Licences, abonnements, maintenance : AT&T déclare la guerre à Broadcom

Licences, abonnements, maintenance : AT&T déclare la guerre à Broadcom

« Rançon de roi »

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Licences, abonnements, maintenance : AT&T déclare la guerre à Broadcom

AT&T semble particulièrement en colère dans la plainte déposée contre Broadcom. L’opérateur de téléphonie et fournisseur d’accès accuse l’entreprise, qui a racheté VMware, de ne pas honorer ses contrats. L’affaire devrait faire date, car elle cristallise les tensions manifestées par une partie de la clientèle depuis le rachat de VMware.

Broadcom a racheté VMware pour 61 milliards de dollars en mai 2022. Une somme titanesque, qui a obligé l’acquéreur à proposer des plans radicaux de rentabilité aux actionnaires. Cette radicalité a notamment touché les licences perpétuelles et s'est traduite par une réorganisation complète des gammes, une mise en avant des abonnements groupés ou encore l’abandon d’une partie des produits.

Dans ce contexte tendu, émaillé de clients mécontents et d’appels divers aux autorités de la concurrence un peu partout dans le monde – particulièrement en Europe – AT&T a donc déposé plainte contre Broadcom (.pdf). Cette dernière refuserait d’honorer les contrats d’assistance signés entre AT&T et VMware avant son rachat. Point intéressant, l’opérateur américain ne réclame même pas de dommages et intérêts.

Les contrats de la colère

AT&T attaque essentiellement Broadcom pour rupture de contrat. Dans la plainte, on apprend notamment que l’opérateur se sert des produits de VMware pour faire fonctionner plus de 75 000 machines virtuelles réparties sur 8 600 serveurs environ.

Selon AT&T, les contrats d’assistance signés avec VMware lui permettent de prolonger trois fois d’un an la couverture sur les produits. Le renouvellement demandé constituerait le deuxième, l’opérateur étant donc toujours dans son bon droit.

« Ces services d'assistance logicielle, qui comprennent la maintenance quotidienne, les correctifs de sécurité, les mises à niveau et le dépannage, sont essentiels pour garantir que le logiciel VMware reste fonctionnel, et donc pour permettre à AT&T de fournir des services à des millions de ses clients dans le monde entier », indique-t-il dans sa plainte.

En conséquence, les 75 000 machines virtuelles d’AT&T seraient en danger, avec des pannes pouvant affecter des millions de personnes dans le monde. Le refus de Broadcom d’honorer les contrats constituerait également un risque pour la sécurité nationale des États-Unis.

AT&T dénonce un alourdissement majeur de la facture

La plainte mentionne que Broadcom a proposé une solution, mais l’opérateur évoque des conditions. « Au lieu de cela, Broadcom déclare qu'elle ne continuera à fournir des services de support que si AT&T accepte d'acheter un grand nombre de services d'abonnement et de logiciels : (1) dont AT&T ne veut pas et n'a pas besoin ; (2) qui imposeraient à AT&T des obligations contractuelles et technologiques supplémentaires significatives ; (3) qui exigeraient d'AT&T qu'elle investisse potentiellement des millions pour développer son réseau afin de répondre aux besoins de ses clients ». AT&T ajoute que la facture atteindrait des « centaines de millions de dollars ».

Et pas des moindres, puisque Broadcom aurait exigé qu’AT&T souscrive à certaines offres. La facture s’alourdirait « de plusieurs centaines de millions de dollars en produits et service dont AT&T n’a pas besoin ». Broadcom tenterait « d’intimider AT&T en l’obligeant à payer une rançon de roi ». Le procès constitue ainsi une réponse du berger à la bergère : un refus net de l’opérateur, qui exige que les contrats d’assistance soient honorés.

La plainte cristallise les tensions entre Broadcom et ses clients

AT&T n’hésite pas à jouer sur la corde sensible en pointant dans la plainte que de nombreux analystes et journalistes avaient « prédit ce genre de tactique d’intimidation lorsque Broadcom a annoncé l’accord avec VMware en mai 2022 ». C’était notamment le cas sur le refus des clients de passer aux abonnements, « perçus comme plus coûteux que les licences perpétuelles ».

Dont acte, assure AT&T, puisque « Broadcom n'a pas perdu de temps pour forcer les clients à adopter des modèles d'abonnement très défavorables ». L’opérateur rappelle que la FTC se penche actuellement sur les pratiques commerciales de Broadcom, ou encore que Samsung a déposé plainte pour des problèmes de livraison de composants.

Broadcom conteste la version d’AT&T

Sans aucune surprise, Broadcom nie les accusations d’AT&T.

« Broadcom n'est pas du tout d'accord avec ces allégations et est persuadé que nous aurons gain de cause dans le cadre de la procédure judiciaire. VMware évolue vers un modèle d'abonnement, la norme dans le secteur des logiciels, depuis plusieurs années, avant même l'acquisition par Broadcom. Nous continuerons à nous efforcer d'offrir à nos clients choix et flexibilité tout en les aidant à relever leurs défis technologiques les plus complexes », a déclaré l’entreprise à Ars Technica.

Broadcom a fait savoir au tribunal qu’elle communiquera sa version au tribunal d’ici au 20 septembre.

Situation en suspens en attendant l’audience du 15 octobre

Les avocats d’AT&T avaient demandé une injonction vendredi dernier. Il était temps : les contrats d’assistance se terminaient le 8 septembre. Avec la procédure en cours, les deux parties se sont finalement mises d’accord pour prolonger l’assistance jusqu’au 9 octobre, soit un délai d’un mois.

La date pose question, car une audience aura lieu le 15 octobre en vue d’établir une injonction préliminaire. En d’autres termes, une suspension de la situation en attente de sa résolution. Si elle est accordée à AT&T, l’assistance sera donc maintenue jusqu’à ce que le tribunal (la Cour suprême de New York dans le cas présent) rende son verdict sur l’entièreté de l’affaire. Il reste donc un battement de six jours durant lequel on ne sait pas ce qui se passera pour la maintenance chez AT&T.

Les deux sociétés « travailleront de bonne foi pour négocier toute prolongation supplémentaire de la date à laquelle les défendeurs ont l'intention de mettre fin aux services d’assistance, [prolongation] qui pourrait être nécessaire pour permettre au tribunal de rendre une décision sur la requête d'injonction préliminaire d'AT&T avant une telle résiliation. Cependant, dans la mesure où une décision sur la requête d'AT&T n'est pas rendue avant le 21 octobre 2024, les parties conviennent de s'adresser conjointement au tribunal pour obtenir de nouvelles orientations », ont-elles indiqué dans une lettre au tribunal, rapportée par Channel Futures.

Commentaires (19)


Samsung a déposé plainte pour des problèmes de livraison de composants


C'est quoi le rapport avec les licences vmware ?
Broadcom est aussi un fabricant de composants électroniques (surtout puces réseau wifi et lan) donc rien à voir avec vmware mais vu que c'est la même boite ça a à voir.
https://en.wikipedia.org/wiki/Broadcom

ashlol

Broadcom est aussi un fabricant de composants électroniques (surtout puces réseau wifi et lan) donc rien à voir avec vmware mais vu que c'est la même boite ça a à voir.
https://en.wikipedia.org/wiki/Broadcom
Merci
je pense que c'est "broadcom" le lien :)
sur le fait de ne pas tenir ses engagements en logiciel ici avec vmware, et en matériel avec samsung apparemment

edit : grillé :D (+ typo)
Modifié le 10/09/2024 à 15h52

Historique des modifications :

Posté le 10/09/2024 à 15h52


je pense que c'est "broadcom" le lien :)
sur le fait de ne pas tenir ses engagements en logiciel ici avec vmware, et en matériel avec samsung apparemment

edit : grillé :D (+ typo)

Moi qui croyais naïvement que AT&T avait été démantelée et n'existait plus, visiblement, ils ne font plus grand chose mais ont encore des avocats.
Décidément c'est toujours un métier florissant aux US, du moins tant qu'ils ne seront pas remplacés par des IA, tout aussi performantes dans le domaine.
D'ailleurs, si les IA s'occupent de ces affaires, les juges vont avoir du boulot, d'ici qu'on passe aux juges IA, ça ne me parait pas impossible non plus.
non AT&T existe toujours et est toujours un opérateur aux US, ils ont fait des vagues de réductions de coûts mais n'est absolument pas démantelé.
https://en.wikipedia.org/wiki/AT%26T

ashlol

non AT&T existe toujours et est toujours un opérateur aux US, ils ont fait des vagues de réductions de coûts mais n'est absolument pas démantelé.
https://en.wikipedia.org/wiki/AT%26T
je m'étais arrêté à l'épisode des baby Bell des années 80, suivi de Lucent qui se termine avec Alcatel et Nokia, je croyais que at&t avait changé de nom et c'était multiplié par division, mais non apparemment la marque est restée, même si ça n'est plus la même boutique, c'est fou tout ça ...
ils ont juste vendu des services qui ne rapportaient plus rien, comme le font bien d'autres.

the_Grim_Reaper

ils ont juste vendu des services qui ne rapportaient plus rien, comme le font bien d'autres.
Non, c'était bien au delà de ça le split quand même et là ils ne parlent que des opérateurs, pas trop de la partie constructeur.
Modifié le 10/09/2024 à 18h08

Historique des modifications :

Posté le 10/09/2024 à 18h03


Non, c'était bien au delà de ça le split quand même

Je suis assez curieux de voir la position de Broadcom vu qu'en Europe, ils ont été attaqués, et on perdu, contre Thalès sur le même périmètre : contrat en cours avec VMWare que ne voulait pas assurer Broadcom pour fourguer de la licence et de la vente lié de produit.
Bilan avec Thalès, bah ce dernier dispose de 2 ans avec des tarifs négociés avec VMWare sur le périmètre de produits négociés avec VMWare. Broadcom a annoncé "pas content" dans la foulée.

AT&T positionne bien le "sécurité nationale concernée" en plus du fait que des journalistes et globalement, tous ceux qui ont suivi les rachats de Braodcom depuis 15 ans avaient prédit. Le seul détail, c'est qu'ils sont allé encore plus vite que d'habitude pour augmenter les prix et faire de la vente liée.

Broadcom est en train de se tirer une balle dans le pied et risque d'avoir du mal a rentabiliser les 61 milliards déboursés à cause de leur cupidité à court terme.
Très honnêtement, je rigolerais que la vente soit annulée, ce qui est encore possible, au motif que Broadcom n'a pas respecté ses engagements.
Tu peux préciser "Broadcom n'a pas respecté ses engagements" ? Quels engagements envers qui ?
Pour que la vente soit annulée, il faudrait que le non-respect soit envers le vendeur, il me semble. Ce qui n'a rien à voir avec la rapacité de la boite vis-à-vis de ses clients.
Il me semble que l'affaire avec Thales a pas été jugé au fond, encore, juste le juge a dit que le référé était légitime.

Plus généralement, Broadcom a clairement mis un couteau dans le dos de tous ses clients. Ca fait du bien à Proxmox (mais dont le périmètre est bien plus petit).

Il y a aussi tout un écosystème, par exemple il y a des logiciels qui sont certifiés QUE sur des solutions VMWare, donc pas de VMWare pas de certif... Evidamment dans le cas où cette certif est requise pour le business, tu dois supporter le cout de VMWare et broadcom le sait.
Et c'est le problème de beaucoup de solutions "autre" : Dès qu'on en parle c'est "ah oui mais non c'est pas certifié". Même de "petits" logiciels du marché vertical (mais parfois critiques) sont certifiés QUE sur vmware...

Pour autant , de ce que j'ai pu voir VMWare est ni mieux ni pire que les autres : bugs (notamment réseau), problèmes de sécu...

Si AT&T subis une attaque exploitant une faille dans VMWare qui aurait pu être traitée pendant les 6 jours de "non assistance", ça ferait une belle bombe nucléaire, je pense. ^^'
AT&T : et dans 3 ans ?
Si la cour leur donne raison, ils auront 3 ans pour planifier un déménagement vers d'autres cieux. Ils ont déjà annoncé des choses à ce sujet ? Ça ne doit pas être simple...
Honnêtement, 3ans de plus pour faire une migration de 75k VM ça ne doit pas être de trop :D

Mais oui, et ce ne sont pas les seuls dans ce cas là, un grand nombre de client VMware ont déjà, ou sont en cours, de bascule vers d'autres fournisseurs de virtualisation (Hyper-V, Nutanix, KVM...).
Puisque dans la plupart des cas, les prix ont fait x2 voire x4, avec des "bundles" groupés de solutions dont beaucoup de client n'ont rien à faire.

Ramaloke

Honnêtement, 3ans de plus pour faire une migration de 75k VM ça ne doit pas être de trop :D

Mais oui, et ce ne sont pas les seuls dans ce cas là, un grand nombre de client VMware ont déjà, ou sont en cours, de bascule vers d'autres fournisseurs de virtualisation (Hyper-V, Nutanix, KVM...).
Puisque dans la plupart des cas, les prix ont fait x2 voire x4, avec des "bundles" groupés de solutions dont beaucoup de client n'ont rien à faire.
Ah oui, ça n'est pas de trop, j'en suis convaincu. Mais justement : ont-ils annoncé des choses sur leur stratégie ? Pourquoi le choix de X plutôt que Y ? Comment va se passer la conduite du changement ?
(je m'attends à ce que ça ne soit pas une info très publique. Toutes les boites n'ont pas envie d'être transparentes sur ce genre de choses...)
Comme vu dans les commentaires sur arstechnica, ça serait bien que les deux perdent… ce sont des monstres qui ne pensent qu’aux bénéfices et non à la qualité de leurs services.
"un modèle d'abonnement, la norme dans le secteur des logiciels"

La norme, parce que des financiers se sont aperçus qu'on pouvait mieux traire les vaches avec un abonnement. C'est comme une dictature, ça fait chier tout le monde, sauf les quelques profiteurs au pouvoir.
C'est la rapacité de Broadcom qui nous poussent à passer de VSphere (qu'on adore) à Hyper-VC. Et nous ne sommes certainement pas isolés dans ce cas.

J'espère que Broadcom va se prendre une châtaigne.

Èdit > Nous avons 4 baies VSphere en prod actuellement (avec un projet pour en fusionner deux), avec des contrats de type "Entreprise +" supprimé par Broadcom. On se mangerai potentiellement un tarif X4, voire pire ...
Modifié le 11/09/2024 à 11h14

Historique des modifications :

Posté le 11/09/2024 à 11h07


C'est la rapacité de Broadcom qui nous poussent à passer de VSphere (qu'on adore) à Hyper-VC. Et nous ne sommes certainement pas isolés dans ce cas.

J'espère que Broadcom va se prendre une châtaigne.

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