DOGE : Aux États-Unis, plusieurs plaintes contre l’accès aux données par le service d’Elon Musk
La justice américaine tiendra-t-elle la laisse ?

Alors que le service DOGE créé par Donald Trump et mené par Elon Musk a mis les mains dans divers systèmes informatiques de l’État américain, plusieurs actions en justice sont en cours pour le bloquer.
Le 13 février à 14h51
5 min
Droit
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Depuis l'investiture de Donald Trump, le service nouvellement créé DOGE et dirigé par Elon Musk s'est précipité dans toute l'administration fédérale et les agences étasuniennes. Les agents de ce service, souvent très jeunes et menés par des anciens des entreprises du milliardaire, ont visé les systèmes informatiques du Trésor américain et du service des ressources humaines fédérales, mais aussi de différentes agences comme Medicare et Medicaid.
Mais plusieurs questions juridiques se posent sur cette campagne éclair, qualifiée la semaine dernière de « blitz » (en référence à la campagne de bombardements stratégiques durant la Seconde Guerre mondiale menée par l'aviation allemande contre le Royaume-Uni) par le Washington Post, qui a recueilli la parole de plusieurs responsables de l'administration.
Les responsables des agences mais aussi Elon Musk visés par les plaintes
Comme l'explique ArsTechnica, trois plaintes récentes demandent à ce que le DOGE n'ait plus accès aux données et qu'il supprime celles qu'il a récoltées, considérant qu'elles ont été consultées illégalement.
L'une d'entre elles, déposée mardi [PDF], vise l'OPM (le service des ressources humaines fédérales) et son responsable Charles Ezell, le service du DOGE, mais aussi Elon Musk lui-même en tant que responsable de ce service administratif créé temporairement. Cette plainte, déposée par plusieurs syndicats de fonctionnaires américains épaulés par les avocats de l'EFF, affirme que « la loi américaine sur la protection de la vie privée interdit aux personnels de l'OPM de donner accès aux millions de dossiers à ceux du DOGE, qui n'ont pas de besoin légal et légitime pour un tel accès ».
Elle ajoute qu'aucune exception à cette loi ne couvre l'accès du DOGE aux dossiers détenus par l'OPM et affirme que « l'action de l'OPM accordant au DOGE un accès complet, continu et permanent aux systèmes et dossiers de l'OPM pour une période non spécifiée signifie que des dizaines de millions d'employés du gouvernement fédéral, de retraités, de contractants, de candidats à l'emploi, de membres de familles concernés et d'autres tiers n'ont aucune garantie que leurs informations bénéficieront de la protection que la loi fédérale leur accorde ».
« La violation de données la plus importante et la plus conséquente de l'histoire des États-Unis »
Une autre plainte [PDF] a été déposée lundi 10 février par un syndicat d'enseignants, un syndicat de travailleurs de l'aérospatial, une association de retraités du service public américain et un syndicat de fonctionnaires. Celle-ci attaque le Trésor américain, son secrétaire Scott Bessent, l'OPM et Charles Ezell et le ministère de l'Éducation des États-Unis pour avoir« permis à Elon Musk et à un groupe de loyalistes importés de ses entreprises privées de s'approprier les informations personnelles de millions d'Américains, en violation des exigences légales [de la loi américaine sur la protection de la vie privée] ».
Enfin, l'ONG Electronic Privacy Information Center (EPIC) a porté, elle aussi, les actions du DOGE d'Elon Musk devant un tribunal [PDF]. Selon ses avocats, leur plainte « découle de la violation de données la plus importante et la plus conséquente de l'histoire des États-Unis, actuellement en cours au Département du Trésor et à l'Office de gestion du personnel des États-Unis ». Pour eux, « cette violation sans précédent de la vie privée et de la sécurité concerne les informations personnelles de dizaines de millions de personnes, dont la quasi-totalité des employés fédéraux et des millions de membres du public américain ». L'EPIC accuse aussi l'OPM, le Trésor américain et le DOGE d'avoir « permis l'utilisation illégale de systèmes de données critiques hébergés par l'OPM et le département du Trésor, mettant en danger les plaignants et des millions d'autres Américains ».
Et ce ne sont pas les seules actions en justice contre les actions du DOGE depuis l'investiture de Donald Trump. Le New York Times a mis en ligne une page recensant toutes les plaintes contre l'agenda de Trump. Le DOGE en rassemble déjà 15 (en incluant les trois détaillées ci-dessus).
D'anciens employés d'Elon Musk mais aussi des greffiers de la Cour suprême et un consultant de McKinsey
Comme l'explique la plainte du syndicat d'enseignants et comme nous l'avions déjà évoqué, une bonne partie des agents du DOGE viennent des entreprises d'Elon Musk. Business Insider a enquêté sur cette équipe.
Elle serait composée d'une trentaine de personnes, composée de développeurs, d'anciens greffiers de la Cour suprême (notamment auprès du juge Clarence Thomas, l'un des plus conservateurs de la Cour), d'un ancien consultant de McKinsey et de financiers d'entreprise. Selon le média américain, la plupart sont en début de carrière. La quasi-totalité du personnel du DOGE sont enregistrés comme des bénévoles.
Un seul d'entre eux, Chris Young, travaillait auparavant en tant que conseiller politique. Ce stratège républicain, qui a aussi travaillé pour le laboratoire pharmaceutique PhRMA, avait déjà été embauché par Elon Musk à l'été 2024 pour élargir les efforts du milliardaire en matière d'organisation de terrain et d'incitation au vote pour l'extrême droite.
DOGE : Aux États-Unis, plusieurs plaintes contre l’accès aux données par le service d’Elon Musk
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Les responsables des agences mais aussi Elon Musk visés par les plaintes
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« La violation de données la plus importante et la plus conséquente de l'histoire des États-Unis »
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D'anciens employés d'Elon Musk mais aussi des greffiers de la Cour suprême et un consultant de McKinsey
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 13/02/2025 à 15h05
L'essai original de ForeignPolicy sur ce sujet:
https://foreignpolicy.com/2025/02/11/doge-cyberattack-united-states-treasury/
Sa reprise par sur le site de Bruce Schneier, pas enshittifiée:
https://www.schneier.com/blog/archives/2025/02/doge-as-a-national.html
Le 14/02/2025 à 14h13
Musk l'a dit et le répète: il veut déréguler car les régulations ralentissent tout.
Modifié le 16/02/2025 à 22h51
Et en protégeant, ça permet de vivre dans une relative confiance.
A partir du moment ou le gus a accès à tout et fait ce qu'il veut avec, plus personne n'est en sécurité. Et c'est sa façon de dominer.
Alors comment tu fais ensuite ? Tu arrête de te soigner, de déclarer tes impôts, d'envoyer tes gamins à l'école ?
La vie privé est une condition nécessaire à la vie en société. Si l'état utilise les données contre le citoyen, le citoyen se retrouve poussé à la clandestinité ou à la soumission ...
Modifié le 13/02/2025 à 15h29
Du coup ... contraste ? extension ?
Le 13/02/2025 à 15h30
Le 13/02/2025 à 16h02
Délicieux.
Le 13/02/2025 à 16h21
Le 13/02/2025 à 16h59
Mais toutes les personnes travaillant pour pour la NSA ne sont pas des fonctionnaires ou des militaires, il y a aussi des sous-traitants (je crois qu'Edward SNOWDEN a eu les 2 statuts durant son parcours à la NSA).
Modifié le 13/02/2025 à 17h16
Beaucoup d'agences ont accès à des données sur des citoyens lambda, et c'est normal puisque c'est souvent leur mission d'apporter un service aux citoyens.
Pas certain qu'on demande l'avis aux américains avant d'entrer des trucs les concernant dans les divers systèmes informatiques des agences. Généralement, quand un employé fédéral te demande des informations, tu réponds parce que tu as confiance (ou besoin du service) et tu le regarde tapoter des trucs sur son clavier.
Modifié le 13/02/2025 à 18h31
La différence, c'est que eux sont accrédités pour les collecter et les traiter selon le cadre légal établi.
Le DOGE, j'ai du mal à voir dans quel cadre légal il agit. Et visiblement, plusieurs juridictions aux USA aussi. Après, j'ai encore loupé le coche de devenir expert de la géopolitique d'un nouveau pays en deux minutes, donc ça peut expliquer pourquoi je ne comprends pas le fondement des agissements de ce groupe de barbouzes.
Modifié le 13/02/2025 à 18h48
Pour moi, derrière le fait d'appeler à vie privée ou la sécurité, c'est surtout un moyen d'arrêter la collecte d'information (privée ou non) qui révèle la manière dont les agences sont gérées. P-e la crainte que certaine infos soient utilisées contre ces agences, façon USAID.
Bref, c'est une guerre des gangs: le jeune cartel du DOGE veut prendre le contrôle des finances de la vieille mafia des agences fédérales qui veut continuer à gérer son business comme d'habitude.
Le 13/02/2025 à 17h34
Tous les employés fédéraux n'ont pas accès à des données sensibles des américains et même si c'était le cas ils sont soumis à des règles.
Les sbires prépubères du DOGE n'ont pas mandat officiel, n'ont pas de formation, n'ont aucun compte à rendre (pour l'instant): ils entrent, ils menacent, ils virent si on leur résiste et ils se servent.
Modifié le 13/02/2025 à 18h11
Ah, ma bonne dame, ces pauvres employés fédéraux qui voient leur données capturées par l'inquisition budgétaire. C'est le drame.
Le 13/02/2025 à 20h46
Le 14/02/2025 à 09h00
Le 13/02/2025 à 19h09
Dans un pays où on a l'impression que si tu eternu dans un ascenseur quelqu'un peut porter plainte facilement, je me demandais si Trump avais fait enfermé tous les avocats américains
Le 13/02/2025 à 21h32
Le 13/02/2025 à 23h24
Modifié le 14/02/2025 à 23h32
Le congrès et le sénat US sont aux abonnés absent que trump est au pouvoir