Semaine chargée dans le domaine de la presse, puisque les conférences sur son financement et son avenir se sont succédé. Mais finalement, c'est une annonce autour de Facebook qui a retenu toute l'attention. De quoi nourrir une préoccupation pour ce secteur en mutation, qui devrait plutôt se préoccuper de la bataille d'après.
Cette semaine, la presse évoquait son avenir en partie financé par Google à travers le Fonds pour l’Innovation Numérique de la Presse (FINP), à l'occasion de la conférence Vers les médias de demain. Une initiative conjointe avec l'association mondiale d'éditeurs WAN-IFRA. Dans le même temps, le secteur revenait sur ses pratiques en termes de modèles économiques et de nouvelles écritures à l'occasion du forum Entreprendre dans la culture organisé par trois de nos ministères. Nous reviendrons d'ailleurs dès lundi sur ces deux évènements.
Mais c'est tout autre chose qui a monopolisé l'attention de ceux qui s'intéressent à ce qui attend le journalisme pour les années à venir. Ce n'est pas les fameux « robots journalistes » du Monde qui n'en sont pas (ni robots, ni journalistes), bien que le sujet ait eu son heure de gloire sur Twitter et chez quelques confrères. Non, ce qui a inquiété toute la profession au point de voir des dizaines d'articles s'intéresser au sujet, c'est Facebook.
Facebook is the new Internet
En effet, à travers un article du New York Times, le monde a découvert avec effroi que le réseau social de Mark Zuckerberg voulait dévorer internet, et ce, jusqu'à absorber le contenu de la presse en ligne. Le « deal » est présenté de la sorte : les journaux fournissent leurs articles à Facebook qui pourra ainsi désormais les diffuser directement dans son interface à ses utilisateurs. Ces derniers verront de la publicité. Les revenus issus de cette publicité seront en partie reversés aux éditeurs. Bien entendu, ceux qui joueront le jeu seront mis en avant, un peu comme ceux qui publient désormais leurs vidéos directement sur Facebook plutôt que via Youtube. L'utilisateur, lui, restera dans l'univers confortable et bleu dont il pourra penser qu'il s'agit d'Internet dans son ensemble.
Mais voilà, cela fait du réseau social le kiosque numérique ultime : celui qui détiendrait à la fois l'audience, les contenus, et les moyens de les monétiser. Comme toujours face à ce genre de situation, il y a deux écoles. Ceux qui veulent foncer dans cette opportunité afin d'en profiter, quitte à devoir regretter ensuite (et demander la création d'un fond validé par la présidence de la république, sous peine de modifier le fameux fichier robots.txt). Mais aussi ceux qui freinent des quatre fers, voyant leur position dégringoler dans la chaîne de valeur, alors que ce sont eux qui supportent tous les coûts (en grande partie fixes) qu'implique la création de l'information. Une information qui, lorsqu'elle est de qualité, est un besoin vital pour nos démocraties.
Comme un air de déjà-vu
Et il faut dire que les risques sont nombreux. Mais ils ne sont ni nouveaux, ni méconnus. Et c'est d'ailleurs la bataille suivante qui devrait inquiéter tout le monde, car celle de la récupération des contenus par les GAFA, qu'il s'agisse de Google ou de Facebook, est déjà perdue.
Elle est déjà perdue parce que des médias ont déjà goûté au contenu produit pour Facebook. Comme certains avaient déjà goûté avant eux au contenu produit pour Google. Les règles ne sont pas les mêmes, mais les pratiques sont identiques : une source d'audience se forme, elle devient capable de drainer des dizaines ou des centaines de milliers de lecteurs sur des pages d'éditeurs fournies en publicités, qu'il faut écouler chaque mois pour assurer la pérennité du service. Pour en profiter, il faut se conformer aux exigences de la source en question :
C'est ce qui explique le pouvoir pris par Google face aux médias dans les dix dernières années, et la présence du géant dans une bonne partie des conférences et autres remises de prix du secteur. Des écoles de journalisme aux réunions de patrons de presse, le moteur de recherche est partout.
Google en perte d'influence face au virage social de la distribution de l'information
Mais les experts en SEO ont perdu de leur aura face aux experts de la viralité sociale. Les titres à mots-clefs sont délaissés au profit des titres qui font appel à nos émotions, accompagnés de photos qui accrochent l'œil. Le tout est surveillé par Chartbeat en permanence. Toute une partie de la chaîne de production de l'information est désormais accroc à ce besoin de « likes », qui peuvent fournir jusqu'au tiers de l'audience d'un site pour peu que l'on sache s'adapter aux nouveaux codes. Un poids que Google+ ne sera jamais capable d'atteindre, alors que le moteur de recherche de Google perd en influence chez les plus agiles.
Dès lors, la diffusion dans l'univers de Facebook n'est que la prochaine étape. Le navigateur est de toute façon déjà intégré à l'application mobile du réseau social. Le but est simplement de nettoyer le contenu de sa publicité et son ergonomie pour la remplacer par celle pensée par les équipes de Mark Zuckerberg, et y placer les sources de revenus maison. Les producteurs de médias récupéreront une partie du bénéfice généré pour remerciement dans leur participation à la captation de l'attention de l'utilisateur, nouvel or noir des internets.
On s'affole d'ailleurs de cette pratique alors qu'elle n'a rien de nouveau. Avec Flux d'actu, devenu Play Kiosque, Google propose déjà depuis longtemps l'intégration du contenu de ses partenaires, même en France. Des partenaires qui bénéficient alors d'une bonne mise en avant. D'autres se sont déjà associé avec des éditeurs pour récupérer et diffuser leur contenu dans des applications maison. Mais voilà, presque personne n'utilise Play Kiosque, et les autres solutions qui existent çà et là n'arrivent pas au centième de la cheville de Facebook en termes d'audience ou de puissance de frappe.
Les articles de 20 minutes sont déjà proposées complètement dans Google Play Kiosque. Pourquoi pas sur Facebook ?
Facebook va-t-il devenir le Blendle de la presse en ligne ?
Mais c'est ce qui se prépare ensuite qui devrait inquiéter les éditeurs. Car Facebook n'est pas plus bête qu'un autre, bien au contraire. Et la tendance du moment chez tous les grands services américains se focalise autour d'une seule et même pratique : le paiement mobile. Twitter dispose de son bouton « Acheter », Tumblr propose directement d'intégrer des actions payantes vers des services tiers, Snapchat propose de transférer de l'argent tout comme... Facebook Messenger.
Un Messenger qui va désormais devenir une plateforme à part entière, cela a aussi été annoncé cette semaine. Un centre névralgique pour des applications qui pourront ainsi profiter de son audience et de son usage, comme cela est déjà le cas pour Facebook. Et à l'heure où Blendle débarque outre-Atlantique, avec Axel Springer ainsi que le New York Times comme investisseurs, et des titres prestigieux au catalogue pour ce qui est de l'achat à l'acte, il est impensable de croire que Facebook n'a aucune intention de se placer sur un tel marché.
Ainsi, l'opération visant à récupérer le contenu et à devenir un point d'audience et de revenus toujours plus vital pour la presse pourrait à terme passer aussi par l'offre payante, et non pas le simple partage de revenus issus de la publicité. Là où Apple n'a pas réussi à apporter des lecteurs en masse à la presse numérisée avec ses iPad (voir cette émission d'ASI), Facebook cherchera sans doute à permettre l'achat de contenus à l'unité (et pourquoi pas d'abonnements, voire d'offres à la Netflix) pour une presse qui a encore du mal à comprendre les nouveaux besoins, et à trouver une manière de se monétiser efficacement en ligne.
Dès lors, la toute-puissance de l'algorithme de Facebook par rapport à la vie ou la mort d'un média n'en sera que renforcée, à un point dépassant sans doute celui du « terrible » Google News. Actuellement, plusieurs sites américains ont décidé de sauter le pas dans l'aventure de Facebook. D'autres suivront sans doute.
Résister ou succomber, chacun va devoir faire ses choix... lecteur compris
En France, si toutes les rédactions évoquent le sujet, les dirigeants et décideurs restent pour le moment assez silencieux. Interrogée sur cette question lors d'une table ronde du forum Entreprendre dans la culture, Isabelle André, du Monde, n'a pas souhaité prendre position pour le moment, tout en précisant néanmoins que cela n'était pas dans les projets actuels ou les habitudes du journal. Une attitude qui pourra sans doute changer. Il sera d'ailleurs intéressant de voir ce qu'il ressortira des rencontres à venir entre Facebook et les médias, et des pratiques qui en découleront. Car c'est sans doute cette année que tout va se jouer.
Et entre ceux qui miseront pour la résistance face à ce nouvel ogre qui veut prendre la place de Google dans le cœur des médias grand public, et ceux qui se laisseront séduire pour mieux en profiter à court terme, un fossé va sans doute se creuser. Un fossé pour ce qui est de la production de contenu, des pratiques mais aussi des modèles économiques. Et comme toujours, ce sera au final au lecteur, aussi utilisateur de ces plateformes, de décider. Et éventuellement de payer les pots cassés.
Commentaires (75)
#1
Signé David, evidemment. Et bien écrit, comme d’hab, avec juste ce qu’il faut d’ironie et de discours anxiogène, mais pas trop.
Effectivement, le sujet est sérieux. Effectivement, ce sera in fine au lecteur de se decider.
Mais quid d’une entente entre les journalistes et les journaux eux-mêmes ?
Pourquoi diable êtes-vous aussi timides à vous regrouper vous mêmes ? Ne parle pas STP des projets recents de NXI avec d’autres, c’est vrai que c’est bien, mais c’est que le début, et surtout c’est ultraminoritaire dans la profession, même au stade de pré-projet…
Les journalistes seront les premiers acteurs de leur survie. Clairement. On vous aidera certes, mais les premiers acteurs de votre survie, ce sera vous.
L’article dit bien que toutes les réactions s’affollent : je crains que la réponse concrète des éditions à cet “affollement” fasse pschiitt, comme trop souvent ces derniers temps.
#2
Le 4 heure, brief.me et nextinpact.
J’ai fait mon choix.
J’attend d’ailleurs beaucoup de votre nouvelle plateforme.
#3
La mutation est valable pour toute l’économie mondiale et les journalistes n’y échapperons pas. Après ça se fera soit avec eux, soit sans eux.
#4
Quelle mutation ? Celle du putaclic ? " />
#5
#6
La réaction se fait sur les projets rédactionnels qui se montent, loin de ce que promet Facebook comme contenus mis en avant (oui parce que FBook ou Google ont beau annoncer toujours plus vouloir mettre en avant la qualité, on sait très bien ce qu’il en est dans la pratique in fine).
Après les ententes entre rédactions sont celles entre humains et entre entreprises commerciales ;) C’est pour ça que de nombreux projets ont capotés, et que même lorsque des GIE comme ePresse existent, rien n’est simple notamment pour ce qui est de leur évolution.
Mais au final, ce qui doit changer change. Si les évolutions ne se font pas de manière volontaires, elles se font trop tard, dans la douleur. On est encore au stade où chacun peut décider.
#7
Un truc qui me vient en tête, là, tout le monde ergote sans cess sur la puissance supposée du “4eme pouvoir” que représente la presse….
Quid du lobbying de la profession au niveau de l’état et/ou de Bruxelles, avec tout votre pouvoir supposé ?
Je sais pas moi, par exemple pour la création d’une plateforme commune, ou de règles claires, ou autre.
Si vous n’y arrivez pas tous seuls (pour X ou Y raisons qui comme tu le dis, concernent souvent le pognon), ravalez votre fierté et faites vous aider. C’est aussi l’intéret du politique de ne pas avoir un seul monstre devant lui…. C’est aussi l’intérêt des grands patrons de presse de ne pas laĉher la poule aux peufs d’or à Google ou FB…
#8
Merci pour les deux premiers liens. :)
#9
On élargie juste le fossé entre journal de qualité et journal à clic.
Des mediapart,@si existeront toujours produisant de la qualité de manière indépendantes.
Des nextinpact, lemonde,gamkult … jongleront entre différents modèles économiques pour produire de la qualité tout en essayant de rester complètement (ou le plus possible) indépendants.
Puis y’a ceux qu’ont complètement lâché l’affaire et qui font plus de divertissement qu’autre chose (20minutes, slate, ) voir quelque fois avec un peu d’information pour saupoudrer le tout (huffington post, vice).
Sur le papier, je viens de découvrir XXI d’ailleurs, ça a l’air pas mal.
#10
La mutation d’un site “tout-en-un/DIY” vers une utilisation de service/plateforme spécialisée.
#11
Ah… mais je n’ai rien contre l’existence d’un kiosque global (même si je pense qu’il y a des problématiques que cela soulève si l’acteur doit être unique, la presse étant tout de même un secteur avec des intérêts spécifiques). Par contre que celui-ci soit issu de Facebook… " />
#12
FB, oui et alors ? C’est mal d’utiliser sa plateforme pour diffuser du contenu ? Est-ce vraiment pire que poster une video youtube, ou une annonce sur ebay ? C’est un GAFA. Faut faire avec.
Les sites les plus visités en France en 2014: Google,Facebook, Amazon, Youtube
Les sites les plus visités au monde en 2014: Google, Facebook, Youtube, Yahoo
Dont acte
#13
Edito assez pessimiste dans l’ensemble… Pourtant une partie du problème est déjà résolue en filigrane : même un géant comme Google peut ne pas s’imposer dans un secteur stratégique pour son avenir. Et même si Facebook y arrive, rien ne dit que cela durera 10 ou 20 ans. On a tendance à l’oublier mais les leaders du secteur d’il y a quelques années végètent aujourd’hui dans l’indifférence générale.
Ensuite je reste dibutatif sur le paragraphe sur le paiement mobile. Pourquoi faire cette distinction avec le paiement non-mobile ? Avant le mobile on ne consommait pas en ligne ? Perso je lis mes articles sur mon pc, rarement sur le mobile. Je doute être le seul. En quoi le fait d’utiliser des services sur le mobile serait signe d’une révolution et d’une différence d’usage ?
Enfin, concernant les sites qui se soumettent (ou pas) à Facebook : AMHA le tri se fera sur la qualité des rédactions. Vous mettez 20 minutes en image, mais pour moi ce site a toute sa place sur Facebook. Simplement car il suit ce mouvement de consommation rapide et jetable. D’ailleurs il y a déjà une connerie dans ce screenshot, non on ne perd pas une heure de sommeil au changement d’heure, il suffit de mettre le réveil une heure plus tard " /> PCI est à l’opposé, avec des actus moins nombreuses mais avec une analyse, et pas simplement une reprise des autres et des titres chocs pour faire du clic.
Le premier n’a pas de plus value à avoir son propre medium et peut exister via Facebook (je lance ma brève, elle est retweetée xxx fois, j’en lance une autre,…), le second (vous) n’a pas d’intérêt à se lancer dans ce bain, surtout vu son audience plutôt geek et réfractaire méfiante envers Facebook et tout ce qu’il représente.
Et cette vision rejoint mon second point (le fait de voir “tout mobile”) puisque ces media-là sont parfaits sur mobile, « pour voir et partager la vidéo des chats qui dansent », contrairement à ceux qui produisent un contenu pertinent et de qualité, donc plus long (je préfère lire un dossier touffu et compliqué sur mon pc pour le confort visuel).
#14
#15
Je suis peut-être HS.
J’ai des abonnements via des sites d’intérêts spécifiques qui relayent des infos qui m’intéressent. Mais en fait, souvent, je me fiche royalement des “analyses” de ces sites sur les sujets, seules les sources (qu’ils n’ont pas) m’intéressent, et comme il y a des liens, je vais aux sources.
Certes, souvent il faut payer pour accéder aux contenus.
Facebook, d’après ce que je vois de mes proches qui l’utilisent comme tel (dans le sujet), pond des news au kilomètre.
Maintenant, personnellement, ça ne me convient pas.
J’avoue que pour l’actualité générale, je suis à l’écoute des radios principalement.
Et là, quand je veux suivre un sujet, je me connecte aux différents journaux.
Un peu comme les chaines de JV avec des Kevin : ça peut donner des idées de fouiller après par soi-même.
#16
Facebook c’est du viral. L’info, de qualité ou importante, ne l’est pas forcément. Le viral complète bien le clickbait, pas forcément les choix éditoriaux de fond. C’est tout le souci de Facebook en ce moment qu’ils essaient de corriger dans l’algo. Mais in fine et comme ça se dessine, ce sera comme avec Google il y a quelques années : partenariats avec ceux qui veulent bien jouer le jeu imposé, et hop. Cela n’ira sans doute pas plus loin, puisque le but dans le fond n’est pas de défendre ou promouvoir l’information. Juste rester au centre de l’attention de l’internaute.
Puis d’un avis purement personnel, le souci de l’intermédiaire de la presse hors de la presse, c’est que son rôle est de prendre une part dans la chaine de valeur. 30 % qui ne serviront pas à réduire le coût de l’info au lecteur, ou de financer l’info ;) Sur le modèle publicitaire c’est différent, mais on reviendra là encore à la même problématique qu’avec Google qui est le niveau de rémunération qui ne va pas faciliter le financement des contenus de fond.
#17
#18
J’essaie de répondre simplement point par point :
#19
Je me rappelle des années 2000 avec la crainte que les FAI deviennent des portails à contenus (en plus d’être propriétaires du réseau) sur un internet fermé : Vizzavi (Vivendi/Vodafone), AOL, Wanadoo-Orange, etc.
Finalement, ces portails existent toujours plus ou moins, sous une forme ou sous une autre, aux côtés de portails comme Yahoo! ou MSN (par exemple) sans qu’aucun d’entre eux n’ait réussi à vampiriser à lui tout seul la presse. Ces portails ont cependant réussi à vampiriser la presse d’enquête, d’investigation au profit d’une presse en ligne type “tabloïd”.
Sans parler de la presse audiovisuelle qui limite les correspondants à l’étranger faute de revenus, mais il paraît que c’est à cause de la crise éconmiquo-financière.
#20
D’après ce que je comprend, vous pensez que “jouer le jeu” revient à devenir dépendants ou inféodés à FB.
Vu de mon coté (lecteur), c’est juste un moyen de diffusion supplémentaire (complémentaire ?) à votre offre actuel (cloudflare/serveur IIS dédié). Rien n’empêche de diffuser certaines news “clickbait” sur la plateforme de FB, d’autre news en public sur votre serveur (gratuit), et d’autres encore réservées aux abonnés (paywal).
#21
#22
Le fameux “Diffusons des vidéos de chat, les lecteurs finiront forcément par y voir transparaître toute l’utilité de lire des papiers de 30 000 signes sur des vrais sujets qui comptent”. Sans doute. Je me demande ce que cette tendance laissera d’ici 5 ans.
#23
Pourtant, c’est toujours mieux d’être sur place pour rencontrer les vrais protagonistes plutôt que de répéter une dépêche AFP ou un Tweet ou un communiqué de presse reçu par mail.
mais, c’est vrai : pathétiques, ces mises en scènes du Journal de 20h avec un présentateur qui lance un autre animateur (qu’il soit sur les lieux de l’événement… ou en studio, debout à côté d’un écran géant pour expliquer un nombre-statistique). Ces mises en scènes sont creuses, vides, et ne servent qu’à remplir du temps d’antenne sans faire fuire le quidam qui mange son dîner devant sa TV.
#24
#25
Les champions : iTélé et BFM TV : des hommes et des femmes rompus aux caprices de la météo qui peuvent raconter en boucle les mêmes conneries pendant au moins 48 heures sans dormir.
#26
Bon ok je me suis sevré à cette époque moi; je crois qu’il y a toujours Pujadas?
[edit] Oui ça doit être ces chaines qui ont exacerbé ce phénomène du gars sur place H24 qui surveille derrière le cordon de sécurité.
#27
Comment ça va se passer si un article ne plait pas à FB ? Hop, on censure ? Comme l’Origine du monde. ?
Bref.
#28
Ouais, Pujadas officie toujours :)
#29
Et si on ne peut plus sauvegarder sa progression Candy Crush, ça risque de faire des suicidés " />
FB détient le pouvoir.
#30
#31
On a souvent parlé de Google et de sa prétendue hégémonie sur le monde de la presse mais je dois avouer que j’ai bien plus peur de Facebook qui a besoin de continuer à grossir et tout avaler pour éviter de s’effondrer sur lui-même.
#32
Je donne cet exemple parce qu’il parle facilement ;) Ce n’est pas tant une question de complot que de choix. Les choix éditoriaux peuvent et doivent se discuter. Les choix algorithmiques aussi. Tous les deux pouvant être inféodés à des orientations et des besoins de type “business” ce qui pose un souci dans le cadre de l’information, d’autant plus quand tout le “pouvoir” est donné à un acteur unique (ou presque).
Ce n’est pas pour rien que la pluralité de la presse est considéré comme un élément essentiel (et fait partie des rôle de l’état via un segment de ses aides moins contestable que les fonds d’aide à la modernisation).
#33
#34
#35
J’en profite pour répondre au commentaire précédent en même temps. La limite de l’exemple de Mediapart, c’est que leur réputation s’est aussi construite du fait de leur exposition médiatique. Certes, sans fond cela ne mène pas loin, mais tous les sites n’ont pas accès à des médias et des émissions à très large audience ;)
Ensuite, je pense que c’est un problème de considérer que le contenu de fond n’a pas à toucher les lecteurs via des plateformes telles que Facebook & autre. Après, chaque service fait avec ses algos et ses choix, mais c’est toute la problématique : une plateforme ultra majoritaire peut décider de ce qui est visible ou non selon ses critères. En soi c’est un souci. Cela en était déjà un du temps de GNews, avec Facebook ce sera la même chose. Cela le sera d’autant plus que ce genre de partenariats seront noués ou que le service veut faire office de kiosque.
Enfin, je ne suis pas d’accord sur le fait qu’un média doit compter sur son seul site comme plateforme de diffusion. C’est d’ailleurs d’autant plus faut pour un contenu à accès par abonnement qu’il ne nécessite pas d’être associé à de la publicité pour être diffusé et rémunéré. Tant qu’un lecteur est abonné à NXi par exemple, qu’il lise son contenu ici ou sur une plateforme tierce qui vérifie le statut de l’abonnement : quelle différence pour nous ?
#36
#37
A lire les commentaires de David, je pense qu’il considère qu’un “média” est une entité qui a sa propre éthique/morale, ce qui à la fois le caractérise et le différencie des autres médias. Alors que pour ma part, un media est un canal de communication. Un canal de communication qui peut être généraliste, spécialisé, neutre, orienté, … Mais je fais une différence entre le contenu et le média.
Je ne lis pas un article de David Legrand parce qu’il est publié sur nextinpact.com et que je fais confiance à nextinpact.com . C’est l’opposé. Je lis un article sur nextinpact.com parce qu’il est écrit par David Legrand et que je fais confiance à David Legrand. Et je ferais sans doute de même si cet article était diffusé sur google+ ou FB.
Pour moi, c’est la grande mutation qu’Internet propose. Permettre de s’intéresser davantage au contenu (contenu de l’article, vidéo, musique, billet) qu’au contenant (le nom du site de news, de vidéo, de blog.).
Bien sur, ca oblige a abandonner le confort douillet du modèle des “marques de fabrique”. Ca pose problème à la presse qui utilise le nom du journal comme “marque produit”: un article du Monde, de Mediapart ou du Canard enchainé ça signifie quelque-chose de différent… quand bien même ce serait le même article.
Cette abandon de la marque à déjà eu lieu pour la musique (qui s’intéressse encore a savoir si un artiste à signé chez Xversal ou YMI-records ?). Les films/séries prennent doucement le même chemin (aller, sans regarder sur google, le nom de la boite de prod de Breaking Bad ?).
Évidement, ne soyons pas naïfs. Les GAFA ont leur propre intérêt à diffuser du contenu de tiers. Mais je ne pense pas que leur but soit de contrôler/déformer le contenu, sinon ils seraient eux-même éditeur/rédacteur de contenu.
Bon, sur ce, je vais manger… " />
#38
Pourquoi opposer ou comparer l’audience de Facebook et celle de Google ?
Que Facebook devienne hégémonique n’est pas un problème si la distribution de contenus journalistiques est décidée entre professionnels-journalistes qui sont soucieux de la déontologie de leur métier.
#39
Facebook ou Google sont comme TF1 ou BFM-RMC : ils existent uniquement grâce la forte audience de leurs services de diffusion. Il suffit d’un seul organe de presse payante à côté (en ligne ou sur papier ou audiovisuel) qui produit du contenu d’enquête ou d’investigation et leur hégémonie d’audience ne leur permettra pas de combler la différence. Certes, leur audience écrase la visibilité des médias payants, mais ils ne font pas le même métier (buzz, spectacle vs journalisme).
#40
Ils ne font pas le même métier, mais ils captent une audience, une part du marché. On ne peut pas dire que 20minutes remplace le monde ou le canard, mais il vampirise du temps de cerveau disponible. Je connais bcp de gens qui sont moins enclins à aller lire un vrai journal après avoir jeté 50gr de papier toilette gratuit à la sortie du métro.
#41
quand un journaliste signe un article, cet article à fait l’objet d’un débat en réunion de rédaction dans le but d’avoir une ligne éditoriale. Ce choix éditorial se fait en équipe.
#42
#43
c’est pas un message aux actionnaires de FB qu’ont devrait avérer pour être avéré ?
en clair : F U.
Comme si, dans bisounoursland, FB était porteur du Bien Informé !
——-
non mais Allô ?
" />
#44
le /edit et moi , ça fait deux.
Pardon.
#45
L’article est sponsorisé sur facebook ?
http://img15.hostingpics.net/pics/572752Sanstitre.png
#46
Très bon édito.
J’avoue que moi-même, je suis assez anxieux face aux pouvoirs des GAFA et derrière eux, du pouvoir des annonceurs et publicitaires. Déjà que la presse de qualité se fait rare, si elle se trouve trustée de plus en plus par quelques acteurs faisant la pluie et le beau temps dans les rédacs, c’est courir le risque de voir toujours plus la qualité se dégrader au profit du sensationnel, du viral au détriment des analyses de fond.
Et le pire, c’est que ça va se faire. Quelques journaux vont commencer à s’y mettre et les autres suivront par peur de louper de l’audience.
Il y a là un bon coup à jouer pour FB, qui a l’avantage de pouvoir partager les contenus, tout en permettant l’interactivité. A la manière des commentaires des sites d’actus, cela permet d’échanger autout des actus avec son cercle d’amis et des autres lecteurs. Twitter permet cela aussi, mais de manière plus limitée.
Car la tendance de fond aujourd’hui, illustrée maginifiquement dans un des derniers épisodes de South Park, est de s’intéresser plus aux réactions suscitées par les contenus qu’aux contenus eux-mêmes.
On ne regarde plus des vidéos marrantes, mais des gens commentant ces vidéos. On ne joue plus aux démos de jeux, on regarde sur Twitch des gens jouer et commenter le jeu, etc…
Et si le public de NXI est, je pense, dans son ensemble, assez sensibilisé aux problèmes de la qualité de la presse, son financement, etc… pour les Michus, avoir accès aux articles des journaux qu’ils vont voir d’ordinaire à droite à gauche directement sur FB, il n’y verra que des avantages, et ne se rendra pas forcément compte de l’éditorialisation de FB. Ce qu’il verra, c’est qu’on lui proposera ce qu’il a l’habitude de regarder.
Ca me fait penser d’ailleurs concernant le projet “La Presse Libre” de NXI, qu’il serait intéressant de proposer un espace social pour les adhérents, genre un pod Diaspora. Je dis ça, peut-être que c’est dans le projet, mais cela permettra d’avoir un espace de partage et d’échange en dehors des réseaux sociaux habituels. Je ne pense pas que le coût serait excessif, et cela pourrait être un plus par rapport à un kiosque numérique standard.
#47
#48
Effectivement, ce n’est pas une question de censures d’articles hostiles à Facebook,
#49
En même temps le putaclic ça arrange beaucoup de journalistes hein… Facebook, et si le pire était encore à venir? Au final c’est tout de même la presse qui “joue” avec facebook pour toucher un maximum de gens, on ne peut pas reprocher à facebook de vouloir capitaliser là-dessus. Même si on peut considérer qu’il est inévitable d’être présent sur l’ensemble des réseaux sociaux pour toucher un maximum de personnes, ça ne me dérange pas de voir facebook centraliser tout ça, avec un peu de pub par dessus… Car beaucoup de site web abusent déjà de publipostage et de pub à tout va. Quand je vois un acteur tel que Webedia prendre de l’importance et qui souhaite racheter tout ce qui est “clickable”… ça me fait encore plus peur
#50
#51
#52
Tu as raison, les journaux classiques ne publierait pas d’édito qui iraient contre leurs intêrets, et ceux malgré le sacro-saint “devoir d’information” qu’ils sont les 1ers a dégainer lorsqu’ils s’agit de faire du sensationnel.
Il n’y a qu’a voir comment la télévision et son fonctionnement ne sont jamais évoqués à la télévision :
Voici un chouette documentaire pour étayer mes propos :https://www.youtube.com/watch?v=6DgOE9KZZME
#53
nous sommes dans “une période transitoire” (depuis 20 ans, déjà) !
la Société “se cherche, encore” !
ou au contraire
je pense : qu’il faut attendre*, encore 20 ans, QUE la Génération née avec Internet arrive au Pouvoir
pour que les choses changent VRAIMENT (et, dans le bon sens…pour nous) !
car pour l’instant : on n’en prend pas, vraiment, le chemin …au contraire !!! " />
* patience (mais, c’est contradictoire : dans un Monde qui va de + en + vite)
#54
Tant qu’un lecteur est abonné à NXi par exemple, qu’il lise
son contenu ici ou sur une plateforme tierce qui vérifie le statut de
l’abonnement : quelle différence pour nous ?
La différence est grande, tu donnes toi-même la réponse juste au dessus :
C’est toute la problématique : une plateforme ultra majoritaire peut
décider de ce qui est visible ou non selon ses critères. En soi c’est un
souci. Cela en était déjà un du temps de GNews, avec Facebook ce sera
la même chose. Cela le sera d’autant plus que ce genre de partenariats
seront noués ou que le service veut faire office de kiosque.
Sur votre propre site, vous pouvez diffuser votre contenu. Sur une plateforme tierce, quelle garantie avez-vous que tout soit diffusé ? Un article à charge sur Facebook (au hasard, cet édito) sera-t-il assuré d’être publié sur Facebook ?
#55
#56
voici –>http://www.lesinrocks.com/2015/03/23/actualite/le-monde-fait-rediger-un-papier-p…
“qui promet” ! " />
#57
#58
#59
La marge prise correspond à la valeur réelle qu’ils apportent de mise en relation entre audience et articles. Cette valeur est potentiellement bien supérieure par ex. à celle apportée par des kiosques de journaux classiques, grâce à leurs algorithmes et aux données dont ils disposent.
S’ils mettent en avant des articles clicbait c’est que malheureusement les gens cliquent dessus.
#60
Oui, c’est démago ton explication.
De plus, on sait bien que les prises de pouvoir se font en 2temps:
-d’abord on amasse 80% du marché en appâtant et séduisant le chaland à base de low cost, jusqu’à épuiser les concurrents qui ne sont plus en mesure de fournir le service.
-puis une fois en position de force, on enlève le côté attractif des prix en secouant ton discours, tout en gardant le coté low cost.
C’est la technique de l’appauvrissement des choix (cartel).
#61
A propos du G de GAFA, quand aura-t-on une mise à jour, voire un contre-article, de l’article publié sur ce site le 21 mars courant et intitulé “La FTC savait que Google avait abusé de sa position dominante” ?
Puisque maintenant le rapport sur lequel était basé l’article original du WSJ a été publié et qu’il démonte les thèses (j’hésite avec manipulations) du WSJ, ainsi qu’insiste la FCC elle-même, et donc les 3⁄4 de l’article sus-nommé, une mise à jour s’impose pour rétablir la vérité d’un article un peu trop complaisant avec le WSJ, ce qui n’a pas échappé à certain(e)s.
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“Really, Rupert?” " />
#63
Mon commentaire n’implique pas que ça devrait surtout continuer ainsi, c’est juste une analyse de la situation actuelle. Je rejoins ainsi les premiers commentaires qui font remarquer qu’en fait il n’y a pas vraiment de concurrence à écraser, entre autre par manque de vision et de volonté d’innover.
Si Facebook réussi un jour à faire en sorte que tout le monde lise l’actualité sur leur plateforme, ils pourront en effet alors imposer une marge énorme au reste de la chaîne, et ça ne serait pas une bonne chose à long terme pour le lecteur/consommateur.
Mais si ça arrive, ça sera bien grâce à l’utilité de leurs algos et à une présentation de l’info qui conviendra mieux aux lecteurs.
Et s’ils veulent obtenir ce monopole ils ne pourront pas le faire uniquement avec des techniques commerciales : ils devront forcément continuer d’innover pour proposer un contenu de meilleur qualité à ceux (comme nous) qui le recherchons. S’ils y arrivent en premier, leur marge énorme ne sera alors que la conséquence méritée de leur innovation (ils sont sur la voie mais je ne leur souhaite pas bonne chance).
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Trop bon l’image XKCD, je l’avais vue en son temps mais je l’avais oublié, merci pour le rappel " />
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je sais, mais c’est ça qui me fait peur !
on s’en remettra de + en + souvent à des Robots pour DÉCIDER à notre place !
dans “le journalisme” c’est pas trop grave, mais imagine en Médecine (chirurgie) ?
là, où un humain pourra NUANCER (selon le cas), avec les Robots ce sera fini !
(algorithmes : 0 ou 1) “ouvert/fermé, noir/blanc, bon/mauvais, etc …” !
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Attendre n’est pas une solution, c’est du laisser-faire … pendant que tu attends, les changements se feront et tu ne pourras pas les maîtriser … c’est très dommageable pour tout le monde … on ne doit pas attendre mais agir. On a le droit de se tromper et alors il faut corriger en cours de route mais si les américains avaient dit “attendons de voir ce que font les russes” et bien, ils n’auraient pas été les premiers sur la lune …
Donc n’attendons pas que le monde change, changeons le monde comme nous voulons qu’il soit pour nos enfants …
#71
..souhaitons : qu’ils NE seront pas TOUS “comme ça”, sinon “on sera mal”…….!!!" />
#72
C’est pour ça que j’ai parlé d’IA. De tels systèmes de décisions ridiculiseraient même le Dr House " />
#73
Evidemment que la position de Google est identique " />
#74
Et donc tu proposes quoi comme actions concrètes pour les générations futures des internets?