La justice ordonne aux agences américaines de santé de rétablir des pages web supprimées

Alors que nombre d'agences fédérales américaines ont supprimé de leurs sites des pages entières pour obéir aux ordres de censure de Donald Trump, un juge américain ordonne à trois d'entre elles de rétablir les versions qui étaient en ligne le 30 janvier 2025 de plusieurs pages listées par l'association Doctors for America.
Le 12 février à 12h37
4 min
Droit
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Un bras de fer commence aux États-Unis entre le gouvernement de Donald Trump et des citoyens, souvent médecins ou chercheurs, qui luttent contre la censure des sites web des agences fédérales. Un juge vient de demander la restauration de pages web des sites des agences des Department of Health and Human Services (HHS), du Center for Disease Control (CDC) et de la Food and Drug Administration (FDA), comme l'explique le New York Times.
Ces agences, comme d'autres, ont supprimé de nombreuses pages de leurs sites web pour se conformer, avec plus ou moins de zèle, au décret pris par Donald Trump contre les politiques de diversité, d'équité et d'inclusion (DEI). Certains chercheurs et ingénieurs ont essayé de sauver les données en utilisant Internet Archive.
Les suppressions remises en cause légalement
D'autres personnes se tournent vers la voie légale. L'association Doctors for America a attaqué en justice le 4 février dernier l'Office of Personnel Management (OPM, l'agence des ressources humaines des employés fédéraux américains), le CDC, la FDA et les HHS.
La plainte [PDF] affirme que « la suppression des pages web et des jeux de données crée un dangereux trou dans les données scientifiques disponibles pour surveiller les épidémies et y répondre » et « prive les médecins de ressources qui guident leur pratique clinique et supprime des ressources essentielles pour communiquer et dialoguer avec les patients ».
Le juge saisi ordonne le rétablissement des pages citées
Avant d'examiner le cas au fond, le juge John D. Bates a ordonné [PDF] aux agences de santé de rétablir dès ce matin minuit toutes les pages citées par Doctors for America dans l'un des documents [PDF] accompagnant sa plainte.
Celui-ci ne reprend pas la liste de toutes les pages supprimées recensées par les chercheurs et ingénieurs qui se préoccupent de l'archivage. Mais on peut y trouver, par exemple, Youth Risk Behavior Surveillance System (YRBSS) que nous évoquions. Cette partie du site du CDC contient des informations sur les comportements à risque des jeunes avec une partie importante sur les LGBTQ.
Le YRBSS n'était effectivement plus accessible le 3 février dernier. Il l'est de nouveau ce 12 février et contient notamment un lien vers une base de données qui est aussi accessible ce jour. C'est le cas également pour la page « Data and Statistics » sur la santé des adolescents qui avait aussi été dépubliée. Même chose pour un PDF sur la pre-exposure prophylaxis (Prep, traitement préventif pour les personnes très exposées au VIH) qui avait été retiré du site et qui est de nouveau accessible.
Du côté de la FDA, la page sur les « Plans d'action en faveur de la diversité pour améliorer le recrutement de participants issus de populations sous-représentées dans les études cliniques » qui avait été dépubliée a, fait son retour.
Sauf erreur de notre part, l'association n'a pas cité de page des HHS. Comme indiqué plus haut, ce document ne liste pas non plus toutes les pages supprimées par les agences. Cette ordonnance juridique ne peut donc pas toutes les restaurer. Rappelons aussi que le juge John D. Bates ne s'est pas encore prononcé sur le fond et qu'il pourrait, dans un second temps, décider que les décisions de suppression de ces pages étaient légitimes.
Le gouvernement « en position de faiblesse » légalement
Interrogée par le média américain NPR, Dorit Reiss, professeure de droit à l'université de Californie, estime qu' « il s'agit d'une décision très forte ». Selon elle, l'ordonnance explique que la suppression était « probablement incorrecte d'un point de vue juridique », car il n'y avait pas de « notification adéquate » ni « aucune explication pour cette action de grande envergure ». Selon Dorit Reiss, « cela suggère que le gouvernement est en position de faiblesse dans cette affaire ».
Les agences doivent aussi soumettre au juge avant le 13 février au soir un rapport sur les actions prises pour respecter son ordonnance.
La justice ordonne aux agences américaines de santé de rétablir des pages web supprimées
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Les suppressions remises en cause légalement
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Le juge saisi ordonne le rétablissement des pages citées
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Le gouvernement « en position de faiblesse » légalement
Commentaires (27)
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Abonnez-vousModifié le 12/02/2025 à 13h12
Le 12/02/2025 à 13h33
Le 12/02/2025 à 13h50
Le 12/02/2025 à 14h12
Le 12/02/2025 à 14h12
Elle indique ce que l'état est autorisé (ou pas) à faire.
C'est pour cela que c'est "La Constitution des États-Unis" et pas "La Constitution des Américains"
Modifié le 12/02/2025 à 14h37
Edit : c'est chiant les liens qui se transforment automatiquement en bouton alors qu'il y a du texte…
Le 12/02/2025 à 13h43
Le 12/02/2025 à 16h08
Cela serait tellement drole si ce n'était pas autant dangereux.
Ce qui est drole c'est que pour des personnes "censurées" les extrémistes de droite sont extrêmement entendus dans tous les pays démocratiques. Jusqu'à ce qu'ils arrivent au pouvoir pour eux réellement censurer.
Le point commun des extrémistes du monde entier, qu'ils soient politiques ou religieux, c'est leur haine de la vérité et des faits.
Dans le cas qui nous intéresse, Trump, tel un gamin de 4 ans, croit qu'en se cachant les yeux il fera disparaitre les LGBT et le réchauffement climatique.
Le 13/02/2025 à 13h43
Les choses n'arrivent que rarement par hasard... et jamais à l'échelle d'un si grand pays.
Je ne pense pas que quiconque pense raisonnablement faire disparaître ce qui existe, juste remettre certains et leurs idées qu'ils voudraient imposer aux autres en place. Je pense que nous allons également être prochainement concernés, il n'y a pas de raison.
Le 13/02/2025 à 15h47
D'ailleurs les présidents d'université trop "a gauche" ont tous été forcés à démissionner AVANT même l'arrivée de Trump au pouvoir.
Et non nous ne seront pas concernés car Trump aura montré au monde entier ce qui se passe quand l'extreme droite arrive au pouvoir.
J'adore ton abnégation a essayé de justifier l'injustifiable.
Le 13/02/2025 à 18h25
Le 13/02/2025 à 18h45
Qui fait quoi ici?
Y'a qu'un seul gars fraîchement élu qui s'autorise a supprimer sur sa seule volonté tout un pan de connaissance scientifique au service des personnes.
C'est à minima de la censure, et moi je compare ça à un autodafé numérique.
Et je ne suis pas le seul. Alors arrête ton baratin stp.
Le 13/02/2025 à 18h41
Sérieusement ?
Le 13/02/2025 à 21h10
Tu peux tourner le problème dans le sens qu'il te plaira mais c'est toujours ce qui se passe. Voir la secte woke se plaindre de caviardage alors qu'elle ré-écrivait jusqu'à l'histoire, excuse moi mais on dépassait légèrement le sujet actuel...
Puis au final, si les fous qui ont pris à contre-pied le contrôle de l'asile vont trop loin, ils se retrouveront face à la même situation que celle qui les a fait (re)venir.
Le 14/02/2025 à 08h08
Les bras m'en tombent.
Et en quoi c'est équivalent à la suppression de données scientifiques ?
Le 12/02/2025 à 14h08
1. le HHS, le CDC, ou la FDA aient été impliqués dans un programme de DEI au point de publier des pages web.
2. que les pages web supprimées (donc en rapport avec un programme de DEI) contiennent des informations indispensables aux missions des agences.
Donc soit le zèle a été trop fort lors de l'ajout de DEI dans les pages, soit il est trop fort lors de la suppression du DEI dans les pages. Et probablement les deux.
Le 12/02/2025 à 14h14
Modifié le 12/02/2025 à 14h42
S'il y avait du DEI la dedans, ca n'avait rien à y faire.
LGBT et DEI ca n'a pas de rapport, sauf à expressément mettre du DEI là où ce n'est pas nécessaire.
Et s'il n'y en avait pas, il ne fallait pas supprimer la page.
Le 12/02/2025 à 15h04
Mais je peux me tromper.
Modifié le 12/02/2025 à 17h28
Le 12/02/2025 à 18h41
Modifié le 13/02/2025 à 09h36
Analyze Sexual Minority Data
edit : A noter que ce n'est pas une partie importante (d'un point de vue quantitatif) du site.
Le 12/02/2025 à 15h10
On tombe ici plutôt dans des excès dignes du maccarthysme, mais c'est régulier (même si pas toujours si voyant) chez eux...
Le 14/02/2025 à 16h12
Modifié le 12/02/2025 à 16h52
"On va vraiment pouvoir s'asseoir et sortir le popcorn"... au moins pour les 4 années à venir...
Et aussi, peut-être pas mal d'après la Constitution US qu'être simplement naturalisé américain est éliminatoire pour prétendre au siège de POTUS
(POTUS)
D'ailleurs raison pour laquelle Donald Trump a cassé les bonbons à Barack Obama pendant des années pour qu'il publie un extrait d'acte de naissance valide de moins de 3 mois... Pas de bol, Hawaï fait parti des US depuis 1898 déjà...
Une telle demande venant d'un type qui n'a pas même pas eu le courage de publier ses propres avis d'imposition d'impôts (tradition présidentielle, facultative mais de bon augure néanmoins...)
Bref... Le Monde n'a pas fini de s'amuser
ou d'en chier des pruneauxavec Laurel & Hardy.Le 12/02/2025 à 17h04
Le 12/02/2025 à 22h35
Je ne sais pas vous, mais de mon côté, j’ai pas mal de noms d’oiseaux qui jaillissent spontanément de mon esprit en ce moment, à la lecture de ces délicieuses et effrayantes gesticulations outre atlantique. Et il ne s’agit pas du Pygargue à tête blanche ni encore moins de la si symbolique colombe (bien que l’on compte les pigeons parmi les dizaines d’espèces que couvre cette notion).
Or comme chaque jour, sous prétexte de bien occuper le champ médiatique, le nouveau Président des États Unis d’Amérique et ses proches nous honorent de leurs fulgurances avec un talent sans pareille, ça commence à sentir sérieusement la fiente et je dois avouer avoir un peu mal à mon humanité.