Après des blocages, Uber annonce un fonds de deux millions d’euros pour ses chauffeurs
Ubermarre
Le 20 décembre 2016 à 16h13
4 min
Économie
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Après plusieurs jours de blocage et deux réunions, Uber et ses employés ne s'entendent toujours pas. Le premier annonce la création d'un fonds pour les chauffeurs en difficulté, quand les seconds réclament toujours une baisse de sa commission et de meilleures conditions de travail.
La tension est vive entre Uber et les chauffeurs qu'il emploie. Après une réunion de conciliation interrompue hier, avec le secrétaire d'État aux transports Alain Vidalies, les négociations ont repris cet après-midi entre Uber et les représentants de ses chauffeurs, les syndicats de VTC... Pour un résultat bien mitigé, alors que les chauffeurs disent travailler dans des conditions indignes.
À l'AFP, la société américaine annonce la création d'un fonds de deux millions d'euros à destination des chauffeurs en difficulté, sur les 12 000 qu'elle comptait en début d'année. Comme le note l'agence, elle n'a pas fourni de détails supplémentaires sur sa mise en place.
Une commission qui monte, qui monte...
Si la mesure est floue, elle constitue un pas affiché vers les chauffeurs, qui mènent des opérations de blocage depuis la fin de semaine dernière. Avant-hier, Uber a porté plainte contre trois syndicats de VTC (Actif-VTC, Capa-VTC et UNSA-VTC) ainsi que plusieurs représentants pour de la diffamation et des menaces sur les réseaux sociaux, rapporte encore l'AFP.
La cause de tout cela : une augmentation de la commission prise par Uber sur les courses, passant de 20 % à 25 %, avec une augmentation du prix de 13 % pour le client. Dans le même temps, le prix minimal pour une course passe de huit euros à six euros. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour des syndicats.
Un nouveau fonds, mais pas de progrès sur le reste
Chez Rue89, Jean-Luc Albert, le président d'Actif-VTC, demande que la commission du service baisse à 15 %, que le prix minimal d'une course remonte et que les conditions de travail soient revues. Les décisions tarifaires devraient aussi être discutées, quand le recours aux déconnexions « arbitraires » après plaintes d'un client devraient être plus simples à contester.
Autant de demandes qui semblent loin des préoccupations de base d'Uber, qui affiche encore 800 millions de dollars de pertes au dernier trimestre. La difficulté semble tout de même d'aboutir à un terrain d'entente qui convienne à la maison-mère américaine. Alain Vidalies avait proposé le gel de l'augmentation des tarifs pour apaiser les tensions, sans suite, comme il l'affirme dans un communiqué.
« C'est un effet d'annonce, une tentative pour nous endormir et parvenir à leurs fins, c'est-à-dire ne rien donner » a réagi le syndicat VTC de France, cité par Le Figaro. Capa-VTC a lui demandé aux chauffeurs de se déconnecter d'Uber. À l'issue de la réunion, à laquelle un seul concurrent d'Uber a participé, Alain Vidalies a demandé la poursuite des négociations via un médiateur nommé par l'État. Le résultat est attendu pour le 31 janvier 2017.
Le projet de loi Grandguillaume adopté à l'Assemblée
Au fond, la solution pour les chauffeurs serait-elle de passer chez la concurrence ? Pas vraiment, affirme Capital, qui a retrouvé des commissions relativement similaires chez Chauffeur privé (22 %) ou LeCab (20 % sur le chiffre d'affaires). Marcel, actif en région parisienne, prendrait une commission de 15 %, selon les chiffres communiqués par Actif-VTC.
Signe du temps, une proposition de loi du député Laurent Grandguillaume a été adoptée cet après-midi à l'Assemblée nationale. Elle fixe de nouvelles obligations pour les plateformes de VTC, en réponse aux mouvements des travailleurs liés à ces services. Le texte interdit notamment la mise en place de clauses d'exclusivité aux chauffeurs par les plateformes, et organise le recueil de données auprès d'eux, dans le but d'organiser le secteur. Il doit encore passer entre les mains du Sénat demain.
#taxis #VTC #LOTI la loi a été adoptée à l'unanimité moins une abstention à l'@AssembleeNat avant son vote définitif au Sénat le 21 décembre
— L Grandguillaume (@LGRANDGUILLAUME) 19 décembre 2016
Pour mémoire, le texte suit la loi Thévenoud de 2014, qui devait rassurer les taxis. Elle interdisait notamment la maraude électronique par les VTC (une activité réservée aux taxis) et permettait aux taxis de se lancer dans l'open data. En début d'année, les VTC ont retrouvé le droit de se signaler en disponibilité avec localisation, après un passage devant le Conseil d'État. En mai, l'Urssaf a tenté de requalifier les employés de ces plateformes en salariés, évoquant le lien de subordination entre la société et les chauffeurs.
Après des blocages, Uber annonce un fonds de deux millions d’euros pour ses chauffeurs
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Une commission qui monte, qui monte...
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Un nouveau fonds, mais pas de progrès sur le reste
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Le projet de loi Grandguillaume adopté à l'Assemblée
Commentaires (45)
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Abonnez-vousLe 20/12/2016 à 17h55
En même temps il est juste impossible pour un taxi de survivre avec 35€ / semaine, Uber ou non (vu qu’il a une part non négligeable de son temps sans client …)
Le 20/12/2016 à 18h02
Uber est pour l’instant assis sur une montagne de dettes. L’activité n’est pas rentable. Alors on fait encore plus de dette pour aider des vtc pas rentable.
Donc on sponsorise une activité qui ne rapporte rien , le tout pour offrir un service en dessous du coût de reviens.
Brillant !
Le 20/12/2016 à 18h04
Le 20/12/2016 à 18h06
Le 20/12/2016 à 18h43
Ou alors on pourrait tout simplement interdire Uber. Le concept même est honteux. L’uberisation n’est pas l’avenir, c’est le retour au Moyen-Age. Depuis quand la précarité c’est un métier ?
Le 20/12/2016 à 18h46
Le 20/12/2016 à 19h03
En général, les économistes disent qu’Uber permet à des personnes sans emplois de se réinsérer dans la société, en leur permettant d’effectuer un petit boulot. Rare sont les économistes à rejeter Uber. D’ailleurs, ces mêmes économistes disent que l’ubérisation de la société doit être vu comme un avantage et non pas comme un inconvénient.
Le 20/12/2016 à 19h15
Le 20/12/2016 à 19h28
Ce sont des indépendants et il y a plusieurs plateformes, ils ne peuvent pas faire jouer la concurrence ?
Le 20/12/2016 à 19h35
Le 20/12/2016 à 20h33
Le 20/12/2016 à 23h09
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Le 20/12/2016 à 23h19
Le 20/12/2016 à 23h30
ça s’appelle le dumping " />
Le 21/12/2016 à 08h01
“Uber et ses employés ne s’entendent toujours pas.”
Peut-on parler d’employés pour qualifier les chauffeurs VTC qui travail avec UBER? Je ne suis pas vraiment d’accord. :(
Le 21/12/2016 à 08h20
En même temps, vu le modèle actuelle sociétale, les emplois précaires sont une bonne solution à court terme, mieux vaut ça que rien du tout.
En attendant l’utopie du plein emploi stable et bien rémunéré, ou son opposé le revenu universel voire l’abolition du travail, il faut bien trouver des solutions plausibles et concrètes.
Uber et “l’uberisation du travail” en est une. Certainement pas LA solution ni la panacé par contre, j’en conviens.
Le 21/12/2016 à 19h28
Dès lors que tu as et partages des idées tu fais de la politique. Et, je tiens à te le dire, je trouve cela nécessaire voir primordial même si je ne partage pas tes opinions. Je reste un enfant de la République.
A part cela, je connais des autoentrepreneurs qui subissent leur statut social, oui.
Cela un coût aussi et avec des intérêt à moyen terme qui peuvent être excessivement importants.
Le 21/12/2016 à 22h01
Goulou.
Le 21/12/2016 à 08h34
Entièrement d’accord avec toi.
Surtout que n’importe qui ne peut pas être entrepreneur non plus. Quand tu en vois certains qui ne savent même pas faire un produit en croix, qui ne comprenne pas le principe de proportionnalité, etc… Bref ça nécessite certaines bases ne serait-ce que pour faire correctement ses comptes, estimer la valeur du bien/service vendu…
Et concernant Uber, le pire est que cette précarité n’est que temporaire, le temps que les Uber et compagnie mettent en place la voiture autonome. Et ce jour là, il faudra trouver quoi comme boulot précaire pour ces gens-là pour qu’ils n’aillent pas pointer à Pôle-Emploi. Cette fuite en avant est vraiment flippante.
Le 21/12/2016 à 08h55
Le 21/12/2016 à 08h58
Tu caricatures. Je ne dis pas qu’il faut interdire aux gens d’exercer le métier qu’ils veulent (si l’auto-entrepreneur veut s’auto-exploité, tant mieux pour lui). Je dis simplement que ce genre de plateforme - dans leur configuration actuelle - est un leurre, et draine l’ensemble de la société vers le bas (vers le “tout précaire”).
C’est la plateforme qui devrait être interdite, pour le modèle qu’elle met en place (dans la limite de la légalité) et pour ce qu’elle véhicule comme valeurs. Ou alors elle change ses règles et elle salarie ses travailleurs (ce que sont en réalité les conducteurs qui dépendent de la plateforme).
Tu parles du travailleur Smicard, mais au moins ce dernier est protégé par un code du travail, et cotise pour sa protection sociale. Ce n’est pas le cas de l’exploité d’Uber (dont je rappelle que le chiffre d’affaires est d’1 milliards €).
Le 21/12/2016 à 08h59
Je te conseille juste de regarde ce lien :https://data.oecd.org/fr/inequality/taux-de-pauvrete.htm
Le taux de pauvreté en Allemagne et au Royaume-Uni n’est pas plus faible qu’en France. Il est même plus élevé en 2013.
Faire croire qu’un emploi précaire vaut mieux que du chômage permet d’améliorer le seul chiffre des sans-emplois, pas d’avoir un niveau de vie décent.
En plus, les mini-jobs britanniques, c’est le retour du servage : l’individu a un travail seulement quand le patron a besoin de lui, et doit rester disponible en permanence, pour toucher une misère. Ce n’est pas une vie !
Le 21/12/2016 à 09h01
+1
Le 21/12/2016 à 10h35
Tu peux en effet rêver d’une utopie où il n’y a pas de pauvres, pas de perdants, où tout le monde gagne sa vie correctement, dans de bonnes conditions, que ce soit par le travail ou le revenu universel. Ca serait cool, clairement, paix et amour dans le coeur des hommes.
Ou tu peux constater que notre monde est pourri, qu’il n’y a pas de raison que ça change à court terme, et qu’en attendant le Grand Jour, mieux vaut un boulot pourri qui te permet de vivre un petit mieux qu’être sans emploi.
Si l’uberisation peut créer quelques emplois, même pourris, en profitant des espaces economiques pas ou peu exploités actuellement, why not.
Le 21/12/2016 à 10h53
Le 21/12/2016 à 11h59
Uber n’est pas le moins mauvais des remèdes mais le pire en réalité.
le modèle de l’auto-entrepreneur, c’est en finir avec la solidarité et la mutualisation de la santé, de la retraite.
C’est basculer vers un modèle basé sur l’“individu à tout prix”.
C’est donc un choix de société et je sens venir peu à peu le candidat à la présidentiel qui promettra 25% sur la fiche de paie en plus à ceux qui renoncent de payer la retraite et la sécu de leurs parents. Le pire est que bien entendu, il sera élu.
La République se meurt peu à peu, et renaît le Second Empire.
Le 21/12/2016 à 12h17
Je veux bien que Uber abuse du régime d’auto-entrepreneur, de là à faire l’amalgame auto-entrepreneuriat = Uber, c’est ignorer les caractéristiques de ce régime fiscal.
Le 21/12/2016 à 12h28
Je te le concède: Auto-entrenariat = ubérisation, c’est plus exact.
Le 21/12/2016 à 12h44
“ubérisation” : le mot qu’affectionnent particulièrement le monde politico-médiatique pour faire semblant de croire encore au plein emploi.
Auto-entrepreneur, ça sert surtout :
Le 21/12/2016 à 13h14
Ce que tu décris c’est idéalement la situation d’un auto-entrepreneur. Dans les faits, c’est plus compliqué.
Mais il est vrai qu’une fois qu’on a des ex-chômeurs devenus auto-entrepreneur, la collectivité n’a plus à s’en soucier.
C’est ça le véritable objectif: Sortir du collectivisme socialiste du monde du travail.
Je ne fais pas de jugement de valeur mais il serait plus honnête intellectuellement d’appeler un chat un chat.
Non, l’auto-entreprenariat n’est pas LA solution idyllique et universelle que tu vends. Pour beaucoup, Pour certains, l’auto-entreprenariat est une voie possible (les mieux outillés), pour d’autres d’autres c’est une voie bancale (les moins moyens) et pour d’autres encore (les plus fragiles) une voie sans issue.
e sera un enfer de plus..
Le 21/12/2016 à 14h07
Le 21/12/2016 à 14h07
Je ne vends rien du tout, je ne fais pas de politique. Si tu connais des autoentrepreneurs qui subissent leur statut fiscal, je respecte ta vision des choses.
Le 21/12/2016 à 14h52
Le 21/12/2016 à 16h24
Le 20/12/2016 à 16h20
« C’est un effet d’annonce, une tentative pour nous endormir et parvenir à leurs fins, c’est-à-dire ne rien donner » a réagi le syndicat VTC de France
Au moins, les VTC ont un syndicat qui est réaliste.
Pour résumer, Uber est déficitaire, les conducteurs de VTC sont mal payés… et donc, pour résoudre le problème, on va créer un fond.
Brillant.
Le 20/12/2016 à 16h30
Une vraie série :
L’un dans l’autre, ça va finir par s’équilibrer tout ça.
Le 20/12/2016 à 16h35
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Le 20/12/2016 à 16h37
J’ai eu la même réflexion. Les vtc ont fait la guerre aux taxis. Au final, les vtc sont légalisés.
Maintenant, les vtc veulent moins de concurrence entre eux.
Le 20/12/2016 à 16h38
Au lieu de revoir leur commission et le prix des courses, Uber crée un “fonds” (qui va bien entendu leur coûter moins cher). On dirait une réponse de gouvernement perdu sur une question. " />
Et après, Uber va critiquer le gouvernement français qui empêche les “entrepreneurs” de travailler, alors que l’entreprise applique des méthodes de négociation typique d’un gouvernement. " />
Le 20/12/2016 à 16h38
2 millions pour 12 000 chauffeurs ?
Ils comptent faire quoi avec 160€ par chauffeur ?
Le 20/12/2016 à 16h42
Le 20/12/2016 à 16h46
Pas mal comme système pour les occuper, pendant que les chauffeurs se battent entre eux pour savoir qui aura la plus petite (de paye " />), Uber est tranquille un petit moment. " />
Le 20/12/2016 à 16h47
Le 20/12/2016 à 16h49
OSEF du prix d’une course VTC. Le problème de base c’est qu’il n’y a pas assez de taxis.
Le 20/12/2016 à 16h56
Je serais curieux de voir combien un chauffeur faisant 35 heures touche au maximum…
Je ne suis pas sûr que beaucoup de chauffeurs sont vraiment en mode “je m’en sort bien dans la vie”