pirates ». Les fournisseurs de service de VPN, qui n'ont pas communiqué à l'heure actuelle sur le sujet, ont encore la possibilité de faire appel de ces deux décisions.
Canal+ avait déjà obtenu le même genre de décisions à l'encontre des DNS de Google, Cloudflare et Cisco. BeIN a ensuite suivi. Mais le groupe qatari semble avoir un peu plus de mal à formuler des demandes pour convaincre le Tribunal Judiciaire de Paris.
Pas de logo, pas de preuve
En effet, comme l'a remarqué TorrentFreak, le tribunal a accordé dans une décision du 2 mai le blocage de certains sites pour lesquels BeIN a été capable de montrer des atteintes graves et répétées à ses droits voisins concernant la diffusion des matchs de la WTA et de la Bundesliga. Mais pour d'autres (sporttvis.com, lshunter.ner , premiertv. watch, streamendous.online et techydeals. online), les preuves étaient insuffisantes.
Pour certaines preuves, la chaine s'est emmêlé les pinceaux. En effet, s'agissant des droits de diffusion de certains événements sportifs comme le tournoi de tennis de la WTA, c'est DAZN qui les possède et concède une sous-licence à BeIN. Mais dans les images amenées devant le tribunal par BeIN, son logo n'apparait pas et certaines contiennent celui de DAZN. Pour le tribunal, ces captures ne permettent pas de montrer la violation des droits voisins de BeIN, comme l'ont argumenté Cloudflare et Google qui étaient attaquées.
TorrentFreak fait remarquer que Quad9, qui faisait aussi partie des entreprises visées, ne s'est pas défendue sur ce cas. Simon Forster, le directeur général de l'entreprise, a expliqué à nos confrères que ce sont des contraintes financières qui en sont à l'origine. Mais il précise que Quad9 « continuera à résister aux actions de blocage dans la mesure de ses moyens ».
Streaming sportif : Canal+ et la LFP obtiennent 200 blocages par les VPN, BeIN galère
-
Un blocage « par tout moyen efficace »
-
Une première
-
Pas de logo, pas de preuve
Commentaires (26)
Abonnez-vous pour prendre part au débat
Déjà abonné ? Se connecter
Cet article est en accès libre, mais il est le fruit du travail d'une rédaction qui ne travaille que pour ses lecteurs, sur un média sans pub et sans tracker. Soutenez le journalisme tech de qualité en vous abonnant.
Accédez en illimité aux articles
Profitez d’un média expert et unique
Intégrez la communauté et prenez part aux débats
Partagez des articles premium à vos contacts
Abonnez-vousLe 16/05/2025 à 12h14
Le 16/05/2025 à 12h16
Le 16/05/2025 à 12h22
Donc c'est que déjà, il n'y a pas de problème pour les fournisseurs Européen. En dehors des frontières de l'Europe, je ne sais pas trop ce qu'il sera possible de faire.
Le 16/05/2025 à 13h33
S'ils ne se plient pas à l'obligation que la justice leur a faite, une autre décision de justice pourrait bien les soumettre à une amende ou une astreinte (x€/jour jusqu'à blocage effectif des sites).
S'ils ne paient pas l'amende, alors ils pourraient être interdits de vendre leur service en France.
On notera que l'obligation n'est valable que sur le territoire français : le tribunal ne peut pas forcer un VPN à bloquer un site pour tous ses utilisateurs, mais seulement pour les utilisateurs français / utilisateurs sur le territoire français.
Toutefois, un VPN peut très bien préférer bloquer pour tout le monde pour s'éviter de la complexité technique (différencier qui est un client français et doit être bloqué de qui ne l'est pas, ce qui peut être complexe pour des VPN vraiment no-log) ou faire de la communication (aller pleurer dans le monde entier "la France vous censure" alors qu'en réalité la censure ne s'applique qu'aux citoyens français).
Le 16/05/2025 à 16h46
Le 16/05/2025 à 12h27
Le 16/05/2025 à 13h51
On n'a pas fini de rire avec ces décisions.
Le 16/05/2025 à 18h02
Le blocage IP peut être considéré comme efficace. Étant donné que ce type de site est rarement hébergé chez des hébergeurs mutualisés, c'est peu probable que des effets secondaires soient à déplorer.
Le 16/05/2025 à 20h29
Modifié le 16/05/2025 à 13h58
Le 16/05/2025 à 14h58
Le 16/05/2025 à 18h05
si la décision de justice demande de bloquer "sitepirate.fr", le site n'a qu'à se renommer en "sitepirate.eu" et les VPN n'ont légalement plus à le bloquer : ce n'est pas le domaine indiqué dans la décision de justice, il faut repasser devant le tribunal
Cloudflare ou pas rien ne change.
Le 16/05/2025 à 18h10
Donc même si le site se renomme en "sitepirate.eu", Cloudflare bloque quand même l'accès. Cloudflare fournit un lien vers lumendatabase pour connaître la raison du blocage, et de plus en plus souvent la raison est canal+ ou dazn, y compris pour des compétitions que ne sont pas diffusés sur ces chaînes.
Le 17/05/2025 à 10h37
Le 17/05/2025 à 13h58
Le 17/05/2025 à 14h35
Le 16/05/2025 à 14h44
Le vpn dans le vpn va devenir de plus en plus fluide...
Encore une fois, c'est ce genre de décision débile qui permet à la cybersécurité de progresser.
Le 16/05/2025 à 15h46
Le 18/05/2025 à 21h16
Le 18/05/2025 à 23h18
facile, baisser ses prix
Le 19/05/2025 à 08h36
Mais même a 5€/mois, les gens continueraient a pirater.
C'est assez effrayant, les trois dernières personnes qui m'ont demandés un conseil sur un forfait fibre m'ont tous fait la même réflexion, même ceux qui ne regardent pas de sport : "je pensais prendre un forfait le moins cher possible sans TV et prendre une IP TV a côté, j'ai mon cousin/frère/neveux qui a ca". Pas forcément des personnes dans le besoin pourtant.
Les gens on tendance à oublier que produire le contenu qu'ils regardent ce n'est pas gratuit...
Le 19/05/2025 à 11h17
Le 16/05/2025 à 15h05
Le 16/05/2025 à 22h06
mais ce n'est pas le sujet, le sujet c'est ces ayant droits qui se permettent de fausser le fonctionnement d'un réseau qui ne leur appartient pas, et qui trouvera toujours des moyens de contourner, là je n'ai pas bien compris à quoi sert de bloquer ces adresses de vpn qui ne se connectent pas chez eux mais, mais à des résolveurs dns.
ça veut dire surtout qu'on oblige les vpn à sniffer le traffic qui les utilise pour en déduire les requêtes dns, chose qu'ils ne pourront pas faire si celle ci se fait en DOH, ce qui est courant aujourd'hui si on prend le soin de le configurer.
Et obliger un opérateur vpn à lire le traffic de ses utilisateurs, c'est pas beau, bien qu'ils l'ont déjà fait sans doute, sinon on se demande pourquoi ils se concurrenceraient autant par pubs interposées et ils sont aux premières loges, heureusement qu'on a inventé TLS avant.
Le 16/05/2025 à 23h45
Le 17/05/2025 à 11h21