Chrome gardera finalement sa gestion actuelle des cookies tiers
Abandon d'abandon d'abandon d'abandon

Nana Smirnova (Unsplash)
L’initiative Privacy Sandbox, lancée en 2019, devait aboutir progressivement au blocage par défaut des cookies tiers au sein du navigateur Chrome. La fonction, orientée vers la confidentialité et largement critiquée, est cependant figée. Dans un billet, Google a en effet annoncé que les cookies tiers resteront en place.
Le 23 avril à 11h54
5 min
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Les utilisateurs de Chrome n’auront finalement pas de changement sur les cookies tiers. Le comportement actuel sera préservé, avec une acceptation par défaut et la possibilité de modifier les options pour les bloquer. Le mode Incognito, qui les bloque par défaut, continuera lui aussi de fonctionner de la même manière.
On est bien comme on est
Google a annoncé cette décision hier soir, par un billet d’Anthony Chavez, vice-président de l’entreprise et chargé de Privacy Sandbox. Il explique que le contexte a largement changé depuis les débuts de l’initiative en 2019. Il cite l’adoption croissante de technologies améliorant la protection de la vie privée, de nouvelles possibilités pour la protection et la sécurisation des expériences de navigation par l’IA, ou encore une évolution « considérable » du paysage réglementaire dans le monde.
« Compte tenu de tous ces facteurs, nous avons pris la décision de maintenir notre approche actuelle pour offrir aux utilisateurs le choix des cookies tiers dans Chrome », indique ainsi Anthony Chavez. Dans le même temps, d’autres briques de protection comme Safe Browsing, Safety Check et des mécanismes s’appuyant sur l’IA seront renforcées. Google évoque également l’arrivée d’IP Protection pour le troisième trimestre. Ce mécanisme, prévu pour le mode Incognito, veut limiter la diffusion de l’adresse IP dans les contextes tiers, en la bloquant aux sites présents dans la Masked Domain List (MDL).
Que deviendra alors la Privacy Sandbox ? Ce n’est pas très clair. De ce que l’on comprend du billet, elle va rester en place. Google indique que des entretiens auront lieu avec l’industrie dans les mois à venir, pour « recueillir des commentaires et partager une feuille de route actualisée ».
Un long fleuve pas si tranquille
Si l’annonce d’hier soir vous semble familière, c’est que Google avait préparé le terrain. En juillet 2024, elle indiquait déjà qu’elle renonçait au blocage par défaut des cookies tiers. À la place, l’éditeur indiquait réfléchir à la possibilité de poser la question à l’internaute pour lui demander quoi faire. Dans le billet d’hier soir, cette possibilité a justement été écartée, pour rester sur le comportement actuel, qui a l’avantage d’être connu par des centaines de millions de personnes.
La gestion du projet Privacy Sandbox aura cependant été riche en rebondissements. À sa présentation en 2019, il s’agissait d’un mécanisme devant permettre une meilleure approche de la confidentialité des données, tout en préservant l’efficacité des publicités personnalisées. Un numéro d’équilibrisme auquel Google s’est adonné pendant plusieurs annonces, rencontrant sur cette corde raide de nombreuses critiques.
C’était notamment le cas avec la Competition and Markets Authority (CMA) et l'Information Commissioner's Office (ICO) du Royaume-Uni, ainsi que d’une partie de l’industrie. Petit à petit, la Privacy Sandbox est devenue ce que l’on en connait aujourd’hui : un mécanisme d’envoi de statistiques groupées sur les habitudes des internautes. Il casse ainsi le suivi individuel pour se baser sur des cohortes d’internautes, dont les données sont agrégées en fonction de centres d’intérêt. La Privacy Sandbox prévoit également que les données restent locales et ne puissent pas permettre une reconstitution de l’identité.
Condamnée depuis longtemps ?
Il ne s’agissait cependant pas, comme on a parfois pu le voir, de débarrasser totalement Chrome de la collecte des données personnelles. L’objectif de la Privacy Sandbox était simplement d’en limiter la quantité. Google tire une proportion écrasante de son chiffre d’affaires des publicités et leur personnalisation représente depuis longtemps une industrie complète.
De fait, comme l’indiquait TechCrunch l’année dernière, Google s’est retrouvée prise au piège dans une ambivalence qui ne pouvait satisfaire personne. Il fallait pouvoir continuer sur les publicités comme l’entreprise l’avait toujours fait, tout en renforçant la protection de la vie privée. Le résultat peut être comparé aujourd’hui à une solution n’ayant satisfait personne. L’association noyb avait même déposé plainte contre Google, qu’elle accusait de mentir sur le fonctionnement de la Privacy Sandbox.
Dans ce contexte, la volonté affichée de collecter les avis de l'industrie sur la fonction est peut-être un vœu pieu. Mieux vaut peut-être d’ailleurs que la Privacy Sandbox disparaisse, tant elle aura attiré des problèmes à Google, entre concurrence l’accusant d’en faire une arme, critiques acerbes de plusieurs autorités nationales et erreurs manifestes pointées par le W3C.
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Un long fleuve pas si tranquille
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Condamnée depuis longtemps ?
Commentaires (16)
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Abonnez-vousLe 23/04/2025 à 12h03
C'est l'un des bémols de Next, je trouve qu'il manque une légende sur les photos.
Le 23/04/2025 à 12h29
Le 23/04/2025 à 12h53
Si j'ai bien compté, en supposant que les étagères au premier plan sont aussi hautes que les autres, il y a 3510 boites (moins que ce que je pensais, tout juste un peu plus que le nombre de cookie laissé par un site standard). Combien de cookies par boite ?
Le 23/04/2025 à 17h01
C'est le bon logo
Modifié le 23/04/2025 à 12h24
Ça a fait râler énormément quand c'est sorti (le navigateur qui piste lui-même les utilisateurs, la pilule est dure à avaler) et Google a fait baisser la polémique en annonçant qu'ils banniraient les cookies en échange.
En un sens, ce système est mieux que les cookies dans le sens où les régies reçoivent uniquement les thèmes d'intérêt de l'utilisateur (là où avec les cookies elles peuvent/doivent pister bien plus en détail pour déterminer elles-mêmes ces thèmes).
Cela dit, ce système est bien pire que "juste" bloquer les cookies.
En fait, le fait que les régies pistent l'utilisateur (via les cookies) est pire niveau vie privée que l'utilisateur ne s'auto-piste et envoie seulement une petite part des résultats aux régies (via privacy sandbox). Mais le mieux ça reste aucun pistage.
Si Google laisse les cookies (pistage côté régies) ET le pistage côté navigateur, on arrive dans un scénario encore pire qu'avant l'introduction de la Privacy Sandbox. Le navigateur pistera l'utilisateur en envoyant les données aux régies ET les régies continueront de pister les moindres faits et clics des utilisateurs.
Mais bon, c'était, comme tous les "retournements" de Google sur les questions de vie privée, complètement imprévisible.
Modifié le 23/04/2025 à 13h52
Je trouve mi-amusant, mi-inquiétant les cris d'orfraies sur des sous-composants qui s'avèrent finalement prétendre à de la protection (pour rassurer les superficiels) tout en continuant de permettre à ce dit-navigateur de faire ce pour quoi il a été conçu…
Le fait que les gens aient massivement, activement, plébiscité Chrome à l'époque de la disparition d'Internet Explorer en lui prêtant toutes les qualités (alors que les gains de vitesse, ou son impression en tous cas - seule chose en considération d'une part important de la population - étaient déjà alors principalement dus à toutes sortes d'artifices, par exemple une gabegie de consommation de ressources CPU & RAM) s'avère toujours aussi problématique, ayant propulsé la part de marché de ce dit-navigateur.
Le 23/04/2025 à 14h37
Mozilla avait décidé que les pages devaient faire l'effort de s'afficher correctement dans FF, et que ce n'était pas à FF de faire l'effort d'afficher correctement les pages. D'ailleurs c'est plus ou moins toujours leur principe.
Le 23/04/2025 à 14h49
Modifié le 23/04/2025 à 15h22
Même problème aujourd'hui avec certaines pages/appli pleines de javascript qui s'affichent mal sous FF comparé à Chrome. Sans doute qu'elles ne respectent pas le standard... Mais l'utilisateur s'en fiche. Il va installer chrome parce que "avec chrome ca marche".
Modifié le 23/04/2025 à 15h58
Si Firefox était bon sur ce sujet il y a plus de 20 ans, ça avait bien changé il y a quelques années encore (je ne fais plus trop de devoirs web depuis un moment), où Firefox était devenu une plaie en terme de compatibilité car n' implémentait les specs W3C (mêmes celles publiées sur le Mozzila Developer Network !) que partiellement, pas de tout, très en retard ou derrière des customs flags. Et à côté de ça, le meilleur qui implémentait les specs parfaitement et à la virgule près et où tout fonctionnait du premier coup, c'était... Edge (le Edge avant qu'il ne devienne basé sur chrome).
Et j'ai l'impression que c'est toujours FF le problème, il y a quelques mois j'ai dû faire une web ui de dashboard vite fait avec du CSS de base, Firefox est le seul qui a nécessité de faire des bidouilles car il ne respectait pas un standard (les nested).
Mais ça n'a pas de rapport avec l'article :)
Modifié le 24/04/2025 à 19h41
Le 25/04/2025 à 14h58
#Concord #Game
Le 26/04/2025 à 08h36
Le 23/04/2025 à 15h53
Personnellement à part une période je n'ai pas de soucis avec les sites avec firefox.
Plus complet la sauvegarde des identifiants et l'automatisme de connexion automatique ( à part avec floorp).
Conclusion : google c'est comme Microsoft, il faut utiliser leurs services sur autre chose que leur propre produit.
Le 23/04/2025 à 15h53
Je cherche quelque chose, j'ai de la pub pour des anciennes recherches (et si y'avait besoin d'un achat, déjà fait).
Par contre, la pub pour la recherche en cours, j'ai rarement
Donc 99% de pub dont je me fiche royalement (lors des rare cas où mon bloqueur de pub est désactivé)
Le 23/04/2025 à 18h46
Parce que là, ils commencent à faire chier quand même un peu…