[Édito] Respectez les sciences, bordel !
Demi mole
Les sciences, un vaste domaine, pas toujours facile à appréhender. C’est comme tout : il faut avoir un minimum de connaissances pour en parler correctement. Ce n’est pas toujours le cas dans les médias où l’actu scientifique finit parfois à côté de la plaque ou en putaclick. Il reste encore du travail pour avoir un bon traitement des sciences, et pour que le grand public puisse accéder à une information de qualité.
Le 12 avril à 17h07
11 min
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La problématique n’a rien de nouveau. En février 2018, nous publiions déjà un article sur la malheureuse « peopolisation » de l’actualité scientifique. Les médias avaient trop souvent tendance à amplifier et/ou déformer la réalité des publications et annonces scientifiques. Six ans plus tard, c’est toujours aussi problématique.
Une IA et des rouleaux de manuscrits
Il y a quelques semaines, nous avons décortiqué l’annonce d’une IA capable de lire les rouleaux de manuscrits brûlés lors de l'éruption du Vésuve. Le récit était beau, avec un mélange d’histoire, d’intelligence artificielle et données inaccessibles au commun des mortels. Problème, il était grandement exagéré, comme nous l’avons expliqué. Sans faire une généralité, cela arrive (trop) souvent.
Saturday Morning Breakfast Cereal (SMBC) résumait parfaitement la situation avec un excellent dessin sur la manière dont la science fonctionne. Un scientifique annonce avoir détruit 10 % de cellules cancéreuse dans la queue d’un rat de laboratoire, le journaliste titre « le cancer est guéri ». Alors que le scientifique explique que, « non, nous n’avons pas guéri le cancer, nous avançons simplement plus vite vers un futur traitement », le journaliste titre que « le voyage dans le temps est découvert ». On vous laisse imaginer lorsque le scientifique annonce au journaliste « F--k You ! ».
Moltimètre, une invention « hors du commun » ?
Il y a également quelques semaines, mais dans un registre différent, BFM parlait d’une invention « hors du commun » d’un jeune de 17 ans : le moltimètre. Rien de neuf à l’horizon puisque le compte INPI France le félicitait déjà en juin 2023 sur X quand il avait gagné, avec Aidan Legal, le concours Innovez.
Son invention : une balance qui mesure à la fois les grammes et les moles. La mole est pour rappel la quantité de matière de 6,022 x 10²³ « entités élémentaires » (atomes, ions, molécules…). 6,022 x 10²³ est le nombre d'Avogadro. Jusqu’en 2019, c'était le nombre d'atomes de carbone dans 12 g de carbone 12. Depuis, c’est une constante. On vous a déjà largement parlé de cette histoire dans un dossier :
Avec la masse molaire d’une substance – c’est-à-dire la masse d'une mole (souvent en g/mol) – et la masse (en gramme) on peut donc passer des grammes aux moles avec une simple division. C’est d’ailleurs ce que fait le moltimètre, à l’aide d’un Arduino et d’une balance. Son invention lui permet simplement d’automatiser le processus plutôt que faire le calcul à la main (enfin via une calculatrice). Il a donc développé son logiciel et imprimé en 3D les éléments pour son appareil.
Il ne s’agit pas ici de remettre en cause le travail de Thibault de Percin, qui s’est simplifié la vie avec sa balance capable de faire une division, bravo à lui. Le traitement médiatique, en revanche, s’est largement emballé, surement car les sciences sont trop peu maitrisées par des journalistes et que, cette fois encore, l’histoire était « vendeuse ».
Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain
Chez Jeux-Video, on titre sur une « balance qui sert à mesurer un élément très particulier ». Passons sur le fait que la mole n’est pas un « élément particulier », mais une unité du Système international, pour plonger dans l’article : cette innovation a été « développée pour répondre à un besoin académique ». Chez PositivR, on parle d’une « balance capable de mesurer les moles d’un atome » (sic). Il y a également eu un « jeune prodige français révolutionne la chimie », etc. Stop, cela va trop loin !
Encore une fois, il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain : Thibault de Percin a trouvé une solution pour se simplifier la vie et c’est très bien. Par contre, il serait bien que les médias respectent la science, que ce soit dans les titres et/ou les contenus des articles, en faisant la part des choses. C’est d’ailleurs leur travail.
Plus récemment, AFP Factuel revenait sur les « interprétations trompeuses liées à un article de Nature sur la vitesse de rotation de la Terre ». On vous laisse voir de quoi il en retourne chez nos confrères : l’histoire est à la fois longue et compliquée, mais intéressante à lire. Ils relèvent un point important : plusieurs spécialistes interrogés « rappellent aussi qu'il ne faut pas s'arrêter aux titres des articles de presse pour tenter de tirer des conclusions sur des phénomènes complexes et en cours d'étude ».
G Milgram, qui avait déjà fait parler de lui pour sa vidéo sur la crème quantique de Guerlain, s’est récemment penché sur le cas de France 2 qui « fait la promo d'une imposture scientifique » : « Trois semaines de vacances nous font perdre 20 points de QI ?! Deux rapports sexuels par semaine protègent du rhume à 60 % ?! Petit coup d’œil sur le tout dernier livre du docteur Saldmann, récemment promu par Léa Salamé sur France 2 ».
Sensationnel vs factuel, militant vs expert
Nous ne sommes pas les seuls à trouver que les sciences mériteraient un meilleur traitement dans la presse, notamment les médias généralistes. Mais pourquoi un tel traitement de certains, qui passe parfois du côté de la fake news ou du putaclick ? « Sans doute parce qu’ils préfèrent trop souvent publier de bonnes histoires plutôt que des vraies, du sensationnel plutôt que du factuel », explique l’Express. Un constat que l’on partage…
Nos confrères dressent un portrait au vitriol de certaines pratiques, comme accorder « un poids démesuré au témoignage, à l’anecdote et au ressenti, plutôt qu’à un examen objectif et exhaustif de données factuelles ». Ils parlent aussi d’une pratique consistant à « équilibrer tous les points de vue, comme si une expertise scientifique avait la même valeur de simple opinion que l’avis d’un militant ». Encore faut-il ne pas confondre charlatan et expert, expert et militant, ou militant et charlatan… pour bien fermer la boucle.
Comprendre les sciences pour les expliquer, sinon se renseigner
Sur Next, on parle régulièrement de science, ce qui implique d’avoir de solides connaissances scientifiques pour comprendre de quoi il retourne (mais le risque zéro n'existe pas). C’est important pour vulgariser un sujet de bien connaitre et d’interroger des spécialistes si besoin.
S’il n’est pas toujours facile de trouver des experts, des organismes nous facilitent la vie. Le CNRS, par exemple, propose régulièrement des « listes d’experts » sur des thématiques dans l’air du temps. La dernière en date, sur le sport à l’approche des JO.
Un exemple avec l’informatique quantique : je prépare ce dossier depuis des années (vraiment…), mais je ne comprenais pas plusieurs points ni certaines notions. Au fil des rencontres et des salons, je discutais avec des experts et me documentais, pour finalement me dire à un moment donné « ok, je pense que je peux commencer à publier ». Attention, je n’affirme pas avoir tout compris – LOIN DE LÀ – mais j’espère suffisamment pour transmettre le message.
Et la problématique du traitement des sujets scientifiques, on la retrouve sur de nombreux domaines, de l’espace aux nouvelles technologies en passant par les batteries, les publications scientifiques (l’importance d’attendre qu’elles soient vérifiées et validées par les pairs…), la santé, le climat…
L’année dernière, l’Académie des sciences et la physicienne Catherine Bréchignac, en partenariat avec L'Humanité Magazine, publiait un article « Les fakes news contre la science » : « Outil pour comprendre le monde, la science ne peut mentir car elle démontre le vrai. Comment ce socle du progrès humain peut-il être mis en question par la propagation des fausses informations ? ». De son côté, France Culture propose une série de podcasts sur « l’autopsie des fakes news scientifiques ».
Prendre le temps
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les médias traditionnels ne doivent pas arrêter de traiter de l’actualité scientifique. Il faut toutefois bien la traiter, d’autant plus qu’elle peut avoir de nombreuses implications pour la compréhension de notre monde et de ses enjeux, aussi bien technologiques qu’écologiques.
Le problème, bien souvent, c’est qu’il faut parfois prendre le temps de bien comprendre l’information, la digérer, la remettre dans son contexte et la publier, après avoir interrogé des experts, le cas échéant. Sur Next, nous avons pris le parti de prendre le temps nécessaire, sans entrer dans la course, surtout sur les sujets « lourds ». Nous sommes un peu seuls sur ce créneau, quand beaucoup de médias préfèrent la rapidité à la qualité, en doublant la mise avec du putaclick au besoin.
Avec l’importance prise par les réseaux sociaux, l’information change de main auprès des jeunes (et des autres générations, il est vrai). Si des experts comme Julien Bobroff (physicien à l’Université de Paris-Saclay), David Louapre de ScienceEtonnante, Viviane Lalande de Scilabus (liste loin d'être exhaustive) publient d’excellentes vidéos de vulgarisation, on retrouve aussi bon nombre d’approximations… pour rester poli.
Les programmes scientifiques aux abonnés absents ?
Il y a quelques jours, l’Association des journalistes scientifiques de la presse (AJSPI) interpellait France Télévisions avec une question : « Quelle place pour les sciences dans les programmes ? ». Elle appelle la télévision publique à respecter ses engagements de service public et qu’elle « reconsidère la place des sciences dans sa programmation de la saison 2024/2025 ».
L’AJSPI donne quelques exemples de disparition : « "Les pouvoirs extraordinaires du corps humain’’ (France 2) depuis cette rentrée et ‘’C Jamy’’ (France 5), émission d’une grande qualité et exigence qui n’aura duré qu’un an et demi ».
« Nous regrettons également la place étroite réservée aux documentaires scientifiques. La case ‘’Science grand format’’, seul rendez-vous dédié, ne permet pas à elle seule de couvrir toute la variété des champs disciplinaires. Enfin, nous ne pouvons que remarquer et alerter sur l’absence totale des sciences dans les programmes magazines du réseau régional France 3 », ajoute l’association.
Elle est loin l’époque de C’est pas sorcier qui a bercé plusieurs générations. Les réseaux sociaux ont pris le contrôle, avec des algorithmes qui vont avoir tendance à privilégier les contenus qui « buzzent », au détriment de la rigueur scientifique.
[Édito] Respectez les sciences, bordel !
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Une IA et des rouleaux de manuscrits
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Les programmes scientifiques aux abonnés absents ?
Commentaires (54)
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Abonnez-vousLe 12/04/2024 à 17h42
Bon, le "moltimètre"... ca fait un peu rigoler. C'est un peu du n'importe quoi ce truc : on mesure une masse, on déduit une quantité en moles mais bon, ca suppose qu'on n'ait qu'un seul élément qui a été pesé. Dès qu'on a plusieurs espèces, si on ne connaît pas leurs concentrations respectives, l'outil devient inutile. Ceci étant, s'extasier devant un "truc" aussi basique, ca en dit long sur l'absence de culture scientifique.
Les émissions intelligentes ont disparu ou sont devenues bien moins nombreuses...c'est triste : c'est aussi du service public. E=M6 est désormais très léger (ok, c'est une chaine privée), C'est pas Sorcier a disparu, C'est la vie aussi. Cette vulgarisation en direction de la jeunesse me parait pourtant tellement essentielle pour éveiller la curiosité, la compréhension... et envisager les choses plus sérieusement plus tard.
Le 12/04/2024 à 20h34
En revanche, l'acceptation (ou non) des fake news scientifique est bien plus complexe que le niveau d'éducation, hélas. De nombreux médecins prescrivent de l'homéopathie voire se déclarent homéopathe par exemple (cet exemple permet en même temps de faire le lien avec le moltimètre : un prescripteur d'homéopathie est-il en mesure de se gausser des incompréhensions journalistiques autour de cette invention ? Est-ce que les médecins n'ont pas reçu le bagage scientifique nécessaire ?).
Le 13/04/2024 à 11h08
fondé par Fred
Le 13/04/2024 à 13h21
Leurs nouveaux contenus sont chouettes mais, je trouve, moins adaptés à la jeunesse, moins "extension de l'école". Ce genre de contenus manque cruellement je trouve.
Modifié le 13/04/2024 à 17h01
Concernant l’extrait en question (@7m12s), j’ai pas compris plus de la ½ de la démonstration du chercheur… (ayant fait Maths Sup/Spé).
C’était un autre temps.
Temps-X : Peut-on voyager dans le temps ?
.
Le 15/04/2024 à 11h46
Voir le sujet sur la roation de l'esapce-temps qui est d'une compréhension exemplaire :
YouTube
Il y a des aussi playlists parfaites..
Modifié le 16/04/2024 à 12h33
Merci pour le lien, je ne connaissais pas et je vais aller voir. Sauf qu’il faut y aller volontairement sur cette chaine YouTube pour la regarder (je sais, une Lapalissade).
Ici Temps-X était une émission diffusée en pleine journée le Samedi sur la 1ère chaine (nationale à l’époque). Impensable aujourd’hui. Maintenant c’est Lohanna dans la piscine ou les Tchis à Los Angeles (ou des conneries dans le genre, j’ai jamais regardé aucune de ces merd…)
Modifié le 12/04/2024 à 22h33
Le 12/04/2024 à 21h04
Le 12/04/2024 à 22h09
J'ai aussi repéré la page Facebook « Épicurieux » avec (entre autres) Jamy Gourmand. À voir aussi sur Youtube, TikTok, ….
Le 12/04/2024 à 23h38
Je rapprocherai cette méconnaissance avec le nombre de complotistes qui me parait en augmentation, souvent des connaissances de sciences niveau lycée grand max suffisent pour démonter une énorme partie de leurs théories mais même ces connaissances de base semblent faire défaut.
Le 13/04/2024 à 18h50
"La science c'est de la merde"
Pour moi, le problème des générations actuelles, c'est le manque de lectures, l'ultra consommation de vidéos qui ne expliquent moins que l'essentiel, le besoin de résultat immédiat.
Sans parler d'une ambiance différente: dans les années 70/80, on allait chez le médecin et on trouvait sciences et vie, les héros de bd étaient de Franquin, on digérait Barjavel/Herbert/Asimov
Dans les années 90, les revues c'était Capital, et l'influence américaine a été plus forte (avec en France une bonne contre influence japonaise)
Donc je pense qu'une génération a vénéré la science, les suivantes le capitalisme et les dernières un certains humanisme mal ficelé
Le 13/04/2024 à 20h06
Le 14/04/2024 à 10h22
Mais je me projette aussi en me posant la question "serais-je mieux qu'eux dans leur environnement"? Je ne crois pas.
Mais JE trouve qu'actuellement il est relativement difficile de se construire, car il y a peu de sources très construites qui sont connues.
C'est même le cas des revues: ayant une collection de revues des années 80, qu'en j'en sors une du grenier, je suis effaré de voir que moi-même, après 5 pages, je vais voir combien de pages dure encore l'article (en gros, 10 de plus). Une revue actuelle, 7 pages c'est un article énorme.
On ne prend plus vraiment le temps d'apprendre.
D'autre part, mon avis rejoins un peu l'article: quand on dit que les émission TV de sciences on disparu, oui, mais dans les années 90 déjà et début 2000 c'était pas mal le cas, remplacées par "Capital", puis les autres émissions d'investigation, puis ... par la téléréalité (et les magazines people).
Le 14/04/2024 à 12h40
Modifié le 16/04/2024 à 12h40
Modifié le 16/04/2024 à 13h01
Modifié le 14/04/2024 à 10h25
Je me souvient d'un prof de maths qui nous avait dit que nous étions "la pire classe de seconde qu'il avait eu". Mon frère l'a eu l'année suivante et c'était au tour de sa classe d'être "la pire seconde de sa carrière" (comme quoi le niveau baisse vraiment et vite).
Bref...
Le 14/04/2024 à 07h08
Modifié le 16/04/2024 à 12h59
Et pour la petite histoire, l’amiral Hyman G. Rickover (que l’on avait mis littéralement aux chiottes, son bureau était dans les anciennes toilettes pour femmes reconverti en bureau sur une base militaire, parce qu’il cassait trop les bonbons avec sa lubie de sous-marins à propulsion nucléaire) est le père du 1er sous-marin US qui ne tournait plus au diesel.
Ce nouveau sous-marin révolutionnaire, il l’a appelé « Le Nautilus ».
Et petite revanche: au final l’amiral Rickover a reçu 2 fois la médaille du Congres (seul 3 Américains avant lui - depuis 1776 - ont reçu pareille médaille x2 fois) et en plus de ça, la médaille présidentielle de la Liberté, c.a.d le seul Américain depuis que les US existent à avoir reçu de telles distinctions (et en plus étant immigré polonais et qui a 17 ans son job était un simple "Telegraphist Delivery Boy")
Le 14/04/2024 à 10h24
Sans parler que les idées de ses livres sont souvent ressorties ces dernières années (rien que voyage au centre de la terre, avec la civilisation sous-terraine en Islande et le lac souterrain :) )
Le 14/04/2024 à 14h34
Au final, la seule chose qu'il n'a pas su anticiper, c'est le développement des réseaux de télécommunication (et donc d'Internet), le vecteur d'information dedans étant encore la télévision et radio. En dehors de ça, le roman fait état à un moment d'une production tellement soutenue de contenus qu'une vie ne suffirait pas (500 heures quotidiennes produites). Constat mis en opposition avec l'absence de créativité qui a transformé les gens en consommateurs passifs.
Ce qui fait au final une intéressante fusion : la science fiction plus ancienne qui est désormais vendue comme réalité par une génération massive de bruit sur les réseaux.
Le 14/04/2024 à 08h41
Modifié le 13/04/2024 à 08h46
Sauf que cet éditorialiste, par ailleurs directeur du Point, ignorait que le dB permet de comparer deux sources sonores, et que cette notion fonctionne logarithmiquement. Ainsi, ajouter ou retrancher 3dB revient à multiplier ou diviser par deux le bruit (car log(2) ≃ 0,3 et log(½) ≃ - 0,3 ).
Le 13/04/2024 à 11h09
Le 13/04/2024 à 11h18
Le 13/04/2024 à 11h20
Le 13/04/2024 à 11h43
Cela dit, heureusement que notre oreille est "logarithmique", et que l'ajout d'une deuxième source équivalente à la 1ère (deux marteaux-piqueurs, par exemple) ne nous donne pas l'impression d'avoir "deux fois plus de bruit".
Le 13/04/2024 à 12h35
Le 13/04/2024 à 13h24
Le 14/04/2024 à 10h25
Ou que pour annuler une baisse de 50% c'est une augmentation de 100%...
Le 13/04/2024 à 11h00
Le 13/04/2024 à 12h31
Le 13/04/2024 à 13h36
Modifié le 13/04/2024 à 21h25
- nous n'utiliserions que 10% de notre cerveau avec en sous entendu qu'on pourrait être 10 fois plus performant (celle ci, je n'y ai jamais cru)
- on nous expliquait aussi que le cerveau était divisé en trois partie (reptilien, mamalien, et je sais plus le troisième), et que chaque partie correspondait à une étape de l'évolution de notre espèce. Ca serait complètement faux.
- pourtant il y aurait bien trois "cerveaux" que la science aurait "oublié" au début du 20ème siècle (à vérifier) : les neurones présents en nombre conséquent dans le système digestif (https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_nerveux_ent%C3%A9rique) et qui communiquent avec le cerveau, et aussi les neurones présents dans le cœur mais en plus faible nombre.
- l'idée que la sélection naturelle correspond à la loi du plus fort. Essayez de faire une simulation proie/prédateur/herbe simpliste sur ordinateur, et vous comprendrez que l'un à besoin de l'autre. D'une manière générale, la nature élabore beaucoup de stratégies, pas seulement des stratégies de domination.
- l'effet papillon : non les règles de la thermodynamique ne permettent pas à mon sens qu'un papillon à l'autre bout de la planète génère un ouragan ici. Un exemple plus réaliste serait ce qu'on voit dans "Destination finale", mais les probabilité qu'un enchaînement de causalité engendre une catastrophe sont, bien que possible, très improbable. Je dirais que la première partie est complètement fausse, et la deuxième improbable.
- l'idée que seul un système nerveux permet le développement de "l'intelligence" chez les espèces. Appartement, les plantes sont capables d'intelligence, y compris le blob qui n'est ni une plante, ni un animal, et qui développe pourtant des comportements intelligents.
- L'idée qu'il n'est pas possible de dépasser la vitesse de la lumière. C'est toujours le cas et non démenti, et ça a toujours été observé, mais l'idée qui peut être fausse qu'on m'avait donné est que en conséquence, nous ne pourrions probablement jamais aller dans un autre système solaire étant donné que le plus proche serait à 50 année/lumière (à moins d'être assez motivé (fou ?) pour envoyer une civilisation dans un vaisseau pendant peut être 200 ans au moins). Pourtant j'ai découvert le concept du moteur d'Alcubierre il y a quelques années qui permet très théoriquement et très hypothétiquement d'avoir les mêmes effets qu'un voyage supraluminique sans pour autant dépasser formellement la vitesse de la lumière : Wikipedia . Bien entendu, c'est plus une expérience de pensée qu'autre chose, mais disons que ce qu'on m'avait expliqué d'impossible ne l'était pas de façon aussi sûre. Pour faire court, c'est le moteur de distorsion de Startrek.
- etc.
Au final, je ne pense pas qu'on puisse éviter de "mal comprendre" un sujet, et même en tant qu'expert d'ailleurs. Donc je part du principe que la connaissance est vivante et elle évolue dans chaque individu. Je pense que c'est plutôt ça qu'il faut défendre dans la transmission de la connaissance si vous voulez défendre la Science. Si vous transmettez l'idée qu'on ne doit pas se tromper en science, j'ai plutôt l'impression que ça ne donnera pas envie de s'y intéresser et que ce sera perçu comme élitiste. Mais je peux me tromper.
Le 14/04/2024 à 17h18
Concernant les trois cerveaux, ce n'est pas une vision cartographique du cerveau mais une vision analytique de l'évolution des comportements entre trois évolution majeures du monde animal.
L'analyse du fonctionnement du cerveau en mode « boite noire » a donné des théories que les trois cerveaux dont il ne faut pas prendre le nom au premier degré.
L'analyse du fonctionnement en « boite blanche » permise par les IRM apporte la cartographie fonctionnelle de notre cerveau.
Les deux types analyse apportent des éléments complémentaires.
Modifié le 14/04/2024 à 20h20
Oui sans doute, mais il semblerait tout cela soit faux aussi d'un point de vue analytique et que justement, l'analyse fonctionnelle du cerveau l'ai démenti. Ma source concernant ce point est une émission de France Culture d'il y a 2 ans environ qui portait justement sur les problèmes de la vulgarisation. Après, j'avoue ne pas avoir creusé plus que ça, mais l'intervenant était formel.
Le 14/04/2024 à 20h23
Le 13/04/2024 à 21h24
Il y a quelques années, j'avais lu le compte-rendu d'un de leurs congrès (conseillé par Sylvestre Huet), c'était très intéressant.
Le 14/04/2024 à 04h24
Le 14/04/2024 à 23h07
Je vous conseille aussi les vidéos de l'espace des sciences de Rennes.
YouTube
Le 15/04/2024 à 17h12
Sans oublier les cours du collège de France, par contre, j'avoue que parfois c'est vraiment très très pointue...
Modifié le 14/04/2024 à 09h30
Le 14/04/2024 à 10h57
« Ne soyez pas un mouton : j’ai la solution pour vous sortir de votre condition de merde: j’ai un secret simple que pas grand monde n’est prêt à croire alors que c’est la vérité. Vous n’êtes pas un mouton comme votre voisin n’est ce pas? La société, l’état, les puissances étrangères, les pseudos scientifiques à leur solde vous mentent. Alors suivez moi. C’est un petit investissement que vous ne regretterez pas.
Et plus c’est gros plus ça passe.
Le 14/04/2024 à 14h28
Le 14/04/2024 à 15h30
On mesure mal d’ailleurs ce qu’a pu être l’église dans nos contrées, ce qu’elle a permis, un temps où la communication centrale n’était pas portable aisément. Arriver à communiquer à l’échelle d’un territoire, pas seulement la parole de « Dieu » mais la parole d’état, aussi bien au travers des sermons que des « fêtes » données simultanément dans tout le pays, vectrices de la parole et du pouvoir royal.
Sans s’égarer de trop, le moteur de la croyance en quelque chose est bien souvent dicté par la recherche de sens. Chacun est mû par une certaine recherche de sens. À force de désillusions, il faut croire que la « dissidence » par rapport au « consensus global » est devenue un de ces moteurs aujourd’hui, moteur au nom duquel, certains se jettent souvent sans discernement dans le complotisme (se pensant et se nommant eux même des « éveillés ») sombrant dans le réconfort d’autres croyances qui ont l’apparence de vérités puisque s’opposant à un consensus forcément dicté par des puissances qui auraient tout intérêt à garder ce consensus vivant.
Sauf que ce n’est pas parce qu’une parole va à contresens du consensus, qu’elle est intrinsèquement plus pertinente. Sans compter le côté fabulatoire de bien des positions, elles représentent un danger plus grand encore que le risque inhérent à la soumission au consensus pour celui ou celle qui en prend le parti. Car tapis derrière cette dissidence, il y a tout un tas de malandrins prêt à profiter de cette manne de soi-disant incrédules.
Modifié le 14/04/2024 à 17h18
C'est une remarque intéressante qui peut paraître évidente de "bon sens", mais autant je suis d'accord que croire à tout ce qui est contre le "consensus global" me semble être un contresens, autant, croire que le consensus est un meilleur pari en général me parait tout autant être un contresens dont je me demande si ce n'est pas le même. Ce n'est certainement pas parce que le consensus global serait faux, et ce n'est pas du tout là où je veux en venir. En pariant aveuglement sur le consensus global, on gagnera beaucoup plus facilement un débat en pariant sur le consensus global, tout simplement parce qu'on sera probablement majoritaire (d'où le consensus). Mais est-ce vraiment parce qu'on a compris ce qui en fait un consensus ? Parce que croire sur parole quelque chose ne me semble pas être une démarche beaucoup plus pertinente. Nos profs de math (entre autres) l'avaient bien compris, et passaient beaucoup de temps à démontrer ce qu'ils disaient. Et je me rappel que c'était dur à nos ages. C'était beaucoup facile d'appliquer une formule mathématique, que de démontrer sa pertinence. C'était valable aussi avec nos profs d'histoire/géo même si eux basaient plus leur raisonnement sur les sources historiques. Cela fait longtemps que je demande si ceux qui plongent directement dans le complotiste ne sont pas aussi ceux qui ont cru au "consensus global" par simple "bon sens" ou pari, plutôt que par conviction personnelle. Pour qu'il y ai consensus, il faut qu'il se fasse. Croire au "consensus global", c'est antinomique de ce qu'est un consensus global non ?
Le 14/04/2024 à 18h23
Maintenant, je mettrais un joli bémol sur l’aspect « conviction personnelle » qui est sans doute la pire des illusions. On devrait douter de tout, même de soi et de ses présupposées convictions personnelles, qui la plupart du temps, ne sont pas si personnelles que ça.
Ce qui ne signifie pas que l’on ne doit rien faire, au nom du doute. Même les philosophes du doute l’on reconnu. Le doute est un outil qui doit s’appliquer à tout, mais qui ne doit pas empêcher d’agir. On peut être conscient que ce que l’on nous bassine à longueur de journée est à prendre avec des pincettes, ce n’est pour autant qu’il faut se murer derrière un rejet farouche et entier, sans réflexion, ou pire en se tournant vers le miroir aux alouettes de gourous alternatifs. Il n’est pas impossible d’adopter le consensus, pour ce qu’il est, c’est à dire un compromis, sans faire preuve pour autant de naïveté, et sans en accepter béatement tous les aspects.
Du moins je l’espère.
Le 14/04/2024 à 19h38
Concernant le doute, pour moi, c'est une notion trop abstraite dont je n'ai jamais pris le temps de l'objectiver formellement. Mais mes cours de philo sur Descartes m'ont plus donné l'impression qu'il était perdu (y a pas de mal, ça nous arrive à toustes j'imagine). Ça pour douter, il doutait. Dans les limites, on ne peut pas ne pas douter, mais on ne pas que douter. Ça ne fait pas beaucoup avancer les choses. Dès fois, il faut affirmer ses idées sans reculer, dès fois, il faut arrêter et prendre du recul. C'est plus un savoir vivre et une expérience personnelle d'essai/erreur qui tend à une meilleure connaissance de soi. Peut être, de temps en temps, on peut se faire aider pour parfaire cette connaissance intime. Mais je trouve que c'est toujours plus pertinent de démontrer l'impertinence d'une analyse que de dire "il faut douter de ce que tu dis par principe" sans avoir de base concrète qui puisse le justifier le cas échéant. Cela dépend aussi du risque pris et du danger encouru. Plus le risque est gros, plus il faut être sûr, et revérifier. Moins il y a de risque et de danger, plus il faut expérimenter un nouveau cycle d'essai/erreur. C'est le but du jeu peut être ?
Après, c'est sûr qu'on peut pas répondre à toutes les personnes qui dérivent sur internet. La dangerosité de la chose tient plus à l'effet de masse peut être, qui fait que la société peut perdre pied. A l'échelle individuelle, une personne qui se trompe finira la plus part du temps par s'en rendre compte. Le problème pour moi, c'est quand il y a un enchaînement massif qui s'autoalimente et peut être que les réseaux sociaux permettent un effet de bord dans la société qui aurait été plus ou moins bénin dans le passé.
Le 15/04/2024 à 10h06
De ce fait, ils n'ont pas de base scientifique suffisante pour comprendre et analyser ce que les scientifiques font et divulguent.
Ajouté à ceci qu'il faut faire toujours plus vite et plus attrayant, ... on en arrive à fleurter avec de la désinformation.
Modifié le 15/04/2024 à 11h02
Source : La Consulte #16
Modifié le 15/04/2024 à 17h14
(oui, je sais que je suis ancien...)
Le 15/04/2024 à 17h33
Je ne connaissais pas et j'ai dû regarder quand c'est apparu. Je bossais déjà depuis plusieurs années !
Le 15/04/2024 à 18h57
Alors en beaucoup plus récent, il y avait l'excellente émission Xénius sur Arte qui avait le don de t'intéresser même sur des sujets pas forcément très glamours, je ne sais pas vraiment pourquoi la chaîne l'a supprimé, c'est sincèrement dommage...