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E-commerce : 33 entreprises s’engagent pour réduire l’impact environnemental

Quand on pense qu'il suffirait de ne pas les acheter pour que ça ne se vende plus

E-commerce : 33 entreprises s’engagent pour réduire l’impact environnemental

33 entreprises, parmi lesquelles des géants en France, ont signé la charte lancée par le gouvernement et portée par la Fédération du e-commerce. Elle comprend 11 engagements sur les différentes étapes d’après achat : entrepôts, emballages, livraisons et éventuels retours.

Le 05 mars à 15h59

Cela fait des années que les autorités françaises travaillent autour de « chartes » pour les acteurs du e-commerce. Il y a maintenant six ans, nous avons eu celle pour « garantir des relations loyales et transparentes entre les plateformes de e-commerce et les TPE et PME françaises », puis un « label » en 2020 pour reconnaitre « la prise d’engagements ambitieux de la part des plateformes ».

En 2021, une première « Charte d’engagements pour la réduction de l’impact environnemental du commerce en ligne » a été mise en place avec des acteurs volontaires du e-commerce. Quinze enseignes l’avaient à l’époque signée : Cdiscount, Ebay, FNAC DARTY, La Redoute, lentillesmoinscheres, Maison du Monde, Millet Mountain Group, OTELO, Rakuten, Groupe Rosa, Sarenza, Showroomprive, SOS ACCESSOIRE, Veepee. Amazon et le groupe LDLC brillaient alors par leur absence.

33 signataires, mais encore beaucoup d’absents de poids

Cette charte a été actualisée et renforcée en 2024, avec plus du double de signataires et l’arrivée du géant Amazon. En effet, en ce début du mois de mars, elle est signée par 33 entreprises.

Voici la liste : Agrizone, Amazon, AUTF, Blancheporte, Boulanger, Carrefour, Cdiscount, Colissimo, E.Leclerc, Ebay, Electro depot, Fleurance nature, FM Logistic, Fnac Darty, Françoise Saget, ITinSelL Software, Label emmaüs, Laredoute, Lentillesmoinscheres.com, Leroy Merlin, Maison du monde, Manutan, Mondial Relay, Quelbonplan, Rakuten, Groupe Rosa Linvosges, Showroom privé, SOS accessoire, Tikamoon, Topaz, Veepee, Wooday et Zalando.

Par rapport à la première version de 2021, quelques enseignes ne sont plus présentes : Millet Mountain Group, OTELO et Sarenza. On note encore l’absence du groupe LDLC (Rue du Commerce, Top Achat, Hardware.fr…) dans les signataires. L’entreprise est pour rappel dans une phase difficile financièrement et prévoit le licenciement de 88 personnes pour « motif économique ».

Il en est de même pour Leboncoin, Vinted ainsi que pour des mastodontes chinois comme Aliexpress, Temu et Shein. Philippe Wahl, PDG de la Poste, expliquait récemment qu’Amazon, Temu et Shein représentait à eux trois 43 % des colis de La Poste en Europe, dont 22 % pour Temu et Shein (contre moins de 5 % il y a cinq ans).

70 % des Français ont acheté sur Internet

Amazon explique d’ailleurs que cette charte s’inscrit dans sa volonté de « réduire son empreinte environnementale et atteindre zéro émission nette de CO₂ d’ici 2040 ». La FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) est aussi partie prenante et veillera à la valorisation des engagements.

L’e-commerce a le vent en poupe selon la Direction générale des entreprises : « Au cours des douze derniers mois, ce sont 70,1 % des Français de plus de quinze ans qui ont effectué un achat sur internet, soit une augmentation de 500 000 personnes en un an. En 2023, 1,7 milliard de colis ont été traités en France, ce qui représenterait 1,7 million de tonnes de CO2 émis, selon l’ADEME ».

Il y a deux semaines, la FEVAD publiait son bilan 2024 du e-commerce qui, sans surprise, se porte bien : « le e-commerce français confirme son dynamisme et atteint un chiffre d’affaires record de 175,3 milliards d’euros, en hausse de 9,6% par rapport à l’année précédente ».

La vente de produits progresse de 6 % à 66,9 milliards d’euros, un niveau équivalent à celui de 2021. « Un achat en ligne par semaine en moyenne par cyberacheteur, pour un total annuel de 4 216 euros dépensés en ligne », selon la fédération.

La liste des onze engagements

Cette charte édition 2025 comprend 11 engagements répartis autour de cinq grands axes : l’information du consommateur, les retours, les emballages, les entrepôts et livraisons, et enfin le suivi des engagements. Les signataires de la charte devront rendre compte chaque année aux services de l’État compétents.

  1. Mettre en avant une offre significative de produits :
    • fabriqués en France ou en Europe, bénéficiant de labels environnementaux, de seconde main…
  2. Favoriser les bons gestes de commande entre les catégories et au sein d’une même catégorie.
  3. Informer le consommateur des leviers pour diminuer l’impact environnemental de la livraison :
    • indiquer les modalités, ainsi que les modes alternatifs et décarbonés pour retirer son colis,
    • proposer plusieurs délais de livraison et indiquer leurs impacts,
    • indiquer aux consommateurs si leurs colis peuvent être livrés par voie aérienne,
    • en option : afficher une valeur d’impact (en g ou kgCO₂ équivalent pour le colis ou par colis) et/ou une information sur l’impact environnemental de la livraison.
  4. Se doter d’une politique interne sur les retours avec des objectifs :
    • prévention des demandes de retours, mais rappelons que cela demeure un droit pour le consommateur depuis la loi Hamon,
    • gestion des produits non désirés, effectivement retournés ou non,
    • communication publicitaire responsable.
  5. Mettre en place au moins 3 actions directes de prévention des demandes de retours :
    • outils internes pour caractériser les raisons du retour,
    • suivi, accompagnement et sensibilisation des consommateurs sur les bons gestes.
  6. Mettre en place au moins deux actions directes de valorisation des produits non désirés par les consommateurs :
    • remise en vente, dons aux associations, reconditionnement, revente à des destockeurs…
  7. Conduire des actions de réduction des suremballages et de réduction du taux de vide dans l’objectif de le limiter à 40 %, en moyenne :
    • supprimer autant que possible les suremballages et les espaces de vide,
    • sensibiliser les vendeurs tiers,
    • effectuer des démarches collaboratives avec les fournisseurs ou les prestataires.
  8. Améliorer la nature et l’utilisation des emballages en :
    • incorporant une proportion significative de matière recyclée (au moins 75 %),
    • systématiser l’utilisation d’emballages 100 % recyclables,
    • expérimenter des solutions de réemploi/réutilisation des emballages.
  9. S’assurer que les activités d’entreposage aient une performance environnementale systématiquement attestée par une certification.
  10. Favoriser le développement de modes de livraison décarbonés.
  11. Regrouper systématiquement l’expédition des produits quand c’est possible, sauf demande expresse du consommateur.

Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, rappelle que ces « objectifs concrets et mesurables […] feront l’objet d’un suivi par l’État ».

La FEVAD est d’ailleurs prête pour cette mission : « Dans les semaines et mois à venir, la Fevad restera pleinement mobilisée pour promouvoir cette Charte et assurer le suivi des engagements. Elle entend également poursuivre activement le dialogue avec les pouvoirs publics sur les politiques liées à la transition écologique dans le secteur du e-commerce ». On espère que des communications seront faites sur les indicateurs autour de ces engagements.

Commentaires (11)

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Merci pour cet article !
Idée stupide : quand vous aurez du temps: faire un catalogue des citations/références/etc des années 80 et pointer du link des vidéos/bouquins/films pour expliquer aux moins de 45 ans d'où ça vient tout ça. (et se faire joyeusement traiter de Boomer, et ça sera mérité). Je me demande si y a pas un côté "plaisir coupable" à citer Coluche dans un sous-titre en sachant pertinemment que ça fera un flop pour beaucoup de moins vieux, heu... encore jeunes,

Notons que pour le point 4 et le point 5 les marques se démènent déjà pas mal pour empêcher les retours: SAV injoingnable, numéro de tel surtaxé en gros et non surtaxé introuvable, dark patern sur les sites de demande de retour, etc...
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Ça carrément le greenwashing ce truc.
Mettre en avant une offre significative de produits (fabriqués en France ou en Europe, bénéficiant de labels environnementaux, de seconde main…)
Ça va permettre de mettre encore plus en valeur avec un argument écologique les places de marché (qui sont une plaie) : la plateforme reprendra à son compte l'offre abondante, et remettra sur ses prestataires commerçants partenaires la responsabilité d'une fabrication délocalisée.
Bref, le gouvernement vient légitimer des pratiques pourtant bof bof.
Favoriser les bons gestes de commande entre les catégories et au sein d’une même catégorie.
Comprend pas.
Informer le consommateur des leviers pour diminuer l’impact environnemental de la livraison
Favoriser le développement de modes de livraison décarbonés.
Ça tombe bien, les systèmes de point relais coutent moins cher qu'une livraison à domicile.
Ils sont déjà mis en avant. Bref, pas très engageant pour le commerçant.
Prévention des demandes de retours, mais rappelons que cela demeure un droit pour le consommateur
Mettre en place au moins 3 actions directes de prévention des demandes de retours
Débouchage de champagne chez les vendeurs : une convention gouvernementale leur demande de minimiser les droits du consommateur !
supprimer autant que possible les suremballages et les espaces de vide
Ça me fait penser à un ami qui a reçu d'Amazon un jeu Lego directement dans le carton siglé Lego et avec l'étiquette collée inamovible sur la photo du modèle.
communication publicitaire responsable
Ahhhhhhh ! Ça c'est bien !
La fin du spam ? La fin des vidéos en autoplay ?
La fin des pages intermédiaires qui poussent à la conso ?
La fin des recommandations de vente croisée à outrance ?
La fin des commentaires truqués ?
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je vais jouer l'avocat du pauvre:
>Favoriser les bons gestes de commande entre les catégories et au sein d’une même catégorie.
Comprend pas.
en gros, ils entérinent le tracking des habitudes de navigation et d'achat des pigeons erm, des CLIENTS pour proposer encore plus de produits "recommandés" (allo la RGPD?)...
>Informer le consommateur des leviers pour diminuer l’impact environnemental de la livraison
>Favoriser le développement de modes de livraison décarbonés.
Ça tombe bien, les systèmes de point relais coutent moins cher qu'une livraison à domicile.
ouais, enfin... 2€ de différence sur une livraison à 10€ minimuum, c'est pas non plus la réduction de l'année...
>communication publicitaire responsable
Ahhhhhhh ! Ça c'est bien !
ils ont dit "responsable", pas "suppression"... Ça veux dire qu'ils vont rajouter une ligne "🌱pensez à la nature♥" à la fin de leurs campagnes de pub...

Pessimiste? MOI? :D
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Le plus important, et je l'attends avec impatience, c'est de pouvoir choisir une livraison "je ne suis pas pressé". En France, la première source de pollution c'est le transport.

Donc "proposer plusieurs délais de livraison et indiquer leurs impacts" c'est le principal et le plus important.
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Amazon le fait déjà quand le cas se précédent. Il propose de livrer tous les articles ensemble quand ils sont tous dispo, plutôt que de les envoyer séparément dès que possible.
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Récemment j'ai commandé trois produits différents sur Amazon, lors d'une même commande. Pas vu cette option et à l'arrivée, j'ai reçu trois paquets séparés. J'ai trouvé ça d'une bêtise…
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T'es trois paquets sont peut être partie de trois endroits différents. Dans ce cas ils ne peuvent pas grouper. Il y a 8-9 plateforme en France, tous les articles ne sont pas dans les 9.
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Je ne suis pas sûr que ça ait un sens de faire de la livraison lente, pour un transporteur, dans une logique industrielle (regroupement de produits dans un minimum de colis, c'est une autre histoire)
Pour un colis ordinaire (pas encombrant, pas de besoin particulier...), sauf à ce que tu habites au fond d'une impasse, le transporteur passera devant chez toi tous les jours. Il n'y a plus que des coûts marginaux (admettons 1cl d'essence en plus pour le kg du colis en plus dans la camionnette).
Un colis lent coûterait presque plus cher en stockage que de le mettre dans la première camionnette de livraison qui part.
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Rappelons que le e-commerce est déjà plus écologique que le commerce conventionnel.
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Amazon explique d’ailleurs que cette charte s’inscrit dans sa volonté de « réduire son empreinte environnementale et atteindre zéro émission nette de CO₂ d’ici 2040 »
Il va falloir en planter des arbres pour compenser !
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Amazon dans ce groupe ? C'est hilarant quand on sait qu'il s'amuse à détruire des millions d'invendus régulièrement.

E-commerce : 33 entreprises s’engagent pour réduire l’impact environnemental

  • 33 signataires, mais encore beaucoup d’absents de poids

  • 70 % des Français ont acheté sur Internet

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